Féminicide de Mérignac: le gouvernement lance une mission d'inspection

Une femme tient une fusée de détresse lors d'une manifestation à l'appel de l'organisation féministe "Collages Feminicides Paris" devant le ministère de la Justice, place Vendôme à Paris, le 22 juin 2020. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)
Une femme tient une fusée de détresse lors d'une manifestation à l'appel de l'organisation féministe "Collages Feminicides Paris" devant le ministère de la Justice, place Vendôme à Paris, le 22 juin 2020. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)
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Publié le Vendredi 07 mai 2021

Féminicide de Mérignac: le gouvernement lance une mission d'inspection

  • Les ministères de la Justice et de l'Intérieur ont déclenché une mission d'inspection qui devra notamment étudier les conditions de remise en liberté et le suivi de l'homme qui purgeait une peine de prison avec sursis
  • Le 25 juin 2020 à Bordeaux, Mounir B. avait été condamné à 18 mois de prison dont neuf avec sursis pour "violences volontaires par conjoint" en récidive, sur la même victime

BORDEAUX : Le gouvernement a lancé jeudi une mission d'inspection pour examiner comment une mère de trois enfants a pu être brûlée vive mardi près de Bordeaux par un mari violent qui avait été condamné et emprisonné il y a moins d'un an pour violences conjugales.

Les ministères de la Justice et de l'Intérieur ont déclenché une mission d'inspection qui devra notamment étudier les conditions de remise en liberté et le suivi de l'homme qui purgeait une peine de prison avec sursis, ont annoncé le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et la ministre déléguée à Citoyenneté Marlène Schiappa dans un communiqué conjoint.

Cette mission qui devra rendre ses premières conclusions le 11 mai, devra "vérifier les modalités de mise en œuvre de la mesure de sursis probatoire dont le mis en cause a fait l’objet", "examiner si cette prise en charge a été correctement effectuée et suivie" et "analyser les suites réservées à la plainte du 16 mars 2021 déposée par la victime", détaillent les ministères.

Mardi vers 18H10, dans une rue tranquille de Mérignac, Mounir B., 44 ans, déjà emprisonné pour violences conjugales en 2020, a poursuivi sa femme qu'il guettait depuis le matin. Il lui a tiré plusieurs coups de feu dans les jambes puis l'a aspergée d'un liquide inflammable alors qu'elle était encore en vie et l'a immolée par le feu.

L'homme a ensuite incendié le domicile de son épouse avant d'être interpellé une demi-heure plus tard et placé en garde à vue.

 

Sept condamnations à son casier 

Avec déjà sept condamnations à son actif (conduites en état d'ivresse, violences avec usage d'arme, violences conjugales), l'homme, maçon en CDI, a expliqué aux enquêteurs qu'il était "convaincu que son épouse avait un amant", a dit devant la presse la procureure de Bordeaux Frédérique Porterie. 

Le suspect, sur lequel n'a été trouvée "aucune trace d'alcool ou de stupéfiant", a dit vouloir "la punir sans la tuer" et "brûler un peu sa femme pour lui laisser des marques", a-t-elle ajouté.

Selon le parquet, il "était porteur d'un fusil de calibre 12, d'un pistolet à gaz et d'une ceinture de cartouches", des armes qu'il a affirmé avoir trouvées auprès de "clandestins croisés en ville", a raconté Mme Porterie.

Le 25 juin 2020 à Bordeaux, Mounir B. avait été condamné à 18 mois de prison dont neuf avec sursis pour "violences volontaires par conjoint" en récidive, sur la même victime.

L'homme à la double nationalité franco-algérienne avait obtenu à compter du 5 octobre une mesure de placement extérieur spécifique pour les auteurs de violences conjugales. Libéré le 9 décembre 2020, "il était depuis suivi par le service pénitentiaire d'insertion et de probation de la Gironde", avait détaillé le parquet mercredi soir, soulignant que cette mesure "comprenait notamment une obligation de soins, l'interdiction d'entrer en contact avec la victime et l'interdiction de paraître à son domicile".

Il s'est rendu aux quatre convocations du conseiller d'insertion et de probation mais avait admis avoir contacté son épouse malgré les interdictions, a détaillé la procureure.

A la mi-mars, Chahinez avait porté plainte au commissariat de Mérignac contre son conjoint pour une nouvelle agression. Mais l'homme, recherché par la police, était "introuvable". Ce sont les suites apportées à cette plainte qui seront notamment examinées par la mission d'inspection, alors que Mme Porterie a souligné qu'à ce jour, l'enquête était "toujours en cours".

L'homme, mutique devant les enquêteurs depuis mercredi midi, doit être déféré devant un juge en vue d'une mise en examen pour homicide volontaire par conjoint, destruction volontaire par incendie et violences sans ITT avec armes en récidive légale, un dernier point lié au fait qu'il a menacé un voisin qui tentait de porter secours à la victime.

Après les déclarations de responsables politiques de tous bords appelant le gouvernement à la fermeté, la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, est venue jeudi au commissariat de Mérignac apporter son "soutien" aux policiers intervenus le jour du drame.

Elle a appelé à "un réveil de toute la société". "Je n'accepte pas qu'il y ait encore des hommes qui considèrent qu'ils ont droit de vie et de mort sur leur femme ou sur leur ex-femme", a-t-elle déclaré à la presse après une réunion à la Préfecture.

"Cela fait des années que je tire la sonnette d'alarme sur les violences conjugales, sur les féminicides", a-t-elle ajouté soulignant qu'"il y a chaque semaine 400 interventions de police et gendarmerie sur des violences intrafamiliales et conjugales".


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.