​​​​​​​Covid et conflit: les hôpitaux de Gaza mis à rude épreuve sur deux fronts

Des Palestiniens recevant des soins à l’hôpital Shifa pour leurs blessures causées par les frappes aériennes israéliennes qui ont détruit des parties d'un bâtiment commercial et causé des dégâts au ministère de la Santé ainsi qu’à une clinique dans la ville de Gaza. (AP)
Des Palestiniens recevant des soins à l’hôpital Shifa pour leurs blessures causées par les frappes aériennes israéliennes qui ont détruit des parties d'un bâtiment commercial et causé des dégâts au ministère de la Santé ainsi qu’à une clinique dans la ville de Gaza. (AP)
Short Url
Publié le Mardi 18 mai 2021

​​​​​​​Covid et conflit: les hôpitaux de Gaza mis à rude épreuve sur deux fronts

  • Shifa, le principal hôpital de Gaza, souffre de pénurie de médicaments indispensables et de produits médicaux jetables
  • Comme le reste du système, l'hôpital faisait déjà face à la pénurie à cause du blocus exercé par Israël

GAZA: Les hôpitaux de Gaza luttaient déjà pour faire face à la pandémie de la Covid-19 avant que le conflit avec Israël n'éclate la semaine dernière. Maintenant, disent les médecins, la tension a encore augmenté.

«Le ministère de la Santé se bat sur deux fronts dans la bande de Gaza - le front du coronavirus et le front des blessés, plus dur encore,», a confié Marwan Abu Sada, responsable de la chirurgie dans le principal hôpital, Shifa, de Gaza.

Plus d’une semaine après le début des combats, alors que les Palestiniens sont pilonnés nuit et jour par des frappes aériennes, et que les Israéliens se protègent des roquettes quand ils entendent les sirènes, les médecins de Gaza se battent pour maintenir la cadence.

À Shifa, le plus grand établissement de santé parmi les 13 hôpitaux et 54 cliniques desservant les 2 millions de personnes de l’enclave surpeuplée, le nombre de lits en soins intensifs a été doublé pour atteindre 32, alors que s’accroît le nombre de blessés en raison du conflit.

Comme le reste du système, l'hôpital de 750 lits faisait déjà face à une pénurie de médicaments et d'équipements avant que les combats n'éclatent le 10 mai, pénurie imputée par les médecins à un blocus exercé par Israël et soutenu par l'Égypte, qui partage une frontière avec Gaza.

Israël affirme que ces mesures visent à empêcher les militants de se fournir en armes.

«Les médicaments essentiels et les produits médicaux jetables ont souffert d'une grave pénurie», a déclaré Abu Sada.

Ce ne sont pas seulement les médicaments qui manquent. Le carburant pour les générateurs qui alimentent les hôpitaux de Gaza – l’alimentation électrique étant trop discontinue pour être fiable – manque également.

Israël affirme que son blocus ne vise pas à empêcher l’arrivée des médicaments ou du matériel humanitaire, et que toute pénurie est le résultat des actions du Hamas, le groupe islamiste qui dirige Gaza depuis 2007, date à laquelle le blocus a été imposé.

«Le Hamas a construit un réseau de tunnels souterrains à Gaza, sous les maisons des Palestiniens, utilisant des fonds destinés à leur santé et leur bien-être pour développer la machine terroriste du Hamas», a affirmé lundi le ministère israélien des Affaires étrangères sur Twitter.

Le Hamas a rejeté cette accusation.

«Nous vivons des moments très durs ici», a affirmé Racheli Malka, une Israélienne vivant à Ashkelon, une ville au nord de Gaza frappée à plusieurs reprises par des roquettes. «J'espère que cela se terminera rapidement.»

Non loin de là, des Israéliens ont célébré la fête juive de Shavouot dans une synagogue ayant subi des dégâts provoqués par un tir de roquette.

L'armée israélienne a déclaré que le Hamas – considéré par Israël, les États-Unis et l'Union européenne comme un groupe terroriste – de même que d'autres militants avaient tiré près de 3 150 roquettes la semaine dernière.

