AstraZeneca: les questions montent autour des possibles effets secondaires

Des caillots sanguins ont été observés chez certaines personnes vaccinées avec AstraZeneca (Photo, AFP).
Des caillots sanguins ont été observés chez certaines personnes vaccinées avec AstraZeneca (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 03 avril 2021

AstraZeneca: les questions montent autour des possibles effets secondaires

  • Comment expliquer les graves - et rares - problèmes sanguins observés chez certaines personnes vaccinées contre la Covid-19 avec AstraZeneca?
  • Cette question lancinante est encore sans réponse avant une nouvelle réunion de l'Agence européenne du médicament

PARIS: Comment expliquer les graves - et rares - problèmes sanguins observés chez certaines personnes vaccinées contre la Covid-19 avec AstraZeneca ? Cette question lancinante est encore sans réponse avant une nouvelle réunion de l'Agence européenne du médicament (EMA) la semaine prochaine.

Qu'a-t-on observé ?

Les problèmes observés chez certaines personnes vaccinées avec AstraZeneca ne sont pas de banales thromboses (formation de caillots sanguins), comme initialement rapporté, mais un phénomène « très atypique », souligne l'Agence française du médicament (ANSM).

Il s'agit de « thromboses des grosses veines, atypiques par leur localisation (cérébrale en majorité, mais également digestive), pouvant être associés à une thrombopénie (un déficit en plaquettes sanguines, ndlr) ou à des troubles de coagulation », en l'occurrence des hémorragies, selon l'ANSM.

Mi-mars, l'institut médical Paul-Ehrlich (PEI), qui conseille le gouvernement allemand, avait été le premier à pointer « une accumulation frappante d'une forme spécifique de thrombose veineuse cérébrale très rare, en lien avec un déficit de plaquettes sanguines ».

Selon les spécialistes, ce tableau très spécifique fait penser à un phénomène appelé coagulation intravasculaire disséminée (CIVD).

Il s'agit de « syndromes assez exceptionnels, qui vont se voir dans le cadre de sepsis graves » (des infections sévères) et peuvent se traduire « à la fois par des thromboses et des hémorragies », expliquait récemment l'infectiologue Odile Launay, membre du comité sur les vaccins Covid créé par le gouvernement français.

Quel lien avec le vaccin ?

« Aucun lien de causalité n'est prouvé, mais il est possible et des analyses supplémentaires sont en cours », a assuré mercredi l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui se réunira à nouveau sur le dossier du 6 au 9 avril. 

Mais d'autres spécialistes à travers l'Europe sont plus catégoriques.

« Il faut arrêter de spéculer pour savoir s'il y a un lien ou pas. Tous ces cas ont eu ces symptômes trois à dix jours après l'inoculation d'AstraZeneca. Nous n'avons trouvé aucun autre facteur déclencheur », a expliqué le 27 mars à la chaîne norvégienne TV2 Pål André Holme, chef d'une équipe de l'Hôpital national d'Oslo qui travaille sur ces cas.

« L'agence norvégienne des médicaments estime qu'il y a un lien probable avec le vaccin », a déclaré Steinar Madsen, l'un de ses responsables.

De son côté, l'ANSM a confirmé le 26 mars l'existence d'un risque « rare », en se basant sur « le caractère très atypique de ces thromboses, leurs tableaux cliniques proches et le délai de survenue homogène ».

Quel est le risque ?

C'est la question essentielle.

Selon les chiffres que l'EMA a dévoilés mercredi, on recense à ce stade 62 cas de thromboses veineuses cérébrales dans le monde, dont 44 dans les 30 pays de l'Espace économique européen (UE, Islande, Norvège, Liechtenstein) pour 9,2 millions de doses de vaccin administrées.

Quatorze décès ont été enregistrés, sans pouvoir toujours être imputables de façon sûre à ces thromboses atypiques, a précisé la patronne de l'EMA, Emer Cooke, mercredi lors d'une visioconférence.

L'agence a cependant précisé que ces données n'étaient que parcellaires.

En Allemagne, 31 cas suspects de thrombose veineuse cérébrale (dont 19 s'accompagnaient d'une chute des plaquettes sanguines) ont été répertoriés à ce stade, avec 9 décès, selon l'Institut Paul-Ehrlich. Cela représente une proportion d'1 cas pour 100 000 doses de vaccin AstraZeneca injectées (2,8 millions).

Des cas ont également été rapportés en France (12, dont 4 décès, sur 1,9 million d'injections selon l'ANSM), en Norvège (5 cas, dont 3 décès, sur 120 000 injections) ou aux Pays-Bas.

Au Royaume-Uni, où on a largement vacciné avec AstraZeneca, le bilan diffusé jeudi évoque 30 cas, sur un total de 18,1 millions de doses injectées.

Mais comme pour tout médicament, connaître le risque ne suffit pas : il faut le comparer avec les avantages apportés par le produit.

« Les bénéfices du vaccin AstraZeneca dans la prévention de la Covid-19, qui entraîne des hospitalisations et des morts, l'emportent sur les risques d'effets secondaires », a insisté l'EMA mercredi, comme elle l'avait déjà fait le 18 mars après les premières alertes.

Des facteurs de risque ?

Pour l'instant, la plupart des cas sont des gens de moins de 65 ans, en majorité des femmes. Mais on ne peut en tirer aucune conclusion, car cela peut venir du fait que ce vaccin a initialement surtout été utilisé sur des populations jeunes.

Par ailleurs, le fait qu'il y ait surtout des femmes parmi les cas signalés peut être lié au fait que ce vaccin a beaucoup été injecté aux professionnels de santé, catégorie prioritaire. Or, ces métiers sont très féminisés.

