Covid: enquête sur des dîners clandestins à Paris

Photo d'illustration / LIONEL BONAVENTURE / AFP
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Publié le Lundi 05 avril 2021

Covid: enquête sur des dîners clandestins à Paris

  • « Les gens qui viennent ici retirent le masque, explique ainsi un serveur à la journaliste. Une fois que vous passez la porte, il n’y a plus de Covid. »
  • M. Darmanin a saisi la préfecture de police de Paris d'une enquête administrative

PARIS : Des dîners parisiens aussi luxueux que clandestins, malgré la pandémie ? Le procureur de Paris a ouvert dimanche une enquête pénale après la diffusion d'un reportage sur de telles agapes interdites, mais un organisateur s'est finalement rétracté après avoir affirmé que des ministres y participaient.

La chaîne privée M6 avait diffusé vendredi soir un reportage tourné en caméra cachée dans un lieu présenté comme "un restaurant clandestin situé dans les beaux quartiers" de la capitale française, où les participants et les serveurs ne portent pas de masques et ne respectent pas les gestes barrières, alors qu’un couvre-feu de 19h à 6h est en vigueur dans le pays.

 

« Les gens qui viennent ici retirent le masque, explique ainsi un serveur à la journaliste. Une fois que vous passez la porte, il n’y a plus de Covid. » La France vient pourtant d’entrer dans une nouvelle phase de vigilance renforcée avec la mise en place de nouvelles mesures pour tenter de freiner l’épidémie de Covid-19. Les crèches, écoles, collèges et lycées ont fermé leurs portes et doivent prodiguer un enseignement à distance. Les commerces jugés non-essentiels ont baissé le rideau. Les déplacements sont limités à 10 km, et ceux entre les régions ne sont autorisés que pour raisons impérieuses, comme déposer un enfant chez un proche.

En effet, l'épidémie flambe dans l’hexagone et le nombre de décès l'accompagne. On en était à plus de 96.600 morts dimanche (+8.000 en un mois).

Dimanche soir, on comptait aussi plus de 29.000 malades du Covid-19 hospitalisés, contre un peu plus de 25.000 il y a un mois. 

C'est surtout dans les services de réanimation, qui accueillent les formes les plus graves de la maladie, que cette pression s'exerce. Toujours sur un mois, on est passé d'à peine 3.600 à plus de 5.300 patients en "réa". 

M6 avait aussi diffusé d'autres images d'une soirée payante privée, où des dizaines de convives apparaissaient sans masque, certains se faisant la bise. Le tout au mépris des interdictions édictées pour freiner la propagation du Covid-19.

Suite à la diffusion de ces images, une polémique est née sur Twitter, sous le mot-dièse #OnVeutLesNoms. De son côté, le procureur de la République, Rémy Heitz, a annoncé dimanche en fin de journée avoir saisi "la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne d'une enquête des chefs de mise en danger d'autrui et de travail dissimulé", afin de "vérifier si des soirées ont été organisées en méconnaissance des règles sanitaires et de déterminer quels en ont été les éventuels organisateurs et participants".

L’un des organisateurs interviewés par M6, et présenté comme un "collectionneur", affirmait en voix off déguisée: "J’ai dîné cette semaine dans deux ou trois restaurants qui sont soi-disant des restos clandestins, avec un certain nombre de ministres."

Au vu des images de M6 et de leurs précédentes publications sur les réseaux, cet homme a été identifié par plusieurs médias et internautes comme Pierre-Jean Chalençon, propriétaire du "Palais Vivienne", situé dans le centre de Paris.

L'accusateur plaide l'"humour"

M. Chalençon, à travers un communiqué de son avocat adressé à l'AFP dimanche soir, a implicitement reconnu être cette source. Mais il a plaidé qu'il faisait seulement de "l'humour" et maniait "le sens de l'absurde", quand il avait assuré que des ministres participaient à de tels repas.

Dans une vidéo en février, il indiquait organiser dans sa résidence des "déjeuners ou dîners" avec le restaurateur Christophe Leroy. Celui-ci n'a pas répondu à l'AFP. 

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, "doit venir dîner prochainement", lançait aussi en février M. Chalençon. 

En réponse, Gabriel Attal a fait savoir qu'il avait "découvert cet extrait ce (dimanche) soir sur Twitter avec beaucoup d’étonnement". "Il ne connaît pas M. Chalençon et n’a évidemment jamais participé à un quelconque dîner ou soirée", a indiqué son entourage. 

