Une explosion meurtrière brise les rêves de familles afghanes démunies

Des Afghans inspectent les environs d'un bâtiment à l'endroit où une voiture piégée a explosé la nuit dernière, dans la province de Logar, en Afghanistan, le 01 mai 2021. (Reuters)
Des Afghans inspectent les environs d'un bâtiment à l'endroit où une voiture piégée a explosé la nuit dernière, dans la province de Logar, en Afghanistan, le 01 mai 2021. (Reuters)
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Publié le Vendredi 07 mai 2021

Une explosion meurtrière brise les rêves de familles afghanes démunies

  • Des élèves qui célébraient leur réussite aux examens comptent parmi les 26 personnes tuées dans l'explosion d'un minivan près d'une maison d'hôtes
  • Dans un entretien accordé à Arab News, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Tariq Aryan, a annoncé qu'une enquête a été lancée, mais qu'il était encore tôt pour déterminer qui était visé par l'attaque

KABOUL : Ils rompaient le jeûne du ramadan et célébraient leur réussite aux examens d'entrée à l'université. Mais une déflagration massive a balayé la maison d'hôtes qui les abritaient à Pul-e-Aam, la capitale provinciale de Logar, dans l'est de l'Afghanistan. Vingt-cinq personnes ont trouvé la mort et plus de 100 ont été blessées.

Parmi les victimes de l'attentat perpétré dans la nuit de vendredi à samedi, 21 au moins étaient des écoliers venus de différents villages du district défavorisé d'Azar, pour passer leurs examens à Logar. L'explosion meurtrière a écrasé les rêves de plusieurs familles qui espéraient un avenir meilleur pour leurs enfants.

« Ils ne pouvaient pas se payer des chambres d'hôtel. Ils ont donc séjourné dans une maison d'hôtes appartenant à un ancien membre du conseil de la province », confie à Arab News Homa Ahmadi, députée de Logar.

« C'étaient des étudiants innocents et pauvres qui rêvaient d'un avenir meilleur. Leurs familles les ont élevés dans la misère et espéraient les voir achever leurs études universitaires pour gagner leur vie », ajoute la députée.

Un minibus chargé d'explosifs stationnait près de la maison d'hôtes que possédait Didar Lawang, ancien chef du conseil provincial. Plusieurs hommes ont débarqué du véhicule qui a explosé quelques minutes plus tard, raconte à Arab News Hassibullah Stanekzai, chef du conseil provincial de Logar.

Les hommes se seraient présentés comme des responsables faisant partie d'un groupe humanitaire, en quête « de quoi rompre le jeûne ».

« L'explosion a été si puissante qu'elle a fait éclater les fenêtres des maisons dans un rayon d'un kilomètre. Au total, 25 personnes ont péri et 110 autres ont été blessées », précise M. Stanekzai.

Par ailleurs, l'explosion a causé des dégâts au seul hôpital public du voisinage, ce qui a poussé les autorités locales à transporter d'urgence de nombreux blessés à Kaboul, ajoute-t-il.

Aucune partie n'a revendiqué dans l'immédiat la responsabilité de l'attentat.

Dans un entretien accordé à Arab News, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Tariq Aryan, a annoncé qu'une enquête a été lancée, mais qu'il était encore tôt pour déterminer qui était visé par l'attaque.

Le président Ashraf Ghani a toutefois fait porter la responsabilité de l'attentat aux Talibans, le qualifiant de « crime humanitaire ».

« Les Talibans ne cessent de massacrer des gens en plein mois de Ramadan, qui est pourtant le mois du pardon et de la miséricorde », a-t-il déclaré dans un communiqué samedi.

En dépit des tentatives répétées d'Arab News de communiquer avec les Talibans samedi, ils n'étaient pas disponibles pour commenter l'incident. Par ailleurs, de petits groupes affiliés à Daech sont également actifs dans la région.

Au mois de juillet, au moins 18 personnes, pour la plupart des membres des forces de sécurité, ont trouvé la mort dans un attentat à la voiture piégée, survenu à la veille de l'Aïd Al-Adha, l'une des deux principales fêtes du calendrier islamique.

L'attentat est survenu à la veille du cessez-le-feu de trois jours que les Talibans ont annoncé à la suite des efforts redoublés des États-Unis en faveur de pourparlers de paix entre les insurgés et le gouvernement de M. Ghani.

Pour leur part, les Talibans ont réfuté toute implication dans l'attentat. L'explosion de vendredi survient dans un contexte de retrait des dernières troupes américaines d'Afghanistan. Initialement prévu pour le 1er  mai, il a été reporté par le président américain Joe Biden au 11 septembre.

En effet, les Talibans ont exigé le retrait intégral de l'ensemble des troupes étrangères d'Afghanistan avant de conclure l'accord historique avec Washington à Doha, voici plus d'un an.

Ils  accusent M. Biden d'avoir violé le protocole d'accord en vertu duquel le groupe a cessé ses attaques contre les troupes étrangères, mais non contre les forces afghanes.

Les Talibans ont averti Washington de ne pas retarder le retrait. Ils ont par la suite boycotté tous les pourparlers de paix sur l'Afghanistan et ce jusqu'au départ des troupes.

Plus tôt, le chef des services de renseignement afghans, Ahmad Zia Saraj, a affirmé que les Talibans ont multiplié leurs offensives de 24 % depuis la signature de l'accord de Doha. Il a fait état d’une recrudescence de la violence après que M. Biden a retard le retrait des troupes au 11 septembre, date marquant le 20e  anniversaire des attentats perpétrés en 2001 aux États-Unis par des individus soupçonnés d'appartenir à Al-Qaida.

Cette même année, les troupes américaines ont envahi l'Afghanistan et chassé les Talibans du pouvoir pour avoir refusé de livrer les dirigeants d'Al-Qaida, accusés par Washington d'avoir orchestré les attentats ayant visé les Twin Towers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.