A la faveur de la crise, le timide retour en grâce de l'impôt sur la fortune

Spécialiste des inégalités, l'économiste Thomas Piketty a appelé dans Le Monde mi-avril à la mise en place d'un « impôt mondial de 2% sur les fortunes supérieures à 10 millions d’euros » (Photo, AFP).
Spécialiste des inégalités, l'économiste Thomas Piketty a appelé dans Le Monde mi-avril à la mise en place d'un « impôt mondial de 2% sur les fortunes supérieures à 10 millions d’euros » (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 18 avril 2021

A la faveur de la crise, le timide retour en grâce de l'impôt sur la fortune

  • Les propositions pour taxer les très grandes fortunes se multiplient, pour renflouer les caisses des Etats et corriger un peu des inégalités béantes
  • La pente sera lente à remonter après 40 ans d'érosion des taux d'imposition des hauts revenus sur tous les continents

PARIS: Elles viennent des meilleurs économistes, et même du FMI : les propositions pour taxer les très grandes fortunes se multiplient, pour renflouer les caisses des Etats et corriger un peu des inégalités béantes.

La pente sera lente à remonter après 40 ans d'érosion des taux d'imposition des hauts revenus sur tous les continents, un taux qui a par exemple plongé de 53% en Corée du Sud entre 1979 et 2002, un record. 

Spécialiste des inégalités, l'économiste Thomas Piketty a appelé dans Le Monde mi-avril à la mise en place d'un « impôt mondial de 2% sur les fortunes supérieures à 10 millions d’euros ». 

Cette taxe rapporterait 1 000 milliards d'euros par an, a précisé Piketty.

Il y voit un moyen de corriger les inégalités Nord-Sud puisque « les sommes pourraient être réparties entre tous les pays en proportion de leur population ».

Une autre proposition a été formulée par Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, professeurs à l'université de Berkeley en Californie.

« N'attendez pas que les milliardaires vendent leurs actions » pour les taxer, ont-ils écrit dans le Washington Post à l'adresse de la nouvelle administration démocrate. 

Évitement fiscal

Alors que les 400 Américains les plus riches ont amassé une fortune correspondant à 18% du Produit intérieur brut américain, une part qui a doublé depuis 2010, les Jeff Bezos (Amazon), Elon Musk (Tesla), Larry Page (Google) et Mark Zuckerberg (Facebook) « contribuent peu à remplir les caisses publiques », font valoir les deux économistes français.

La raison ? « Ils structurent leurs affaires de manière à avoir peu de revenus imposables ». Par exemple, ils ne se versent pas de gros salaires ni ne vendent leurs actions pour ne pas avoir à payer des impôts dessus. 

Pour lutter contre l'évitement fiscal, les économistes proposent donc d'imposer les « plus-values non réalisées » par ces milliardaires - soit « moins de 1 000 personnes » - sous la forme d'une taxe exceptionnelle susceptible de rapporter 1 000 milliards de dollars. 

« Mettre en place une taxe exceptionnelle sur ceux qui se sont enrichis pendant la crise apparaît désormais comme une évidence. C'est une mesure populaire, au-delà des clivages politiques, et qui est en train d'essaimer dans le monde », estime Quentin Parrinello, d'Oxfam France. 

L'ONG s'appuie sur un sondage réalisé par Glocalities montrant que 63% des Français soutiendraient une taxe de 1% sur les revenus supérieurs à 8 millions d'euros pour financer la relance.

« Contribution Covid »

Mais à part l'Argentine et la Bolivie, qui ont introduit une « contribution Covid » exceptionnelle sur les grandes fortunes - purement symbolique dans le cas de La Paz -, peu de pays y semblent disposés, même sous la forme d'une taxe non reconductible.

Le sujet n'est même pas à l'ordre du jour en Australie, en Allemagne ou en Grande-Bretagne, bien que 54% des Britanniques y soient favorables selon un sondage récent.

La France, qui a supprimé en 2018 l'Impôt sur la fortune (ISF) mis en place en 1989, exclut toute hausse de la fiscalité. Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a fermé la porte à une contribution unique, rappelant le précédent d'une surtaxe sur les hauts revenus instaurée en 2012, et toujours en place. 

« On adore le provisoire qui dure », a-t-il ironisé.

En outre, une telle taxe serait « très difficile à mettre en place » et donnerait un « coup de fouet à l'évasion fiscale », a fait valoir auprès de Bloomberg le prix Nobel d'économie Angus Deaton, qui dirige une commission d'experts sur les inégalités au Royaume-Uni.

Mais la volonté du nouveau président des Etats-Unis Joe Biden de relever à 28% l'impôt sur les sociétés pour financer son plan de relance de 2 000 milliards de dollars témoigne d'une prise de conscience que la course au moins-disant fiscal n'est plus soutenable ni budgétairement, ni politiquement.

Même le Fonds monétaire international, longtemps champion de l'orthodoxie libérale, voit dans le contexte actuel une « opportunité d'inverser » la tendance à l'érosion des recettes fiscales et recommande une taxe temporaire sur les plus hauts revenus.

Cette piste n'est pour le moment pas privilégiée par l'administration Biden, mais la remontée attendue des taux d'intérêt américains, en compliquant l'équation budgétaire, pourrait l'amener à reconsidérer la question. 


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com