L'Europe poursuit son déconfinement, l'Inde toujours en proie à un virulent variant

Le National Covid Memorial Wall à Londres le 30 avril 2021 à la mémoire de celles et ceux qui ont perdu la vie (Photo, AFP)
Le National Covid Memorial Wall à Londres le 30 avril 2021 à la mémoire de celles et ceux qui ont perdu la vie (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 11 mai 2021

L'Europe poursuit son déconfinement, l'Inde toujours en proie à un virulent variant

  • Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d'Europe avec plus de 127 000 morts, les autorités sanitaires ont abaissé lundi le niveau d'alerte relatif à la pandémie
  • En Allemagne, les plus de 7 millions de personnes vaccinées bénéficient désormais d'assouplissements des strictes règles sanitaires

LONDRES/ BRUXELLES/ NEW DELHI: Ecoles, commerces et déplacements ont repris lundi après des mois de restrictions dans plusieurs pays d'Europe, sous l'oeil prudent des gouvernements, tandis que la pandémie de coronavirus continue de faire des ravages en Inde.  

Les campagnes de vaccination menées activement dans plusieurs pays occidentaux ont permis aux autorités d'entreprendre une réouverture de leurs économies et une levée des restrictions individuelles.  

Mais la pandémie de Covid-19, qui a coûté la vie à près de 3,3 millions de personnes, continue de progresser ailleurs dans le monde, ravivant les craintes sur l'inégalité de l'accès aux vaccins.  

Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d'Europe avec plus de 127 000 morts, les autorités sanitaires ont abaissé lundi le niveau d'alerte relatif à la pandémie, le passant de quatre à trois sur une échelle en comptant cinq. Et le Premier ministre Boris Johnson devait confirmer dans l'après-midi l'assouplissement de restrictions.  

Cette nouvelle étape, la troisième de la feuille de route gouvernementale, prendra effet le 17 mai. Les Britanniques devraient être autorisés à se rencontrer dans des endroits clos à six personnes maximums tandis que pubs et restaurants devraient pouvoir servir leurs clients en salle.  

Depuis le lancement de la campagne début décembre, plus de 35 millions des 68 millions d'habitants du Royaume-Uni ont reçu une première dose de vaccin.  

« Nous pouvons maintenant déconfiner avec prudence mais de manière irréversible », a commenté M. Johnson dans un communiqué.  

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Cas et décès quotidiens liés au Covid-19 officiellement recensés au Royaume-Uni, au 9 mai (Graphique, AFP)

En Espagne, un vent de liberté s'est levé dimanche avec la fin de l'état d'urgence sanitaire. Les habitants ont pu sortir de leur région ou se rassembler dans la rue le soir.  

Dans plusieurs villes du pays, cris, applaudissements et musique ont marqué, à 00H00, la fin de ce régime d'exception imposé depuis octobre et la levée dans la plupart des régions du couvre-feu.   

Mais les images de centaines de fêtards sans respect des gestes barrières à Madrid et ailleurs ont entraîné un appel à « la responsabilité » : « la fin du régime d'exception ne veut pas dire la fin des restrictions », a averti le ministre de la Justice Juan Carlos Campo.  

En Allemagne, les plus de 7 millions de personnes vaccinées bénéficient désormais d'assouplissements des strictes règles sanitaires.  

A Milan, dans le nord de l'Italie, c'est le célèbre théâtre de la Scala qui rouvre lundi soir au public. « Je suis sûr qu'avec le retour des spectateurs à la Scala, il y aura des larmes de bonheur », a estimé son directeur, le Français Dominique Meyer.  

L'île méditerranéenne de Chypre rouvre ses frontières lundi aux touristes vaccinés en provenance de 65 pays, tandis qu'en Grèce, toutes les écoles ont rouvert après six mois de fermeture.  

L'Irlande aussi peut souffler un peu: après de longs mois de confinement, les déplacements à l'intérieur du pays sont autorisés et les commerces non essentiels peuvent rouvrir, sur rendez-vous.  

 

LE PASS SANITAIRE EUROPÉEN EN PHASE DE TESTS POUR ÊTRE OPÉRATIONNEL EN JUIN

Le pass sanitaire européen, qui fait toujours l'objet de négociations politiques au sein de l'UE, a commencé lundi une phase de tests qui doit lui permettre d'être opérationnel techniquement en juin, avant la saison estivale, a annoncé la Commission européenne. 
La France et Malte sont les deux premiers pays à tester lundi l'interopérabilité du système. Il s'agit de vérifier la capacité des Etats membres à se connecter à la « passerelle » européenne mise en place. Cette phase pilote, qui s'échelonne sur deux semaines, concerne au total 18 pays de l'UE plus l'Islande, a indiqué un porte-parole de l'exécutif européen, Johannes Bahrke. 
Cette phase n'implique pas l'utilisation de données réelles ni la participation de citoyens. Mais dès le 1er juin, les pays membres pourront commencer à se servir du système dans des conditions réelles s'ils sont prêts, a précisé le porte-parole. 
Ce certificat sanitaire européen est destiné à fournir un cadre harmonisé pour faciliter la libre circulation au sein de l'UE cet été.  
Il contient un code QR indiquant que son titulaire a été vacciné, ou qu'il a passé un test négatif ou encore qu'il dispose d'une immunité après avoir été infecté par le Covid-19. Il s'accompagne d'une signature électronique qui atteste de son authenticité. Lors du contrôle du certificat par l'autorité compétente (garde-frontière, police), le code QR est scanné et la signature électronique est vérifiée. 
Il revient aux Etats membres de décider s'ils intègrent ce certificat dans leur application de traçage nationale -comme en France- ou s'ils utilisent une application distincte. 
Le système est développé par les entreprises allemandes T-Systems et SAP. 
Parallèlement à ces préparatifs techniques, le règlement sur le certificat sanitaire européen fait l'objet de discussions entre les eurodéputés et les représentants du Conseil, institution représentant les Etats membres. 
Les désaccords portent notamment sur la gratuité ou le plafonnement du prix des tests, réclamés par le Parlement européen. 
Les eurodéputés demandent aussi qu'il soit impossible à un Etat membre d'imposer des restrictions supplémentaires, comme une quarantaine, au détenteur d'un certificat sanitaire européen qui arrive sur son territoire. Or les pays membres veulent se réserver cette possibilité. 
Une nouvelle session de négociation doit avoir lieu mardi. Un éventuel compromis devra ensuite être approuvé par le Conseil et faire l'objet d'un vote en plénière au Parlement européen. La Commission espère voir adopter le règlement avant la fin juin.   

