Une série d'assassinats replonge l'Irak dans la peur

Au moment même où le secrétaire d'Etat américain  Mike Pompeo appelait Bagdad à démanteler les "groupes armés" du pays, Riham Yaaqoub, une coach sportive très impliquée dans les manifestations anti-pouvoir, tombait sous les balles à Bassora. (Photo AFP).
Au moment même où le secrétaire d'Etat américain  Mike Pompeo appelait Bagdad à démanteler les "groupes armés" du pays, Riham Yaaqoub, une coach sportive très impliquée dans les manifestations anti-pouvoir, tombait sous les balles à Bassora. (Photo AFP).
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Publié le Vendredi 21 août 2020

Une série d'assassinats replonge l'Irak dans la peur

  • En moins d'une semaine, deux militants ont été assassinés et trois autres ont réchappé à des tentatives d'assassinat
  • Comme pour les dizaines d'autres assassinats depuis le début en octobre d'une révolte populaire inédite dénonçant notamment l'emprise de Téhéran en Irak, aucune revendication n'a émergé

BASSORA : En moins d'une semaine, deux militants ont été assassinés et trois autres ont réchappé à des tentatives en Irak, de nouvelles victimes des luttes de pouvoir entre les pro-Iran et le Premier ministre actuellement en visite à Washington.

Au moment même où le secrétaire d'Etat américain  Mike Pompeo appelait Bagdad à démanteler les "groupes armés" du pays, Riham Yaaqoub, une coach sportive très impliquée dans les manifestations anti-pouvoir, tombait sous les balles à Bassora, province frontalière de l'Iran à la pointe sud de l'Irak.

Cinq jours avant, le militant Tahssine al-Chahmani mourait dans la même ville, le corps transpercé de plus de 20 balles.

Ces deux assassinats ont provoqué l'indignation des chancelleries occidentales, qui ont toutes réclamé justice.

Ils ont surtout relancé les craintes d'une société civile qui dénonce un Etat incapable de la protéger face aux miliciens.

 'On connaît les assassins'

"Il n'y a eu aucune mesure alors que tout le monde sait qui sont les assassins: ce sont les mêmes qui ont tué Riham, Tahssine et Hicham al-Hachémi", chercheur abattu par des hommes à moto début juillet à Bagdad, assure ainsi à l'AFP Ammar al-Helfi, militant à Bassora.

Comme pour les dizaines d'autres assassinats depuis le début en octobre d'une révolte populaire inédite dénonçant notamment l'emprise de Téhéran en Irak, aucune revendication n'a émergé.

Mais Mme Yaaqoub s'était exprimée dans de nombreux médias lors d'un autre été sanglant à Bassora, en 2018, quand une crise sanitaire avait envoyé plus de 100.000 habitants à l'hôpital pour des empoisonnements à l'eau et des dizaines de milliers d'autres dans les rues. Ce mouvement avait culminé avec l'incendie du consulat d'Iran.

La militante était aussi dénoncée depuis deux ans sur les réseaux sociaux par les pro-Iran pour avoir rencontré le consul américain à Bassora.

Et lundi soir, Loudia Rimon, Fahad al-Zoubeïdi et Abbas al-Soubhi, des militants, s'apprêtaient à se rendre chez la famille Chahmani pour présenter leurs condoléances quand une voiture avec plusieurs hommes à bord s'est approchée. Ils sont parvenus de justesse à échapper à leurs tirs, blessés mais toujours en vie.

Menaces et campagnes en ligne

Au total, depuis l'année dernière, il y a eu "huit assassinats et sept tentatives d'assassinat à Bassora", rappelle à l'AFP Mehdi al-Tamimi, chef du Conseil des droits humains de la ville, la plus riche en pétrole d'Irak mais aussi l'une des moins dotées en infrastructures.

Pour l'ONU, ce sont des "milices" qui se cachent derrière cette campagne d'enlèvements, d'assassinats et autres intimidations.

Après un répit en début d'année, alors que l'Irak se confinait en raison de la pandémie mondiale de Covid-19, le décompte macabre semble de nouveau enclenché dans un pays sorti de la guerre civile il y a moins de 10 ans.

Hicham al-Hachémi, Tahssine al-Chahmani, Riham Yaaqoub... Pour tous ces assassinats, aucune enquête officielle n'a jusqu'ici mené à des arrestations ou même donné des pistes sur les auteurs.

Mais les menaces, elles, sont de moins en moins voilées. La plupart des militants enlevés ou ayant réchappé à des tentatives d'assassinat assurent avoir reçu des menaces, par téléphone ou sur les réseaux sociaux proférées, assurent-ils, par des "milices", terme utilisé en Irak pour désigner les factions armées pro-Iran.

Cette semaine, des internautes ont publié à nouveau un article de l'agence iranienne Mehr, proche des ultraconservateurs, accusant Mme Yaaqoub et d'autres militants d'appartenir à un "réseau tissé par les Américains pour viser l'Iran dans la région".

Les pro-Iran accusent depuis des mois les Etats-Unis d'être derrière les manifestants et une des factions les plus radicales du pays accuse même le Premier ministre Moustafa al-Kazimi d'être un "collaborateur" des Américains.

Depuis Washington, ce dernier -- pris en étau entre ses alliés américain et iranien -- a dépêché le ministre de l'Intérieur, Othmane al-Ghanemi, à Bassora et tweeté avoir démis le chef de la police de Bassora ainsi que plusieurs responsables "en raison des derniers assassinats".

Mais cela n'a pas convaincu.

"Le gouvernement est faible face aux milices", assène M. Helfi, "mais cela ne fait que renforcer notre détermination: maintenant, non seulement on manifeste pour nos droits, mais aussi pour nos martyrs".


