L'horrible campagne de vaccination menée par l'UE

Des flacons portant l'étiquette « Covid-19 Coronavirus-Vaccine » sont posés à côté d’une seringue médicale sur une carte présentant l'Union européenne et le Royaume-Uni, le 2 décembre 2020. (Reuters)
Des flacons portant l'étiquette « Covid-19 Coronavirus-Vaccine » sont posés à côté d’une seringue médicale sur une carte présentant l'Union européenne et le Royaume-Uni, le 2 décembre 2020. (Reuters)
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Publié le Mardi 30 mars 2021

L'horrible campagne de vaccination menée par l'UE

L'horrible campagne de vaccination menée par l'UE
  • J'accuse l'Union européenne de remettre en cause, de manière malicieuse, la sûreté du vaccin (anglo-néerlandais) AstraZeneca, alors qu'elle en demande une quantité supplémentaire
  • Sans surprise, cet alarmisme, émanant du sommet et visant à modeler l'opinion publique en fonction des objectifs de l'Union européenne en pleine faillite, a eu un effet dévastateur

En 1898, le célèbre écrivain Emile Zola a publié son article et chef-d'œuvre polémique « J'accuse ». Dans cette lettre ouverte adressée au président de la République française pour dénoncer l'injustice dans l'Affaire Dreyfus, Zola a écrit : « C’est un crime d’égarer l’opinion, d’utiliser pour une besogne de mort cette opinion qu’on a pervertie jusqu’à la faire délire ». Par ces mots, Zola a accusé les dirigeants militaires français d'avoir illégalement mis en prison l'officier Alfred Dreyfus sur la base de fausses accusations d'espionnage (motivées par l'antisémitisme), encore aggravées par la piètre dissimulation qui a suivi. Cette attaque féroce lancée par Zola à l'encontre de l'élite française et de ses efforts ineptes pour convaincre l'opinion publique a réussi à renverser le cours de la saga de l'affaire Dreyfus en faveur de l'officier. L'intervention de Zola a été si déterminante que l'expression « J'accuse » a été introduite dans le lexique anglais pour exprimer l'indignation et l'accusation envers une personne influente.

 Étant donné l'échec retentissant de l'Union européenne, qui est incapable d'obtenir assez de vaccins de manière à redresser la barre dans le contexte de la pandémie, et compte tenu des efforts exaspérants qu'elle déploie pour faire porter le chapeau à tout le monde sauf à elle-même, il est grand temps de renouveler l'appel à la justice si éloquent et si brûlant de Zola.

J'accuse l'Union européenne de remettre en cause, de manière malicieuse, la sûreté du vaccin (anglo-néerlandais) AstraZeneca, alors qu'elle en demande une quantité supplémentaire. La logique de cette attitude est certes ridicule. Loin d’être dissuadées par le manque absolu de preuves scientifiques, la France (le président français Emmanuel Macron a été particulièrement odieux), l'Allemagne et l'Italie ont suspendu l'utilisation du vaccin pour des « raisons médicales » incertaines, avant de décider de.                 le relancer.

Cette attitude hésitante et affolée à l'égard du déploiement des vaccins en Europe correspond à la pire attitude qui soit. L'Europe a dénoncé à tort principalement en raison de la rancune post-Brexit envers le Royaume-Uni qui a réussi la campagne de vaccination et de manière absurde, la sécurité du vaccin d'AstraZeneca, alors que 9 % seulement de la population de l'Union européenne a reçu le vaccin (contre 41 % au Royaume-Uni).