« Pour le moment, les examens n'ont pas identifié de facteurs de risque spécifiques pour ces événements très rares tels que l'âge, le genre ou un passé médical incluant des problèmes de caillots sanguins », selon l'EMA.

Pour autant, après une première vague de suspension mi-mars, certains pays ont décidé de ne plus administrer ce vaccin en dessous d'un certain âge.

Les derniers en date sont l'Allemagne, qui a décidé mardi de restreindre son usage pour les moins de 60 ans, et le Canada, qui suspend son utilisation chez les moins de 55 ans. Ils ont emboîté le pas de la France (55 ans), de la Suède ou de la Finlande (65 ans).

« Nous n'avons pas qu'un seul vaccin, nous en avons plusieurs. C'est pourquoi réserver l'AstraZeneca aux personnes les plus âgées me semble avoir du sens », a commenté une virologue de l'université Goethe de Francfort, Sandra Ciesek, dans le magazine Science.

La Norvège et le Danemark ont fait un choix plus radical en suspendant carrément le vaccin AstraZeneca pour l'instant.

Quelles raisons ?

On n'en est qu'au stade des hypothèses, et c'est l'un des points que l'EMA doit éclaircir. 

Dans une étude publiée en ligne le 28 mars, mais pas encore évaluée par d'autres scientifiques, des chercheurs allemands et autrichiens ont fait le rapprochement avec un autre mécanisme déjà connu.

Le phénomène associé au vaccin AstraZeneca « ressemble cliniquement à la thrombopénie induite par l'héparine (TIH) », écrivent ces chercheurs emmenés par Andreas Greinacher (université de Greifswald).

La TIH est une réaction immunitaire anormale, grave et rare, déclenchée chez certains patients par un médicament anticoagulant, l'héparine.

Ces chercheurs proposent même de donner un nom au phénomène observé avec le vaccin AstraZeneca (l'acronyme anglais VIPIT).

Le 18 mars, l'équipe de l'Hôpital national d'Oslo avait déjà estimé que ces cas pouvaient s'expliquer par « une puissante réponse immunitaire » déclenchée par le vaccin.

Le collectif de chercheurs et médecins français Du côté de la science penche lui aussi pour « une réaction immunitaire intense » et avance une hypothèse originale.

Il juge possible que le point de départ soit « l'injection accidentelle du vaccin dans une veine au sein du muscle deltoïde » (de l'épaule). 

« En présence de facteurs non intégralement identifiés », cette « injection intraveineuse accidentelle (...) engendrerait une réaction immunitaire discordante », poursuit le collectif français sur son site internet.


Naufrage au large de Djibouti: au moins 21 migrants morts et 23 disparus, selon l'ONU

Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
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  • La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti)
  • Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants

NAIROBI: Au moins 21 migrants, dont des enfants, ont été tués et 23 autres sont portés disparus dans le naufrage de leur embarcation au large de Djibouti, a annoncé mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti).

"Les opérations de recherche et sauvetage par les autorités locales et l'OIM sont en cours", a affirmé l'OIM sur X.

Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants, selon le chef de mission de l'OIM à Djibouti, Tanja Pacifico.

Le bateau était en route vers la côte djiboutienne après avoir quitté le Yémen lundi vers 19H30 (16H30 GMT), a-t-elle indiqué.

L'ambassadeur éthiopien à Djibouti a confirmé que 33 personnes, dont une femme, avaient survécu, exprimé sa "peine profonde (...) devant la succession d'horribles désastres", et réclamé l'adoption de "mesures légales" contre "les trafiquants d'êtres humains qui mettent les vies de nos citoyens en danger".

Il s'agit du deuxième naufrage rapporté par l'OIM au large de Djibouti en quelques semaines, après un autre le 8 avril dans lequel au moins 38 migrants, dont des enfants, ont péri.

« Route dangereuse »

La "route de l'Est", empruntée par les migrants venant de la Corne de l'Afrique pour rejoindre l'Arabie saoudite via le Yémen en guerre, est considérée par l'OIM comme "l'une des routes migratoires les plus dangereuses et les plus complexes d'Afrique et du monde".

Malgré les risques, "le nombre de personnes qui tentent de traverser est en constante augmentation", a affirmé Mme Ndege.

Le 8 avril, l'OIM estimait qu'au moins 698 personnes avaient péri le long de la "route de l'Est" en 2023. Mais "ce chiffre pourrait être plus élevé car certaines tragédies passent souvent inaperçues", ajoutait l'agence onusienne.

En novembre 2023, 64 migrants avaient disparu, présumés morts en mer, lors d'un naufrage au large des côtes du Yémen.

Outre les naufrages, les migrants sont confrontés le long du chemin à "la famine, aux risques sanitaires, aux trafiquants et autres criminels" et manquent "de soins médicaux, de nourriture, d'eaux, d'un abri", souligne l'organisation.

Selon l'OIM, les Éthiopiens représentent 79% des quelque 100.000 migrants arrivés au Yémen en 2023 depuis les côtes de Djibouti ou de Somalie, le reste étant des Somaliens.

La plupart d'entre eux évoquent des motifs économiques à leur départ, mais une partie met aussi en avant les violences ou les catastrophes climatiques dans leur pays.

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Ethiopie est déchirée par de nombreux conflits et plusieurs régions ont souffert ces dernières années d'une importante sécheresse. L'inflation est galopante et plus de 15% des 120 millions d'habitants dépendent de l'aide alimentaire.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.