En Irlande du Nord, le Brexit fait monter la colère, pas les affaires

«Habituellement il nous fallait quelques jours pour faire venir une boîte de graines d'Angleterre en Irlande du Nord», explique le gérant du Hillmount Garden Center. «Maintenant cela prend quatre semaines à cause de la paperasse». (Photo, AFP)
«Habituellement il nous fallait quelques jours pour faire venir une boîte de graines d'Angleterre en Irlande du Nord», explique le gérant du Hillmount Garden Center. «Maintenant cela prend quatre semaines à cause de la paperasse». (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 23 mai 2021

En Irlande du Nord, le Brexit fait monter la colère, pas les affaires

  • Le protocole nord-irlandais maintient de fait la province britannique dans le marché unique et l'union douanière européens pour les marchandises
  • «Faire rentrer du stock est un véritable cauchemar. On n'a pas fait rentrer une seule plante depuis l'Angleterre»

BELFAST: Cinq mois après la pleine entrée en vigueur du Brexit, Robin Mercer, propriétaire d'une chaîne de jardineries en Irlande du Nord, ne décolère pas contre les nouvelles règles qui régissent le commerce avec la province britannique. 

«Habituellement il nous fallait quelques jours pour faire venir une boîte de graines d'Angleterre en Irlande du Nord», explique le gérant du Hillmount Garden Center. «Maintenant cela prend quatre semaines à cause de la paperasse», explique-t-il.

«Et ça coûte 140 livres sterling (160 euros) par boîte, qu'elle vaille 400 ou 600 livres», souligne-t-il.

Le protocole nord-irlandais, âprement négocié en 2019 entre Londres et Bruxelles, maintient de fait la province britannique dans le marché unique et l'union douanière européens pour les marchandises.

Ce texte, destiné à éviter de mettre en péril la paix fragile conclue en 1998 en Irlande du Nord après trois décennies sanglantes, est mauvais pour les affaires, selon Robin Mercer, qui estime qu'il doit être «aboli».

Pendant trois décennies, l'Irlande du Nord a été le théâtre d'affrontements entre unionistes favorables au maintien sous la couronne britannique et républicains, partisans d'une réunification de l'Irlande. Le conflit a fait 3 500 morts.

C'est pour éviter le retour d'infrastructures à la frontière, où se concentraient les incidents, que le protocole a été conçu. Les contrôles sont ainsi déplacés dans les ports irlandais.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson avait promis des échanges sans entraves entre l'Irlande du Nord et le Grande-Bretagne.

Une promesse non tenue, souligne Robin Mercer, qui emploie 70 personnes. Les nouvelles formalités administratives s'avèrent coûteuses en temps, en argent et en stress.

 

Paris avertit Londres de «ne pas jouer» avec le protocole nord-irlandais post-Brexit

Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune a averti la Grande-Bretagne qu'il ne fallait pas jouer avec les règles commerciales post-Brexit du protocole nord-irlandais au moment où augmentent les craintes de violences cet été en Irlande du Nord. 

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Le ministre français des Affaires européennes Clément Beaune, arrive à l'Elysée, à Paris, le 29 avril 2021 (Photo, AFP)

Londres doit se montrer « responsable » à propos de ce texte, a demandé M. Beaune samedi à La Haye devant un petit groupe de médias, à l'issue de discussions avec le ministre néerlandais des Affaires étrangères. 
« Nous ne pouvons accepter qu'il y ait un jeu politique sur une question aussi sensible », a poursuivi M. Beaune. « C'est une pièce centrale de la stabilité européenne, on ne peut pas jouer avec cela. Nous ne jouerons jamais avec cela. Mais nous ne pouvons accepter que le protocole soit traité avec légèreté par une partie quelconque ».  
« Donc je dis simplement, et bien entendu nous en discutons avec la partie britannique, ne jouez pas avec le protocole », a-t-il ajouté. 
Le protocole nord-irlandais, âprement négocié en 2019 entre Londres et Bruxelles, a instauré depuis le début de l'année des contrôles douaniers sur les marchandises arrivant en Irlande du Nord depuis la Grande-Bretagne. 
Inclus dans le traité de Brexit, il vise à éviter le retour d'une frontière terrestre entre la province britannique et la République d'Irlande, membre de l'Union européenne, qui fragiliserait l'accord de paix ayant mis fin en 1998 à trois décennies de conflit sanglant entre unionistes, attachés au maintien sous la couronne britannique, et républicains, favorables eux à la réunification de l'île. 
Mais les unionistes dénoncent l'introduction de fait d'une frontière en mer d'Irlande. 
Le protocole a contribué à déclencher des émeutes début avril dans des quartiers unionistes, avec 88 policiers blessés, et poussé la Première ministre Arlene Foster à la démission, victime d'une fronde au sein de sa formation politique, le parti unioniste DUP. 
Lundi, le ministre britannique chargé des relations avec l'UE, David Frost, a appelé l'UE à trouver un accord sur les difficultés posées par le protocole avant le 12 juillet, date à laquelle des marches orangistes commémorent la domination protestante sur la province. « Nous savons tous que la fin du printemps et l'été en Irlande du Nord peuvent parfois être agités », a-t-il insisté. 
Pour M. Beaune, » le protocole n'est pas un problème. Le protocole est une solution à des problèmes frontaliers qui ont été créés par le Brexit ». 
M. Beaune avait été reçu jeudi à Dublin avec le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian par le chef de la diplomatie irlandaise Simon Coveney, une occasion pour Paris et Dublin d'appeler Londres à respecter ses engagements concernant l'Irlande du Nord. 

Acheter en Europe 

«Faire rentrer du stock est un véritable cauchemar. On n'a pas fait rentrer une seule plante depuis l'Angleterre», explique-t-il.

«Aucun transporteur n'est prêt pour faire toute la paperasse», ajoute-t-il, «en fait, on a commencé à acheter des plantes en Europe».

Les jardineries ne sont pas les seules à souffrir des conséquences du protocole en Irlande du Nord, qui est déjà la région la plus pauvre du Royaume-Uni.

L’université d'Ulster a estimeé que l'économie locale s'était contractée de 9,6% en 2020 à cause de la pandémie de coronavirus.

Dans les premières semaines de l'année, les nouvelles règles ont entraîné des difficultés d'approvisionnement telles que certains rayonnages de supermarchés se sont retrouvés vides.

Sous la pression, Londres a décidé unilatéralement de retarder jusqu'à octobre l'introduction des contrôles douaniers sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne. Une décision qui a conduit l'Union européenne à engager une procédure judiciaire.

La pleine entrée en vigueur des nouvelles règles inquiète Robin Mercer, «à la fin de l'année, ils vont commencer à les appliquer davantage».

Le protocole a participé à déclencher les émeutes début avril dans des quartiers unionistes. Au total, 88 policiers ont été blessés.

En février, les contrôles dans les ports de Belfast et Larne ont été suspendus après la découverte de graffitis menaçant les agents chargés de les mener.

Dans les rangs des unionistes, le protocole est dénoncé comme une frontière en mer d'Irlande, et un danger pour l'union du Royaume-Uni.

«Il ne peut pas y avoir de différence de statut entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni sans notre accord, et nous n'avons pas donné notre accord», a déclaré mercredi le responsable loyaliste David Campbell.

«Aucun autre pays dans le monde ne tolèrerait d'avoir des fournisseurs contraints de remplir des déclarations douanières pour faire passer des marchandises d'un endroit à un autre de son territoire», a-t-il déclaré devant des députés britanniques. «Pourquoi diable serait-ce acceptable au Royaume-Uni ?»


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com