Sacha Bootsma, directrice de l’Organisation mondiale de la santé à Gaza, a affirmé que la Covid-19 avait mis à rude épreuve le système sanitaire de l’enclave déjà en difficulté.

«Avant la Covid, le système de santé pouvait être qualifié de fragile car il dispose de très vieux équipements, de vieux bâtiments, et souffre d'une pénurie de personnel de santé correctement formé et, bien sûr, d'une pénurie chronique de médicaments essentiels», a-t-elle déclaré.

Gaza a signalé environ 106 000 cas de Covid-19, ce qui représente environ 5,3% de la population, avec 986 décès, selon un responsable de la santé.

Alors qu'Israël a déployé l'un des programmes de vaccination les plus rapides au monde, vaccinant complètement près de 55% de ses 9,3 millions d'habitants, selon les responsables de la santé, Gaza a reçu environ 110 000 doses, soit assez pour 55 000 personnes, devant être distribuées dans l'une des zones les plus densément peuplées du monde.

Une aile de Shifa, portant toujours l’indication «Département d’isolement du Corona», a dû être transformée en unité de soins intensifs pour les blessés du conflit.

«Nous avons besoin d'un soutien plus urgent de la part des institutions d’aide internationale», a déclaré Ashraf Al-Qidra, porte-parole du ministère de la Santé, demandant des médicaments et des ambulances.

Pour ceux qui vivent près de l'hôpital Shifa, les sirènes des ambulances mettent leurs nerfs à rude épreuve. «Tant que nous entendons des sirènes, nous saurons que ce n'est pas encore fini», a déclaré Karam Badr, 57 ans.

Pourtant, les travailleurs de la santé maintiennent en fonctionnement les installations médicales branlantes. Bootsma a précisé que les maigres ressources continuaient d’être distribuées aux plus démunis.

«La résilience du système de santé est remarquable», a-t-elle déclaré.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com

 

     

 

 


Le Hamas a encore besoin de temps pour étudier le plan de Trump sur Gaza, selon un responsable du mouvement

Un responsable du Hamas a déclaré vendredi à l'AFP que le mouvement islamiste avait besoin de temps pour étudier le plan de paix pour Gaza proposé par le président américain Donald Trump et que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit soutenir. (AFP)
Un responsable du Hamas a déclaré vendredi à l'AFP que le mouvement islamiste avait besoin de temps pour étudier le plan de paix pour Gaza proposé par le président américain Donald Trump et que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit soutenir. (AFP)
Short Url
  • "Le Hamas poursuit toujours ses consultations concernant le plan de Trump (...) et a informé les médiateurs que les consultations sont en cours et nécessitent encore un peu de temps", a indiqué le responsable
  • Mardi, M. Trump avait donné au Hamas un ultimatum de "trois ou quatre jours" pour accepter son plan visant à mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien

NOUSSEIRAT: Un responsable du Hamas a déclaré vendredi à l'AFP que le mouvement islamiste avait besoin de temps pour étudier le plan de paix pour Gaza proposé par le président américain Donald Trump et que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit soutenir.

"Le Hamas poursuit toujours ses consultations concernant le plan de Trump (...) et a informé les médiateurs que les consultations sont en cours et nécessitent encore un peu de temps", a indiqué le responsable.

Mardi, M. Trump avait donné au Hamas un ultimatum de "trois ou quatre jours" pour accepter son plan visant à mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien.

