Poutine met en garde l'Occident, l'opposition dans la rue

Le président russe Vladimir Poutine a promis mercredi à ses rivaux occidentaux une riposte « dure » en cas de provocations, lors de son discours annuel. (Photo, AFP)
Le président russe Vladimir Poutine a promis mercredi à ses rivaux occidentaux une riposte « dure » en cas de provocations, lors de son discours annuel. (Photo, AFP)
Les manifestants de l'opposition ont battu le pavé hier pour réclamer la libération d'Alexeï Navalny, à l'instar de ces moscovites portant des affiches anti-Poutine sous la statue de Dostoïevsky, dans la capitale russe. (Photo, AFP)
Les manifestants de l'opposition ont battu le pavé hier pour réclamer la libération d'Alexeï Navalny, à l'instar de ces moscovites portant des affiches anti-Poutine sous la statue de Dostoïevsky, dans la capitale russe. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 22 avril 2021

Poutine met en garde l'Occident, l'opposition dans la rue

  • L'allocution et ces actions de protestation interviennent en pleines tensions russo-occidentales sur le sort de Navalny et sur le déploiement militaire russe aux frontières de l'Ukraine
  • Des milliers de personnes ont défié l'interdiction de se rassembler, en particulier à Moscou et à Saint-Pétersbourg où des foules importantes se sont réunies

MOSCOU : Vladimir Poutine a promis mercredi à ses rivaux occidentaux une riposte « dure » en cas de provocations, dans un grand discours que l'opposition a voulu perturber par des manifestations pour la libération d'Alexeï Navalny, pendant lesquelles plus de 1 200 personnes ont été arrêtées.

L'allocution et ces actions de protestation interviennent en pleines tensions russo-occidentales sur le sort de cet opposant emprisonné et en grève de la faim, mais aussi en raison d'un déploiement militaire russe très important aux frontières de l'Ukraine.

Des milliers de personnes ont défié l'interdiction de se rassembler, en particulier à Moscou et à Saint-Pétersbourg où des foules importantes se sont réunies, sans pour autant atteindre l'ampleur de la mobilisation du début d'année, après l'arrestation de M. Navalny.

Son état de santé inquiète fortement ses partisans, après qu'il a été placé dans un hôpital pour détenus tuberculeux après trois semaines de grève de la faim.

La réponse policière aux manifestations apparaissait plus mesurée qu'en janvier sauf à Saint-Pétersbourg où, dans une ambiance parfois électrique, près de 500 interpellations avaient été comptées à 20H00 GMT par l'ONG spécialisée OVD-Info. Plus de 1 200 arrestations ont au total été recensées sur l'ensemble du territoire russe.

Vladimir Poutine a, quant à lui, dans son grand discours annuel, adressé une mise en garde à ses adversaires étrangers avec lesquels il croise le fer sur de multiples dossiers.

Ligne rouge

« Les organisateurs de provocations menaçant notre sécurité le regretteront comme jamais ils n'ont eu à regretter quelque chose », a-t-il prévenu.

« J'espère que personne n'aura l'idée de franchir une ligne rouge », a-t-il encore dit, promettant une riposte « asymétrique, rapide et dure ».

La Russie, du fait du conflit en Ukraine, de la répression de l'opposition, d'accusations de cyberattaques et d'ingérences est sous le coup de multiples sanctions occidentales.

Mais le seul dossier international précis abordé par le président russe a été celui d'une tentative de « coup d'État et d'assassinat du président du Bélarus », dénoncée le week-end dernier par les services de sécurité des deux pays qui y ont vu la main d'opposants soutenus par les Etats-Unis.

Et il n'a pas répondu aux appels occidentaux à retirer les dizaines de milliers de soldats russes déployés aux frontières de l'Ukraine, nourrissant la crainte d'un conflit d'ampleur.

La crise économique et sanitaire due à la Covid-19 a figuré en bonne place du discours, d'autant que des législatives sont prévues pour septembre. M. Poutine a promis d' « assurer la croissance des revenus des citoyens » en berne depuis des années, sous l'effet des sanctions et désormais aussi de la pandémie.

A l'approche des élections, Vladimir Poutine reste populaire, mais son parti, considéré comme corrompu, ne l'est guère.

Sans surprise, il n'a pas évoqué l'opposant, qui a cessé de s'alimenter le 31 mars pour protester contre ses conditions de détention. 

Les Occidentaux réclament sa libération et la vérité sur son empoisonnement en août 2020 et dans lequel les services secrets seraient impliqués.

Détermination et déception

Des experts de l'ONU ont dit mercredi craindre pour sa vie et réclamé de « lui permettre d'être évacué à l'étranger pour un traitement médical urgent ». Ses proches, qui considèrent qu'il risque un arrêt cardiaque, réclament pour leur part une hospitalisation à Moscou.

Malgré l'interdit, des manifestations ont eu lieu dans des dizaines de villes russes mercredi.

Des milliers de personnes ont manifesté de la capitale à l'Extrême-Orient en passant par l'Oural et la Sibérie, scandant des slogans tels que « Poutine tueur ! », « Libérez-le ! » et « Liberté! ».

A Moscou, elles ont pu, sous le regard de centaines de policiers casqués, défiler près du Kremlin et du siège des services de sécurité (FSB) sans que les forces antiémeutes interviennent.

Les protestataires interrogés par l'AFP balançaient entre la détermination et une certaine déception de ne pas être plus nombreux.

« Je ne pense pas que cette action puisse sauver Navalny, il faudrait au moins 200 ou 300 000 personnes dans la rue. Là, ce n'est pas le cas », constatait Alexandre Boutouzov, 51 ans.

« C'est un combat pour l'avenir », estimait pour sa part Andreï Zamiatine, un entrepreneur de 51 ans : « Navalny veut changer le système et il est puni pour cela ».

A Saint-Pétersbourg, contrairement à Moscou, la police a fait usage de matraques et de tasers pour disperser les protestataires.

Les autorités russes se montrent aussi toujours déterminées à mettre fin au mouvement en faveur d'Alexeï Navalny. La semaine prochaine, la justice doit examiner une demande de classer ses organisations en tant qu' « extrémistes », ce qui exposerait leurs militants à des peines de prison.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.