Brésil: acculé, Bolsonaro remobilise ses troupes

Le président brésilien Jair Bolsonaro à la tête d'un cortège de 1000 motards pour célébrer la fête des mères à Brasilia le 9 mai 2021 / AFP
Le président brésilien Jair Bolsonaro à la tête d'un cortège de 1000 motards pour célébrer la fête des mères à Brasilia le 9 mai 2021 / AFP
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Publié le Vendredi 14 mai 2021

Brésil: acculé, Bolsonaro remobilise ses troupes

  • Le dirigeant d'extrême droite trouve toujours de nouvelles idées pour haranguer ses troupes, friandes de ses écarts de langage et de ses coups d'éclats
  • Dans pratiquement toutes les manifestations pro-Bolsonaro, des pancartes réclament une « intervention militaire » pour renforcer les pouvoirs du dirigeant d'extrême droite

RIO DE JANEIRO : En nette baisse dans les sondages face à un Lula revigoré, le président brésilien Jair Bolsonaro entend s'appuyer sur la frange la plus radicale de ses soutiens pour relancer son projet de réélection en octobre 2022.

Le dirigeant d'extrême droite trouve toujours de nouvelles idées pour haranguer ses troupes, friandes de ses écarts de langage et de ses coups d'éclats.

Il y a deux semaines, il avait survolé une manifestation à Brasilia qui avait rassemblé des milliers de personnes vêtues de jaune et de vert, les couleurs du drapeau brésilien. La plupart des manifestants défilaient sans masque, dans un pays où le Covid-19 a fait plus de 430.000 morts.

Dimanche dernier, Jair Bolsonaro avait enfourché sa grosse cylindrée bleue pour prendre la tête d'un cortège de motards dans les rues de la capitale brésilienne.

Et ce samedi, c'est à cheval qu'il devrait faire une apparition lors d'une manifestation d'agriculteurs.

Le président compte aussi sur le soutien indéfectible d'une partie des évangélistes, qui organisent ce week-end des "Marches de la famille chrétienne pour la liberté". 

Cet intitulé évoque les marches de 1964 en faveur du coup d'Etat qui a installé une dictature militaire pendant 21 ans au Brésil. Jair Bolsonaro, ancien capitaine de l'armée, a toujours affiché sa nostalgie pour ce régime.

Dans pratiquement toutes les manifestations pro-Bolsonaro, des pancartes réclament une "intervention militaire" pour renforcer les pouvoirs du dirigeant d'extrême droite.

Fin avril, ce dernier avait dit qu'il attendait "un signe du peuple" pour mettre fin aux restrictions prises localement par les maires ou les gouverneurs pour tenter d'endiguer la propagation du coronavirus, insinuant qu'il pourrait même déployer l'armée.

"Il est en difficulté actuellement, et comme tous les politiciens d'extrême droite, il a besoin de voir son noyau dur de partisans sur le pied de guerre. Il se nourrit de ce climat belliqueux", explique à l'AFP Deborah Messenberg, sociologue à l'Université de Brasilia.

L'ombre de Lula

Les manifestants pro-Bolsonaro occupent le terrain le week-end, mais en semaine, c'est une image peu reluisante du gouvernement qui est mise en lumière par une Commission d'enquête parlementaire du Sénat.

Les chaînes d'informations diffusent en direct des heures durant les audiences où sont exposées les failles de la gestion de la crise sanitaire, entre discours anticonfinement et refus d'offres de doses de vaccins qui font cruellement défaut actuellement. 

"C'est un rude coup pour Bolsonaro en vue de la présidentielle de 2022, parce que ça rappelle à tout le monde sa gestion désastreuse, dans le déni permanent" de l'ampleur de la pandémie, dit Brian Winter, vice-président du think-tank Conseil des Amériques (AS/COA).

Le chef de l'Etat a fustigé cette Commission parlementaire, "des voyous qui enquêtent sur des gens bien", estimant qu'elle commet "un crime".

Mais sa cote de popularité est déjà au plus bas: un sondage publié mercredi par l'institut Datafolha le crédite de seulement 24% d'opinions favorables, alors qu'il tournait autour de 30%, voire plus par moments, depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2019.

Il voit aussi se dresser contre lui un adversaire de taille: l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), à nouveau éligible depuis mars, ses condamnations pour corruption ayant été annulées par la Cour suprême.

Le sondage Datafolha donne Lula largement vainqueur au second tour de la présidentielle, avec 55% des intentions de vote, contre 32% pour Bolsonaro.

Sur les traces de Trump?

"Ses partisans les plus fidèles le soutiennent toujours, mais ils étaient un peu démobilisés" ces derniers temps, explique Brian Winter.

Certains des plus radicaux ont notamment vu d'un mauvais oeil le rapprochement pragmatique du président Bolsonaro avec des parlementaires centristes, en quête de plus de soutien au Parlement.

Mais en remobilisant ses troupes avec un discours extrémiste, il risque de se détourner d'une grande partie de l'électorat plus modéré qui avait voté pour lui en 2018, notamment les milieux d'affaires. 

Surnommé le "Trump Tropical", Jair Bolsonaro pourrait imiter l'ex-président américain s'il venait à être battu dans les urnes.

"Il a déjà dit clairement qu'il allait contester le résultat de l'élection en cas de défaite, comme Trump", dit Andre Rehbein Sathler, du site Congresso em Foco, spécialisé dans l'analyse du Parlement.

Brésil: des milliers de manifestants contre le racisme et la violence policière

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté jeudi au Brésil contre le racisme et les violences policières, une semaine après une sanglante opération de police dans une favela de Rio de Janeiro, qui a fait 28 morts.

"Ni balle, ni faim, ni Covid. Le peuple noir veut vivre!": les manifestants, qui portaient des masques sanitaires contre le coronavirus, ont réclamé la fin de la discrimination envers les personnes noires et métisses - qui représentent 55% de la population - le jour où le Brésil commémore la fin de l'esclavage en 1888.

Dans le défilé à Rio de Janeiro, des pancartes proclamaient "Contre le génocide, la rébellion est juste" ou "Justice pour Jacarezinho", du nom de la favela où a été mené le raid meurtrier de la police, selon laquelle il s'agissait de démanteler un groupe qui recrutait des enfants et des adolescents pour des activités de trafic de drogue, vols, enlèvements et assassinats.

Selon des associations de défense des droits humains, cette opération antidrogue a été la plus meurtrière jamais réalisée dans les favelas de cette métropole brésilienne, où vivent les populations les plus défavorisées, noires majoritairement, habituées à ce type de descentes policières.

"Ce que nous voyons, c'est que les noirs sont ceux qui meurent le plus, ceux qui meurent le plus par arme à feu, qui sont le plus au chômage et qui sont le moins vaccinés. C'est une politique de génocide, une politique mortifère", a déclaré à l'AFP une manifestante, Dara Santana de Carvalho.

"Nous sommes ici pour exiger la fin du génocide noir, réclamer des vaccins, des emplois et l'égalité des droits", a renchéri un autre manifestant, Alexandro de Santos Visosa.

Des manifestations similaires, organisées par la Coalition noire pour les droits, ont également eu lieu à Brasilia, Salvador et dans la capitale économique du pays, Sao Paulo, où 500 personnes se sont rassemblées, dont certaines avec des pancartes "Dehors Bolsonaro", le président d'extrême droite.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.