 

 


Liban: Intensification des attaques israéliennes, le refus du Hezbollah de se désarmer alimente la reprise de la guerre 

Rassemblement sur le site où le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a été tué lors de frappes aériennes israéliennes le 27 septembre 2024, un jour avant le premier anniversaire de sa mort. (AP)
Rassemblement sur le site où le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a été tué lors de frappes aériennes israéliennes le 27 septembre 2024, un jour avant le premier anniversaire de sa mort. (AP)
Short Url
  • Israël a poursuivi ses frappes quasi-quotidiennes sur le Liban, affirmant généralement qu'il visait des agents ou des sites du Hezbollah, malgré la trêve qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte avec le groupe
  • Moins de 24 heures auparavant, un drone israélien a tué un membre du Hezbollah, Ali Qaraouni, alors qu'il conduisait sa voiture dans sa ville natale de Kafra, et en a blessé cinq autres

BEYROUTH : Deux ingénieurs ont été tués jeudi lorsqu'un drone israélien a frappé leur voiture sur la route de Khardali, une route clé reliant les districts de Nabatieh et de Marjayoun à travers le fleuve Litani dans le sud du Liban.

Le ministère libanais de la santé a déclaré que la dernière escalade des attaques transfrontalières avait tué deux personnes et en avait blessé une autre. Les médias affiliés au Hezbollah ont identifié les morts comme étant les ingénieurs Ahmed Saad et Mustafa Rizk, qui travaillaient pour la fondation Jihad Al-Bina du groupe.

L'Ordre des ingénieurs libanais a déclaré dans un communiqué que les deux personnes tuées "accomplissaient leur devoir professionnel et national" alors qu'elles se rendaient dans la région de Khiam pour évaluer les dégâts laissés par la guerre de l'année dernière avec Israël.

L'escalade israélienne survient alors que l'inquiétude grandit au Liban face à la perspective d'une nouvelle guerre, le Hezbollah refusant fermement, avec le soutien de responsables iraniens, de remettre ses armes à l'État.

Moins de 24 heures auparavant, un drone israélien a tué un membre du Hezbollah, Ali Qaraouni, alors qu'il conduisait sa voiture dans sa ville natale de Kafra, et en a blessé cinq autres.

Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, Ali Larijani, a déclaré dans une interview télévisée publiée jeudi par l'agence de presse Fars : "Si le Hezbollah n'agit pas pour le moment, c'est parce qu'il ne veut pas rompre l'accord de cessez-le-feu entre le Liban et le régime sioniste. Sinon, il a la capacité de faire pencher la balance sur le terrain".

M. Larijani a déclaré que lors de sa visite au Liban la semaine dernière, il avait constaté que le Hezbollah "se reconstruisait rapidement".

Une source officielle libanaise a confirmé à Arab News que la crainte d'une nouvelle guerre était légitime mais "exagérée et pour des raisons internes".

Il a ajouté que le fait d'amplifier la perspective d'une guerre et d'alimenter cette tension pourrait être un moyen pour Israël de faire pression sur le Hezbollah pour qu'il respecte l'accord de cessez-le-feu et la décision du gouvernement de garder les armes sous le contrôle de l'État.

Le commandement de l'armée libanaise devrait présenter dans les prochains jours son premier rapport mensuel au cabinet lors de sa prochaine session, détaillant les progrès réalisés dans sa mission de monopolisation des armes entre les mains de l'État.

La source officielle a déclaré que le rapport présentera ce que l'armée a fait en termes de surveillance et de confiscation des armes dans la zone située au sud du fleuve Litani, tout en notant l'obstruction posée par l'occupation israélienne continue de cinq positions clés sur le territoire libanais pour accomplir pleinement la mission.

Après avoir rencontré le Premier ministre Nawaf Salam jeudi, l'ancien ministre de la Justice Ashraf Rifi a salué son "engagement inébranlable" à défendre l'État et ses institutions.

M. Rifi a également critiqué le Hezbollah : "À ceux qui vivent dans l'illusion du pouvoir absolu, nous disons : le prestige de l'État ne sera pas compromis.

Il a ajouté : "Beyrouth ne sera pas violée et son peuple libre ne sera pas provoqué. Ce qu'on appelle l'État doit comprendre que l'ère de l'arrogance est révolue et qu'il est vain de se replier sur soi après l'échec d'aventures extérieures."

