Vers un procès pour le duo djihadiste accusé d'un projet d'attentat avant la présidentielle 2017

Clément Baur arrêté à Marseille, dans le sud de la France, le 18 avril 2017, soupçonné de préparer une attaque quelques jours avant le premier tour de la présidentielle française (Photo, AFP)
Clément Baur arrêté à Marseille, dans le sud de la France, le 18 avril 2017, soupçonné de préparer une attaque quelques jours avant le premier tour de la présidentielle française (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 18 mai 2021

Vers un procès pour le duo djihadiste accusé d'un projet d'attentat avant la présidentielle 2017

  • Même Clément Baur est conscient de son importance lui qui, une fois emprisonné, se vantera au parloir «d'être impliqué dans le ‘deuxième plus gros attentat déjoué en France’»
  • Dans leur appartement, les enquêteurs découvrent 3,5 kg de TATP, explosif artisanal prisé des djihadistes

PARIS: Ce 18 avril 2017, cinq jours avant la présidentielle, l'antiterrorisme en est convaincu: il vient de déjouer un attentat d'ampleur, potentiellement contre un meeting de Marine Le Pen. Quatre ans après, un duo djihadiste, dont un as de la dissimulation qui se jouait des services européens, voit son procès approcher. 

Au terme de vastes investigations, coordonnées avec les polices belge et allemande, le parquet national antiterroriste vient de requérir une comparution devant les assises des Français Clément Baur et de Mahiedine Merabet, 27 et 33 ans aujourd'hui, pour « association de malfaiteurs terroriste ». 

La décision finale sur ce procès, également réclamé pour dix hommes soupçonnés d'avoir fourni armes et munitions, revient d'ici un mois aux juges d'instruction. 

Le dossier, fruit d'une cyberinfiltration et d'une vaste surveillance téléphonique, est devenu emblématique pour l'antiterrorisme, qui le cite régulièrement pour défendre son accès aux « fadettes », menacé par la jurisprudence européenne. 

Même Clément Baur est conscient de son importance lui qui, une fois emprisonné, se vantera au parloir « d'être impliqué dans le ‘deuxième plus gros attentat déjoué en France’ », après celui de Reda Kriket, condamné en avril dernier à 24 ans de réclusion criminelle pour un projet en 2016. 

Retour sur ce mardi d'avril 2017: à cinq jours du premier tour de l'élection présidentielle, alors que les services de sécurité des candidats sont sur les dents, Baur et Merabet sont interpellés à Marseille par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).  

Dans leur appartement, les enquêteurs découvrent 3,5 kg de TATP, explosif artisanal prisé des djihadistes. Une partie est prête à l'emploi, une autre sèche sur des étagères, 250 grammes sont déjà dans une salière avec une mèche pour constituer une grenade.  

Un pistolet-mitrailleur Uzi, trois pistolets de calibre 7,65 mm, des centaines de munitions ainsi que des supports numériques sont saisis, selon le réquisitoire du 7 mai consulté par l'AFP. 

« Loi du talion » 

Parmi ces supports, la photographie d'une mise en scène: une tablette affiche une vidéo du groupe État islamique (EI) montrant des enfants blessés, près du journal Le Monde avec François Fillon en Une, des armes, et des dizaines de munitions disposées de manière à écrire « la loi du talion ». 

Une semaine avant l'interpellation, la DGSI avait été alertée par des services étrangers sur le fait qu'un homme tentait de »transmettre en urgence une vidéo d'allégeance à des membres de l'État islamique ». Une cyberinfiltration et de l'analyse téléphonique avait alors permis d'identifier Merabet. 

Mais l'antiterrorisme était déjà sur la piste de ce délinquant multirécidiviste de Roubaix. Il venait d'envoyer un message intrigant au commissariat de sa ville: « je vous donne ma pièce d'identité et ma carte (bancaire) car a cause de vous je n'en est plus utiliter (sic). Je vais bientôt rentrer me rendre on discutera (...) je vie d'amour et d'eau fraiche je m'édite laisser moi Tranquil... salut ». 

Au cours de l'instruction, Merabet conteste tout projet d'attentat, invoquant sa »passion pour la chimie » et un projet de revente du TATP. Il admet toutefois avoir « voulu faire une bêtise » en voyant le nombre de victimes en Irak et avoir envisagé « un petit coup d'éclat » avec la salière de TATP près du meeting de Marine Le Pen, prévu le lendemain. Avant de se raviser.  

