Les gauches s'entendent pour poursuivre le dialogue en vue de 2022

L'ancienne porte-parole d'EELV Sandrine Rousseau, le député européen du Parti Vert EELV Yannick Jadot, la maire de Paris Anne Hidalgo , assistent à une réunion des dirigeants de gauche pour l'élection présidentielle de 2022 le 17 avril 2021 à Paris. (AFP)
L'ancienne porte-parole d'EELV Sandrine Rousseau, le député européen du Parti Vert EELV Yannick Jadot, la maire de Paris Anne Hidalgo , assistent à une réunion des dirigeants de gauche pour l'élection présidentielle de 2022 le 17 avril 2021 à Paris. (AFP)
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Publié le Samedi 17 avril 2021

Les gauches s'entendent pour poursuivre le dialogue en vue de 2022

  • Lorsque la vingtaine de dirigeants et cadres de gauche sont sortis sous le soleil après trois heures de réunion à huis-clos, la plupart affichaient leur satisfaction de voir dialoguer une famille souvent émiettée
  • Les Insoumis se sont satisfaits d'un apaisement à gauche, mais continuent de plaider pour la centralité de la candidature de Jean-Luc Mélenchon

PARIS : "Une première marche" vers une union? Les dirigeants de gauche qui se sont réunis samedi dans un hôtel parisien en vue de la présidentielle de 2022 ont convenu de se retrouver fin mai pour parler du programme, mais tous ne partagent pas l'urgence d'une candidature commune.

Lorsque la vingtaine de dirigeants et cadres de gauche sont sortis sous le soleil après trois heures de réunion à huis-clos, la plupart affichaient leur satisfaction de voir dialoguer une famille souvent émiettée.

Pour l'eurodéputé EELV Yannick Jadot, la réunion qu'il a appelée de ses voeux a débouché sur deux avancées: "le respect mutuel, on ne disqualifie pas les autres à gauche"; et la tenue d'une nouvelle réunion fin mai, élargie à des collectifs citoyens comme "2022 en commun" ou "Plus jamais ça", et portée sur le programme et les combats contre le gouvernement et la droite.

Lui, qui dit régulièrement se "préparer" à être candidat pour l'Elysée, a retenu un troisième point, la "perspective de construire une candidature commune", tout en reconnaissant immédiatement que seuls "certains" partageaient cet objectif.

C'est par exemple le cas du premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui s'est réjoui samedi d'un "signal très positif" et vise un accord à l'automne: "Il faut une majorité et un candidat qui puisse l'emporter à l'élection présidentielle, ça suppose le rassemblement. Celles et ceux qui désespèrent de la gauche peuvent se dire aujourd'hui qu'il y a quelque chose qui se passe".

En revanche le chef d'EELV Julien Bayou continue de renvoyer à la primaire écologiste de septembre. Il indique certes que "les organisations vont discuter d'ici la primaire", car "les convergences de fond aujourd'hui sont plus fortes qu'en 2017". Mais il calme le jeu: "On a le temps, il y a les élections régionales et la crise sanitaire" d'abord.

Les Insoumis se sont satisfaits d'un apaisement à gauche, mais continuent de plaider pour la centralité de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Leur seul représentant, le député Eric Coquerel, a cinglé: "Si certains aujourd'hui pensent que tout est réglé pour une candidature et un programme commun, ça les regarde, mais ce n'est pas ce qui ressort" de la réunion.

"Les égos suivront"

Il faut dire que de l'économie à l'Europe en passant par le nucléaire et la laïcité, les gauches ont de nombreuses divergences, même si cela tient parfois de la nuance. Et qu'aux candidatures déjà déclarées des uns - Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel - s'ajoutent les appétits des autres - Yannick Jadot, le maire EELV de Grenoble Eric Piolle, ou encore Anne Hidalgo.

La maire PS de Paris, qui a amorcé une forme de pré-campagne en France ces dernières semaines, s'est en tout cas félicitée du dialogue: "L'idée est de poser les bases d'un travail avec plusieurs rendez-vous, notamment à l'automne qui doit proposer aux Français une coalition, et pourquoi pas une candidature commune".

