Satisfecit à Moscou après l'invitation à un sommet Biden-Poutine

Lors d'une conversation mardi, Joe Biden a proposé à Vladimir Poutine un sommet dans un pays tiers « dans les prochains mois », a annoncé la Maison Blanche. (Photo, AFP)
Lors d'une conversation mardi, Joe Biden a proposé à Vladimir Poutine un sommet dans un pays tiers « dans les prochains mois », a annoncé la Maison Blanche. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 15 avril 2021

Satisfecit à Moscou après l'invitation à un sommet Biden-Poutine

  • Depuis janvier et l'arrivée au pouvoir du nouveau président américain, les relations entre Moscou et Washington se sont dégradées à grande vitesse
  • Le président Biden et la chancelière Angela Merkel se sont mis d’accord pour demander à Moscou de réduire ses troupes à la frontière ukrainienne

MOSCOU : Moscou ne cache pas sa satisfaction: un sommet Poutine-Biden, à l'initiative de la Maison Blanche, revient à une reconnaissance de la puissance russe à sa juste valeur, après des semaines d'escalade verbale et de bruits de bottes autour de l'Ukraine.

Depuis janvier et l'arrivée au pouvoir du nouveau président américain, les relations entre Moscou et Washington se sont dégradées à grande vitesse. L'ambassadeur russe a ainsi été rappelé après que Joe Biden a jugé que son homologue était un « tueur ».

La Russie a écopé en outre de nouvelles sanctions, été conspuée pour avoir emprisonné le principal opposant du pays, Alexeï Navalny, et prise en flagrant délit, selon Washington, de multiples piratages informatiques.    

Puis Moscou a déployé une armada de dizaines de milliers de soldats russes à la frontière ukrainienne, accusant Kiev d'intentions pouvant justifier une invasion.

Lors d'un entretien téléphonique mercredi, le président Biden et la chancelière Angela Merkel se sont mis d’accord pour demander à Moscou de réduire ses troupes à la frontière ukrainienne. 

Les deux dirigeants sont d'accord pour demander à la Russie « de réduire ses récents renforcements de troupes » à la frontière orientale de l'Ukraine, afin de permettre « une désescalade » de la situation, a indiqué le porte-parole d'Angela Merkel.

Dans ce contexte, la proposition de Joe Biden d'un sommet à deux dans une ville neutre est une surprise diplomatique qui semble largement réjouir Moscou, Washington ayant le premier fait un geste. 

Si le Kremlin n'a pas accepté d'emblée la proposition, formulée par M. Biden lors d'un entretien téléphonique mardi soir avec M. Poutine, le président russe s'est entretenu le soir même avec son homologue finlandais, Sauli Niinsto, dont le pays a accueilli en 2018 la dernière rencontre de ce niveau, entre M. Poutine et Donald Trump.

Important succès

La diplomatie russe a en tout cas rapidement fait savoir qu'elle attendait ses ordres. 

« C'est de la compétence de l'administration présidentielle. Mais bien entendu nous ferons notre part du travail », a dit mercredi la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

Des responsables russes ont aussi loué l'importance de l'événement.   

Le vice-président du Conseil de la fédération (chambre haute), Konstantin Kossatchev, a considéré qu'un tel sommet était une « nouvelle d'ampleur mondiale » et que Biden à montré vouloir « que cette rencontre ait lieu vite ».

Pour le chef de la commission des Affaires étrangères à la Douma, les Etats-Unis ont « fait un pas pour passer de la confrontation au dialogue ». « C'est bien que les dirigeants de deux plus grandes puissances nucléaires soient prêts à coopérer », a souligné Léonid Sloutski.

Et Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant soviétique, a comparé l'importance d'un sommet Biden-Poutine au sien, en pleine Guerre froide, avec Ronald Reagan, qui a débouché sur un traité de désarmement nucléaire. 

Le politologue russe Fiodor Loukianov relève dès lors qu'en « Russie la perspective de cette rencontre va être présentée comme un important succès ».

« Et c'est le cas d'une certaine manière, alors qu'il y a peu encore Biden s'est exprimé de manière insultante envers Poutine », dit-il.

D'ores et déjà, estime-t-il, « la température" est retombée, affirmant s'attendre à ce que la pression militaire aux frontières ukrainiennes baisse bientôt car personne "n'a intérêt à des heurts militaires ».

Mercredi soir, des responsables turcs ont indiqué que les Etats-Unis avaient renoncé à déployer cette semaine deux navires de guerre en mer Noire via les détroits turcs.

L'annonce de ce déploiement était intervenue dans un contexte de flambée de tensions entre la Russie et l'Ukraine et la décision d'envoyer des bâtiments de guerre avait été accueillie comme un signe de soutien de Washington à Kiev.

La nouvelle de l'organisation d'un sommet laisse à l'inverse certains dans l'opposition russe dépités, y voyant une concession à Poutine et sa quête de reconnaissance.

« Un sommet? De quoi les Etats-Unis ont-ils encore à parler avec Poutine? C'est exactement ce que désire Poutine, une rencontre en tête-à-tête qui le légitimise », s'emporte sur Twitter l'ancien champion du monde d'échecs et critique du Kremlin Garry Kasparov.

Des partisans du président russe se réjouissaient eux d'ailleurs pour exactement les mêmes raisons.

« C'est Biden qui a demandé la conversation téléphonique d'hier, c'est Biden qui a appelé et c'est Biden qui voulait discuter d'une sommet », note plus qu'un brin moqueur Vladimir Solovev, l'un des propagandistes des autorités et figure honnie de l'opposition.

 


Nucléaire: Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à négocier «au plus vite, sans préconditions»

 Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
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  • Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand
  • Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux"

PARIS: Les chefs de la diplomatie française, britannique et allemand ont "incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations" sur le programme nucléaire iranien, selon une source diplomatique française.

Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont en outre "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire" comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas.

Abbas Araghchi a estimé que les frappes israéliennes contre son pays "portent un coup" à la diplomatie.

"L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation (sur le nucléaire avec les Etats-Unis, NDLR) porte un coup à la diplomatie", a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume Uni et l'UE sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les Etats-Unis s'étaient unilatéralement retirés.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les Etats-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations devait avoir lieu la semaine dernière avant qu'Israël ne frappe l'Iran.

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été passés par les ministres français, britannique et allemand à Israël "sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, infrastructures et populations civiles", selon la source diplomatique française.

 


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."