Fusion TF1-M6: un processus long et très encadré

Cette combinaison d'images réalisée le 17 mai 2021 montre les logos des chaînes de télévision françaises «TF1» et «M6» affichés sur des écrans. (Photo, AFP)
Cette combinaison d'images réalisée le 17 mai 2021 montre les logos des chaînes de télévision françaises «TF1» et «M6» affichés sur des écrans. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 18 mai 2021

Fusion TF1-M6: un processus long et très encadré

  • «Une fusion avec TF1 s'inscrirait dans notre stratégie de poursuite active de la consolidation du marché. Cependant, il existe des obstacles réglementaires», disait fin mars le PDG de Bertelsmann
  • Le patron emblématique de M6, Nicolas de Tavernost, deviendrait alors PDG de la nouvelle entité

PARIS: Le groupe M6, mis en vente depuis le début d'année par son actionnaire allemand Bertelsmann, veut fusionner avec TF1 pour former une entité contrôlée par Bouygues, mais ce processus sera soumis à de fortes contraintes réglementaires sur la concentration des médias.

L'offre de TF1 s'est distinguée des multiples prétendants et semblait tenir la corde ces dernières semaines. «Une fusion avec TF1 s'inscrirait dans notre stratégie de poursuite active de la consolidation du marché. Cependant, il existe des obstacles réglementaires», disait fin mars le PDG de Bertelsmann.

Nicolas de Tavernost, dirigeant de la chaîne depuis ses débuts et qui deviendra PDG de l'ensemble si le processus aboutit, s'était positionné contre une vente par appartements, ce qui compliquait le choix d'un repreneur.

Depuis une modification en 1994 de la loi Léotard, seules sept autorisations pour diffuser sur les ondes hertziennes peuvent être accordées à un même groupe de télévision.

Les mécanismes légaux anti-concentration spécifiques aux médias visent à «satisfaire l'objectif constitutionnel de respect du pluralisme des offres via la présence d'une diversité d'opérateurs» et «assurer l'indépendance des médias vis-vos du pouvoir politique et d'acteurs privés influents», rappelle le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

Le groupe M6 détenant déjà cinq fréquences (sa chaîne éponyme, W9, 6ter, Gulli et Paris Première), un rachat par TF1 également propriétaire de cinq canaux (TF1, TMC, LCI, TFX, TF1 Cinéma Séries) impliquerait la cession de trois chaînes.

Des limites légales existent également pour la radio, un ensemble de stations ne pouvant émettre pour plus de 150 millions d'auditeurs cumulés.

Avec 114 millions d'auditeurs fin décembre 2019, les trois stations de M6 (RTL, RTL2 et Fun Radio) ne pourraient par exemple pas intégrer ensemble le groupe NRJ (124 millions d'auditeurs) ni le groupe Altice (les stations RMC et BFM Business de NextRadio cumulent 58 millions d'auditeurs). TF1 n'est en revanche pas présent dans la radio.

Le point décisif sera le feu vert des autorités anti-trust. Le mariage de la première et de la troisième chaîne du paysage audiovisuel français ferait en effet émerger un acteur géant de la télévision dépassant France Télévisions avec plus de 30% de part d'audience et représentant les trois quarts du marché publicitaire sur le média.

«TF1, M6, Bouygues et RTL Group annoncent aujourd'hui (lundi) qu'elles ont conclu des protocoles d'accord d'entrée en négociations exclusives pour fusionner les activités de TF1 et M6 et créer un groupe de médias français d'envergure», ont annoncé les groupes dans un communiqué. Ils disent tabler sur une finalisation de la transaction d'ici la fin de 2022.

Le patron emblématique de M6, Nicolas de Tavernost, deviendrait alors PDG de la nouvelle entité, ont annoncé les chaînes. L'actuel PDG de TF1 Gilles Pélisson deviendra directeur général adjoint de Bouygues en charge des médias.

«La consolidation est une impérieuse nécessité pour que le public français et l’ensemble de la filière continuent de jouer un rôle prédominant face à une concurrence internationale exacerbée qui connait une accélération fulgurante», a déclaré M. de Tavernost, qui était vigoureusement opposé à un démantèlement de son groupe.

Sous sa direction, M6 s'était hissée à la troisième place des chaînes françaises, toujours derrière les indéboulonnables TF1 et la chaîne publique France 2.

«Le marché audiovisuel est en croissance sur le long terme. Dans ce contexte, Bouygues se réjouit de contribuer à la création d'un grand groupe média français» capable de rivaliser avec les géants américains du secteur, dont Netflix et Amazon, a pour sa part affirmé le directeur général de Bouygues Olivier Roussat, cité dans le communiqué. 

