Blat el-Atiq: le renouveau du carrelage traditionnel au Liban

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Publié le Samedi 03 avril 2021

Blat el-Atiq: le renouveau du carrelage traditionnel au Liban

  • Blat el-Atiq n'est pas seulement une ode à l'artisanat local et à une certaine idée du Liban, c’est aussi et avant tout une démarche artistique
  • Ghassan Fayad promeut cet artisanat au sein de son atelier niché dans la montagne libanaise

BEYROUTH: «Préserver notre héritage par le biais de la modernité». Tel est le défi lancé par Ghassan Fayad, fondateur de Blat el-Atiq – « la tuile ancienne » en français. Jeune homme passionné et persévérant, il a remis au goût du jour au Liban les tuiles aux motifs et couleurs caractéristiques, tombées en désuétude face au développement progressif de la céramique. 

Sa démarche est d'autant plus intéressante qu’elle vise à préserver un héritage dans un pays qui tombe progressivement en ruine, et ce, dans tous les sens du terme. Ghassan Fayad fait ainsi partie de ces soldats de l'ombre qui arrivent encore et malgré tout à illuminer le Liban.  

Un art 

Blat el-Atiq permet de se plonger dans le Beyrouth du siècle dernier tel que décrit par Nadia Tuéni – «Beyrouth des cent palais, et Beyrite des pierres.»  

Et ainsi de prendre plaisir à se remémorer visuellement les demeures traditionnelles de la capitale où les tuiles en mosaïque avaient encore leurs lettres de noblesse et leurs particularités intrinsèques. Blat el-Atiq n'est pas seulement une ode à l'artisanat local et à une certaine idée du Liban, il est aussi et avant tout une démarche artistique. 

Cette démarche a commencé à la suite du commentaire d'un professeur d'université à l'égard du projet de Ghassan Fayad, alors élève en architecture d'intérieur. «Il m'avait demandé si je connaissais l'histoire des tuiles que j'avais utilisé dans mon projet. À la suite de ma mauvaise réponse, il m'a ordonné d'enquêter sur le sujet.» 

En effectuant sa recherche, il s'est souvenu d'un épisode particulier de son enfance qui a eu lieu au sein de la maison de son grand-père située à Maaser el Chouf, un village pittoresque de la montagne libanaise. «Gamin, j'adorais construire des tentes sur le toit. Pour les fortifier, j'ai utilisé une fois les tuiles de la maison. J'ai ensuite appris que c'était des tuiles en mosaïque que mon grand-père avait fait venir de Beyrouth il y a plus de soixante-cinq ans.»

Blat el-Atiq est donc aussi une histoire familiale. «Mon père a décidé de construire une maison dans notre village. L'idée était d'utiliser les tuiles en mosaïque. Mais nous n’en avons trouvé nulle part. J'ai pris la décision d'apprendre à produire ce type de tuiles et j'ai acheté des machines rustiques. Ce processus d'apprentissage a duré trois ans, de 2014 à 2017.»

Cet apprentissage, Ghassan Fayad en a fait un art. «La valeur de la tuile en mosaïque est incalculable. Il y a une touche humaine et artistique indéniable. Si je fais cent tuiles, elles seront toutes distinctes les unes des autres que ce soit en matière de couleur, de motifs ou de poudre.»

En plein cœur d'un environnement écotouristique

Cette valeur artistique, Ghassan Fayad la met en avant. En ce sens, il appelle son lieu de travail non pas une usine mais «un atelier». 

L'atelier de Blat el-Atiq, situé dans le domicile familial des Fayad à Maaser el Chouf, est ouvert depuis mars 2017 aux visiteurs qui viennent des quatre coins du pays. «Il y a une grande reconnaissance de la part des visiteurs. Je suis surpris de constater à quel point les gens sont ravis de redécouvrir ces tuiles, et d'apprendre leur valeur et leur signification.» 

La crise économique qui touche de plein fouet le Liban n'épargne pas le travail de Ghassan Fayad. Toutefois, il peut compter sur un tissu local solidaire et un environnement écotouristique très dynamique. «J'ai reçu un grand soutien de la réserve naturelle du Chouf notamment de la part de Nizar Hani et Omar Abou Ali. Ils m'ont aidé à bien m'intégrer au tissu local. Je peux aussi compter sur la solidarité de mon village et notamment de Yolla Noujaim, propriétaire de la maison d'hôte Al-Fundok, grâce à qui des visiteurs viennent découvrir mon atelier.»

Son prochain objectif est de faire travailler avec lui une main-d'œuvre libanaise. La solidarité montagnarde comme horizon dans un Liban aux contours de plus en plus incertains...


La fête de la musique sous le signe du dialogue culturel franco-saoudien

Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. (Photo Fournie)
Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. (Photo Fournie)
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  • Née en France en 1982, la Fête de la Musique s’est imposée comme un événement planétaire célébré dans plus de 120 pays.
  • L’édition 2025 proposera une programmation riche et éclectique, reflet de la vitalité des scènes française et saoudienne contemporaines.

RIYAD : Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. À l’initiative de l’ambassade de France, en collaboration avec l’Alliance française, Saudi Music Hub, Unstable, Hayy Jameel et MDL Beast, une série d’événements musicaux viendra marquer ce rendez-vous culturel international devenu emblématique.

Née en France en 1982, la Fête de la Musique s’est imposée comme un événement planétaire célébré dans plus de 120 pays. Fidèle à son principe fondateur, elle vise à rendre la musique accessible à tous gratuitement. Elle reste, cette année encore, un puissant vecteur de dialogue culturel. En Arabie saoudite, cette célébration musicale prend une dimension particulière, s’inscrivant dans un contexte de renouveau artistique et d’ouverture culturelle, en pleine résonance avec les objectifs de Vision 2030.

L’édition 2025 proposera une programmation riche et éclectique, reflet de la vitalité des scènes française et saoudienne contemporaines. Des artistes français seront présents, comme Karimouche, figure singulière du spoken word et de la chanson engagée, ou DJ SÔNGE, productrice électro aux univers immersifs et afro-futuristes.

Ces artistes partageront la scène avec des talents saoudiens tels que Kosh, beatmaker fusionnant rythmes traditionnels et basses électroniques, ou Seera, jeune espoir de la scène folk locale. Plusieurs artistes émergents, sélectionnés avec soin en collaboration avec les partenaires saoudiens, viendront compléter cette mosaïque sonore.

Chacune des villes participantes offrira une atmosphère unique. Riyad ouvrira le bal le 20 juin avec une nuit musicale au Unstable, lieu hybride emblématique de la scène urbaine saoudienne. Le 21 juin, Khobar prendra le relais au Saudi Music Hub, un espace dédié à la formation musicale, pour une soirée plus intimiste. Enfin, Djeddah clôturera cette semaine de célébration les 25 et 26 juin, au cœur du centre culturel Hayy Jameel, avec deux concerts présentés par des artistes féminines marquantes.

Au-delà des concerts, ces rencontres musicales seront l'occasion de moments de partage, de découvertes et d'échanges, favorisant la création de liens entre artistes et publics des deux pays. En soutenant la circulation des talents et la coopération artistique, la France réaffirme son engagement en faveur de la diversité culturelle et du dialogue entre les sociétés.

La Fête de la Musique 2025 est ainsi bien plus qu’un simple rendez-vous festif : elle est le symbole vivant d’une amitié en construction, portée par des sons, des voix et des émotions partagées.


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi.