De Trump à Biden, opposition de styles dans la prestigieuse East Room

Combinaison de photos de Joe Biden et de Donald Trump. (Photo, AFP)
Combinaison de photos de Joe Biden et de Donald Trump. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 26 mars 2021

De Trump à Biden, opposition de styles dans la prestigieuse East Room

  • Du 16 février 2017 au 25 mars 2021, deux conférences de presse de début de mandat, deux présidents de la même génération, deux styles radicalement différents
  • Après neuf semaines à la présidence, Joe Biden, vieux routier de la politique, a récité sa partition sans surprises ni annonces fracassantes

WASHINGTON : Donald Trump, cravate rouge, combatif, provocateur, parfois insultant. Joe Biden, cravate bleu marine à rayures, calme, conciliant, parfois hésitant.

Du 16 février 2017 au 25 mars 2021, deux conférences de presse de début de mandat à la Maison Blanche, deux présidents de la même génération, deux styles radicalement différents.

Après quatre semaines au pouvoir, Donald Trump, novice en politique, avait laissé éclater sa frustration après des débuts chaotiques : la justice, les médias, personne n'avait été épargné par son torrent de mots.

Après neuf semaines à la présidence, Joe Biden, vieux routier de la politique, a récité sa partition sans surprises ni annonces fracassantes, dans le registre qu'il affectionne, à la fois familier et cherchant une forme de complicité avec ses interlocuteurs.

Le décor est le même: la prestigieuse « East Room », avec son imposant portrait de George Washington et ses rideaux dorés. 

Les drapeaux américains sont bien sûr toujours là derrière le pupitre présidentiel, mais dès le départ, l'atmosphère est toute autre, Covid-19 oblige. 

La distanciation sociale est de mise. Seule une trentaine de journalistes a eu droit à un siège. Quatre ans plus tôt, la pièce était pleine à craquer et il fallait se montrer habile pour taper sur son clavier posé sur ses genoux sans bousculer son voisin.

Donald Trump était à la fois le personnage central et le metteur en scène de ses conférences de presse. Il en fixait les règles, le ton, le tempo. 

Il occupait tout l'espace, gesticulant, bougeant sans cesse ses mains devant lui, une habitude qui donna lieu à de nombreuses vidéos parodiques le montrant par exemple en train d'ouvrir et fermer un accordéon. Il multipliait les mimiques : surpris, déçu, amusé, moqueur. C'est lui qui choisissait les journalistes auxquels il donnait la parole. Et qui distribuait compliments et insultes.

« Si Dieu le veut »

Joe Biden offre un spectacle beaucoup plus « présidentiel », un terme que son prédécesseur moquait volontiers.

Comme Barack Obama le faisait avant lui, il appelle les journalistes en lisant la liste préparée par son équipe de communication. 

Il reste calme derrière son pupitre. Et ne s'emporte qu'une seule fois en évoquant les restrictions entravant le droit de vote des minorités : « Les électeurs républicains que je connais trouvent cela ignoble! ».

Face à une journaliste qui montre des signes d'impatience, il s'arrête. « Est-ce que ma réponse est trop longue ? Je vais peut-être m'arrêter ici. »

A un autre qui l'interroge sur la Chine, il répond: « Vos enfants et petits-enfants feront leur thèse sur autocratie et démocratie ».

Parfois, il perd le fil de son raisonnement et passe à autre chose. 

Ses expressions favorites reviennent en boucle : « God willing » (Si Dieu le veut), « Here is the deal » (Voilà comment les choses se présentent). 

Son humour peut être répétitif (comme celui de la plupart de ses prédécesseurs). « Quand je suis arrivé au Sénat il y a 120 ans... ». Le bon mot visait à prendre le contre-pied des inquiétudes sur son âge, 78 ans. Mais il a, sans surprise, été retourné par certains opposants républicains qui moquent son manque d'énergie, en écho au surnom « Sleepy Joe » (Joe l'Endormi) dont Donald Trump l'avait affublé.

Il y a quatre ans, ce dernier avait, dans un registre très différent, d'entrée choisi sa cible : les journalistes.

Evoquant « un niveau de malhonnêteté hors de contrôle », il avait stigmatisé les élites des côtes Est et Ouest qui vivent selon lui dans une bulle et ne comprennent rien à la vraie Amérique.

« La plupart des médias, à Washington D.C. mais aussi à New York et Los Angeles, ne parlent pas pour le peuple mais pour des intérêts particuliers et pour les profiteurs d'un système qui est cassé », avait-il lancé, index dressé. 

« Je vous dis simplement que vous êtes des gens malhonnêtes. Le public ne vous croit plus!». « Asseyez-vous ! », avait-il lancé à l'attention d'un journaliste qui tentait une relance après sa question. « Taisez-vous! », avait-il lâché à un autre.

« Je suis ici pour faire passer mon message directement au peuple (...) car nombre de journalistes de notre pays ne vous diront pas la vérité ».

« Mon Dieu! Mon prédécesseur me manque... », a ironisé jeudi le 46e président de l'histoire, interrogé sur les déclarations du 45e.

 


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. 


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".