Derrière le plan de relance européen, la délicate question des réformes

La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen tient une conférence de presse conjointe avec le président du Conseil de l'UE après des entretiens avec le président turc à Ankara, le 6 avril 2021. (Adem ALTAN / AFP)
La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen tient une conférence de presse conjointe avec le président du Conseil de l'UE après des entretiens avec le président turc à Ankara, le 6 avril 2021. (Adem ALTAN / AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 11 avril 2021

Derrière le plan de relance européen, la délicate question des réformes

  • Incarnation d'une solidarité européenne face à la pandémie, le fonds doté de 750 milliards d'euros, pourrait devenir une nouvelle pomme de discorde entre l'Europe du sud, surendettée, et les Etats du nord, dits "frugaux"
  • Au 10 avril, vingt-trois pays avaient remis un projet provisoire, mais aucun la version définitive

BRUXELLES : Pour toucher les aides du fonds de relance européen, les pays de l'UE risquent de devoir engager des réformes impopulaires, un sujet âprement discuté à Bruxelles avant la remise des premiers plans nationaux.

Incarnation d'une solidarité européenne face à la pandémie, le fonds doté de 750 milliards d'euros, pourrait devenir une nouvelle pomme de discorde entre l'Europe du sud, surendettée, et les Etats du nord, dits "frugaux".

L'instrument, alimenté par un recours commun à la dette inédit, doit financer des investissements dans la transition verte et numérique. Mais, pour surmonter l'opposition initiale des "frugaux", des engagements de réformes plaçant les bénéficiaires sous surveillance y ont été adossés.

Ces dernières semaines, "la Commission a mis la pression sur les Etats membres pour qu'ils viennent avec plus de réformes", confie un diplomate européen.

L'accord historique, conclu en juillet après de difficiles négociations, prévoit qu'ils incluent dans leurs plans nationaux un échéancier détaillé de réformes réclamées de longue date par l'UE.

Sont potentiellement concernées la réforme en cours de l'assurance chômage en France ou celle des retraites, reportée à des temps meilleurs, une réforme du marché du travail en Espagne, des réductions de dépenses publiques en Italie... Des "recommandations spécifiques" formulées en 2019 et 2020 par le Conseil européen.

La plupart des pays soumettront leur plan d'ici fin avril. La Commission aura deux mois pour donner son feu vert, puis le Conseil, représentant les Etats membres, disposera d'un mois pour le valider.

L'exécutif européen doit se montrer ferme sur les réformes, "s'il ne le fait pas, certains Etats critiqueront fortement les plans de certains autres", poursuit ce diplomate.

Au 10 avril, vingt-trois pays avaient remis un projet provisoire, mais aucun la version définitive.

"Des pays très exigeants" 

"Les discussions portent sur les réformes", a confirmé à l'AFP un responsable européen. Les Etats membres doivent prendre en compte "une grande partie" des recommandations spécifiques. "On sait qu'on ne pourra mettre pour chaque sujet difficile des engagements très concrets. Il faudra être flexible et trouver un équilibre, mais certains pays vont être très exigeants".

Nul ne s'attend à des blocages au printemps, alors que l'Europe est critiquée pour sa lenteur à relancer l'économie et que ce projet emblématique reste menacé tant qu'il n'aura pas été ratifié par tous les Etats membres.

Parmi les 27, dix manquent encore à l'appel, dont l'Allemagne où la légalité du dispositif est questionnée par la cour constitutionnelle.

Les discussions sur les plans nationaux, démarrées en mars, doivent se conclure rapidement pour permettre les premiers versements espérés à l'été, des préfinancements représentant 13% des subventions totales. Pour l'Espagne et l'Italie, premiers bénéficiaires, environ 9 milliards d'euros sur un total de 70 milliards chacun.

Ensuite, les paiements s'échelonneront sur plusieurs années, permettant de sanctionner plus tard des engagements non tenus.

Pour Lucas Guttenberg, directeur adjoint du Centre Jacques Delors à Berlin, la pandémie va modifier l'architecture financière de l'UE, à travers ces évaluations régulières qui détermineront le déblocage des aides.

L'avenir du processus dépendra de sa capacité, grâce aux incitations financières, "à accroître l'ardeur des réformes dans les États membres", a-t-il estimé.

Selon lui, l'objectif devrait être d'aboutir à "une procédure politique permanente de coordination des politiques économiques".

Cependant, pour Jean Pisani-Ferry, chercheur associé à l'institut Bruegel, l'UE "commettrait une grave erreur politique" si elle insistait pour conditionner les subventions à des réformes des retraites ou du marché du travail, non directement liées à l'objet des investissements.

"Cela ne veut pas dire que ces réformes ne soient pas désirables, mais si elles ont buté sur une opposition dans un pays, elles ne seront pas rendues plus acceptables par le tampon de Bruxelles", a-t-il dit à l'AFP, tout en défendant le couplage "réformes et investissements".

