Les Afro-Américains sourds préservent leur langue des signes grâce à TikTok

«J’ai appris à “signer” en regardant des membres de ma famille», explique Nakia, la quatrième génération sourde de sa famille. (Photo, AFP)
«J’ai appris à “signer” en regardant des membres de ma famille», explique Nakia, la quatrième génération sourde de sa famille. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 23 mai 2021

Les Afro-Américains sourds préservent leur langue des signes grâce à TikTok

  • En langue des signes américaine noire, on agite les deux pouces au niveau des épaules vers l'extérieur, décrit Nakia à ses internautes
  • «La langue des signes noire américaine vient de l’ASL, mais a plus de piment. Elle est plus impliquée émotionnellement»

WASHINGTON: «L’anglais n’est pas ma langue maternelle», écrit dans sa biographie TikTok Nakia Smith, qui a pourtant grandi au Texas. À 22 ans, la jeune femme noire sourde de naissance se sert de sa popularité sur le réseau social vidéo pour promouvoir son dialecte gestuel peu connu: la langue des signes américaine noire.

Dans ses vidéos, elle décrit à ses 400 000 abonnés les différences avec la langue des signes américaine standard (ASL). Entre autres, elle «parle» avec deux mains plutôt qu'une, utilise un espace plus ample et a davantage recours aux expressions faciales.

Pour le signe «papier» en ASL, on mime une feuille en tapant la main gauche avec la main droite, tout en déplaçant cette dernière vers l'extérieur. En langue des signes américaine noire, on agite les deux pouces au niveau des épaules vers l'extérieur, décrit Nakia à ses internautes.

«La langue des signes noire américaine vient de l’ASL, mais a plus de piment. Elle est plus impliquée émotionnellement», résume-t-elle, son frère faisant l'interprète.

«J’ai appris à “signer” en regardant des membres de ma famille», explique Nakia, la quatrième génération sourde de sa famille. «Mais quand je suis allé à l’école, mes amis sourds ne me comprenaient pas. J’ai alors compris que la langue des signes noire était unique, et j’ai voulu en parler en ligne».

Grande variété

Ces différences, Carolyn McCaskill, professeure à l’université Gallaudet de Washington, l'un des plus grands établissements pour les sourds et malentendants au monde, les a remarquées il y a plusieurs décennies. Étant enfant en Alabama, elle a d'abord appris la langue des signes dans une école pour les sourds noirs, avant d’aller étudier à l’école des enfants blancs à la fin de la ségrégation.

«Les signes qu'ils utilisaient étaient complètement différents, alors que nos écoles étaient à 10 minutes l'une de l'autre», se souvient-elle.

Les premières écoles pour les sourds et malentendants aux États-Unis datent du début des années 1800, mais dans 17 états du Sud et à Washington, des écoles séparées pour les élèves noirs ont été établies vers la fin du siècle. Dans ces 18 établissements, une manière distincte de communiquer par les signes s’est développée naturellement, à partir de l'ASL.  

Ces écoles ont existé 70 ans en moyenne, jusqu’à la déségrégation, suffisamment longtemps pour permettre l'émergence d’un dialecte aux caractéristiques qui lui sont propres. 

Pour son livre, «Les trésors cachés de la langue des signes américaine noire», Mme McCaskill a interviewé des dizaines d’Afro-Américains sourds pour cataloguer les spécificités de ce dialecte. Du fait de l’éloignement géographique des communautés, la langue des signes noire américaine est d'une grande variété, et certains signes diffèrent d'une partie du Sud américain à une autre.

Certains se souviennent d’un cruel manque de moyens accordés à leurs écoles, et de professeurs peu où pas formés qui ne leur enseignaient pas toute la diversité de la langue des signes américaine standard.

«Nous, les étudiants noirs, étions répétitifs, nous manquions de variété, notre langue des signes était limitée», se souvient Pamela Baldwin, scolarisée dans l’Arkansas pendant et après la ségrégation, dans un entretien avec Mme McCaskill.

Cette absence de moyens explique l'aspect informel d’un dialecte dont la compréhension repose sur un éventail d’éléments de communications plutôt que sur le seul usage de signes préétablis. 

Emotion ou... robotisme

«Les Noirs “signent” avec plus de rythme, plus de style, avec des mots qui révèlent nos émotions et de manière plus libre. Je ne veux pas offenser les Blancs, mais leurs signes manquent d'affect, ils sont robotiques et ne montrent pas d’émotions», déclarait à Mme McCaskill un élève noir et sourd du Texas. 

Aujourd’hui, la langue des signes noire américaine survit principalement par transmission intergénérationnelle, comme dans le cas de Mme Smith, qui l’a apprise par son grand-père. Cela rend l'estimation de son nombre de locuteurs pratiquement impossible, selon la professeure McCaskill.

