Une semaine triomphale pour les «Gafa» qui culmine avec Amazon

Une photo d'illustration prise à Londres montre les logos de Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. (Photo, AFP)
Une photo d'illustration prise à Londres montre les logos de Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 30 avril 2021

Une semaine triomphale pour les «Gafa» qui culmine avec Amazon

  • Le leader mondial du commerce en ligne et du cloud a plus que triplé son bénéfice net, à 8,1 milliards de dollars pour la période de janvier à mars
  • Facebook et Google font déjà face à des poursuites de la part des autorités américaines sur le front du droit de la concurrence

SAN FRANCISCO : La Silicon Valley a rendu une copie truffée d'excellents résultats financiers pour le premier trimestre, et ceux d'Amazon, publiés jeudi, n'ont pas déçu les investisseurs non plus, après une année de pandémie qui a propulsé les appareils et services numériques au rang de produits essentiels pour les consommateurs.

Le leader mondial du commerce en ligne et du cloud (informatique à distance) a plus que triplé son bénéfice net, à 8,1 milliards de dollars pour la période de janvier à mars.

Il a aussi largement dépassé ses propres attentes et celles du marché avec un chiffre d'affaires de 108,5 milliards de dollars, (+44%).

« C'est une autre indication que l'élan 2020 ne faiblit pas », a commenté Nicole Perrin, analyste du cabinet eMarketer.

Les performances du groupe de Seattle sont portées par les ventes sur sa plateforme de e-commerce, notamment en Amérique du Nord, mais aussi par les services aux entreprises sur sa place de marché (24 milliards de dollars, +64%) et par les recettes publicitaires (7 milliards de dollars, +77%).

AWS, sa division de cloud, n'est pas en reste, avec 13,5 milliards de revenus, en hausse de 32% sur un an.

« Nous avons vu de nombreuses entreprises décider qu'elles ne veulent plus gérer leur propre infrastructure technologique », a remarqué Brian Olsavsky, directeur financier du groupe. « Nous pensons que cette tendance va continuer pendant la reprise post-pandémie ».

« Les grandes entreprises de la tech sont au bon endroit au bon moment. La Covid-19 a accéléré la transformation numérique dans l'éducation, la santé, le télétravail et le e-commerce, et amélioré la rentabilité de ces firmes », a noté Darrell West, un chercheur du centre pour l'innovation technologique à la Brookings Institution.

Toujours plus dominants

Qu'ils capitalisent sur le temps passé en ligne par les internautes, sur leurs transactions ou leurs achats d'appareils électroniques, les géants de la tech ont réalisé des profits exubérants début 2021, tandis que l'économie traditionnelle souffrait des restrictions de déplacement et d'activités liées à la pandémie.

Alphabet, maison-mère de Google, a réalisé 55,31 milliards de chiffre d'affaires de janvier à mars, soit 34% de plus qu'il y a un an.

Dès le printemps dernier, le moteur de recherche et son voisin Facebook ont investi à foison dans les outils et plateformes pour faciliter les transactions en ligne, et inciter les ménages et les commerçants à utiliser leurs services, déjà très populaires pour le divertissement ou la recherche d'informations.

Ils ont ainsi conforté leur emprise sur le marché mondial de la publicité numérique. 

Selon le cabinet d'études eMarketer, Facebook est bien parti pour dépasser les 100 milliards de dollars de revenus publicitaires nets pour la première fois en 2021, et ainsi conserver la deuxième position en termes de parts de marché mondial (23,7%), derrière Google (28,6%), et loin devant Amazon (5,8%).

« Nos activités ont réalisé de meilleures performances que ce que nous avions prévu », a reconnu mercredi Mark Zuckerberg, le patron du réseau social, lors d'une conférence aux analystes. 

Sur la période de janvier à mars, Facebook et Apple ont vu leurs bénéfices nets doubler, à 9,5 milliards de dollars pour le réseau social, et 23,6 milliards pour la marque à la pomme. 

La société de Cupertino a explosé ses ventes d'iPhone (+66%), de tablettes iPad (+79%) et d'ordinateurs Mac (+70%).

« Retour de bâton »

« Nous pensons que ce trimestre écoulé sera au final la première étape sur le chemin d'Apple vers une capitalisation boursière de 3 000 milliards de dollars l'année prochaine », a commenté l'analyste Dan Ives de Wedbush.

Car les habitudes prises pendant la pandémie auront sans doute la vie dure. Ni les sociétés ni les experts ne semblent plus craindre de retour massif aux modes de consommation d'avant la Covid.

Amazon table sur un chiffre d'affaires compris entre 110 et 116 milliards de dollars pour le trimestre en cours, soit 24 à 30% de plus sur un an, si le « Prime Day », sa journée de soldes, se tient bien entre avril et juin.

Les velléités de régulation de la part de l'Europe et aussi de Washington, avec le gouvernement démocrate de Joe Biden, apparaissent comme les seuls éventuels nuages à l'horizon de la côte ouest des Etats-Unis, où se trouvent les sièges des Gafam.

Malgré le caractère désormais indispensable de leurs services, « le retour du bâton menace le secteur parce que les gens s'inquiètent pour la confidentialité des données et la sécurité », souligne Darrell West.

Facebook et Google font déjà face à des poursuites de la part des autorités américaines sur le front du droit de la concurrence, et Apple et Amazon sont visés par des enquêtes similaires.

 


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.