"On parle de montants considérables", environ 5% du produit intérieur brut pour l'Espagne ou l'Italie. "C'est énorme. Évidemment l'UE ne peut pas se permettre de gâcher de tels transferts et doit s'assurer que l'argent sera dépensé de manière convenable".

Ainsi, il serait légitime de réclamer des réformes pour améliorer les compétences en programmation en lien avec les investissements dans le numérique, ou l'arrêt des subventions aux combustibles fossiles en contrepartie du financement des investissements verts.


Un «Davos des banlieues» en septembre pour les entreprises des quartiers populaires

Bobigny, banlieue nord-est de Paris, le 17 mars 2021. (AFP)
Bobigny, banlieue nord-est de Paris, le 17 mars 2021. (AFP)
Short Url
  • «C'est l'occasion de poser une vision, un plan de développement économique de ces banlieues», estime Aziz Senni, organisateur de «Davos des banlieues»
  • «On dit souvent que la banlieue coûte au budget de l'Etat, on nous dit toujours combien ça coûte sans jamais nous dire combien elle rapporte», dit l'entrepreneur

PARIS: Un forum économique ou "Davos" des banlieues, visant à favoriser l'activité des entreprises des quartiers populaires, sera organisé les 17 et 18 septembre à Paris, ont annoncé jeudi ses organisateurs.

"L'enjeu (...) est d'identifier des leviers pour engager une véritable dynamique économique au sein des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), où vivent plus de 5 millions de Français, dont la plupart sont exposés à un taux de chômage 2,7 fois supérieur à celui de la moyenne nationale", indique le Forum économique des banlieues (FEB).

Dans les locaux du Conseil économique, social et environnemental (Cese), le millier de participants attendus passeront d'abord une journée à plancher sur la situation économique des quartiers populaires et les solutions pouvant y être apportées.

La seconde journée sera consacrée à la mise en relation d'entrepreneurs des quartiers avec de grandes entreprises, avec pour objectif de décrocher 100 millions d'euros de commandes.

"C'est l'occasion de poser une vision, un plan de développement économique de ces banlieues", estime auprès de l'AFP l'entrepreneur Aziz Senni, organisateur de ce "Davos des banlieues", clin d'œil à la ville suisse où se tient chaque année le Forum économique mondial.

"On dit souvent que la banlieue coûte au budget de l'Etat, on nous dit toujours combien ça coûte sans jamais nous dire combien elle rapporte", poursuit-il. "On a là un tissu économique qu'on pourrait développer, en créant des emplois locaux, des stages, des alternances".

Chaque intervenant sera invité à formuler des propositions pour les entreprises des quartiers populaires, qui seront consignées dans un Livre blanc.

Le Premier ministre Gabriel Attal, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire ou les anciens ministres Jean-Louis Borloo et Najat Vallaud-Belkacem y sont attendus, selon le FEB.

Côté acteurs privés, le fondateur de Free Xavier Niel, la directrice générale de la Fédération bancaire française Maya Atig ainsi que l'ex-président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux ont confirmé leur participation, indique-t-on de même source.

Les organisateurs souhaitent mettre l'accent sur les TPE et PME créées depuis plus de deux ans et moins éligibles aux aides publiques à l'entrepreneuriat, a expliqué Aziz Senni.

Le Forum économique des banlieues souhaite faciliter l'accès de 250 000 de ces entreprises installées dans les QPV aux marchés publics et privés.


Saudi Mobily connaîtra la plus forte croissance dans le secteur des télécommunications au Moyen-Orient en 2024

Brand Finance a également placé le PDG de l'entreprise, Salman bin Abdulaziz Al-Badran, parmi les 10 premiers chefs d'entreprise de l'indice mondial de protection des marques. (Shutterstock)
Brand Finance a également placé le PDG de l'entreprise, Salman bin Abdulaziz Al-Badran, parmi les 10 premiers chefs d'entreprise de l'indice mondial de protection des marques. (Shutterstock)
Short Url
  • Saudi Mobily a été classée comme l'entreprise à la croissance la plus rapide dans le secteur des télécommunications au Moyen-Orient en 2024 par le cabinet de conseil en marketing Brand Finance.
  • Brand Finance évalue les labels sur la base de plusieurs critères principaux, notamment l'indice de force de la marque, l'impact de l'entreprise sur l'augmentation du chiffre d'affaires et des bénéfices, et les prévisions de croissance future

RIYADH : Saudi Mobily a été classée comme l'entreprise à la croissance la plus rapide dans le secteur des télécommunications au Moyen-Orient en 2024 par le cabinet de conseil en marketing Brand Finance.

La liste révèle que la valeur de l'entreprise a augmenté d'environ 18 % par rapport à l'année précédente, conservant ainsi sa position de leader parmi les plus grandes entreprises du secteur au Moyen-Orient.

Les classements et les chiffres récemment publiés s'alignent sur l'objectif de l'Arabie saoudite de développer et de promouvoir la transformation numérique dans le Royaume et d'améliorer les services fournis dans le domaine des technologies de l'information et de la communication.