Efficacité face aux variants, dit BioNTech  

Sur le front de la stratégie vaccinale, l'Union européenne n'a pas renouvelé pour l'instant son contrat de fourniture avec AstraZeneca pour après le mois de juin, a indiqué dimanche le commissaire européen Thierry Breton.  

Pour autant, ce responsable a laissé planer le doute quant à savoir si cette décision signifiait une fin de non-recevoir définitive pour le vaccin AstraZeneca. « Ce n'est pas encore fait, attendez », a-t-il dit.   

Le vaccin d'AstraZeneca a pâti de très forts retards de livraison qui ont poussé l'UE à introduire une action en justice contre le laboratoire suédo-britannique.  

En Norvège, un comité d'experts mis en place par le gouvernement a pour sa part recommandé de renoncer à ce vaccin mais aussi à celui de l'américain Johnson & Johnson, cette fois en raison des risques d'effets secondaires rares mais graves.  

L'Agence européenne des médicaments se rend de son côté lundi en Russie pour inspecter les sites de production du vaccin Spoutnik V, toujours pas autorisé dans l'UE, même si la Hongrie a commencé à l'utiliser.  

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Bilan mondial de la pandémie de nouveau coronavirus, au 10 mai à 10h00 GMT (Graphique, AFP)

« Ligne de démarcation » sur l'Everest  

Ailleurs dans le monde, la pandémie connaît un regain parfois spectaculaire, comme en Inde où le pays de 1,3 milliard d'habitants enregistre record macabre sur record macabre.   

Pour la première fois samedi, plus de 4 000 personnes sont mortes de la Covid-19 en 24H et plus de 400 000 nouvelles contaminations ont été enregistrées, selon les chiffres officiels que certains experts estiment largement sous-évalués.  

Le variant du coronavirus découvert dans ce pays est plus contagieux et présente des caractéristiques qui pourraient rendre les vaccins moins efficaces, contribuant à l'accélération de l'épidémie en Inde, a averti samedi la scientifique en chef de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Soumya Swaminathan. 

L'allemand BioNTech a néanmoins assuré lundi que face aux variants actuels, il n'était pas nécessaire de modifier la formule de son vaccin développé avec l'américain Pfizer.  

L'Inde, qui est le plus grand producteur mondial de vaccins, n'a jusqu'à présent administré deux doses qu'à 2% de sa population.  

La Chine, premier pays frappé par la pandémie dès la fin 2019, va quant à elle installer une « ligne de démarcation » au sommet de l'Everest pour éviter tout risque de contamination à la Covid-19 par des alpinistes en provenance du Népal.  

Au Japon, la recrudescence de la pandémie a entraîné le report d'une visite prévue les 17 et 18 mai du président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach. Les JO à Tokyo doivent s'ouvrir dans 74 jours (23 juillet-8 août).  

Et avant la fête musulmane de l'Aïd al-Fitr, marquant la fin du ramadan cette semaine, la Malaisie a annoncé de nouvelles restrictions après une forte hausse des contaminations. 

 

INDE: DES DIZAINES DE CORPS PRÉSUMÉS MORTS DE LA COVID-19 S'ÉCHOUENT SUR LES RIVES DU GANGE

Des dizaines de corps de personnes présumées mortes de la Covid-19 se sont échoués sur les rives du Gange dans le nord de l'Inde, ont annoncé lundi les autorités. 
La pandémie s'étend à toute allure dans le vaste arrière-pays rural indien, submergeant les structures sanitaires, les crématoriums et les cimetières. 
Un fonctionnaire local, Ashok Kumar, a indiqué qu'une quarantaine de corps s'étaient échoués dans le district de Buxar, près de la frontière entre le Bihar et l'Uttar Pradesh, deux des plus pauvres Etats indiens. 
« Nous avons ordonné aux fonctionnaires concernés de s'occuper des corps, et de soit les enterrer, soit les brûler », a dit M. Kumar. 
Certains médias ont affirmé que le nombre de cadavres pourrait atteindre la centaine. 
Les mêmes sources citent d'autres fonctionnaires précisant que certains corps sont boursouflés et partiellement brûlés et ont pu passer plusieurs jours dans le fleuve. 
Des habitants ont déclaré qu'ils pensaient que les cadavres ont été jetés à l'eau parce que les crématoriums étaient débordés ou parce que les proches des victimes ne pouvaient payer le bois nécessaire pour les bûchers funéraires. 
« C'est vraiment choquant pour nous », a déploré un habitant, Kameshwar Pandey. 


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.