 

Élection présidentielle

Ainsi, l'Autorité de la concurrence ne pourrait autoriser l'union qu'en élargissant la définition de marché pertinent applicable à la télévision, pour en diluer le poids du groupe.

Les chaînes demandent l'intégration dans cette définition de la publicité numérique, au moins vidéo, arguant de la convergence croissante entre offres de publicité à la télévision et sur internet, mais la question n'a pour l'instant pas été tranchée.

D'un point de vue boursier, la loi empêche enfin un actionnaire de détenir plus de 49% d'un groupe de télévision. Bouygues détiendrait 30% du groupe, Berteslmann garderait 16% et le reste serait coté en Bourse.

Selon un observateur des médias, la mise en œuvre d'une telle acquisition pourrait prendre de 18 mois à 2 ans, sachant qu'un projet doit être déposé au CSA pour renouveler l'autorisation d'émettre de M6 en 2023, qui, s'il est accepté, bloquera tout projet de cession pendant cinq ans.

«Plein de régulations n'ont plus de sens, mais les changer maintenant, à un an d'une élection présidentielle, paraît très complexe. C'est donner des arguments pour dire que le gouvernement est pieds et poings liés avec le grand capital», estime cet observateur.

«Tôt ou tard, il va falloir remettre en question la démultiplication des barrières anti-concentration, anti-consolidation et notre notion de marché pertinent», estime Jean-Clément Texier, de la Compagnie financière de communication.

Selon cet expert, «on est en perpétuelle dénonciation des concentrations du marché français alors que celui-ci demeure très morcelé et que nous n'arrivons pas avec les années à faire émerger de champion français».

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Par AFP -

Selon Faisal al-Ibrahim, l’économie saoudienne est en train de changer radicalement

Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
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  • Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie
  • «Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim

RIYAD: Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie et à une transformation de son environnement des affaires en raison de la création de nouveaux secteurs: c’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Économie du Royaume.

Faisal al-Ibrahim a pris la parole mercredi lors d’une conférence à Riyad au cours de laquelle il a mis en lumière l’évolution rapide du paysage des affaires du Royaume, qui s'efforce de diversifier ses sources de revenus afin de ne plus dépendre du pétrole.

Lors de cet événement, intitulé «Politiques industrielles pour promouvoir la diversification économique», le ministre a précisé que les réglementations législatives et économiques qui visent à promouvoir le développement durable avaient subi des changements fondamentaux depuis le lancement de la Vision 2030.

Il a indiqué que les efforts du Royaume pour diversifier son économie avaient conduit à la création de nouveaux secteurs grâce au lancement de plusieurs mégaprojets tels que Neom et le Red Sea Project, entre autres.

«Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim, qui a par ailleurs insisté sur la nécessité d’élaborer des stratégies pour garantir une économie flexible et durable.

«La présence d’investissements étrangers permettra de développer la compétitivité à long terme», a encore expliqué le ministre.

Ce dernier a également assuré que le Royaume travaillait sur le moyen terme pour se focaliser sur la transformation des secteurs qui représentent un changement technologique.

L’Arabie saoudite est désireuse de parvenir à un développement à moyen terme en équilibrant les profits à court terme et en promouvant le succès à long terme, a souligné M. Al-Ibrahim.

Depuis le lancement de la Vision 2030, le ministère de l’Économie et de la Planification a mené plusieurs études économiques qui ont pour objectif de diversifier l’économie en élaborant des objectifs pour tous les secteurs, en augmentant les niveaux de complexité et en étudiant les économies émergentes afin de renforcer les capacités du Royaume. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gastat: les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite augmentent de 4,4%

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  • Selon l’Autorité générale des statistiques, la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens
  • La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février

RIYAD: Les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite, notamment les réexportations, ont connu une hausse de 4,4% en février par rapport à la même période en 2023, selon des données officielles.

Selon l’Autorité générale des statistiques (Gastat), la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens (SAR), soit une hausse par rapport aux 20,93 milliards enregistrés au cours de la même période de l’année précédente (1 SAR = 0,25 euro).

L’augmentation des exportations non pétrolières est due à une hausse de 8,3% des exportations de produits en caoutchouc et en plastique en février, qui représentent 24,1% des exportations totales.

Le renforcement du secteur privé non pétrolier est essentiel pour l’Arabie saoudite, qui poursuit ses efforts de diversification économique qui visent à réduire sa dépendance à l’égard du pétrole.

Le rapport dévoile une baisse de 4,1% en glissement annuel des exportations non pétrolières du Royaume, à l’exclusion des réexportations, en février. En revanche, la valeur des marchandises réexportées a grimpé de 32,3% au cours de la même période.