"Mobily est devenue le meilleur choix pour les particuliers et les entreprises, car ses réalisations au niveau de la marque reflètent ses performances exceptionnelles dans la fourniture de services numériques intégrés et pionniers dans le Royaume et sa réalisation de grands progrès dans le développement de l'infrastructure numérique", a déclaré Noura Al-Shiha, vice-présidente principale de la marque et de la communication d'entreprise chez Mobily.

Brand Finance a également placé le PDG de l'entreprise, Salman bin Abdulaziz Al-Badran, parmi les 10 premiers chefs d'entreprise de l'indice mondial de protection des marques.

Cette place est principalement attribuée aux diverses initiatives qu'il a lancées depuis qu'il a rejoint la société, également appelée Etihad Etisalat Co, en 2019, et à son rôle central dans l'amélioration de la croissance de la marque de l'entreprise.

Al-Shiha a déclaré que l'inclusion du PDG de Mobily dans l'indice mondial de protection des marques reflète son intérêt à faire de l'entreprise l'un des noms commerciaux les plus forts au monde. 

Brand Finance évalue les labels sur la base de plusieurs critères principaux, notamment l'indice de force de la marque, l'impact de l'entreprise sur l'augmentation du chiffre d'affaires et des bénéfices, et les prévisions de croissance future.

La majorité des investissements de Mobily se concentrent sur le développement de l'infrastructure et l'adoption de nouvelles technologies telles que l'informatique en nuage et l'Internet des objets, l'augmentation des centres de données et l'élargissement de la portée du déploiement du réseau 5G. 

Cherchant à offrir une expérience moderne à ses clients, l'entreprise souhaite les placer au centre de son attention en adoptant l'approche "Customer First". Cette stratégie vise à atteindre les objectifs de la Saudi Vision 2030, qui s'efforce d'améliorer la qualité de vie des familles et des individus dans le Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le marché saoudien du capital-investissement enregistre des transactions d'une valeur de 4 milliards de dollars

Short Url
  • Le secteur manufacturier est le plus important en termes de volume d'investissement, avec 46 % du total des capitaux investis.
  • Dominant la scène de l'investissement, les opérations de rachat ont représenté en moyenne 80 % du capital total investi, soulignant un changement stratégique et une importance croissante dans le paysage de l'investissement du Royaume.

RIYAD : Le secteur du capital-investissement en Arabie saoudite est en plein essor depuis cinq ans, avec des transactions d'une valeur de 4 milliards de dollars en 2023, selon MAGNiTT.

La plateforme de données sur le capital-risque, ainsi que la Saudi Venture Capital Co ont publié un rapport mettant en évidence une augmentation significative de l'activité de capital-investissement dans le Royaume. 

À partir de 2020, le secteur a connu une croissance impressionnante, atteignant un multiple de 3,7 en 2021 par rapport à l'année précédente et un bond exponentiel à 5,9 fois en 2022 par rapport à l'année précédente.

Les investissements en private equity impliquent l'injection de capitaux par des investisseurs ou des entreprises dans des sociétés privées non cotées en bourse. 

Gérés par des sociétés de capital-investissement, ces investissements visent à accroître la valeur de l'entreprise grâce à des améliorations stratégiques et à des gains d'efficacité opérationnelle, dans l'intention de vendre l'entreprise avec un bénéfice ultérieur.

Ce secteur se caractérise par des investissements à long terme, une gestion active et des profils de risque et de rendement plus élevés.

Le capital-investissement investit généralement dans des entreprises plus matures que le capital-risque, qui se concentre sur les entreprises en phase de démarrage à fort potentiel de croissance, souvent dans le secteur technologique, en utilisant le financement par actions.

Parallèlement, le rapport met en évidence un changement notable dans la nature des transactions de capital-investissement, avec une augmentation substantielle des transactions de rachat, dont la part dans le total des négociations a augmenté de 20 points de pourcentage entre 2020 et 2023, selon le rapport.

Les transactions de rachat font référence au processus par lequel une société de capital-investissement acquiert une participation majoritaire dans une entreprise, souvent en la privatisant pour la restructurer stratégiquement et améliorer sa santé financière.

Parallèlement, les transactions de croissance, qui se concentrent sur l'investissement de capitaux dans des entreprises établies à la recherche d'opportunités d'expansion ou de développement, ont également connu une augmentation de 2 points de pourcentage au cours de la même période.

Dominant la scène de l'investissement, les opérations de  rachat ont représenté en moyenne 80 % du capital total investi, soulignant un changement stratégique et une importance croissante dans le paysage de l'investissement du Royaume.

Le rapport met également en lumière la diversité des transactions et l'orientation sectorielle du secteur du capital-investissement au cours des cinq dernières années.

Le secteur de l'alimentation et des boissons est apparu comme l'un des domaines les plus actifs pour les transactions de capital-investissement.

Cependant, le secteur manufacturier a pris la tête du volume d'investissement, obtenant 46 % du capital total déployé entre 2019 et 2023.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com