Covid-19: l'exécutif prépare «la sortie de crise» mais subit un revers sur le pass sanitaire

«Évidemment, cette sortie va se faire de façon progressive, prudente et accompagnée. Mais la tendance est claire, nous touchons au but et c'est une bonne nouvelle», a dit Jean Castex. (Photo, AFP)
«Évidemment, cette sortie va se faire de façon progressive, prudente et accompagnée. Mais la tendance est claire, nous touchons au but et c'est une bonne nouvelle», a dit Jean Castex. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 12 mai 2021

Covid-19: l'exécutif prépare «la sortie de crise» mais subit un revers sur le pass sanitaire

  • Le conseil scientifique, censé guider les choix du gouvernement, prévient que «les mois qui viennent seront très incertains» si le taux d'incidence reste élevé
  • Bercy a annoncé que les aides aux entreprises des secteurs les plus affectés seront maintenues mais à un niveau inférieur à partir de juin

PARIS: Le gouvernement, qui assure voir la «sortie» de la crise de Covid-19, a détaillé le mode d'emploi des réouvertures à partir du 19 mai, mais a subi mardi un revers à l'Assemblée sur le «pass sanitaire», finalement adopté dans la douleur.

L'exécutif a dû demander une seconde délibération nocturne sur le projet de loi de sortie progressive de l'état d'urgence sanitaire. L'article premier du texte avait été rejeté en fin de journée par l'Assemblée, y compris par les élus MoDem, membres de la majorité mais très critiques sur le «flou» du projet de loi.

L'article incriminé, qui comprend le pass sanitaire, a donc été modifié et validé en toute fin de soirée. La période de transition durant laquelle des restrictions de libertés seront encore à la main du gouvernement, a été écourtée, du 2 juin à fin septembre, plutôt que fin octobre, un gage envoyé au MoDem. Le pass sanitaire, justificatif de vaccination ou test Covid négatif nécessaires pour accéder à de grands rassemblements, n'a pas été retouché. 

«S'il faut trouver des terrains d'équilibre pour arriver à ce que ce texte passe et que nous retrouvions des libertés dans notre pays, nous ferons ces concessions», avait commenté plus tôt le ministre de la Santé Olivier Véran, en déplacement dans un centre de vaccination à Montrouge près de Paris, où il a pris part «en tant que médecin» à des consultations pré-vaccinales. 

Ce couac parlementaire intervient au moment où Matignon affiche son optimisme et délivre les modalités d'un retour à une vie plus normale, secteur par secteur.

«Évidemment, cette sortie va se faire de façon progressive, prudente et accompagnée. Mais la tendance est claire, nous touchons au but et c'est une bonne nouvelle», a dit Jean Castex au Parisien, alors qu'une partie des experts sanitaires redoute toujours un rebond épidémique.

décrue en réa

Avec une moyenne de 17 000 cas positifs de SARS-CoV-2 par jour sur la semaine écoulée, la France est encore loin du seuil de 5 000 qu'avait fixé l'exécutif pour sortir du deuxième confinement en décembre. 

Dans son dernier avis, le conseil scientifique, censé guider les choix du gouvernement, prévient que «les mois qui viennent seront très incertains» si le taux d'incidence reste élevé, en plaçant le bon curseur sous la barre des 10 000 nouveaux cas par jour.

Le freinage de l'épidémie depuis quatre semaines a permis de faire diminuer l'afflux de malades et le nombre de décès de patients Covid-19 à l'hôpital, même s'il s'élevait encore à 236 dans les dernières 24 heures mardi, soit un total de près de 107 000 morts depuis le début de l'épidémie. La décrue s'est poursuivie dans les services de réanimation, avec 4 743 malades, contre 4 870 la veille.

«Héros d'un jour, larbins toujours»: pour réclamer plus de moyens et de reconnaissance, les personnels soignants des réas étaient appelés à la grève mardi. Selon la CGT-Santé, 110 services étaient mobilisés et environ 80 manifestants se sont rassemblés devant les locaux de l'Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine.

À une semaine et un jour des premiers verres en terrasse et du retour au cinéma ou au musée, Matignon a livré un mode d'emploi détaillé des réouvertures, des zoos aux casinos en passant par les petits trains touristiques et les bowlings.

Comme prévu, les cafés et restaurants pourront rouvrir leurs espaces extérieurs à partir du 19 mai, mais ils devront se limiter à la moitié de leurs capacités, et avec des tables de six maximum. Une jauge en vigueur aussi à partir du 9 juin en intérieur.

«optimiste»

Bercy a annoncé que les aides aux entreprises des secteurs les plus affectés seront maintenues mais à un niveau inférieur à partir de juin.

Pour les cinémas, salles de théâtre et cirques, la jauge sera limitée à 35% de la salle (65% le 9 juin), avec un maximum de 800 spectateurs en intérieur (5 000 le 9 juin), comme pour les rencontres sportives.

Cependant, la finale de la Coupe de France de football, prévue le 19 mai à 21h15 au Stade de France, aura lieu à huis clos.

«On a le droit d'être optimiste aujourd'hui, parce que les efforts des Français portent leurs fruits» et qu'il y a «une nouvelle donne dans la sortie de crise» avec la vaccination, a insisté le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, sur France Inter.

Alors que les vacances d'été approchent, le ministère de la Santé a fait savoir qu'il faudra adapter «son planning» aux rendez-vous vaccinaux, et que si des doses seront envoyées dans les zones touristiques, cela doit rester «l'exception».

Mardi, au deuxième jour de l'ouverture à tous les plus de 50 ans, plus de 650 000 doses ont été injectées, portant le total des vaccinés à 18,5 millions avec une première dose (35,2% de la population majeure), et près de 8,2 millions de personnes vaccinées avec deux doses (15,7 % de la population majeure).

A partir de mercredi, les centres accueilleront aussi, sans condition d'âge et de santé, les adultes qui auront trouvé un créneau disponible la veille pour le lendemain sur les plateformes de rendez-vous.

Mais le ministère de la Santé relativise l'ampleur de ce «volume de doses subsidiaires», en l'estimant à 15 000 à 20 000 rendez-vous quotidien «au maximum».


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
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  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.