Les combats entre Israël et le Hamas prennent fin, les problèmes des Palestiniens demeurent

L'artiste palestinien Bilal Khaled dessine sur un missile non explosé dans la ville de Gaza le 20 mai 2021 (Photo, AFP)
L'artiste palestinien Bilal Khaled dessine sur un missile non explosé dans la ville de Gaza le 20 mai 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 22 mai 2021

Les combats entre Israël et le Hamas prennent fin, les problèmes des Palestiniens demeurent

  • Malgré les bombardements israéliens intensifs, le Hamas dispose toujours d’un important arsenal de missiles
  • Les accords d'Abraham entre certains États arabes et Israël devraient faire l'objet d'un examen approfondi

DUBAI: Alors qu'un cessez-le-feu négocié par l'Égypte entre Israël et le Hamas est entré en vigueur tôt vendredi matin, les Palestiniens de la bande de Gaza sont de nouveau en train de constater les ravages causés par 11 jours d'intenses bombardements aériens et d'artillerie.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a déploré le «cycle insensé d'effusion de sang, de terreur et de destruction», ajoutant que les hostilités avaient causé de graves dommages aux infrastructures civiles vitales à Gaza, qu'il a qualifiées d '«enfer sur terre» pour les enfants.

Même ainsi, il y a un soulagement généralisé car le conflit, dans lequel au moins 248 Palestiniens et 12 Israéliens ont été tués, a pris fin après moins de deux semaines, par rapport aux sept semaines de l'incursion terrestre de 2014 qui a fait plus de 2000 morts, et que les dernières hostilités, pour la plupart, ne se sont pas propagées en Cisjordanie.

 

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Le chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, s'adressant à ses partisans au Qatar en mai 2021 (Photo, AFP)

 

En Cisjordanie et à Gaza, les processus politiques et diplomatiques sont dans l’impasse. En avril, le président Mahmoud Abbas a reporté les élections législatives et présidentielles dans les territoires palestiniens. La plupart des observateurs pensent qu'il l'a fait de peur que le Hamas gagne. Abbas a été élu en 2005 mais a gouverné par décret pendant plus d'une décennie depuis la fin de son dernier mandat.

Le Hamas contrôle la bande de Gaza tout de suite après les dernières élections de 2006. Il a fermement refusé de reconnaître le droit d’existence à Israël. Ses branches politiques et militaires sont classées comme organisation terroriste par les États-Unis et l'Union européenne.

«Le camp de la paix doit être reconstruit à partir de zéro», a déclaré à Arab News Taufiq Rahim, chercheur principal en sécurité internationale au sein du groupe de réflexion New America. «Trop de gens en Israël considèrent le calme comme la paix alors qu'en réalité, il s'agit simplement d'un état d'injustice prolongée pour les Palestiniens».

Pendant ce temps-là, le statut de Jérusalem-Est n’est toujours pas résolu et la colonisation israélienne de la Cisjordanie, qu’elle a conquise avec la bande de Gaza en 1967, se poursuit.

Abdelkhaleq Abdallah, ancien président du Conseil arabe pour les sciences sociales, affirme qu'il est clair que les colons israéliens sont à l'origine de la plus récente flambée de violence, qui a commencé dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est.

«Le gouvernement israélien aurait pu le maîtriser, mais l'a apparemment encouragé», a-t-il confié à Arab News. «Cela correspond aux schémas d'agression que nous avons observés au cours des sept dernières années d'affrontements».

D'autres experts ont mis en exergue le fait que les protestations et le mécontentement palestiniens se sont répandus dans les quartiers arabes à l'intérieur d'Israël. Des combats ont éclaté dans des villes israéliennes et arabes, notamment Jaffa, Ramleh et Lod, dans lesquelles des drapeaux palestiniens et du Hamas ont été hissés et des synagogues et des hôpitaux attaqués.

Ces villes et d'autres, telles que Haïfa, Nazareth et Acre, ont des populations arabes importantes, les descendants de ceux qui sont restés à l'intérieur de la soi-disant Ligne verte lorsque l'État d'Israël a été créé en 1948. Beaucoup d’entre eux détiennent la citoyenneté israélienne ainsi que le droit de vote aux élections israéliennes.

«Cette crise a ramené le conflit à ses racines, qui se trouvent dans la dépossession des réfugiés en 1948», a expliqué Nadim Shehadé, chercheur associé à Chatham House, à Arab News. «Des manifestations de cette ampleur à l'intérieur d'Israël n'ont pas été vues avant, même pendant la deuxième Intifada».

