Echec de la tentative historique de syndicalisation chez Amazon

Le mouvement des salariés de l'entrepôt d'Amazon en Alabama a pris une dimension nationale aux USA. Il a vu s'opposer les soutiens aux employés - des artistes, des parlementaires démocrates et républicains, et même le président Joe Biden – au géant de la distribution dont les affaires ont prospéré pendant la pandémie. (Photo, AFP)
Le mouvement des salariés de l'entrepôt d'Amazon en Alabama a pris une dimension nationale aux USA. Il a vu s'opposer les soutiens aux employés - des artistes, des parlementaires démocrates et républicains, et même le président Joe Biden – au géant de la distribution dont les affaires ont prospéré pendant la pandémie. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 10 avril 2021

Echec de la tentative historique de syndicalisation chez Amazon

  • La fortune du fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, homme le plus riche au monde, est régulièrement mise en perspective par ses détracteurs qui lui reprochent des conditions de travail indignes
  • On reproche au deuxième plus important employeur aux USA ses cadences infernales, le manque de temps pour aller aux toilettes ou manger, ou encore des salaires insuffisants

SAN FRANCISCO : Les salariés qui ont tenté de créer un syndicat dans un entrepôt d'Amazon, ce qui aurait constitué une première aux Etats-Unis, ressentaient de la déception face à leur échec dans les urnes vendredi, mais aussi l'espoir que leur mouvement se poursuive et en inspire d'autres.

« Nous sommes déçus, frustrés, énervés (...) parce qu'on nous a menti et manipulés », a déclaré Emmit Ashford, un des employés du site de Bessemer, dans l'Alabama. « Mais c'est une étincelle qui a allumé un feu aux Etats-Unis ».

Près de 5 900 employés étaient appelés à voter par correspondance. Le non à la syndicalisation l'a emporté avec 1 798 voix, contre 738 votes en faveur du RWDSU, le syndicat national de la distribution que des employés voulaient rejoindre.

Plusieurs centaines de bulletins étaient contestés, mais la victoire est déjà assurée pour le géant du commerce en ligne. 

« Amazon n'a pas gagné, nos salariés ont choisi de voter contre le syndicat », a réagi le groupe dans un communiqué, balayant les accusations d'intimidation. « Nos employés ont entendu beaucoup plus de messages anti-Amazon de la part du syndicat, d'élus et de médias qu'ils ne nous entendus nous ».

Le RWDSU a promis de porter plainte auprès de l'agence fédérale du droit du travail, contre le groupe qu'il accuse « d'interférences illégales » dans le vote.

Le résultat « n'est en rien une validation des conditions de travail chez Amazon, au contraire, il démontre la puissance de l'employeur et son pouvoir d'intimidation et de manipulation », a assené Stuart Appelbaum, le président du syndicat, lors d'une conférence de presse.

« Droits civiques »

Le mouvement avait remporté une première victoire l'année dernière, en réunissant suffisamment de signatures pour organiser un vote dans cet entrepôt d'une ville pauvre de l'Alabama, Etat conservateur du sud des Etats-Unis, théâtre a priori peu propice de cet effort à la David contre Goliath.

Stuart Appelbaum a salué la mobilisation de différentes organisations, « qui rappelle l'énergie et l'espoir de l'époque de la lutte pour les droits civiques » des Afro-Américains.

De fait, le mouvement de Bessemer a pris une dimension nationale. Il a vu s'opposer les soutiens aux employés - des artistes, des parlementaires démocrates et républicains, et même le président Joe Biden –  et le deuxième plus important employeur des Etats-Unis (800 000 salariés), dont les affaires ont prospéré pendant la pandémie. 

La fortune de son fondateur, Jeff Bezos, homme le plus riche au monde, est régulièrement mise en perspective par ceux qui reprochent à l'entreprise ses cadences infernales, le manque de temps pour aller aux toilettes ou manger, ou encore des salaires insuffisants.

« Comment des milliardaires peuvent-ils nous dire que 15 dollars, c'est assez ? », s'est insurgé Michael Foster, un syndicaliste.

Les 15 dollars par heure minimum (plus du double du salaire minimum dans l'Alabama) et les avantages sociaux, constituent le cœur de la défense d'Amazon. « Il y a 40 millions d'Américains qui gagnent moins (...) et de nombreux autres qui n'ont pas de couverture santé via leur employeur, et nous pensons que ça doit changer », souligne le communiqué de vendredi.

« Jalon majeur »

Le groupe a fait valoir ses arguments contre la syndicalisation à coup de textos, d'affiches et de réunions d'information hebdomadaires dans l'entrepôt depuis des mois, brandissant l'épouvantail des cotisations syndicales et des risques de grèves coûteuses.

« Je suis extatique », a déclaré Dawn Hoag, une contrôleuse qualité de l'entrepôt qui dit « adorer son travail » et être soulagée que ce soit « enfin fini ».

Amazon « leur a fait croire qu'ils avaient tout à perdre », remarque Rebecca Givan, professeure en relations sociales à la Rutgers University. « Ils ont embauché les meilleurs avocats anti-syndicats du pays et ont semé avec acharnement la peur et l'incertitude au sein des effectifs ».

Selon de nombreux experts, le droit du travail américain est biaisé en faveur des employeurs, et le résultat de Bessemer montre le besoin d'une réforme. « Les Etats-Unis ont l'un des taux de syndicalisation les plus bas des pays industrialisés », rappelle la professeure de droit Angela Cornell.

Malgré la défaite, « c'est un jalon majeur (...) car il s'agit d'une des premières tentatives de syndicaliser une partie de l'économie numérique », souligne Darrell West, de la Brookings Institution.

Début janvier, des salariés de Google ont annoncé la création d'un syndicat. Et le RWDSU dit avoir reçu plus de 1000 requêtes d'une cinquantaine d'entrepôts différents, principalement chez Amazon.

« Nous continuerons d'essayer », a assuré Sondra Hill, une employée à mi-temps de l'entrepôt. « Mais je ne crois pas que je vais continuer à travailler là encore longtemps ».

 


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.