«Entre judo et danse», la tonte des brebis alimente l'économie locale dans les Cévennes

Une photo prise à Lavau-sur-Loire, dans l'ouest de la France, le 28 mars 2020, montre une brebis avec son agneau nouveau-né. (Loic VENANCE / AFP)
Une photo prise à Lavau-sur-Loire, dans l'ouest de la France, le 28 mars 2020, montre une brebis avec son agneau nouveau-né. (Loic VENANCE / AFP)
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Publié le Lundi 05 avril 2021

«Entre judo et danse», la tonte des brebis alimente l'économie locale dans les Cévennes

  • Travailler avec la Scop ardéchoise, qui emploie une soixantaine de personnes et produit literie, linge de lit et vêtements en laine naturelle est "le système le plus rentable pour nous", abonde Olivier Maurin
  • Stressées, les brebis, parfois pleines, poussent d'abord des bêlements de frayeur mais tendent à se calmer une fois entre les mains des tondeurs

PREVENCHERES : Au pied du Mont Lozère, des tondeurs s'activent autour des brebis pour un exercice "entre judo et danse". Leur but: récupérer la laine des 3.500 animaux d'un groupement pastoral, un travail qui trouve son aboutissement dans une filière locale et vertueuse grâce à une Scop.

"Pour nous, c'est une période difficile en terme de fatigue mais c'est aussi un moment de bien-être pour les brebis parce qu'elles entament le printemps en étant propres, sans parasite", explique à l'AFP Olivier Maurin, éleveur au hameau de la Bessière, en Lozère.

"La tonte est une activité très physique, entre judo et danse", renchérit Julien Valade, 49 ans, tondeur professionnel depuis 27 ans au sein de la Scop (Société coopérative et participative) Ardelaine, créée en 1982 dans l'Ardèche voisine. 

Dans la vaste bergerie de Prévenchères surplombant les habitations séculaires en granit, Julien, le torse soutenu par un harnais suspendu à une potence pour éviter une trop grande usure du dos, se livre à un étrange ballet, en manipulant au sol une brebis bloquée entre ses jambes. 

A ses côtés, Olivier, 45 ans, un des rares éleveurs continuant à tondre au sein du groupement de huit agriculteurs, "fait comme il peut" après avoir "appris sur le tas" avec la génération précédente. 

"De mon temps, les éleveurs tondaient sans aide extérieure, autour de la Saint-Jean", en juin et en fonction de la Lune, raconte François Maurin, 60 ans, son cousin à la retraite. Aujourd'hui la tonte s'est professionnalisée et étalée dans le temps - de février à juin. 

Côté débouchés, les temps ont aussi bien changé: chaque brebis donne environ un kilo de laine acheté 90 centimes par Ardelaine, une Scop ardéchoise, bien au-dessus du prix du marché fixé à moins de 30 centimes. 

"Méthode néo-zélandaise"

Fondée alors que certains éleveurs en étaient réduits à jeter ou brûler la laine faute de débouché, Ardelaine "travaille toutes les étapes de la laine: on va tondre chez les éleveurs, on trie ensuite la laine selon les différentes qualités, les couleurs, on organise la collecte vers Saint-Pierreville où elle est compressée, lavée puis distribuée soit pour le tricotage, soit pour la matelasserie", énumère Julien Valade. 

Travailler avec la Scop ardéchoise, qui emploie une soixantaine de personnes et produit literie, linge de lit et vêtements en laine naturelle est "le système le plus rentable pour nous", abonde Olivier Maurin. 

La relation, entamée il y a une dizaine d'années entre les éleveurs lozériens de Prévenchères et la Scop, va bien au-delà. "On sait qu'ils vont travailler notre laine avec beaucoup de passion pour fabriquer localement des produits finis de qualité", se félicite l'éleveur. 

Mais avant la création de ces produits, Julien Valade et les trois tondeurs sous-traitants d'Ardelaine venus à Prévenchères pour la semaine, pratiquent sur les brebis la "méthode néo-zélandaise", des gestes précis et rapides permettant notamment d'enlever les toisons en un seul morceau. 

Stressées, les brebis, parfois pleines, poussent d'abord des bêlements de frayeur mais tendent à se calmer une fois entre les mains des tondeurs. 

Au fil de la journée, la bergerie se transforme en sauna et les tondeuses glissent mieux sur les peaux en sueur. Après la tonte, ces "Blanches du Massif Central" (BMC), une race rustique destinée à Prévenchères, rude terre de moyenne montagne, à la production extensive de viande d'agneau, se précipitent vers le fourrage. 

"Il y a l'effet d'équipe, de solidarité: des collègues viennent nous aider à attraper les brebis et demain on ira chez eux pour la tonte: les relations humaines, c'est important, surtout dans cette période difficile de pandémie", souffle Olivier Maurin. 


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».