Le jeune homme était fiché S depuis sa radicalisation en prison, notamment après avoir partagé début 2015 la cellule de Clément Baur, incarcéré quelques mois sous une fausse identité de réfugié du Daghestan, en Russie. 

Ce dernier assume pour sa part son appartenance idéologique à l'EI. Il reconnaît avoir évoqué avec son complice un projet meurtrier, mais affirme s'être ravisé, assurant n'avoir sérieusement envisagé que des « dégâts matériels » sur une « cible institutionnelle », en représailles aux frappes en Syrie.  

La sonorisation de ses parloirs sera plus fructueuse: devant ses parents, il martèle sa haine de la France des « croisés », opposant les victimes des bombardements français en Syrie aux « 130 porcs qui écoutent de la musique » au Bataclan. « Quand je vais sortir (...) je vais me faire exploser inshallah ! », lance-t-il un jour. 

A son père, il raconte une autre fois « leurs hésitations entre une opération suicide et une attaque suivie d’un départ vers la Syrie », ajoutant qu’il aurait »préféré mourir, tomber en martyr » qu'être en prison. 

Toutefois, « malgré une enquête de quatre ans, on n'arrive toujours pas à savoir quelles étaient les cibles potentielles », souligne Me Charlotte Cesari, qui défend Clément Baur avec Me Jérôme Susini. Pour les avocats, l'enquête n'a pas non plus permis de »révéler les conditions de sa radicalisation ». 

Faux réfugié  

Selon le réquisitoire, la radicalisation de ce Niçois remonte à l'adolescence et à sa conversion à l'islam, dès 2007, au contact d'islamistes tchétchènes.  

A 17 ans, parlant russe, il demandait l'asile en Belgique sous une première fausse identité. Les enquêteurs sont convaincus qu'il y fréquenta la cellule terroriste de Verviers, celle d'Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du 13 novembre 2015 en France (131 morts). 

En Allemagne, où il a séjourné comme faux réfugié en 2015, Clément Baur était aussi dans le viseur de la justice. Les investigations ont établi qu'il était en contact avec Anis Amri, l'auteur de l'attentat au camion sur le marché de Noël de Berlin en 2016 (12 morts). 

Avec un Russe réfugié en Allemagne, Magomed-Ali C., il est aussi soupçonné d'avoir projeté une attaque dans un centre commercial à Berlin. Se sachant surveillé, il avait finalement fui en 2016 grâce à Mahiedine Merabet. L'islamiste russe, lui, sera arrêté en 2018 puis condamné à Berlin en 2020 à cinq ans et quatre mois de prison. 

Contactés par l'AFP, les avocats de Merabet n'ont pas souhaité faire de commentaires. 

 


Macron accueille le président syrien pour lui demander de protéger "tous les civils"

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) accueille le président du Conseil du peuple du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov (sans photo), au palais présidentiel de l'Élysée pour un dîner de travail, à Paris, le 5 mai 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) accueille le président du Conseil du peuple du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov (sans photo), au palais présidentiel de l'Élysée pour un dîner de travail, à Paris, le 5 mai 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron accueille mercredi à Paris le président syrien Ahmad al-Chareh pour une première visite controversée en Occident
  • Le président français est vivement critiqué par la droite et l'extrême droite françaises pour l'invitation faite à cet homme au passé jihadiste

PARIS: Emmanuel Macron accueille mercredi à Paris le président syrien Ahmad al-Chareh pour une première visite controversée en Occident, et lui demandera, à cette occasion, de châtier les responsables d'"exactions" qui ternissent l'image de la coalition islamiste au pouvoir depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Le président français est vivement critiqué par la droite et l'extrême droite françaises pour l'invitation faite à cet homme au passé jihadiste, qu'il reçoit dans l'après-midi à l'Elysée avant une rare conférence de presse conjointe.

"Stupeur et consternation", a réagi la leader du Rassemblement national Marine Le Pen, décrivant le président syrien comme "un jihadiste passé par Daech et Al-Qaïda". "Une lourde erreur", a renchéri le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez.

Des massacres qui ont fait 1.700 morts, majoritairement alaouites, dans l'ouest du pays en mars, de récents combats avec des druzes, et des sévices documentés par des ONG ont soulevé des doutes sur la capacité des nouvelles autorités à contrôler certains combattants extrémistes qui leur sont affiliés.

