L'Arménie demande l'aide de la Russie après un regain de tensions avec l'Azerbaïdjan

Des partisans de l'opposition arménienne se rassemblent devant le bâtiment de l'Assemblée nationale pour exiger la démission du Premier ministre pour sa gestion de la guerre de l'année dernière avec l'Azerbaïdjan. (Photo, AFP)
Des partisans de l'opposition arménienne se rassemblent devant le bâtiment de l'Assemblée nationale pour exiger la démission du Premier ministre pour sa gestion de la guerre de l'année dernière avec l'Azerbaïdjan. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 15 mai 2021

L'Arménie demande l'aide de la Russie après un regain de tensions avec l'Azerbaïdjan

  • L'Arménie et l'Azerbaïdjan ont mené vendredi sans succès des pourparlers pour tenter d'apaiser de récentes tensions qui inquiètent la communauté internationale
  • La Russie et l'Arménie sont liées par une alliance militaire au sein de l'Organisation du traité de la sécurité collective (OTSC), qui regroupe quatre autres ex-républiques soviétiques

EREVAN : L'Arménie et l'Azerbaïdjan ont mené vendredi sans succès des pourparlers pour tenter d'apaiser de récentes tensions qui inquiètent la communauté internationale, Erevan affirmant avoir réclamé l'aide militaire de la Russie quelques mois après une guerre sanglante.

S'adressant en fin de journée aux parlementaires, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a affirmé que les négociations commencées dans la journée avaient été suspendues et reprendraient samedi.

« Notre position est claire: les forces azerbaïdjanaises doivent quitter le territoire de l'Arménie », a-t-il ajouté, accusant Bakou de vouloir « inciter à un affrontement militaire » et assurant avoir demandé au président russe Vladimir Poutine « l'assistance de la Fédération de Russie, y compris une assistance militaire ».

La Russie et l'Arménie sont liées par une alliance militaire au sein de l'Organisation du traité de la sécurité collective (OTSC), qui regroupe quatre autres ex-républiques soviétiques. 

L'article 2 du traité fondateur de l'OTSC stipule que les signataires s'engagent à discuter d'une réponse collective en cas de menaces pesant sur l'intégrité territoriale d'un Etat membre.

Jeudi, l'Arménie a accusé les forces azerbaïdjanaises d'avoir violé la frontière pour prendre le contrôle de territoires au bord du Lac Sev que se partagent les deux pays. Ce petit lac est situé en haute montagne en lisière d'un territoire que l'Azerbaïdjan a reconquis l'automne dernier lors du conflit au Nagorny Karabakh.

Bakou a rejeté ces accusations qualifiées d' « ahurissantes », affirmant avoir déployé des gardes-frontières sur son propre territoire.

Ce regain de tensions, quelques mois après la guerre, inquiète les pays occidentaux, notamment Washington et Paris qui a réclamé un « retrait immédiat des troupes azerbaïdjanaises du territoire arménien », signifiant son soutien à M. Pachinian. Ce dernier s'est entretenu jeudi soir avec Emmanuel Macron.

Le président français « étudie la possibilité d'inscrire la question à l'ordre du jour du Conseil de sécurité de l'ONU », a d'ailleurs ajouté M. Pachinian vendredi.

Prudence du Kremlin

De leur côté, les Etats-Unis, qui maintiennent de bonnes relations avec les deux rivaux, ont déclaré vendredi avoir pris connaissance de rapports évoquant un retrait des troupes azerbaïdjanaises, les appelant une nouvelle fois à quitter le territoire arménien.

« Les mouvements militaires dans des territoires au centre d'un contentieux sont irresponsables et inutilement provocateurs », a déclaré une porte-parole du département d'Etat américain, Jalina Porter.

« Nous attendons de l'Azerbaïdjan qu'il retire immédiatement ses troupes et cesse toute nouvelle provocation », a-t-elle déclaré.

Le Premier ministre arménien, qui s'est également entretenu avec M. Poutine, avait indiqué dans un communiqué à cette occasion qu'il saisirait l'OTSC pour obtenir un soutien militaire.

Le Kremlin est toutefois resté prudent, indiquant seulement que M. Poutine avait insisté sur la nécessité pour l'Arménie et l'Azerbaïdjan de respecter l'accord de cessation des hostilités, signé sous son égide en novembre, après six semaines de guerre meurtrière pour le contrôle du Nagorny Karabakh.

Selon le porte-parole de la présidence russe, le dirigeant arménien « a communiqué sa préoccupation au président Poutine » durant une conversation téléphonique, mais « Pachinian n'a pas demandé de l'aide ».

« Nous devons être prêts au pire, à défendre notre territoire souverain », a affirmé de son côté le vice-Premier ministre arménien Tigran Avinian.

Le chef de la diplomatie azerbaïdjanaise, Djeyhoun Baïramov s'est lui entretenu avec un haut responsable du département d'Etat américain et a affirmé vouloir "une normalisation de la situation" et confirmé que des pourparlers étaient en cours, selon le ministère azerbaïdjanais.

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a de son côté affirmé que l'UE suivait avec « inquiétude » ces évènements, ajoutant que « la délimitation et la démarcation des frontières doivent être résolues par des négociations ».

L'Azerbaïdjan et l'Arménie se sont affrontés à l'automne 2020 pour le contrôle du Nagorny Karabakh, région séparatiste arménienne en territoire azerbaïdjanais, un conflit qui s'est soldé par plus de 6 000 morts et une défaite d'Erevan, qui a dû rétrocéder d'importants territoires à Bakou.

Malgré un cessez-le-feu signé sous l'égide de Moscou et le déploiement de soldats de la paix russes, les tensions persistent dans la région.

Le conflit du Karabakh entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie déstabilise le Caucase depuis plus de trente ans. Erevan avait remporté au début des années 1990 une première guerre.

Sous pression de l'opposition depuis la défaite militaire de l'automne 2020, Nikol Pachinian est quant à lui en campagne électorale après avoir dû convoquer des législatives anticipées en juin.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.