Ce soulèvement s'est emparé d'une grande partie de la bande de Gaza et de la Cisjordanie de 2000 à 2005, période pendant laquelle il n'y a eu que des incidents de violence sporadiques dans ces villes. En 2021, cela a changé.

Selon les médias israéliens, Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, a été contraint de déclarer l'état d'urgence à Lod, la première fois que de tels pouvoirs sont mis en exécution dans une ville à l'intérieur d'Israël depuis 1966.

Mettant en lumière la complexité de la situation, dans un incident, les affrontements semblaient en partie avoir été provoqués par la mort d'un Arabe et de son enfant après qu'une roquette tirée par le Hamas depuis Gaza a détruit sa voiture.

Le Hamas, qui bénéficie d'un large soutien dans l'ensemble des territoires palestiniens, reste dans un état d'esprit de combat.

 

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Cette image satellite publiée par Maxar Technologies montre une vue rapprochée d'un réservoir de stockage d’hydrocarbures en feu à Ashkélon, dans le sud d'Israël, le 12 mai 2021 (Photo, AFP)

 

«Le monde entier doit savoir que nos mains sont sur la gâchette et nous continuerons à développer les capacités de cette résistance», a déclaré un porte-parole du Hamas à Reuters peu avant le cessez-le-feu.

L'ampleur de ces capacités a même surpris beaucoup d’analystes. Certains de ces analystes qui ont parlé à Arab News ont souligné que l'arsenal apparemment important de missiles et de drones du groupe et, peut-être, les capacités de fabrication locale créées avec l'aide iranienne étaient sans doute des développements majeurs.

Au cours des 11 jours de combats de ce mois-ci, le Hamas aurait lancé plus de 4 300 missiles sur le sud et le centre d’Israël, un barrage beaucoup plus intense que celui du conflit de 2014 et plus intense que les bombardements du Hezbollah depuis le Liban pendant la guerre de 2006.

Les responsables israéliens ont indiqué que 90% des missiles tirés avaient été interceptées par le système de défense aérienne Iron Dome, mais estiment que des milliers d'autres missiles restent encore parmi l'arsenal du Hamas.

Le système Iron Dome, qui a été déployé depuis 2011 et préservé grâce à un financement américain de 1,6 milliard de dollars, a été utilisé dans les conflits précédents, mais le Hamas n'avait jamais tiré autant de roquettes en même temps.

L’armée israélienne a signalé que jusqu'à 1/7 des missiles tirés par le Hamas avait atterri à l'intérieur même de Gaza et a accusé le Hamas de cibler sans discrimination des civils là-bas ainsi qu’à l'intérieur d'Israël.

«Les attaques (du Hamas) à Gaza à elles seules ont révélé un niveau de préparation qui a dépassé les attentes en termes de quantité et de qualité des missiles, en ce qui concerne leur portée, leur capacité à pénétrer profondément en territoire israélien et la variété des armes disponibles, telles que les drones», a déclaré à Arab News Riad Kahwaji, un analyste de la défense installé aux Émirats Arabes Unis. «Tous ces éléments rendent la dernière vague de violence unique».

À long terme, le statut des accords d'Abraham, un accord important signé par Israël, les Émirats arabes unis et les États-Unis en août de l'année dernière, fera probablement l'objet d'un examen minutieux. Peu de temps après la signature de l'accord, Bahreïn, le Soudan et le Maroc ont également reconnu officiellement Israël.

 

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Le président palestinien Mahmoud Abbas prend la parole lors d'une réunion d'urgence du Comité central du Fatah et du Comité exécutif de l'OLP dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 12 mai 2021 (Photo, AFP)
 

 

Les EAU ont ensuite signé une série d'accords d'investissement avec Israël et ouvert des liaisons aériennes directes. Tel Aviv et Abou Dhabi ont aussi ouvert des ambassades dans leurs pays respectifs.

Les critiques envers le Hamas et ses liens avec les Frères musulmans et l'Iran affirment que le groupe a amassé son arsenal de missiles et a lancé les combats spécifiquement pour saper les accords d'Abraham, que l’Iran et le Hamas les considèrent comme une menace. Bassem Eid, un militant des droits de l'homme, a déclaré que le Hamas cherchait à exploiter un conflit local à Jérusalem-Est afin de saper ces accords. D’ailleurs, il est tout à fait indéniable que les 11 jours de combats ont été une période d'essai pour l'accord.

«L'espoir et la fanfare entourant la signature de l'accord se sont évanouis avec la fumée de Gaza», a soutenu le Dr Albadr Al-Shateri, ancien professeur de science politique au Collège de la défense nationale d'Abou Dhabi. «Loin de rétablir la force d’Israël, ce conflit a vraiment révélé sa vulnérabilité».

