Avis de «tempête» sur les musulmans français

Une vue de la Grande Mosquée de Pantin dans la banlieue nord-est de Paris le 20 octobre 2020. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Une vue de la Grande Mosquée de Pantin dans la banlieue nord-est de Paris le 20 octobre 2020. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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Publié le Jeudi 08 avril 2021

Avis de «tempête» sur les musulmans français

  • La mosquée de Pantin ouvre de nouveau ses portes après une fermeture temporaire de six mois décidée par le ministère de l’Intérieur, après que son recteur a démissionné le 15 mars
  • Des dizaines d’associations et de mosquées étant dans le collimateur du ministère de l’Intérieur, dans le cadre de la loi contre le séparatisme

PARIS: La grande mosquée de Pantin ouvre de nouveau ses portes aux fidèles, ce vendredi 9 avril, à l’issue d’un bras de fer de plusieurs mois entre ses dirigeants et le ministère français de l’Intérieur et des Cultes.

L’ouverture de la mosquée a été annoncée par le préfet de Seine-Saint-Denis, François Leclerc. Elle survient à la suite d’un décret de fermeture pris après l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty, qui avait secoué et mis en émoi la France entière le 16 octobre dernier.

La décision de fermer pour six mois la mosquée fréquentée par environ 1 300 fidèles avait été prise après que son site internet a relayé une vidéo du père d’une élève, qui avait conduit à la décapitation de Paty. Dans cette vidéo, le père de l’élève affirmait que sa fille (elle s’est rétractée depuis) a quitté la classe, choquée par des caricatures du prophète, montrées par M. Paty pendant un cours sur la liberté d’expression.

Mohammed Henniche, le recteur de la mosquée à l’époque des faits, a déclaré à Arab News en français que plusieurs mesures ont été prises, en gage de bonne foi, pour permettre sa réouverture du lieu de culte.

Le site internet a été fermé et l’imam de la mosquée, Ibrahim Doucouré, qui avait posté la vidéo controversée, a décidé de se retirer. Il a été remplacé par un imam venant de la grande mosquée de Paris, et donc adoubé par le ministère de l’Intérieur.

Plus encore, et afin d’accélérer la réouverture de la mosquée, Henniche a décidé d’installer des caméras de surveillance à l’intérieur et à l’extérieur du lieu de culte, afin que la police puisse contrôler toute présence d’individus suspects.

Selon Henniche, toutes ces mesures répondaient aux exigences du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et devaient permettre à la mosquée de reprendre ses activités rapidement. En février, le ministre de l’Intérieur avait d’ailleurs déclaré que la mosquée de Pantin pourrait rouvrir ses portes.

Cependant, cette réouverture a été assortie d’une nouvelle condition: le départ de Henniche, à la tête de la mosquée depuis 2013. Longtemps considéré comme un interlocuteur privilégié par les autorités françaises, on lui reproche désormais d’être devenu un recteur rigoriste.

Le recteur a tenté de s’accrocher à son poste le temps de la fermeture temporaire de la mosquée, estimant que le but des autorités était de faire de sa moquée un exemple contre les dérives islamistes. Face à ce dilemme, Henniche fait le choix de la raison et a démissionne le 15 mars dernier. Il a été remplacé par un nouveau recteur, Dramé Abderrahman. Le maintien à son poste risquait en effet de priver la mosquée d’un terrain loué à tarif préférentiel.

La mosquée de Strasbourg

Avec cet épilogue, les fidèles de Pantin retrouveront leur lieu de culte à l’approche du mois de ramadan, alors que la grande mosquée de Strasbourg est au centre d’une controverse autrement plus compliquée. Cette fois, le bras de fer oppose la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, et la préfète de la région du Bas-Rhin, Josiane Chevalier.

Deux semaines après le vote de la municipalité d’une subvention de 2,5 millions d'euros pour l’agrandissement de cette mosquée, les esprits restent échaudés de part et d’autre. Dès le 22 mars, jour du vote, Darmanin a reproché à la maire écologiste et donc opposante au gouvernement de «financer une ingérence étrangère» sur le sol français.

L’association Millî Görüs responsable de la construction de la mosquée est rattachée à l’une des trois fédérations de musulmans qui se sont abstenues de signer la charte des principes pour l’islam de France.

Cette abstention met l’association en porte-à-faux avec le gouvernement qui veut lutter contre le séparatisme et permettre l’émergence d’un islam de France qui rompt avec certaines pratiques d’un l’islam dit «consulaire».

À la suite d’un échange infructueux avec Barseghian, la préfète du Bas-Rhin a décidé, en sa qualité de représentante de l'autorité publique, de porter l’affaire de la subvention litigieuse devant le tribunal administratif de Strasbourg, dans le but de la faire annuler.

De son côté, forte du soutien de la mairie, Millî Görüs a fait savoir, par le biais du futur président de la mosquée, Eyüp Sahin, que les accusations d’allégeance à Turquie étaient infondées. La mairie affirme pour sa part que la subvention, qui sera effective après un second vote du conseil municipal, est assortie d’exigences en termes d’adhésion sans équivoque aux principes républicains.

Barseghian affirme par ailleurs n’avoir reçu aucune alerte officielle concernant l’association et son projet avant le 23 mars. En l’absence d’une évolution imprévue, l’affaire sera donc tranchée par la justice. Des dizaines d’associations et de mosquées étant dans le collimateur du ministère de l’Intérieur, dans le cadre de la loi contre le séparatisme, il est donc clair qu’un avis de tempête guette les musulmans de France.

Enfin, les dissensions au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui semble avoir explosé face aux contradictions de ses composantes, n’aideront pas à l’apaisement.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.