"Il y a envie de faire ensemble", s'est réjoui Eric Piolle, qui a dû partir en avance pour un rendez-vous impérieux.

"On va cheminer, ce n'était pas possible évidemment de se mettre d'accord sur tout dès cette réunion", a déclaré le fondateur de Générations et ancien candidat PS à la présidentielle Benoît Hamon, pour qui "il faut organiser les convergences d'idées et les égos suivront". 

La réunion est donc "une première marche d'un escalier qui est haut", a résumé Yannick Jadot. "Ca ne pouvait pas déboucher sur mieux, compte tenu des contraites et des calendriers" des différentes formations, a abondé le député européen Emmanuel Maurel, allié des Insoumis.

La coordinatrice de Générations Sophie-Taillé-Ponan a retenu que le diagnostic était commun sur la position faible de la gauche dans les sondages et le danger de l'extrême droite": "Il y a une analyse commune sur la gravité de la situation et sur le fait qu'il faut qu'on arrête à gauche d'être sur la défensive".

En coulisses, les rapports de force continuent. Pour qu'une candidature commune existe, "il faut que tout soit prêt en septembre, mais ceux qui veulent le statu quo ont intérêt à ce que ça traîne", analyse en privé l'un des participants, ciblant les Insoumis mais aussi une frange des écologistes.


Macron met en garde contre la mort de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Le président français a évoqué une Europe «dans une situation d'encerclement» face aux grandes puissances régionales
  • Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a appelé l'UE à renforcer encore sa défense au sein de l'Otan

PARIS: "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir". Emmanuel Macron a dressé jeudi un portrait alarmiste à un mois et demi d'élections européennes compliquées pour son camp, en exhortant à un sursaut des Vingt-Sept pour bâtir une "Europe puissance" et une défense "crédible".

"Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant" car "à l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué", a-t-il asséné devant 500 invités, dont les ambassadeurs des 26 autres Etats membres de l'UE, des étudiants, des chercheurs et le gouvernement au complet.

Le président français a évoqué dans un discours-fleuve une Europe "dans une situation d'encerclement" face aux grandes puissances régionales et a jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées".

"Le risque, c'est que l'Europe connaisse le décrochage et cela, nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts", a averti le chef de l'Etat, en plaidant pour une "Europe puissante", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a annoncé qu'il inviterait les Européens à se doter d'un "concept stratégique" de "défense européenne crédible", en évoquant la possibilité pour elle de se doter d'un bouclier antimissiles.

Il a aussi appelé l'Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un "emprunt européen", sujet tabou notamment en Allemagne, pour investir dans l'armement en appliquant le principe de "préférence européenne".

Entrée en campagne

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migration, de criminalité et de terrorisme.

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel.

Devant les pratiques commerciales chinoises et américaines, le président français a également demandé une "révision" de la politique européenne "en défendant nos intérêts".

"Ca ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques", a-t-il déclaré.

Réagissant peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d'ondes que son homologue, a salué les "bonnes impulsions" du discours pour que "l'Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".

Le discours d'Emmanuel Macron est largement considéré comme une entrée en campagne du chef de l'Etat français, alors que son camp patine à six semaines des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles le Rassemblement national (RN, extrême droite) fait largement course en tête.

Selon un récent sondage Opinionway, la liste de la majorité présidentielle, à 19%, se situait toujours loin derrière celle du RN (29%), mais gardait une nette avance sur celle des socialistes (12%).

"Sur la scène européenne, cela fait sept ans qu'Emmanuel Macron confond ses incantations et ses gesticulations avec des réalisations", a ironisé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du RN, sur X, accusant le chef de l'Etat de "brader des pans entiers de souveraineté" nationale.

Le palais présidentiel de l'Elysée a réfuté toute tactique électoraliste et affirmé que M. Macron ambitionnait d'"influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et aux retours des Français, qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg (Est), où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne qui accueille le parlement européen.

 

 


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
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  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.