La diplomatie française s’active pour éviter l’embrasement du Moyen-Orient

Lors d'une rencontre entre les présidents français Emmanuel Macron et égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et, par visioconférence, le roi Abdallah II de Jordanie, « les trois pays se sont mis d'accord sur trois éléments simples: les tirs doivent cesser, le moment est venu d'un cessez-le-feu et le Conseil de sécurité de l’ONU doit se saisir du sujet », via une résolution, a indiqué l'Elysée. (Photo, AFP)
Lors d'une rencontre entre les présidents français Emmanuel Macron et égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et, par visioconférence, le roi Abdallah II de Jordanie, « les trois pays se sont mis d'accord sur trois éléments simples: les tirs doivent cesser, le moment est venu d'un cessez-le-feu et le Conseil de sécurité de l’ONU doit se saisir du sujet », via une résolution, a indiqué l'Elysée. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 19 mai 2021

La diplomatie française s’active pour éviter l’embrasement du Moyen-Orient

  • Il devient impossible pour la France, qui a des intérêts historiques dans la région, de rester à l’écart, même si le président français avait sur le feu plusieurs chantiers internes épineux
  • La France s’en tient à la médiation de l’Égypte, en y associant la Jordanie ainsi que l’Allemagne, dans le cadre de ce qu’on appelle le «groupe d’Amman»

PARIS: La mobilisation diplomatique française est passée à la vitesse supérieure, afin de parer au plus urgent et parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, pour éviter un embrasement dans la région. 

En marge du sommet organisé à Paris sur le financement des économies africaines, le président français, Emmanuel Macron, et son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, se sont entretenus par visioconférence avec le roi Abdallah II de Jordanie pour mettre au point une médiation dans ce sens. 

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Le président français, Emmanuel Macron, et son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, se sont entretenus par visioconférence avec le roi Abdallah II de Jordanie à l'Elysée à Paris, le 18 mai 2021 (Photo, AFP)

Selon des sources bien informées, le président français a insisté sur la nécessité d’endiguer l’escalade, et de préserver la vie des civils des deux côtés. Il a également fait part de son attachement à la liberté de la presse et au libre exercice de leur métier par les journalistes, à la suite de la destruction par un missile israélien d’une tour abritant les bureaux de plusieurs médias à Gaza. 

Le roi Abdallah a, quant à lui, estimé que l’escalade en cours était le résultat des provocations israéliennes. Il a également affirmé être en concertation avec les pays arabes et les États-Unis pour parvenir à mettre fin à l’engrenage. 

Toujours selon les mêmes sources, le président égyptien a souligné la nécessité de faire parvenir une aide humanitaire d’urgence à Gaza, et il a demandé l’arrêt des provocations.       

L’escalade au Proche-Orient, qui entre dans sa deuxième semaine, a déjà été au menu d’un entretien bilatéral lundi entre Macron et Al-Sissi au palais de l’Élysée. Le président français s’est exprimé après cet entretien, indiquant qu’avec son homologue égyptien, ils étaient d’accord sur la nécessité d’un cessez-le-feu le plus rapide possible. 

L’objectif, selon Macron, est de restaurer la confiance à court terme pour s’atteler à la réunification des différentes composantes palestiniennes, c’est-à-dire le Hamas et l’Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas. D’autre part, il a affirmé qu’il faudra œuvrer à la construction d’un canal de discussion entre les différentes parties prenantes, en d’autres termes, revenir à la voie de la négociation. Auparavant, Macron avait pris une série de  contacts, notamment avec le président Abbas et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. 

Risque d’embrasement régional 

Parallèlement, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’entretenait par visioconférence avec ses homologues européens, pour se mettre d’accord sur une position commune. Certains pays européens ont des opinions que des diplomates qualifient d’«appuyées», pour ne pas dire antagonistes, à ce sujet. 

À l’issue de cet entretien, Le Drian a mis en garde contre les dangers d’un embrasement régional, appelant à un cessez-le-feu immédiat par le biais du Conseil de sécurité, et à une reprise du processus de paix. 