 

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Des Israéliens se rassemblent autour de véhicules carbonisés touchés par des roquettes lancées par des militants du Hamas de la bande de Gaza dans la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, à la frontière avec l'enclave côtière palestinienne, le 16 mai 2021 (Photo, AFP)

 

Al-Shateri, croit qu’à l’avenir, les États-Unis, l'Europe et les pays du CCG peuvent aider à améliorer la vie des Palestiniens dans les territoires occupés ainsi qu’en Israël. «Plus d'investissements pour créer des emplois, reconstruire les infrastructures et améliorer les systèmes de santé et d'éducation, entre autres, aideront à créer les conditions d'un règlement négocié de la question palestinienne», a-t-il déclaré à Arab News.

Selon Toufic Rahim du think tank New America, malgré le fait qu’Israël ait développé des relations plus étroites dans le monde arabe, l’opinion publique aux États-Unis est susceptible d’être critique, étant donné le changement apparent des sentiments des politiciens et de la population en général envers les palestiniens.

La réalité de la situation est qu'il y a un vide dans la nouvelle direction à la fois en Israël et en                    Palestine, les radicaux des deux côtés étant les seuls acteurs visibles à l'horizon à l'heure actuelle, a-t-il précisé à Arab News.

«Il doit y avoir de nouveaux leaders en Palestine et en Israël qui peuvent admettre la coexistence plutôt que le conflit comme un avenir potentiel».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: plus de 90% de l'infrastructure du Hezbollah démantelée dans le sud

De la fumée s'élève du site d'une attaque israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
De la fumée s'élève du site d'une attaque israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Le Hezbollah a retiré ses combattants du sud du Liban et l'armée libanaise y a démantelé la grande majorité de ses infrastructures militaires
  • Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre dernier à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le Hezbollah libanais pro-iranien, qui en est sorti très affaibli

BEYROUTH: Le Hezbollah a retiré ses combattants du sud du Liban et l'armée libanaise y a démantelé la grande majorité de ses infrastructures militaires, a affirmé mercredi à l'AFP un responsable de sécurité.

Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre dernier à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le Hezbollah libanais pro-iranien, qui en est sorti très affaibli, sa direction quasiment décimée.

L'accord prévoit notamment le démantèlement de l'infrastructure militaire du Hezbollah entre le fleuve Litani et la frontière israélienne, à une trentaine de km au sud, ainsi que le retrait des forces israéliennes du sud du Liban.

L'armée israélienne s'est maintenue dans plusieurs positions méridionales au Liban et continue de mener des frappes meurtrières dans ce pays, disant cibler le Hezbollah.

Seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU doivent être déployés dans cette région conformément à l'accord.

"Nous avons achevé le démantèlement de plus de 90% de l’infrastructure du Hezbollah au sud du fleuve Litani. Il est possible qu'il y ait encore des sites dont nous ignorons l'existence mais si nous les trouvons nous prendrons les mesures nécessaires", a déclaré le responsable de sécurité sous le couvert de l’anonymat.

Il a ajouté: "le Hezbollah s'est retiré et a dit +Faites ce que vous voulez+. Le mouvement n'a plus de présence militaire au sud du fleuve Litani".

Le responsable a affirmé que l'armée avait "comblé et scellé de nombreux tunnels" creusés par le Hezbollah qui avait construit un vaste réseau souterrain dans le sud du Liban, frontalier du nord d'Israël.

Selon lui, les soldats libanais contrôlent désormais les accès à la région au sud du fleuve "pour empêcher le transfert d'armes du nord au sud du Litani".

De son côté, le président libanais Joseph Aoun a affirmé, dans une interview diffusée par la chaîne Sky News Arabia, que l'armée contrôlait désormais plus de 85% du sud du pays.

M. Aoun, en visite aux Emirats arabes unis, a affirmé que "l’armée remplit son rôle sans aucun problème ni aucune opposition".

Il a précisé que la raison pour laquelle elle ne s’est pas encore déployée sur toute la frontière est "l’occupation par Israël de cinq points frontaliers" stratégiques, alors que l'accord prévoit son retrait complet du Liban.

Le responsable de sécurité a affirmé que la plus grande partie des munitions du Hezbollah rassemblées par l'armée était hors d'usage, "soit endommagée" par les bombardements israéliens, "soit en si mauvais état qu'il est impossible de les stocker" et que l'armée les faisant détoner.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com