«Les plus vieux locuteurs disparaissent, mais ça reste très vivant, la jeune génération veut préserver cette langue», explique l'experte. Elle-même a lancé le premier centre d’études de la surdité noire du pays en 2020 avec des collègues à Gallaudet, qui offre un cursus sur l'histoire et la culture des Afro-Américains sourds.

Elle espère que son centre servira de base pour la préservation du dialecte, mais reconnaît l'importance des figures comme Nakia Smith et de sa popularité sur les réseaux sociaux. «Ses vidéos sont virales et ont pu toucher différentes parties de la communauté noire, et c’est super.»

Nakia, elle, souhaite plus de visibilité pour la langue des signes, standard où noire, et aimerait travailler dans le cinéma pour y contribuer. «Je veux la voir dans la culture populaire, dans les livres, dans les séries, où que ce soit.»


Vol au Louvre: "les bijoux seront retrouvés", réaffirme Macron

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une réunion avec la communauté française à la résidence de l'ambassadeur de France à Mexico, le 7 novembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une réunion avec la communauté française à la résidence de l'ambassadeur de France à Mexico, le 7 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a assuré depuis le Mexique que les joyaux de la Couronne volés au Louvre seraient retrouvés et que la sécurité du musée serait entièrement repensée
  • Après des critiques sévères de la Cour des comptes, le Louvre lance des mesures d’urgence, dont un coordonnateur sûreté et davantage de caméras de surveillance

MEXICO: Le président français Emmanuel Macron a répété vendredi lors d'un déplacement au Mexique que les joyaux de la Couronne dérobés au Louvre seraient retrouvés et a promis que la sécurité du musée parisien serait revue.

"Nous avons commencé à interpeller une partie de la bande qui a mené ce vol. Les bijoux seront retrouvés, ils seront arrêtés, ils seront jugés", s'est engagé le chef de l'Etat auprès de la chaîne Televisa au cours d'une tournée en Amérique latine.

"De ce qui s'est passé et qui a été un choc pour tout le monde", c'est "l'occasion de sortir encore plus fort", a déclaré Emmanuel Macron.

Le 19 octobre, des malfaiteurs ont réussi à s'introduire dans le musée et dérober en quelques minutes des joyaux d'une valeur de 88 millions d'euros. Les bijoux restent introuvables et quatre suspects ont été mis en examen et écroués.

Parmi les huit pièces "d'une valeur patrimoniale inestimable", selon les autorités, se trouve le diadème de l'impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III), qui compte près de 2.000 diamants.

La Cour des comptes a vivement critiqué la gestion du musée de ces dernières années, affirmant jeudi dans un rapport que l'institution avait négligé la sécurité au profit de l'attractivité.

"La sécurité du Louvre sera totalement repensée", a assuré Emmanuel Macron vendredi, évoquant le plan de "Nouvelle Renaissance du Louvre" annoncé en janvier qui doit aboutir à une nouvelle grande porte d'accès ou encore une salle dédiée à la Joconde de Léonard de Vinci.

La Cour des comptes a revu à la hausse son coût à 1,15 milliard d'euros, contre 700 à 800 millions évoqués par l'entourage du chef de l'État. Elle a jugé le projet "pas financé" en l'état.

En attendant, la direction du musée le plus visité au monde a présenté vendredi des "mesures d'urgence" lors d'un conseil d'administration extraordinaire, parmi lesquelles la création d'un "coordonnateur sûreté" et le déploiement de caméras de surveillance supplémentaires. Leur manque aux abords du musée avait été pointé du doigt.


Le Salon des Arts met en lumière l’échange culturel à la Résidence de France à Djeddah

La première édition du Salon des Arts s'est déroulée à la résidence française à Djeddah. (Fourni)
La première édition du Salon des Arts s'est déroulée à la résidence française à Djeddah. (Fourni)
La première édition du Salon des Arts s'est déroulée à la résidence française à Djeddah. (Fourni)
La première édition du Salon des Arts s'est déroulée à la résidence française à Djeddah. (Fourni)
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La première édition du Salon des Arts s'est déroulée à la résidence française à Djeddah. (Fourni)
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  • Le programme a présenté des performances live et des études visuelles reflétant l’esprit de l’échange culturel et mettant en avant la coopération culturelle croissante entre la France et l’Arabie Saoudite
  • Le Consulat de France à Djeddah a annoncé la création d’une nouvelle communauté d’anciens artistes en résidence à la Cité Internationale des Arts à Paris

​​​​​​DJEDDAH : La première édition du Salon des Arts s’est tenue mercredi soir à la Résidence de France à Djeddah, réunissant art, musique et échanges entre artistes saoudiens et français.

Le programme a proposé des performances live et des études visuelles reflétant l’esprit de l’échange culturel et mettant en avant la coopération culturelle croissante entre la France et l’Arabie Saoudite.

