La première biennale algéro-française de design réinvente la ville

Siège Sara Alaoui pour Ybrid. Photo fournie
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Publié le Mardi 18 mai 2021

La première biennale algéro-française de design réinvente la ville

  • La biennale, qui se déroulera, en deux temps, en mai et en novembre prochain, a pour objectif de faire connaître la production algérienne et française en matière de design
  • «Cet événement sera l’occasion de mettre en valeur les différents quartiers d’Alger sous le prisme du design et de la création», précise le directeur de l’Insistut français d’Algérie

PARIS: «Réinventer la ville par le design», c’est la thématique de la première biennale algéro-française, organisée par l’Institut français d’Algérie, qui sera lancée le 27 mai. L’événement, qui proposera des expositions, des projections et des rencontres , a pour objectif de faire connaître la production algérienne et française en matière de design.

«Le choix d’Alger s’est imposé de lui-même: ville d’histoire et de patrimoine, forte de ses écoles d’art, d’architecture, et de ses nombreux étudiants, elle constitue un terrain idéal d’expérimentation et de création pour les designers, architectes, artistes, concepteurs et jeunes talents», souligne Grégor Trumel, conseiller de coopération et d’action culturelle, et directeur de l’Institut français d’Algérie. «Cet évènement sera l’occasion de mettre en valeur les différents quartiers d’Alger sous le prisme du design et de la création», précise-t-il. L’événement permettra aussi «de sensibiliser un large public à cet art discret, pourtant si essentiel, qui irrigue notre quotidien.»

Initialement prévue au printemps 2020, la manifestation avait été reportée en raison de la crise sanitaire de la Covid-19. La biennale DZIGN 2020+1, se déroulera, en deux temps, en mai et en novembre prochain. La première phase, programmée du 27 mai au 27 juin, est pensée comme un parcours de la ville d’Alger, et proposera diverses manifestations: trois expositions, des rencontres en duplex Algérie-France, des portes ouvertes sur les écoles partenaires d’architecture et design (Epau et Esba), des performances live art, visuels-musique, ainsi que des projections de films inédits autour de grandes figures du design et de l’architecture.

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La seconde phase, intitulée design week, est programmée sur une dizaine de jours, en novembre prochain. Cette étape de la biennale sera réservée aux installations éphémères issues du design urbain. Elles seront proposées par deux collectifs de designers et étudiants de l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger (Epau), et des concepteurs designers venus de France. Selon les organisateurs, ils «illustreront la diversité de ce champ d’expression», lors de rencontres-débats et de master class, qui seront dirigées par des personnalités internationales du design.

Pour une interconnexion et une coopération renforcée

Interrogée par Arab News en français sur l'ambition de cet événement dans l'enrichissement de la coopération algéro-française dans le domaine de l'architecture, du design et de la transformation urbaine, Feriel Gasmi Issiakhem, designer et commissaire de DZIGN 2020+1, explique que la biennale «a été pensé dès le départ comme une opportunité pour des interconnections dans différents domaines liés au design. Elle représente une belle occasion pour permettre des rencontres entre professionnels, étudiants et institutions  ̶ algériennes et françaises  ̶ , notamment les universités et écoles». La commissaire espère qu’à la suite de cette biennale, «de véritables projets de coopération entre concepteurs verront le jour. Le design considéré comme un art à part entière. Il est par essence un sujet d’échange constructif, de débats d’idées pour rendre le monde meilleur».

De son côté, François Gouyette, ambassadeur de France en Algérie, précise que cette biennale permettra la mise en commun des talents et idées des designers de tous horizons «pour envisager les solutions qui permettront d’améliorer la vie quotidienne dans les villes». L’ambassadeur ne manque de rappeler que les jumelages, qui existent entre les villes d’Alger et Colombes, Oran et Bordeaux, Bejaïa et Brest, ou encore Tlemcen et Montpellier, traduisent la force de ces liens.

Expositions et portes ouvertes

Trois expositions, intitulées Photographiez la cité de demain (IFA), Extramuros (Ateliers sauvages) et Intramuros (Dar Abdelatif), seront organisées dans la capitale algérienne. Selon les organisateurs, elles seront «centrées sur les plus grands défis et malaises du XXIe siècle: la durabilité, l’économie circulaire, la conception de projets respectueux de l’environnement, l’autosuffisance ou la notion zéro déchet».

Plusieurs projets mettant en avant des collaborations de concepteurs entre les deux rives de la Méditerranée ont été mis en place, notamment le concours de photo Explore | Outside the box, Photographiez la cité de demain, lancé par l’Institut français de design. La commissaire Anne-Marie Sargueil s’était rendue à Alger, afin de rencontrer les étudiants algériens, explique Feriel Gasmi Issiakhem. Le concours a fait l’objet d’une sélection des lauréats par un jury d’experts en mars 2020 à Paris. «Les lauréats, tous étudiants d’écoles algériennes et françaises, feront l’objet de l’une des trois expositions prévues en mai et juin 2021», ajoute- t-elle. 

Extramuros, la deuxième exposition, aura lieu du 3 au 24 juin dans le centre de création et de résidences d’art contemporain Les Ateliers sauvages, ouvert à Alger en 2015. Elle regroupera des architectes, designers et artistes, étudiants et professionnels, qui partageront «cet espace pour réaliser des installations centrées essentiellement sur des projets en lien avec les espaces publics urbains», dont ceux des villes d’Alger, Annaba, Azazga, Skikda, et bien d’autres villes.

«De véritables démarches et réflexions concrètes autour du thème central de la biennale  seront proposées sous forme de projets/prototypes, dessins/maquettes et de design graphique», précisent les organisateurs. Il s’agira, entre autres, de proposer des solutions techniques, du mobilier urbain, ou encore des projets autour de la notion d’efficacité énergétique.

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Règle normographe: La Normazigh (Typographie berbère) Walid Bouchouchi. Photo fournie.

La troisième exposition, Intramuros, est programmée du 12 au 26 juin dans les jardins de la célèbre villa Dar Abd-el-Tif, classée monument historique en 1967. Elle a hébergé de 1907 à 1962 des peintres venus de France, qui font partie aujourd’hui de la collection du musée national des beaux-arts d’Alger. Cette exposition sera dédiée exclusivement aux objets du quotidien comme l’art de la table, le mobilier et les luminaires. «Dar Abd-el-Tif va abriter une très belle exposition d’une vingtaine de designers, explique Myriam Ait el Hara, cheffe du département des Arts visuels et du patrimoine à l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC),dont le siège est situé à Dar Abd-el-Tif. Chaque acteur contribuera à une intensification de la ville, en la faisant porteuse de développement durable, économique, culturel et social. Cette exposition sera belle et grandiose», se réjouit-elle.

Des portes ouvertes seront aussi programmées au sein des deux grandes écoles de la discipline, partenaires de la DZIGN 2020 + 1: l’École supérieure des beaux-arts d’Alger (Esba), et l’École polytechnique d’architecture et de l’urbanisme d’Alger (Epau). Les deux institutions comptent exposer les travaux des étudiants, et organiseront des visioconférences avec des spécialistes du secteur.

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«Cette biennale est pensée comme deux rendez-vous entre concepteurs de tous ordres, en vue d’enrichir les approches dans un cadre pluridisciplinaire, et de rassembler autour d’une éthique du mieux-vivre», confie Feriel Gasmi Issiakhem. Elle précise que l’événement a pour objectif «de montrer comment le design, par la diversité de ses méthodes d’action dans l’espace urbain, répond à des enjeux qui concernent la société dans son ensemble», et ce, à travers les impératifs «du développement durable, économique, culturel et social».  


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi. 


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com