Débat douloureux et philosophique à l'Assemblée sur le droit à l'euthanasie

Le député d'opposition Olivier Falorni, auteur de la proposition de loi. (Photo, AFP)
Le député d'opposition Olivier Falorni, auteur de la proposition de loi. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 09 avril 2021

Débat douloureux et philosophique à l'Assemblée sur le droit à l'euthanasie

  • Les Français « sont une immense majorité à être favorables au droit à l'euthanasie », une « ultime liberté » pour « éteindre en paix la lumière de notre existence »
  • Le débat n'a toutefois pratiquement aucune chance d'aboutir faute de temps face à un barrage de milliers d'amendements déposés par les adversaires de la proposition de loi

PARIS : Une « ultime liberté » ou une « transgression » ?: les députés français poursuivaient jeudi un débat douloureux et philosophique sur l'ouverture d'un droit à l'euthanasie pour les personnes souffrant d'une pathologie incurable, à l'occasion de l'examen d'une proposition de loi dans un pays qui se déchire régulièrement sur le sujet.

Les Français « sont une immense majorité à être favorables au droit à l'euthanasie », une « ultime liberté » pour « éteindre en paix la lumière de notre existence », a lancé le député d'opposition Olivier Falorni, auteur de la proposition de loi. Visiblement ému, il a été accueilli par un tonnerre d'applaudissements debout, venant de tous les bancs.

Olivier Falorni estime qu'ouvrir le droit à une mort médicalement assistée permettrait de sortir de l' « hypocrisie » de laisser les personnes partir en « exil » en Belgique ou en Suisse pour y avoir recours, ou fermer les yeux sur les « 2 000 à 4 000 » euthanasies clandestines qui seraient pratiquées chaque année en France.

Le débat n'a toutefois pratiquement aucune chance d'aboutir faute de temps face à un barrage de milliers d'amendements déposés par les adversaires de la proposition. M. Falorni a fustigé ces milliers d'amendements, visant à « empêcher l'Assemblée de voter » dans le délai imparti, avant minuit.

De son côté, le ministre français de la Santé Olivier Véran s'est déclaré personnellement « pas convaincu qu'il faille ouvrir aujourd'hui ce débat d'envergure », citant notamment le lourd contexte de la pandémie de Covid-19. 

Il a cependant promis une meilleure application de la loi française actuelle, dite Claeys-Leonetti, adoptée en 2016, qui prévoit une sédation profonde et continue pouvant mener à la mort, mais sans euthanasie active.

L'article 1er de la proposition du député Falorni prévoit que « toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, provoquant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu'elle juge insupportable », peut demander une « assistance médicalisée » pour mourir « par une aide active ».

En Europe, les pratiques sont très disparates : l'Espagne est devenue en mars le quatrième pays européen à dépénaliser l'euthanasie, après les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. D'autres formes d'aide à la mort existent aussi en Europe, comme l'arrêt des traitements.

D'autres pays comme l'Irlande ou la Pologne y restent, eux, réfractaires.

En France, le sujet divise tous les groupes parlementaires et suscite l'embarras du gouvernement.

Douleurs insoutenables

Le patron des députés du parti présidentiel LREM, Christophe Castaner, a reconnu que son groupe n'avait pas « une position unanime ».

Agnès Firmin-Le Bodo (groupe Agir, centre) a plaidé pour la « liberté de choisir notre mort et de l'encadrer », une position reprise par de nombreux élus dans la majorité comme l'opposition.

L'élu communiste Pierre Dharréville a pour sa part laissé pointer son trouble : « qui sommes-nous pour donner la mort? N'est-ce pas une transgression? Quelle humanité voulons-nous être? », s'est-il interrogé.

Les adversaires de la proposition estiment prématuré d'envisager aller plus loin alors que la loi « Claeys-Leonetti » est toujours mal appliquée. Un cinquième des départements français n'ont toujours pas de centre de soins palliatifs.

D'autres sont radicalement hostiles à la mesure pour des principes philosophiques et religieux.

La proposition de loi étant prévue dans le cadre d'une « niche parlementaire » où le débat dure maximum une journée, ce temps réduit ne permettra très certainement pas l'examen des plus de 3 000 amendements (dont 2 300 émanant d'une poignée de députés Les Républicains (LR, droite) hostiles à cette proposition), risquant à minuit de laisser un débat inachevé et un texte sans vote ni pour ni contre.  

Plusieurs affaires retentissantes sur ce sujet sensible ont déchiré la France. La plus emblématique est celle de Vincent Lambert, un ancien infirmier en état végétatif irréversible depuis un accident de la route en 2008.

Le quadragénaire est décédé le 11 juillet 2019 à la suite à l'arrêt de ses traitements, après une sédation profonde voulue par des médecins et son épouse, mais à laquelle ses parents s'opposaient devant la justice.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.