En le recevant, Emmanuel Macron espère contribuer à accompagner dans la bonne voie la transition vers "une Syrie libre, stable, souveraine et respectueuse de toutes les composantes de la société syrienne", a dit mardi l'Elysée à l'AFP.

Mais la présidence française a balayé toute "naïveté", assurant connaître "le passé" de certains dirigeants syriens et exiger qu'il n'y ait "pas de complaisance" avec les "mouvements terroristes".

- Crainte de nouvelles confrontations interconfessionnelles -

Le chef de l'Etat demandera donc à son invité "de faire en sorte que la lutte contre l'impunité soit une réalité" et que "les responsables d'exactions contre les civils" soient "jugés", a ajouté son entourage lors d'un échange avec la presse.

"Notre demande, c'est celle d'une protection de tous les civils, quelle que soit leur origine et quelle que soit leur religion", a-t-on insisté de même source.

L'Elysée a évoqué la "préoccupation particulièrement forte" de la France de "voir resurgir des confrontations interconfessionnelles extrêmement violentes" en Syrie, notamment avec les "massacres" sur la côte alaouite et les "violences à destination de la communauté druze dans le sud de Damas".

"Ne pas engager le dialogue avec ces autorités de transition", "ce serait être irresponsable vis-à-vis des Français et surtout ce serait tapis rouge pour Daech", a aussi estimé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur RTL.

Selon lui, "la lutte contre le terrorisme, la maîtrise des flux migratoires, la maîtrise des trafics de drogue", ainsi que "l'avenir du Liban" voisin, "tout cela se joue en Syrie".

Depuis qu'elle a pris le pouvoir en décembre, la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh tente de présenter un visage rassurant à la communauté internationale qui l'exhorte à respecter les libertés et protéger les minorités.

En jeu, la levée des sanctions imposées au pouvoir de Bachar al-Assad, qui pèsent lourdement sur l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile, avec, selon l'ONU, 90% des Syriens vivant sous le seuil de pauvreté.

Le président al-Chareh, longtemps chef rebelle du groupe Hayat Tahrir al-Sham issu de l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie, est lui-même toujours visé par une interdiction de voyager de l'ONU. Paris a dû demander une dérogation auprès des Nations unies pour permettre sa venue.

Mais si elle a soutenu la levée de certaines sanctions sectorielles de l'Union européenne, et juge que les mesures punitives américaines "pèsent sur la capacité des autorités de transition à se lancer dans une logique de reconstruction et à attirer des investissements étrangers", la France estime que le moment n'est pas encore venu de retirer le dirigeant syrien de la liste des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU.


Des propos sur le Hezbollah d'un vice-président de Lyon 2 signalés à la justice

Un véhicule de police stationne devant l'université Lyon 2, à Lyon, le 14 mai 2018, après l'annulation de la première journée d'examens de l'établissement. (AFP)
Un véhicule de police stationne devant l'université Lyon 2, à Lyon, le 14 mai 2018, après l'annulation de la première journée d'examens de l'établissement. (AFP)
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  • Le ministre de l'Enseignement supérieur Philippe Baptiste a déclaré mardi que des propos "très graves" sur le Hezbollah libanais attribués à un vice-président de l'Université Lyon 2 avaient été signalés à la justice
  • Le Hezbollah libanais pro-iranien et allié du Hamas palestinien est considéré comme une organisation terroriste par Israël et les Etats-Unis

LYON: Le ministre de l'Enseignement supérieur Philippe Baptiste a déclaré mardi que des propos "très graves" sur le Hezbollah libanais attribués à un vice-président de l'Université Lyon 2 avaient été signalés à la justice.

Willy Beauvallet-Haddad, qui reste maître de conférences en sciences politiques, a annoncé lundi à ses collègues démissionner de la vice-présidence pour "faire baisser la pression très forte" qui pèse sur l'établissement.

Dans son message, rendu public par plusieurs destinataires, le chercheur assure avoir été visé par une "campagne de dénigrement public (...) en raison de prises de positions personnelles relatives à la situation en Palestine et au Liban", sans donner de détails.

"Il avait précédemment fait un hommage à (Hassan) Nasrallah donc chef du Hezbollah", a déclaré mardi le ministre de l'Enseignement supérieur sur France 2. "Un signalement a été fait" auprès de la justice pour "ces faits qui peuvent relever de l'apologie du terrorisme", a-t-il ajouté.