M. Attal avait d'ailleurs exclu dans la journée la présence de quiconque du gouvernement à ces dîners.

Des ministres ont également été invité à réagir dans les émissions dominicales. Dans une de ces émissions, la ministre déléguée à la citoyenneté Marlène Schiappa avait ainsi estimé: "Si des ministres ou des députés" ont bien eu leur couvert lors de tels dîners clandestins, "il faut qu'ils aient des amendes et qu'ils soient pénalisés comme n'importe quel citoyen". Plus tard, sur Twitter, elle a approuvé une internaute qui estimait que si c'était avéré, les ministres devaient "dégager fissa" du gouvernement : "Ça va de soi. Avec une amende", a tweeté la ministre.

"Même règle pour tout le monde"

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avait semblé sceptique: "Tous les ministres, sans exception, respectent la règle". 

Lors d'une visite d'un centre de vaccination dans le nord du pays, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a précisé que "soit (ces faits) sont faux et il ne faut pas jeter l'opprobre évidemment, soit ils sont vrais et évidemment (...) les personnes doivent pouvoir être poursuivies et, j'imagine, condamnées pour avoir organisé de telles soirées."

"C'est tout à fait inacceptable", a poursuivi M. Darmanin. "Tous les jours, les services de police et de gendarmerie interviennent (…) dans les quartiers populaires parce qu'il y a des barbecues géants, parce que les gens ne respectent pas le confinement. Il est évident que dans les plus beaux quartiers de la capitale, la règle est la même pour tout le monde. Il n'y a pas deux types de citoyens avec ceux qui ont le droit de faire la fête et ceux qui n'auraient pas le droit", a-t-il insisté.

Dans le restaurant clandestin filmé dans le reportage, les menus s’élèvent à 160 euros minimum, et peuvent atteindre 490 euros par personne. Selon le reportage, les organisateurs de soirée clandestines risquent un pour mise en danger de la vie d’autrui et 15 000 euros d’amende. Les participants s’exposent à deux amendes de 135 euros, l’une pour non-respect du couvre-feu, l’autre pour non-respect du port du masque.

M. Darmanin a saisi la préfecture de police de Paris d'une enquête administrative.

(Avec agences)


Macron met en garde contre la mort de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Le président français a évoqué une Europe «dans une situation d'encerclement» face aux grandes puissances régionales
  • Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a appelé l'UE à renforcer encore sa défense au sein de l'Otan

PARIS: "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir". Emmanuel Macron a dressé jeudi un portrait alarmiste à un mois et demi d'élections européennes compliquées pour son camp, en exhortant à un sursaut des Vingt-Sept pour bâtir une "Europe puissance" et une défense "crédible".

"Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant" car "à l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué", a-t-il asséné devant 500 invités, dont les ambassadeurs des 26 autres Etats membres de l'UE, des étudiants, des chercheurs et le gouvernement au complet.

Le président français a évoqué dans un discours-fleuve une Europe "dans une situation d'encerclement" face aux grandes puissances régionales et a jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées".

"Le risque, c'est que l'Europe connaisse le décrochage et cela, nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts", a averti le chef de l'Etat, en plaidant pour une "Europe puissante", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a annoncé qu'il inviterait les Européens à se doter d'un "concept stratégique" de "défense européenne crédible", en évoquant la possibilité pour elle de se doter d'un bouclier antimissiles.

Il a aussi appelé l'Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un "emprunt européen", sujet tabou notamment en Allemagne, pour investir dans l'armement en appliquant le principe de "préférence européenne".

Entrée en campagne

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migration, de criminalité et de terrorisme.

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel.

Devant les pratiques commerciales chinoises et américaines, le président français a également demandé une "révision" de la politique européenne "en défendant nos intérêts".

"Ca ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques", a-t-il déclaré.

Réagissant peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d'ondes que son homologue, a salué les "bonnes impulsions" du discours pour que "l'Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".

Le discours d'Emmanuel Macron est largement considéré comme une entrée en campagne du chef de l'Etat français, alors que son camp patine à six semaines des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles le Rassemblement national (RN, extrême droite) fait largement course en tête.

Selon un récent sondage Opinionway, la liste de la majorité présidentielle, à 19%, se situait toujours loin derrière celle du RN (29%), mais gardait une nette avance sur celle des socialistes (12%).

"Sur la scène européenne, cela fait sept ans qu'Emmanuel Macron confond ses incantations et ses gesticulations avec des réalisations", a ironisé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du RN, sur X, accusant le chef de l'Etat de "brader des pans entiers de souveraineté" nationale.

Le palais présidentiel de l'Elysée a réfuté toute tactique électoraliste et affirmé que M. Macron ambitionnait d'"influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et aux retours des Français, qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg (Est), où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne qui accueille le parlement européen.

 

 


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
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  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.