« Nous nous apprêtons à reconnaître l'État palestinien », annonce le président français à Asharq

Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
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  • Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York
  • Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel

Dans un entretien accordé à Asharq en marge d'une rencontre avec des journalistes et des représentants d'organisations de la société civile palestinienne et israélienne, le président français Emmanuel Macron s’est engagé à ce que son pays reconnaisse l'« État de Palestine » lors de la conférence que la France et l'Arabie saoudite accueilleront prochainement à New York.

En réponse à une question sur les conditions à la reconnaissance d'un État palestinien, M. Macron a déclaré : « Il n'y a aucune condition. La reconnaissance se fera selon un processus incluant la fin de la guerre, la reprise de l'aide humanitaire à la bande de Gaza, la libération des otages israéliens et le désarmement du Hamas.»

« Il s'agit d'un ensemble de mesures, » a-t-il souligné.

Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York, soulignant que la situation actuelle empêche le président palestinien Mahmoud Abbas de se rendre à New York en raison de la suspension des vols dans la région.

Le président français Emmanuel Macron s’exprime devant la presse à Paris, le 13 juin 2025- Asharq.

M. Macron a expliqué s'être entretenu à plusieurs reprises vendredi avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président palestinien Mahmoud Abbas, et qu'il avait été convenu de « reporter la réunion à une date proche ».

Il a indiqué que le président indonésien lui avait promis de reconnaître Israël si la France reconnaissait l'État palestinien, soulignant « la nécessité de poursuivre cette dynamique ».

Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne

Le document de la Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne, prévue à New York du 17 au 20 juin sous la coprésidence de l'Arabie saoudite et de la France, stipule que la conférence se tiendrait sur la base de la « solution à deux États », que sa mise en œuvre s’accompagnerait d’un calendrier précis, que des engagements concrets seraient pris par l’ensemble des parties, et que des mécanismes internationaux seraient instaurés pour en garantir la continuité.

Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel, et garantir la pleine reconnaissance de l’État de Palestine comme composante essentielle de la solution politique, tout en assurant le respect des droits des peuples ainsi que de leur aspiration à la paix et à la sécurité.

Le document souligne que les attaques du 7 octobre 2023 et la guerre contre Gaza ont entraîné une escalade de la violence sans précédent, des pertes humaines massives, la pire crise humanitaire jamais enregistrée, des destructions généralisées et d'immenses souffrances pour les civils des deux camps, notamment les détenus, leurs familles et les habitants de Gaza.

Le document indique que les activités de colonisation menacent la solution à deux États, seule voie permettant de parvenir à une paix juste, durable et globale dans la région. Elles ont un impact négatif sur la paix, la sécurité et la prospérité régionales et internationales.

Le document explique également que la conférence vise à changer de cap en s'appuyant sur des initiatives nationales, régionales et internationales et en adoptant des mesures concrètes pour renforcer le respect du droit international et promouvoir une paix juste, durable et globale qui garantisse la sécurité de tous dans la région et favorise l'intégration régionale.

La conférence réaffirme l’engagement indéfectible de la communauté internationale en faveur d’un règlement pacifique de la question palestinienne et de la solution à deux États, ainsi que l’urgence d’agir pour atteindre ces deux objectifs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq.com


Le ministre saoudien et l'envoyé américain ont discuté des événements récents lors d'un appel téléphonique

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
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  • les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

RIYAD : L'agence de presse saoudienne rapporte que le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a reçu samedi un appel téléphonique de l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack.

Au cours de cet appel, les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

Leurs discussions ont également porté sur l'actualité régionale et internationale.  

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Égypte : une marche internationale vers Gaza avortée, des militants restent retenus par les forces de l'ordre

Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
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  • Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza
  • « Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

LE CAIRE, EGYPTE : Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza en bloquant plusieurs dizaines d'activistes pro-palestiniens à la sortie du Caire pendant plusieurs heures, avant de relâcher certains d'entre eux.

Selon la même source, certains sont toujours retenus par les forces de l'ordre.

Vendredi, plusieurs groupes avaient quitté le Caire en voiture pour se diriger vers la ville d'Ismailia, première étape vers la bande de Gaza, leur destination finale.

Ils ont été interceptés, bloqués, leurs passeports confisqués, parfois molestés, avant d'être embarqués de force dans des bus, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ou adressées à l'AFP.

« Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

« Beaucoup de rumeurs circulaient sur les réseaux sociaux, affirmant que nous voulions créer le désordre dans la capitale », a déclaré Seif Abu Kishk, l'un des organisateurs de la Global March to Gaza.

Des dizaines de participants ont été refoulés ou expulsés ces derniers jours.

Les autorités égyptiennes n’ont fait aucun commentaire sur ces interpellations ni sur ces expulsions.

La Global March comptait traverser le Sinaï, une région désertique sous haute surveillance militaire, pour rallier la ville d'al-Arich, à environ 350 km à l'ouest du Caire, puis marcher sur les 50 derniers kilomètres jusqu’à la partie égyptienne de Rafah.

M. Abu Kishk a précisé que la marche comptait parmi ses participants plusieurs personnalités publiques, dont des parlementaires étrangers, ainsi que le petit-fils de Nelson Mandela.

Malgré les signaux négatifs des autorités, les responsables du collectif soulignent que « leur objectif reste Gaza » et qu’ils entendent continuer « à agir de manière pacifique ».

En Libye voisine, le convoi « Soumoud », réunissant selon les organisateurs un millier de participants tunisiens, algériens, marocains et mauritaniens, est bloqué depuis vendredi matin à l'entrée de la ville libyenne de Syrte, sous le contrôle des forces du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans l’Est libyen.