Covid: les difficultés de CureVac pourraient contrarier la vaccination dans l'UE

Un employé de l'usine de la société pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) où sera produit le vaccin Covid-19 CureVac / AFP
Un employé de l'usine de la société pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) où sera produit le vaccin Covid-19 CureVac / AFP
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Publié le Jeudi 06 mai 2021

Covid: les difficultés de CureVac pourraient contrarier la vaccination dans l'UE

  • Ce situation est gênante pour l'Union européenne, qui veut vacciner 70% de ses habitants adultes contre le Covid-19 d'ici à juillet
  • Les doutes du patron de CureVac sont d'autant plus préoccupants qu'ils rappellent les arguments d'AstraZeneca pour justifier ses retards de livraison

PARIS : Son vaccin anti-Covid n'est pas encore approuvé que, déjà, les problèmes se profilent. L'allemand CureVac, qui doit jouer un rôle important dans les campagnes européennes de vaccination, évoque des difficultés d'approvisionnement, accusant les Etats-Unis de bloquer l'exportation de certains composants.

"Nous ne recevons plus tout le temps les matériaux qu'il nous faut", a reconnu Franz-Werner Haas, patron de CureVac, dans un entretien mardi au magazine allemand Der Spiegel, en précisant que ces composants étaient bloqués outre-Atlantique.

Interrogé quant au rythme de production de son vaccin cet été, M. Haas s'est abstenu de répondre, se contentant de dire qu'en la matière son groupe vivait "au jour le jour" et peinait à constituer "un stock important".

Cette situation est gênante pour l'Union européenne, qui veut vacciner 70% de ses habitants adultes contre le Covid-19 d'ici à juillet. Sans être indispensable à cet objectif, le vaccin de CureVac pourrait fournir une aide conséquente.

Certes, il n'est pas encore approuvé: ses essais doivent aboutir dans les prochaines semaines et, dans la foulée, les autorités sanitaires européennes se prononceront à son sujet.

Mais l'UE a d'ores et déjà fait un gros pari dessus. Elle en a commandé plus de 400 millions de doses, la principale commande engrangée par CureVac dans le monde.

L'arrivée prochaine de ce vaccin est bienvenue car l'UE a subi des contretemps avec plusieurs autres fournisseurs, à commencer par le britannique AstraZeneca désormais engagé avec Bruxelles dans une procédure judiciaire à cause de retards de livraison.

AstraZeneca, tout comme le vaccin de l'américain Johnson & Johnson, a aussi été interdit au Danemark et écarté dans d'autres pays pour les catégories de population plus jeunes, à cause de possibles effets secondaires graves (un type très rare de thrombose).

Contrairement à ces deux vaccins, CureVac utilise la technologie de l'ARN messager, tout comme les deux autres vaccins déjà approuvés dans l'UE, Pfizer et Moderna qui ne suscitent pas d'inquiétude sanitaire.

Les doutes du patron de CureVac sont d'autant plus préoccupants qu'ils rappellent les arguments d'AstraZeneca pour justifier ses retards de livraison.

Le groupe britannique avait expliqué que d'autres pays bloquaient l'exportation de vaccins fabriqués sur leur territoire, ciblant sans les nommer le Royaume-Uni et, surtout, les Etats-Unis.

Mise en flacon en France

CureVac est plus explicite en évoquant ouvertement des blocages américains. Il cite des restrictions liées au Defense Production Act, une loi qui encadre normalement les efforts de guerre mais a été invoquée par les présidents Donald Trump puis Joe Biden face à la pandémie.

La différence avec AstraZeneca, c'est que les Etats-Unis ne bloquent pas l'exportation d'un vaccin fini mais, selon M. Haas, celle de composants essentiels à sa fabrication en Europe.

Il s'agit par exemple des nucléotides, qui servent ensuite à synthétiser les fragments d'ARN à la base du fonctionnement du vaccin.

Cette dépendance aux Etats-Unis est une mauvaise surprise, alors que CureVac avait mis en avant ces derniers mois la constitution d'"un vaste réseau industriel en Europe".

Il a conclu des accords avec des habitués de la sous-traitance pharmaceutique, comme en France les usines de mises en flacon du groupe Fareva, et des géants de la pharmacie tels l'allemand Bayer et le suisse Novartis.

Mais cela risque d'être insuffisant à court terme, un constat embarrassant pour l'UE au moment où celle-ci cherche à rassurer sur la capacité de ses usines à répondre rapidement à la demande de vaccins.

Le commissaire européen chargé de superviser la production de vaccins, Thierry Breton, assure régulièrement que l'industrie européenne est en ordre de marche avec une cinquantaine de sites contribuant à la production de vaccins.

Sollicitée par l'AFP sur d'éventuelles inquiétudes quant à la production de vaccins CureVac, l'UE n'a pas répondu.

Du côté de la France, où la mise en flacon du vaccin CureVac par Fareva est prévue fin mai ou début juin en fonction de sa date d'autorisation, le gouvernement a assuré qu'il n'y aurait "pas d'impact sur le démarrage de la production".

Mais "il faudra rester vigilant sur la capacité à augmenter la production ensuite", a-t-il reconnu, renvoyant la balle à CureVac.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.