En dépit des multiples efforts déployés, l’impression dominante est que cette nouvelle escalade a pris de court les puissances occidentales, et chamboulé leurs priorités. En ce qui concerne la France, il est évident que le pays est d’ores et déjà en période préélectorale, avec une élection présidentielle prévue au printemps 2022. 

Dans ce contexte, il devient impossible pour la France, qui a des intérêts historiques dans la région, de rester à l’écart, même si le président français avait déjà sur le feu plusieurs chantiers internes épineux, lorsque cette nouvelle flambée de violence a éclaté.  

Macron prudent 

Pour Macron, et malgré le temps relativement long qui le sépare de l’officialisation de sa candidature à la présidentielle, il s’avère difficile de naviguer dans les eaux si troubles de ce conflit, et surtout d’éviter un faux pas qui puisse avoir une répercussion électorale. D’où l’idée de s’en tenir à la médiation de l’Égypte, en y associant la Jordanie ainsi que l’Allemagne, dans le cadre de ce qu’on appelle le «groupe d’Amman». 

Il s’agit pour Paris de s’en tenir à un minimum d’implication, d’autant plus que les États-Unis eux-mêmes sont intervenus à reculons dans cet embrasement surprise, en se contentant d’agir pour un cessez-le-feu et l’arrêt des violences. Mais même cet objectif de à court terme semble cette fois-ci compliqué à atteindre face aux enjeux visés par les belligérants. 

Pour Netanyahou, il s’agit d’affaiblir notoirement le Hamas, qui a montré un niveau de militarisation surprenant, malgré le blocus imposé à Gaza depuis quinze ans. Le Hamas souhaite lui enfoncer encore plus l’Autorité palestinienne dans la marginalité, et s’imposer comme représentant incontesté de la cause palestinienne. 


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de l'ONU met en garde contre le « point de rupture » et appelle à une action immédiate lors de la conférence sur la Palestine

Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que le conflit israélo-palestinien avait atteint un "point de rupture" et a appelé à une action immédiate et décisive pour inverser la tendance à l'effondrement vers une solution à deux États. (Capture d'écran/UNTV)
Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que le conflit israélo-palestinien avait atteint un "point de rupture" et a appelé à une action immédiate et décisive pour inverser la tendance à l'effondrement vers une solution à deux États. (Capture d'écran/UNTV)
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  • Antonio Guterres exhorte les dirigeants mondiaux à ne pas laisser la conférence devenir "un autre exercice de rhétorique bien intentionné, mais un tournant décisif sur la voie de la création d'un État palestinien".
  • Rien ne peut justifier l'anéantissement de Gaza qui s'est déroulé sous les yeux du monde entier", souligne le Secrétaire général de l'ONU.

NEW YORK : Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a lancé lundi un avertissement brutal aux dirigeants mondiaux participant à la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine, déclarant que le conflit israélo-palestinien avait atteint un "point de rupture" et exhortant à une action immédiate et décisive pour inverser la tendance à l'effondrement de la voie vers une solution à deux États.

S'exprimant lors de la séance de clôture de la conférence à New York, M. Guterres a félicité la France et l'Arabie saoudite d'avoir organisé cette rencontre, la qualifiant d'"occasion rare et indispensable" de passer de la rhétorique à l'action.

"Nous sommes ici aujourd'hui les yeux grands ouverts, pleinement conscients des défis qui nous attendent", a-t-il déclaré. "Le conflit israélo-palestinien dure depuis des générations, défiant les espoirs, la diplomatie, les innombrables résolutions et le droit international.

Mais, a insisté M. Guterres, sa persistance "n'est pas inévitable. Il peut être résolu. Cela exige une volonté politique et un leadership courageux. Et cela exige la vérité.

"La vérité, c'est que nous sommes à un point de rupture : Nous sommes à un point de rupture. La solution à deux États est plus éloignée que jamais".

