Coupée du monde et amaigrie, Aung San Suu Kyi entame un 4e mois de détention

Un manifestant tient une affiche à l'effigie de la dirigeante civile destituée Aung San Suu Kyi lors d'une veillée à la bougie en hommage aux personnes décédées lors des manifestations contre le coup d'État militaire à Yangon. (STR / AFP)
Un manifestant tient une affiche à l'effigie de la dirigeante civile destituée Aung San Suu Kyi lors d'une veillée à la bougie en hommage aux personnes décédées lors des manifestations contre le coup d'État militaire à Yangon. (STR / AFP)
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Publié le Samedi 01 mai 2021

Coupée du monde et amaigrie, Aung San Suu Kyi entame un 4e mois de détention

  • La lauréate du prix Nobel de la paix 1991, en bonne santé même si elle a perdu plusieurs kilos d'après ses avocats, n'a pas été vue en public depuis son arrestation lors du coup d'Etat du 1er février
  • La junte n'a cessé d'intensifier son offensive judiciaire contre Aung San Suu Kyi

RANGOUN :Assignée à résidence, coupée du monde et inculpée à de multiples reprises, l'ancienne dirigeante birmane Aung San Suu Kyi entame samedi son quatrième mois en détention.

La lauréate du prix Nobel de la paix 1991, en bonne santé même si elle a perdu plusieurs kilos d'après ses avocats, n'a pas été vue en public depuis son arrestation lors du coup d'Etat du 1er février contre son gouvernement.

Pressentant le passage en force des généraux, Aung San Suu Kyi, 75 ans, avait exhorté la population à "ne pas accepter" le putsch.

Elle a été entendue. Depuis trois mois, malgré une répression sanglante de la junte, des manifestations secouent le pays, une vaste campagne de désobéissance civile - avec des milliers de travailleurs grévistes - paralyse des secteurs entiers de l'économie et des opposants, passés dans la clandestinité, ont formé un gouvernement de résistance.

Dans les rues, de petits groupes de protestataires brandissent le portrait de "Mother Suu" Kyi pour exiger sa libération et les messages de soutien alimentent les réseaux sociaux.

Mais, derrière les murs de la résidence de la capitale Naypyidaw où elle est assignée, l'ex-dirigeante est tenue à l'écart des agitations et des violences.

Elle n'a probablement "pas accès aux informations et à la télévision. Je ne pense pas qu'elle soit au courant de la situation actuelle", relève à l'AFP l'une de ses avocates Min Min Soe.

Près de 760 civils - dont des femmes, des adolescents et des enfants - sont tombés sous les balles des forces de sécurité ces trois derniers mois et quelque 3.500 sont en détention, d'après une ONG locale.

Etau judiciaire

La junte n'a cessé d'intensifier son offensive judiciaire contre Aung San Suu Kyi.

Elle est poursuivie pour six chefs d'accusation, notamment pour avoir violé une loi sur les secrets d'Etat datant de l'époque coloniale, et pourrait être bannie de la politique voire condamnée à de longues années de prison si elle est reconnue coupable.

Elle a aussi été accusée d'avoir perçu plusieurs centaines de milliers de dollars et onze kilos d'or de pots-de-vin quand elle était à la tête du pays, mais n'a pas été inculpée pour corruption.

Ses avocats ne sont pas autorisés à la rencontrer, ne pouvant la voir que lors de rares et brèves audiences judiciaires, et uniquement en visioconférence, très surveillées par les forces de sécurité selon eux.

"Sans recevoir d'instructions de l'accusée, comment pouvons-nous la défendre ?", déplore Khin Maung Zaw qui dirige l'équipe. "Nous sommes très inquiets pour le respect de ses droits".

Aung San Suu Kyi a déjà passé plus de 15 ans en résidence surveillée après le soulèvement populaire de 1988. 

Libérée définitivement en 2010, elle remporte les élections cinq ans plus tard.

Adulée dans son pays 

L'image de l'icône se casse à l'international quand des centaines de milliers de musulmans rohingyas fuient en 2017 au Bangladesh les exactions de l'armée. Elle ne condamne pas le drame et nie "toute intention génocidaire" des militaires.

Certains lui reprochent d'avoir fait trop de compromis, permettant aux généraux de conserver une grande emprise sur le pays et le contrôle de ses principales ressources (mines de jades, de rubis, gaz, pétrole...).

Ces concessions n'ont pas suffi aux militaires: le 1er février, ils évincent Aung San Suu Kyi, alléguant des fraudes aux législatives de 2020, remportées massivement par son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

"Mother Suu" reste adulée par une majorité de la population, notamment dans les zones rurales.

"Elle est irremplaçable" aux yeux des Birmans, estime Moe Thuzar de l'Institut d'études sur l'Asie du Sud-Est de Singapour (ISEAS-Yusof Ishak). "Même s'ils ne sont pas tous d'accord avec la politique menée par la LND", elle reste "celle qui a incarné le processus démocratique birman pendant toutes ces années" et "la fille du héros de l'indépendance", Aung San assassiné en 1947.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.