 Sans surprise, cet alarmisme, émanant du sommet et visant à modeler l'opinion publique en fonction des objectifs de l'Union européenne en pleine faillite, a eu un effet dévastateur. En effet, de plus en plus d'Européens ne veulent plus entendre parler d'un médicament qui peut sauver d'innombrables vies. Un sondage réalisé par YouGov ce mois-ci révèle que la confiance dans le vaccin d'AstraZeneca a atteint son plus bas niveau après le débat fallacieux sur la formation de caillots sanguins. Ce vaccin représente désormais plus de danger que de protection en Allemagne, en France, en Espagne et en Italie. En France, moins d'un quart des personnes interrogées considèrent que le vaccin AstraZeneca est sûr, soit une baisse de 10 % par rapport au mois dernier, et un pourcentage décisif de 61 % pensent qu'il est dangereux. L’Union européenne, qui a fait la leçon à toutes et à tous pour « tenir compte des données scientifiques » relatives à la pandémie lorsqu'ils conçoivent les solutions politiques, a elle-même oublié, par pure hypocrisie, de suivre ses propres conseils.

 En même temps que l'Union européenne et les principaux pays d'Europe dénigrent la piqûre d'AstraZeneca, la malheureuse Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a menacé de bloquer les exportations des vaccins fabriqués en Europe si la société ne remplissait pas d'abord ses obligations de fourniture du vaccin aux pays européens. En d'autres termes, « AstraZeneca est mauvais, mais nous le voulons quand même ». Mme Von der Leyen avance qu'AstraZeneca a livré seulement 30 % des doses promises à l'Europe au premier trimestre de l'année 2021.

Une série de réalités dévastatrices sont soigneusement passées sous silence. La commissaire européenne à la santé, Stella Kyriakides, a discrètement fait remarquer que les États membres de l'Union européenne disposaient déjà de vastes réserves de vaccins contre le coronavirus, soit 14 millions de doses. En d'autres termes, le problème ne tient pas à un manque d'approvisionnement. Le problème est le manque de compétences logistiques de l'Union européenne.

 Mais ce n’est pas tout. J'accuse l'Union européenne d'avoir tardé à conclure des contrats de vaccination, tout en réduisant les coûts de manière déraisonnable.

J'accuse Bruxelles de se montrer excessivement prudente dans l'approbation des vaccins, ce qui a compromis bien plus de vies qu'elle n'en a sauvées.

J'accuse la Commission européenne de ne pas investir (contrairement aux gouvernements du Royaume-Uni et des États-Unis) dans le financement des essais cliniques et dans la mise en place de chaînes d'approvisionnement et de centres de production, au même titre que les grandes entreprises pharmaceutiques.

 J'accuse les pays européens de paralyser les campagnes de déploiement du vaccin par des formalités administratives aux niveaux national et local, ce qui a sapé la confiance des populations.

J'accuse l'Union européenne d'avoir conclu, avec les fabricants de vaccins, des contrats « best efforts » moins chers (contrats moins chers dans lesquels ils promettent uniquement de respecter les quotas convenus), par opposition aux contrats « ironclad » (ou granatis) négociés par les États-Unis et le Royaume-Uni ; des contrats plus chers, selon lesquels les fabricants sont tenus de livrer des quantités spécifiques et mesurables de leurs vaccins à un moment précis.

 

L’Union européenne,  qui a fait la leçon à toutes et à tous pour « tenir compte des données scientifiques», a elle-même oublié, par pure hypocrisie, de suivre ses propres conseils.

 

Dr John C. Hulsman

Pour ces raisons et en dépit des efforts pathétiques déployés par l'Union européenne pour rejeter la faute sur les autres, personne ne doit se laisser duper, même pas pour un instant, par ce qui se trame. Confrontée au plus grand défi depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Union européenne a essuyé un échec catastrophique. Certes, elle devra payer un lourd tribut politique: le recul éventuel du parti de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), jusque-là dominant en Allemagne, la remise en cause de la présidence de Macron en France (et l'ascension possible de Marine Le Pen) et le blocage des efforts de Mario Draghi visant à sauver l'Italie. Tout cela est bien réel, et véridique, mais on le laisse à plus tard. Pour l'instant, disons tout simplement: « J'accuse».

Dr. John C. Hulsman est le président et directeur associé de John C. Hulsman Enterprises, société mondiale majeure de conseil en risques politiques. Il est également chroniqueur principal pour City AM, le journal de la Ville de Londres. Il peut être contacté via www.chartwellspeakers.com.

 

L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.