Tout en condamnant sans équivoque les "horribles attentats terroristes du 7 octobre perpétrés par le Hamas et la prise d'otages", M. Guterres a souligné que "rien ne peut justifier l'anéantissement de Gaza qui s'est déroulé sous les yeux du monde".

Rien ne justifie, a-t-il ajouté, "la famine de la population de Gaza, le meurtre de dizaines de milliers de civils, la fragmentation du territoire palestinien occupé, l'expansion des colonies israéliennes, la montée de la violence des colons, la démolition des maisons palestiniennes et les déplacements forcés, les changements démographiques sur le terrain, l'absence d'un horizon politique crédible et le soutien ouvert, y compris dans une récente déclaration de la Knesset, à l'annexion de la Cisjordanie".

"Soyons clairs : l'annexion progressive de la Cisjordanie occupée est illégale. Elle doit cesser", a déclaré M. Guterres. "La destruction massive de Gaza est intolérable. Elle doit cesser. Les actions unilatérales qui compromettraient à jamais la solution des deux États sont inacceptables. Elles doivent cesser.

"Il ne s'agit pas d'événements isolés", a-t-il ajouté. "Ils font partie d'une réalité systémique qui démantèle les fondements de la paix au Moyen-Orient.

En exhortant les dirigeants mondiaux à ne pas laisser la conférence devenir "un autre exercice de rhétorique bien intentionné", António Guterres a déclaré qu'elle devait au contraire être un "tournant décisif, qui catalyse des progrès irréversibles vers la fin de l'occupation et la réalisation de notre aspiration commune à une solution viable à deux États".

Il a réaffirmé la vision de deux États indépendants, souverains, démocratiques et d'un seul tenant - Israël et la Palestine - vivant côte à côte dans la paix et la sécurité à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, sur la base des lignes d'avant 1967 et avec Jérusalem comme capitale des deux États.

"Cela reste le seul cadre ancré dans le droit international, approuvé par cette Assemblée et soutenu par la communauté internationale", a-t-il déclaré. "C'est la seule voie crédible vers une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. Et c'est la condition sine qua non de la paix dans l'ensemble du Moyen-Orient".

M. Guterres a souligné la nécessité d'un "leadership audacieux et fondé sur des principes" de la part d'Israël, de la Palestine et d'autres acteurs. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Selon le ministre saoudien des Affaires étrangères, la conférence de New York vise à renforcer les efforts en faveur d'une solution à deux États

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré que la conférence co-organisée par le Royaume et la France vise à renforcer les efforts internationaux en vue de parvenir à une solution à deux États. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré que la conférence co-organisée par le Royaume et la France vise à renforcer les efforts internationaux en vue de parvenir à une solution à deux États. (SPA)
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  • Le prince Fayçal a déclaré que la réunion soutenait le travail de l'Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution à deux États, une initiative lancée par l'Arabie saoudite, la Norvège et l'UE.
  • Cette conférence intervient quelques jours seulement après l'engagement du président français Emmanuel Macron à reconnaître officiellement l'État de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre.

LONDRES : Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhan, a déclaré lundi que la conférence co-organisée par le Royaume et la France visait à renforcer les efforts internationaux en faveur d'une solution à deux États et de la reconnaissance d'un État palestinien. 

S'adressant à l'agence de presse saoudienne, le prince Fayçal a déclaré que la réunion de trois jours à New York soutenait le travail de l'Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution à deux États, une initiative lancée par l'Arabie saoudite, la Norvège et l'UE. Il a ajouté que la conférence « reflète la position ferme et durable du Royaume sur la cause palestinienne » et réaffirme ses efforts continus pour soutenir « les droits légitimes du peuple palestinien ». 

Organisée à l'ONU du 28 au 30 juillet, la conférence intervient quelques jours seulement après l'engagement du président français Emmanuel Macron à reconnaître officiellement l'État de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre, ce qui pourrait faire de la France le premier pays du G7 à le faire.

Le prince Fayçal a déclaré que l'événement visait à « instaurer une paix juste dans la région », à renforcer la sécurité et à « mettre fin au cycle de violence causé par l'occupation israélienne prolongée ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com