Cependant, la Gastat a noté qu’en février, le nombre total de marchandises expédiées par l’Arabie saoudite a diminué de 2% par rapport à la même période de l’année précédente.

Selon le rapport, ce déclin est principalement dû à une diminution de 3,8% des exportations de pétrole en février par rapport au même mois en 2023.

De même, le pourcentage des exportations de pétrole par rapport aux exportations totales est tombé à 77% en février, contre 78,4% au cours de la même période de l’année précédente.

Les exportations de pétrole ont chuté en raison de la décision du Royaume de réduire sa production de brut, conformément à un accord conclu par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, collectivement connus sous le nom d’«Opep+».

En avril 2023, l’Arabie saoudite a réduit sa production de pétrole de 500 000 barils par jour, une décision que le ministère de l’Énergie vient de prolonger jusqu’à la fin décembre 2024.

Par rapport à janvier 2024, la valeur des exportations totales de marchandises a connu une légère hausse de 0,1% pour atteindre 95,02 milliards de SAR.

La Gastat a révélé que les importations de l’Arabie saoudite ont progressé de 12,3% en glissement annuel en février.

D’autre part, l’excédent de la balance du commerce des marchandises a diminué de 21,8% par rapport à la même période de l’année précédente.

La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février, les exportations vers le pays asiatique s’élevant à 12,57 milliards de SAR. L’Inde et le Japon viennent ensuite, avec des exportations respectives vers ces pays de 9,43 et 8,55 milliards de SAR.

La Corée du Sud, les Émirats arabes unis et la Pologne figurent également parmi les principales destinations des exportations saoudiennes, de même que l’Égypte, les États-Unis et la France.

La Chine a par ailleurs occupé la première place du côté des importations, représentant 19,9% des échanges, soit 12,58 milliards de SSAR, en février.

D’après le rapport, le port maritime du roi Abdelaziz de Dammam a été classé comme le point d’entrée le plus important pour les marchandises en Arabie saoudite, accueillant 26,7% des exportations totales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La mythique verrerie française Duralex au tribunal de commerce

Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
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  • Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française
  • Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitant

ORLEANS: Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier.

Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française, déjà en difficulté il y a trois ans.

A l'extérieur, plusieurs militants de la CGT et du PCF seront réunis pour apporter leur soutien aux salariés de l'entreprise.

"Le problème, c'est qu'on commence à s'habituer", se désole le délégué Force ouvrière (FO) de l'entreprise, Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié passée dans l'usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), près d'Orléans.

Pour cet élu, la situation relève d'"un problème de gestion de la société", dont "les coûts fixes de 2,5 millions d'euros mensuels" sont trop importants.

Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitante de la célèbre marque la semaine dernière.

L'entreprise espère ainsi trouver un repreneur et sauver l'usine, qui emploie 230 salariés.

Si le tribunal accède à la demande de Duralex, alors un administrateur et un mandataire seront nommés pour une période d'observation, dont la durée est variable.

« La tour Eiffel de la vaisselle »

En attendant, si "les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l'arrêt et les agences d'intérim ont déjà rappelé les 30-40 intérimaires présents chez Duralex", s'inquiète auprès de l'AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.

"Ici, avant, il y avait 1.500 salariés Duralex, 1.500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin", se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d'anciens collègues, désormais retraités, venus les soutenir.

Las. La seconde a fermé et il ne reste plus que quelque centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes, colorés et réputés incassables, qui sont un peu comme "la tour Eiffel de la vaisselle", selon Duralex.

Dans un communiqué transmis la semaine dernière, la CGT du département dénonce une "décision politique" qui vise "à rationaliser et optimiser l'investissement des actionnaires aux dépens des 230 salarié.e.s concerné.e.s et de l'ensemble du bassin d’emploi de l'Orléanais".

"Les belles promesses auront tout de même permis aux actionnaires d'empocher des millions d'euros d'aide financière de l'Etat et des collectivités territoriales, dont les 15 millions versés dernièrement" par les autorités, épingle encore la centrale syndicale.

Duralex, confrontée à la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, a été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'Etat. De quoi permettre à l'usine de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

En vain, puisqu'en 2023, l'inflation, une consommation "en fort retrait" et une "concurrence exacerbée" ont aggravé de nouveau la situation.

En parallèle, NDI dit avoir été condamné récemment à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex.

Incompréhensible selon les élus syndicaux: "On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu'en 2030, de belles présentations, un grand 'speech' et 3 semaines après, on apprend la demande de redressement judiciaire", s'agace François Dufranne.

Gualter Teixeira n'en démord pas: à l'audience, "il va falloir nous expliquer ce qui s'est passé".