M. Rifi a déclaré que les dangers qui menacent le Liban sont immenses compte tenu de l'évolution pressante de la situation dans la région. Il a exhorté les responsables à mettre pleinement en œuvre le plan du gouvernement visant à restreindre les armes à l'État, le qualifiant de "voie la plus efficace pour protéger le Liban et restaurer la souveraineté de l'État et de ses institutions".

Il a averti que le pays ne pouvait être protégé que par sa légitimité, renforcée par le soutien arabe et international, et par l'unité de son peuple et de ses communautés.

L'universitaire et écrivain Mona Fayad a déclaré que l'intransigeance du Hezbollah découlait de la position de l'Iran.

"Tout comme Téhéran a exploité le Liban en 2006, l'entraînant dans une guerre avec Israël afin d'obtenir des négociations avec les États-Unis, il pourrait avoir recours à la même approche aujourd'hui.

M. Fayad a ajouté que malgré les divisions internes entre les partisans et les opposants à l'intégration dans l'État, le Hezbollah ne peut finalement pas défier les exigences de l'Iran.

"Le Liban n'est pas en mesure de résister à une nouvelle guerre, même au sein des cercles du Hezbollah", a-t-elle déclaré, notant que les puissances étrangères, en particulier les États-Unis, ne souhaitent pas une nouvelle guerre israélienne contre le Liban. Washington a averti à plusieurs reprises que le Liban devait appliquer l'embargo sur les armes pour éviter d'être entraîné dans un conflit.

Des enquêtes sont en cours sur la violation présumée par le Hezbollah de la directive de M. Salam après que des images des dirigeants assassinés du parti, Hassan Nasrallah et Hashem Safieddine, ont été projetées sur le rocher de Raouche la semaine dernière pour commémorer leur assassinat par Israël.

Jeudi dernier, deux personnes ont été interrogées sous contrôle judiciaire, dont le propriétaire de l'appareil laser utilisé pour la projection, tandis que trois autres ont été convoquées pour être interrogées vendredi.


Gaza: la Défense civile fait état de 46 morts dans des attaques israéliennes

La Défense civile de Gaza a indiqué qu'au moins 46 personnes avaient été tuées mercredi par des frappes et tirs israéliens à travers le territoire palestinien, dont 36 dans Gaza-ville. (AFP)
La Défense civile de Gaza a indiqué qu'au moins 46 personnes avaient été tuées mercredi par des frappes et tirs israéliens à travers le territoire palestinien, dont 36 dans Gaza-ville. (AFP)
Short Url
  • L'armée israélienne, qui mène depuis le 16 septembre une importante offensive sur la ville de Gaza, a indiqué "avoir frappé un terroriste du Hamas dans le nord de la bande de Gaza"
  • "Avant l'attaque, des mesures ont été prises afin de limiter autant que possible les dommages causés aux civils", a-t-elle indiqué

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué qu'au moins 46 personnes avaient été tuées mercredi par des frappes et tirs israéliens à travers le territoire palestinien, dont 36 dans Gaza-ville.

Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile, organisation de secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste palestinien Hamas, a fait état de 36 morts dans plusieurs frappes ayant visé Gaza, dans le nord du territoire, notamment l'ouest de la ville.

Sept corps ont été transférés à l'hôpital al-Chifa et 29 à l'hôpital al-Maamadani, a-t-il précisé.

L'armée israélienne, qui mène depuis le 16 septembre une importante offensive sur la ville de Gaza, a indiqué "avoir frappé un terroriste du Hamas dans le nord de la bande de Gaza".

"Avant l'attaque, des mesures ont été prises afin de limiter autant que possible les dommages causés aux civils", a-t-elle indiqué.

Dans le centre du territoire dévasté par près de deux mois de guerre, six personnes ont été tuées dans une frappe de drone à Al- Zawayda, et deux dans le camp de Nousseirat, a ajouté M. Bassal.

Deux personnes ont été tuées par ailleurs par des tirs israéliens près d'un centre de distribution dans le sud de la bande de Gaza, selon la même source.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre, a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque, 47 sont toujours retenues à Gaza dont 25 sont mortes selon l'armée israélienne.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait 66.148 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.