Sur X, Willy Beauvallet-Haddad a reposté plusieurs messages de soutien au peuple palestinien mais son compte Facebook n'est plus accessible. Le syndicat étudiant de droite UNI a reproduit une capture d'écran d'un message attribué au chercheur, dans lequel Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne en septembre 2024, est décrit comme "une figure fraternelle" qui a rejoint "le panthéon (...) des grands personnages de l'Histoire".

Le Hezbollah libanais pro-iranien et allié du Hamas palestinien est considéré comme une organisation terroriste par Israël et les Etats-Unis. Sa branche armée l'est aussi par l'Union européenne.

"Je suis profondément choqué et je ne vois pas comment on peut être vice-président d'une université quand on écrit des choses pareilles", a commenté Philippe Baptiste. "Je prends acte du fait qu'il a déposé sa démission, évidemment ça n'interrompt rien pour autant", a-t-il poursuivi: "c'est à la justice de travailler".

Le parquet de Lyon n'a pas encore fait savoir s'il avait bien reçu ce signalement. M. Beauvallet-Haddad et l'université n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Cet épisode survient alors que l'université Lyon 2 est dans la tourmente depuis l'intrusion, le 1er avril, d'un groupe de personnes encagoulées lors d'un cours de Fabrice Balanche, spécialiste de l'Irak et de la Syrie. Vivement pris à parti par des militants le taxant de "raciste" et "sioniste", il avait interrompu son cours.

L'incident a suscité une large condamnation et le parquet, saisi par l'université, a ouvert une enquête pour "entrave à l'exercice de la fonction d'enseignant".

Une autre enquête a été ouverte sur des menaces de mort adressées à la présidente de Lyon 2, Isabelle von Bueltzingsloewen, après une interview dans laquelle elle dénonçait des "faits intolérables" mais aussi les "paroles complotistes" de Fabrice Balanche qui a évoqué dans de nombreux médias "l'islamo-gauchisme" en vigueur selon lui à Lyon 2.


"La situation est bloquée" entre Paris et Alger selon la France

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sourit alors qu'il arrive à un dîner de travail au palais présidentiel de l'Élysée en compagnie du président français Emmanuel Macron (hors photo) et du président du Conseil du peuple du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov (hors photo), à Paris, le 5 mai 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sourit alors qu'il arrive à un dîner de travail au palais présidentiel de l'Élysée en compagnie du président français Emmanuel Macron (hors photo) et du président du Conseil du peuple du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov (hors photo), à Paris, le 5 mai 2025. (AFP)
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  • L'ambassadeur de France à Alger est toujours à Paris depuis la mi-avril et la situation "est bloquée" entre les deux pays, a indiqué mardi le ministre français des Affaires étrangères
  • Le chef de la diplomatie française a de nouveau dénoncé à cet égard la "décision très violente" d'Alger

PARIS: L'ambassadeur de France à Alger est toujours à Paris depuis la mi-avril et la situation "est bloquée" entre les deux pays, a indiqué mardi le ministre français des Affaires étrangères.

Stéphane Romatet est "toujours à Paris", a noté Jean-Noël Barrot sur la radio RTL. "A ce stade la situation est bloquée et c'est la responsabilité des autorités algériennes".

Le président français Emmanuel Macron avait décidé le 15 avril d'expulser "douze agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien en France" et de rappeler son ambassadeur à Alger pour consultations en représailles à des expulsions similaires annoncées par l'Algérie.

Le chef de la diplomatie française a de nouveau dénoncé à cet égard la "décision très violente" d'Alger.

Il a souligné par ailleurs la situation "très difficile" de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie et actuellement hospitalisé, "un homme de 80 ans qui est éloigné de ses amis" et en faveur duquel il a dit espéré que les autorités algériennes "sauront faire preuve d'humanité".

Le cas de l'écrivain a considérablement tendu les relations bilatérales, enflammées depuis des semaines par la question de la réadmission dans leur pays d'origine des Algériens sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), brandie à de multiples reprises par le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Nous avons intérêt (...) à ne pas faire de l'Algérie un sujet de politique intérieure", a prévenu Jean-Noël Barrot.

"Lorsque nous le faisons, nous prenons le risque de causer du tort à nos compatriotes franco-algériens, et c'est lorsque la relation est à peu près équilibrée que l'on obtient des résultats", a-t-il insisté.