Les prisons libanaises face à une «révolution d’affamés»

Samedi, des soldats libanais bloquent les manifestants sur la route menant au palais présidentiel de Beyrouth au milieu des troubles liés à une forte dépréciation de la monnaie locale. (Photo, AFP)
Samedi, des soldats libanais bloquent les manifestants sur la route menant au palais présidentiel de Beyrouth au milieu des troubles liés à une forte dépréciation de la monnaie locale. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 28 mars 2021

Les prisons libanaises face à une «révolution d’affamés»

  • La cuisine de la prison nourrit normalement environ 800 détenus sans aide extérieure, tandis que les autres détenus reçoivent de l’argent de leur famille pour acheter de la nourriture au magasin de la prison
  • L'agitation des prisonniers s'intensifie pendant que la nourriture et les fournitures médicales essentielles diminuent à cause de l'aggravation de la crise économique

BEYROUTH. Les prisons appauvries du Liban pourraient être frappées par des émeutes et des troubles généralisés si la surpopulation et la faim parmi les détenus s'aggravaient, préviennent les observateurs.

La plainte des représentants des prisonniers et des défenseurs des droits humains intervient au moment où la crise économique au Liban cause l’effondrement de nombreuses institutions étatiques.

La faim, ainsi que les maladies liées à la malnutrition et à l'hygiène, sont des problèmes croissants dans les prisons libanaises, en particulier dans les zones les plus pauvres, où de nombreux détenus dépendent uniquement de leur famille pour se nourrir et se soigner.

Les détenus craignent d’être «complètement oubliés» pendant que les difficultés économiques et fiscales du pays réduisent la valeur du salaire minimum de près de 90%, plongeant de nombreuses communautés dans la pauvreté.

Mohammed Sablouh, avocat et rapporteur du comité pénitentiaire de l’association des avocats de Tripoli, a révélé au comité parlementaire des droits de l’homme que «la faim est déjà présente dans la prison de Roumieh».

Roumieh, la prison centrale du pays, est considérée comme meilleure que les autres prisons des gouvernorats.

Sablouh a déclaré à Arab News que la cuisine de la prison nourrit normalement environ 800 détenus sans soutien extérieur, tandis que les autres prisonniers reçoivent de l’argent de leur famille pour acheter de la nourriture au magasin de la prison.

Toutefois, en raison de la crise économique du pays, la plupart des prisonniers qui sont environ 3 200, dépendent désormais des repas de la prison après que les prix des marchandises dans le magasin de la prison ont augmenté et que la plupart des familles sont incapables de fournir suffisamment d’argent aux détenus.

Sablouh a ajouté: «La quantité de nourriture fournie par la cuisine de la prison a considérablement diminué et la viande a entièrement disparu du menu».

Les fruits sont également devenus chose rare, a-t-il affirmé.

«Deux détenus partagent maintenant une seule pomme. Les produits laitiers ont été remplacés par de la confiture –  que peut faire un détenu diabétique?».

Sablouh a aussi signalé que les prisonniers se plaignaient des prix élevés dans le magasin de la prison, affirmant que le coût de plusieurs articles sont désormais comparable à celui du marché local.

Une source du ministère de l'Intérieur a déclaré à Arab News que certains aliments avaient été interdits dans la prison de Roumieh «afin d’empêcher l'entrée de produits de contrebande».

La même source a ajouté: «Les marchandises vendues dans le magasin de la prison sont subventionnées. Quant à la rareté de la viande, c'est le cas dans tous les foyers et même dans les repas des militaires. Jusqu'à présent, la situation est acceptable, mais nous ne savons pas comment les choses évolueront si la livre libanaise continue sa chute».

Une délégation de la commission parlementaire des droits de l'homme devrait visiter la prison de Roumieh la semaine prochaine.

Le député Michel Moussa, le chef du comité, a confié à Arab News qu'une délégation de la Commission nationale des droits de l'homme va mener un enquête.

«Il est vrai qu’il y a une réduction des budgets de tous les ministères, mais pas au point d’affecter la nourriture des prisonniers», a-t-il assuré.

Sablouh, qui est aussi l’avocat de plusieurs détenus de la prison de Roumieh, a affirmé que les prisonniers vont certainement attendre les conclusions du comité.

Mais il a averti que si aucune mesure n’était prise, «les plaintes des prisonniers se transformeraient certainement en une révolution d’affamés».

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et le Programme alimentaire mondial ont déclaré le Liban comme «point chaud de la faim» et ils ont émis des alertes précoces sur l’insécurité alimentaire grave au pays.

Selon un rapport conjoint publié vendredi, le Liban fait partie des pays dans lesquels une nouvelle crise économique est prévue.

Les manifestants ont tenté de bloquer une route menant au palais Baabda samedi, exigeant un gouvernement de transition ou à la démission de l'autorité au pouvoir.

Les manifestants, qui arboraient des drapeaux libanais, ont été confrontés à des mesures de sécurité strictes imposées par les forces de l’ordre.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.