A Dubaï, une « révolution agricole » au milieu du désert

Le fermier émirati Abdul Latif al-Banna se promène parmi les ananas dans sa ferme horticole intelligente dans le désert des EAU à Dubaï, le 27 juillet 2020.  (Karim SaHIB/AFP)
Le fermier émirati Abdul Latif al-Banna se promène parmi les ananas dans sa ferme horticole intelligente dans le désert des EAU à Dubaï, le 27 juillet 2020. (Karim SaHIB/AFP)
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Publié le Mardi 18 août 2020

A Dubaï, une « révolution agricole » au milieu du désert

  • Al-Badia produit différents légumes à la verticale, en se targuant de recycler 90% de l'eau utilisée
  • Un plan destiné à accroître de 15% la production agricole locale en 2021 est en cours

DUBAI: Al-Badia, ferme ultramoderne érigée au milieu du désert, témoigne de la volonté de Dubaï de mener sa propre « révolution agricole » pour se défaire, un tant soit peu, de sa trop forte dépendance alimentaire.

Ferme maraîchère, Al-Badia, produit différents légumes à la verticale avec des techniques alliant des contrôles précis de la lumière et l'irrigation, en se targuant de recycler 90% de l'eau utilisée.

« C'est une révolution agricole au milieu du désert », déclare à l'AFP le directeur de la ferme Bassel Jamal.

« On apporte à chaque plante la quantité de lumière, d'humidité, de chaleur et d'eau dont elle a besoin. Comme si elle était un client d'un hôtel cinq étoiles », assure-t-il.

La pandémie de Covid-19, en soulignant le risque d'une perturbation de l'approvisionnement à l'échelle mondiale en produits périssables, est venue rappeler l'importance du concept de sécurité alimentaire.

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Les fermes al-Badia des EAU à Dubaï, erme ultramoderne érigée au milieu du désert, utilisant une technologie hydroponique innovante pour cultiver des fruits et légumes à longueur d'année, le 4 août 2020. (Karim SAHIB/AFP)

Dubaï et les Emirats arabes unis en général ont peu de ressources en eau, peu de terres arables et un environnement désertique hostile à l'agriculture.   

La question de la sécurité alimentaire ne se posait pas il y a quelques décennies lorsque Dubaï et ses voisins n'étaient habités que par des bédouins qui se satisfaisaient, pour se nourrir, d'une poignée de dattes et d'une gorgée de lait de dromadaire. 

Mais avec la richesse engendrée par le pétrole à partir des années 1970 et la ruée de millions d'expatriés, Dubaï comptant aujourd'hui plus de 3,3 millions d'habitants de 200 nationalités, les besoins alimentaires ont augmenté et se sont diversifiés.

« Choix pour l'avenir »

Dubaï, comme les six autres membres de la fédération des Emirats arabes unis, importe 90% de ses besoins alimentaires, selon les statistiques officielles. 

Les produits, notamment frais arrivent du monde entier par voie aérienne, et les marchés de Dubaï n'ont rien à envier à ceux des grandes capitales occidentales.

Mais dans une région instable, face à l'Iran, l'autosuffisance alimentaire devient un objectif clé à long terme.

Il y a plus de dix ans, les Emirats ont commencé à acheter ou à louer des terres agricoles à l'étranger, principalement en Afrique de l'Est, afin de garantir l'approvisionnement même en temps de crise.

Mais l'instabilité politique sur le terrain, l'ont conduit à se tourner vers l'Australie et l'Europe de l'Est et à adopter d'autres stratégies, notamment la constitution de stocks et une agriculture de haute technologie. 

Pour Bassel Jamal, le modèle de la ferme qu'il dirige, où tout est contrôlé par des ordinateurs, est un « choix pour l'avenir ».

« Nous ne voulons plus dépendre des importations. Nous voulons produire localement, tout au long de l'année sans se préoccuper du changement climatique, de la pluviométrie ou de la sécheresse », dit-il.

A l'instar d'Al-Badia, de nombreuses fermes poussent à Dubaï et dans les émirats voisins.

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Les vaches utilisées dans la fabrication de produits alimentaires sont photographiées dans l'usine Rawabi des Émirats arabes unis à Dubaï, le 29 juiller 2020. (Karim SAHIB/AFP)

Abdellatif al-Banna cultive des ananas dans quatre serres où tout est soigneusement contrôlé et écoule sa production via une plateforme internet.

La pisciculture se développe également avec une ferme de saumon à Dubaï dont la qualité de la production est saluée à travers l'émirat.

Quant à l'élevage, Dubaï compte plusieurs fermes qui alimentent des laiteries répondant en partie aux besoins du marché en produits laitiers.

« Stock stratégique »

Ces unités agricoles, souvent le fruit d'investissements privés, sont encouragées par le gouvernement de l'émirat, selon Omar Bouchehab, qui préside le Comité de la sécurité alimentaire de Dubaï.

Un plan destiné à accroître de 15% la production agricole locale en 2021 est en cours, a-t-il assuré.

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Omar Bouchehab, qui préside le Comité de la sécurité alimentaire de Dubaï, le 6 août 2020. (Karim SAHIB/AFP)

« Le renforcement des technologies agricoles et de leur utilisation doit être augmenté de 30% » pour la même période, a-t-il ajouté.

Au début de la crise sanitaire, Dubaï n'a pas connu de difficultés d'approvisionnement en produit frais, en dépit de sa grande dépendance des importations.

Grâce au maintien du transport aérien de marchandises, Dubaï a même été capable d'assurer la réexportation de différents produits alimentaires chez ses voisins.

Au Fresh Market, un grand marché de produits frais, une foule d'ouvriers s'affaire à transporter et à stocker des tonnes de produits alimentaires frais importés.

« Dubaï a une infrastructure adéquate et un stock capable de subvenir aux besoins des Emirats et même aux besoins des pays voisins », assure ainsi le directeur exécutif de cette plateforme, Redha al-Mansouri.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.