Biden lève les sanctions de Trump contre la CPI

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a expliqué vouloir privilégier «le dialogue» plutôt que les «sanctions» (Photo, AP).
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a expliqué vouloir privilégier «le dialogue» plutôt que les «sanctions» (Photo, AP).
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Publié le Samedi 03 avril 2021

Biden lève les sanctions de Trump contre la CPI

  • «Les sanctions imposées par le précédent gouvernement contre la procureure de la CPI Fatou Bensouda» et un autre responsable «ont été levées»
  • «Notre soutien à l'Etat de droit, à l'accès à la justice et à la possibilité que les responsables d'atrocités de masse rendent des comptes, sont des intérêts de sécurité nationale»

WASHINGTON: Le président des Etats-Unis Joe Biden a mis fin vendredi à l'offensive sans précédent lancée par son prédécesseur Donald Trump contre la Cour pénale internationale (CPI), en levant les sanctions contre sa procureure.

La juridiction qui siège à La Haye, aux Pays-Bas, a immédiatement salué «le début d'une nouvelle phase» dans l'«engagement commun à lutter contre l'impunité».

Joe Biden a assuré que Washington continuait à «s'opposer» à la volonté de la CPI d'enquêter sur des faits reprochés à du «personnel d'Etats non signataires» du Traité de Rome qui lui a donné naissance, «dont les Etats-Unis et leurs alliés», «en l'absence de saisine du Conseil de sécurité des Nations unies».

Il s'agit d'une allusion aux investigations sur des allégations de crimes de guerre américains en Afghanistan, qui ont déclenché les sanctions de l'ère Trump, et à l'ouverture plus récente d'une enquête sur des crimes présumés dans les territoires palestiniens occupés, imputés notamment à Israël.

«Nous allons protéger vigoureusement le personnel actuel et ancien des Etats-Unis» contre ces enquêtes, a martelé le président américain.

Pour autant, «la menace et l'imposition de sanctions financières contre la Cour (...) n'est pas une stratégie appropriée ou efficace», a-t-il estimé pour expliquer la trêve. Il a donc «révoqué» le décret présidentiel pris en juin dernier par son prédécesseur qui permettait de punir les juges.

La CPI salue la «nouvelle phase» dans les relations les Etats-Unis

«En tant que présidente de l'Assemblée des États parties au Statut de Rome (la CPI, ndlr), je tiens à exprimer ma profonde satisfaction pour la décision prise aujourd'hui par le gouvernement des États-Unis de (...) lever les sanctions malheureuses contre la procureure de la Cour pénale internationale», a déclaré Silvia Fernandez de Gurmendi. 

«Je suis convaincue que cette décision marque le début d’une nouvelle phase de notre engagement commun de lutte contre l’impunité» des crimes de guerre, a-t-elle ajouté.

«En conséquence, les sanctions imposées par le précédent gouvernement contre la procureure de la CPI Fatou Bensouda» et un autre responsable, Phakiso Mochochoko, «ont été levées», a précisé le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communiqué, ainsi que plusieurs restrictions de visas imposées en 2019 contre des membres du personnel de la juridiction.

Il a expliqué vouloir privilégier «le dialogue» plutôt que les «sanctions».

L'administration Trump, porteuse d'une politique étrangère souverainiste et unilatéraliste, avait poussé à l'extrême la défiance à l'égard de la CPI, érigée en symbole de ce qu'elle exécrait dans le multilatéralisme. Sous l'impulsion de l'ex-conseiller présidentiel John Bolton puis de l'ancien secrétaire d'Etat Mike Pompeo, elle avait ainsi pris une mesure sans précédent en sanctionnant une série de responsables de la Cour, dont Fatou Bensouda en septembre.

«Soutien à l'Etat de droit»

Malgré sa position somme toute proche de celle de l'équipe républicaine sur les deux dossiers spécifiques concernant l'Afghanistan et Israël, l'administration démocrate avait d'emblée semblé vouloir apaiser les tensions.

Le département d'Etat avait ainsi rapidement prévenu, après l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche en janvier, qu'il avait commencé à réexaminer les sanctions. Le 46e président des Etats-Unis ayant promis de remettre le multilatéralisme à l'honneur, et ayant placé la défense de la démocratie et des droits humains au cœur de sa diplomatie, une attaque contre la juridiction internationale censée punir les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité semblait en contradiction avec sa politique.

Mais les défenseurs des droits humains commençaient à s'impatienter.

«Notre soutien à l'Etat de droit, à l'accès à la justice et à la possibilité que les responsables d'atrocités de masse rendent des comptes, sont des intérêts de sécurité nationale importants pour les Etats-Unis», a plaidé vendredi Antony Blinken, tout en appelant à une réforme de la CPI.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a salué dans un communiqué la décision américaine, «une excellente nouvelle pour tous ceux qui sont engagés au service de la lutte contre l'impunité, du multilatéralisme et d'un ordre international fondé sur la règle de droit».

«Les sanctions punitives de l'administration Trump contre des responsables de la CPI avaient illustré un mépris flagrant pour les victimes de graves crimes internationaux», a affirmé pour sa part Andrea Prasow, de l'organisation de défense des droits Human Rights Watch.

«En annulant enfin cet usage inédit et perverti des sanctions, le président Joe Biden a commencé à tourner la page de l'attaque menée par Donald Trump contre l'Etat de droit international», a-t-elle ajouté.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.