Déby, maître du Tchad et allié stratégique de l'Occident dans la lutte contre les djihadistes

Dans cette photo prise le 3 mai 2006, le président tchadien Idriss Deby Itno (à gauche) parle à la presse après avoir voté pour l'élection présidentielle à N'Djamena. ISSOUF SANOGO / AFP
Dans cette photo prise le 3 mai 2006, le président tchadien Idriss Deby Itno (à gauche) parle à la presse après avoir voté pour l'élection présidentielle à N'Djamena. ISSOUF SANOGO / AFP
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Publié le Mardi 20 avril 2021

Déby, maître du Tchad et allié stratégique de l'Occident dans la lutte contre les djihadistes

  • Il avait troqué son boubou pour une cape de soie bleu nuit brodée de feuilles de chêne en fil d'or, bâton "modèle Empire" en main
  • le 11 août 2020, le président Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 30 ans et décédé mardi des suites de blessures reçues au combat contre des rebelles, était élevé au rang de "Maréchal du Tchad"

N'DJAMENA : Il avait troqué son boubou pour une cape de soie bleu nuit brodée de feuilles de chêne en fil d'or, bâton "modèle Empire" en main: le 11 août 2020, le président Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 30 ans et décédé mardi des suites de blessures reçues au combat contre des rebelles, était élevé au rang de "Maréchal du Tchad".

Une cérémonie surannée et en grande pompe mais une consécration absolue pour ce fils d'éleveur modeste, militaire de carrière et combattant rebelle avant de s'emparer du pouvoir par un coup d'Etat en 1990: il n'avait de cesse de se présenter comme un "guerrier".

C'est cette image, façonnée depuis ses premières armes aux côtés de Hissène Habré - qui avait pris le pouvoir en 1982 - jusqu'au treillis qu'il enfilait encore volontiers ces dernières années, qui lui a valu un soutien quasi unanime de la communauté internationale, malgré un bilan très critiqué en matière de droits humains.

Commandant en chef de l'armée sous Habré, qui sera condamné en 2016 pour crimes contre l'humanité, Déby renverse le dictateur en 1990, les armes à la main. Grâce, déjà, au soutien de la France.

Idriss Déby est mort mardi de blessures reçues sur le champ de bataille contre une colonne de rebelles infiltrés dans le nord depuis leurs bases arrières en Libye, a annoncé mardi l'armée à la télévision d'Etat, au lendemain de la proclamation de sa réélection pour un sixième mandat à la tête du pays lors de la présidentielle du 11 avril.

Il a exercé un pouvoir sans partage. "En colère, il fait un peu peur", commentait récemment un syndicaliste l'ayant bien connu, sous couvert de l'anonymat.

Son régime est régulièrement accusé par les ONG internationales de violer les droits humains. Ce fut le cas notamment dans les années 1990, quand sa Garde républicaine et sa police politique étaient accusées de tuer à grande échelle.

Intimidation et népotisme

Plus récemment, les méthodes étaient moins brutales. Mais, s'il laissait certains de ses opposants s'exprimer relativement librement, ses services veillaient consciencieusement à ne pas laisser la critique gagner la rue, par des interpellations ciblées et en interdisant tout rassemblement politique, comme avant la présidentielle du 11 avril.

Seulement six candidats, sur les 16 qui avaient déposé leurs candidatures, étaient finalement en lice contre M. Déby. Les politologues et une partie de l'opposition les qualifiaient de "faire-valoir".

Au sein du pouvoir, Idriss Déby régnait volontiers par l'"intimidation" et le népotisme, selon ses détracteurs.

Il avait placé sa famille ou des proches à des postes-clés de l'armée, de l'appareil d'Etat ou économique, et ne laissait jamais les autres longtemps en place. Dix-sept Premiers ministres se sont succédé entre 1991 et 2018, avant que M. Déby ne fasse supprimer cette fonction pour ravir toutes les prérogatives de l'exécutif.

"Tout est centralisé à la présidence, il use de toutes les armes du pouvoir absolu en brutalisant la société", avance Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris.

C'est grâce à l'armée que ce militaire passé par l'Ecole de guerre en France a assis son pouvoir. Encadrée essentiellement par des officiers de son ethnie zaghawa et commandée par ses proches, elle est considérée comme une des meilleures de la région.

Mais ces derniers mois, l'unité des Zaghawas s'est à nouveau fissurée, et le chef de l'Etat a dû écarter certains officiers "douteux", selon des proches du Palais.

Déjà à la fin des années 2000, cette unité avait été sérieusement malmenée, des Zaghawas passant dans le camp de la rébellion, notamment Timan Erdimi: ce neveu de Déby prend en 2008 la tête d'une coalition rebelle qui échoue, aux portes du palais présidentiel de N'Djamena, à renverser le président. Grâce, encore, à l'appui de l'armée française.

Soutien français

Une nouvelle offensive rebelle très menaçante pour le pouvoir est lancée en 2019 mais est stoppée loin de N'Djamena par des bombardements décisifs d'avions de combat français.

C'est, au final, en tenant bon gré mal gré son pays, entouré d'Etats aussi faillis que la Libye, la Centrafrique ou le Soudan, que M. Déby apparaît comme l'élément stabilisateur d'une région tourmentée.

En 2013, il envoie ses soldats combattre les djihadistes au Mali aux côtés des militaires français des opérations Serval, puis Barkhane. L'armée tchadienne fournit aux Casques bleus de l'ONU au Mali un de leurs principaux contingents et passe pour la plus aguerrie de la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad).

Mais le pays paye un lourd tribut à la lutte contre les djihadistes. Le groupe nigérian Boko Haram multiplie les attaques meurtrières autour du lac Tchad, contraignant M. Déby à remettre le treillis pour mener lui-même - au moins devant les médias - une contre-offensive jusqu'en territoire nigérian en mars-avril 2020.

L'"ami encombrant de la France" et des Occidentaux, comme le qualifient nombre d'experts de la région, avait su se rendre indispensable à leurs yeux contre les djihadistes.

Mais sur le front social et économique, ses détracteurs accusent le "guerrier" d'avoir eu un piètre bilan en trente ans.

Le Tchad, pourtant producteur de pétrole, est le 187e pays sur 189 au classement de l'indice de développement humain (IDH) de l'ONU.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.