Au cours de la soirée, le Consulat de France à Djeddah a annoncé la création d’une nouvelle communauté d’anciens artistes en résidence à la Cité Internationale des Arts à Paris, initiative soutenue par les artistes saoudiennes Zahra Bundakji et Danah Qari. L’événement a également présenté des artistes saoudiens tels que Joud Fahmy, Zahiyah Al-Raddadi, Bricklab et Nour Gary.

Le Consul général de France à Djeddah, Mohamed Nehad, a déclaré : « Beaucoup d’artistes saoudiens présents ont déjà séjourné en France dans le cadre du programme de résidence, que j’aime comparer à un cocon de startup, un espace qui équipe les artistes de nouveaux outils, les connecte avec d’autres à travers le monde et les aide à développer et affiner leurs compétences.

« Des rencontres comme celle-ci sont essentielles pour renouer avec ces artistes, présenter leurs travaux à la Résidence de France et renforcer leurs liens. L’esprit de la France a toujours été de connecter les artistes français aux talents locaux pour créer ensemble, mêler saveurs françaises et saoudiennes, et construire quelque chose de significatif reflétant les deux cultures. »

Il a ajouté : « La scène artistique saoudienne est aujourd’hui incroyablement jeune et pleine d’énergie. Ces artistes nous inspirent et nous dynamisent avec leurs idées brillantes, rechargeant notre énergie créative à chaque rencontre. »

L’attaché culturel Quentin Richard a décrit l’événement comme un reflet du dialogue artistique continu entre les deux pays, déclarant : « Les résidences artistiques à la Cité Internationale des Arts à Paris et ici à Djeddah illustrent la vitalité du dialogue entre artistes français et saoudiens. Elles favorisent une dynamique d’échange basée sur la créativité, le respect mutuel et la découverte partagée de nos cultures. »

Le groupe français Oriki, dont les membres incluent Woz Kaly, Yann Saletes, Mourad Baitiche, Michel Teyssier et Khaled Baitiche, actuellement en résidence à Hayy Cinema en collaboration avec l’artiste saoudienne Salma Murad, a également participé à l’événement.

De nouvelles résidences artistiques débuteront en décembre en partenariat avec le Musée Tariq Abdulhakim et la galerie Athr.

Le chanteur d’Oriki, Woz Kaly, a déclaré : « Entre la première visite et aujourd’hui, il y a un lien émotionnel avec le territoire, la communauté et les artistes. Tant que ce lien existe, tout peut se créer à travers l’art. Lors de l’événement, nous avons interprété trois chansons faisant partie de notre projet de ciné-concert, chacune inspirée d’une scène de film différente.

« Même sans l’écran, l’idée est que le public imagine l’histoire à travers la musique et ressente son émotion. C’est un aperçu de ce que nous développons depuis notre arrivée à Djeddah. »

Pour Bundakji, le Salon des Arts a offert au public une rare plongée dans le processus créatif lui-même.

« Les gens connaissent l’artiste dans son atelier, mais ils ne voient jamais ce qui s’y passe. Ils ne voient pas les recherches, les idées, les expérimentations, les échecs », a-t-elle expliqué, ajoutant que l’événement permettait aux visiteurs d’interagir directement avec le processus artistique.

« Entre l’atelier et l’œuvre finale, il y a un grand espace où nous pouvons nous rencontrer, partager nos idées, où naissent les amitiés et la communauté. Je crois que c’est la vie elle-même, où les gens se connectent, parlent d’art et apprennent à se connaître face à face, pas seulement en voyant mon travail et mon nom sur un titre », a-t-elle poursuivi.

Elle a décrit la soirée comme un espace permettant aux visiteurs de toucher et d’expérimenter les recherches derrière chaque œuvre, « une tranche de la pratique de chacun dans son atelier ».

Qari a ajouté : « Je pense que c’est un bel espace pour que les gens se réunissent et aient réellement une conversation sur la vie qui imite l’art qui imite la vie. Nous voyons tous le travail des autres en exposition, mais nous ne connaissons pas vraiment les sentiments derrière ces œuvres. »

Elle a conclu : « Tout ce que nous créons provient de quelque chose dans nos vies : des histoires, des sentiments, des rêves, des peurs, des échecs. C’est une opportunité intime de créer un lien authentique entre les gens et de s’inspirer mutuellement. Utiliser la création d’autrui comme muse pour ce que nous vivons, pour savoir que nous ne sommes pas seuls. N’est-ce pas là le but de l’art et de la poésie, après tout ? »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Opéra de Saint-Pétersbourg présente Rigoletto de Verdi à Dubaï et Abou Dhabi

Rigoletto de Verdi mis en scène par Yuri Alexandrov, présenté par l’Opéra d’État de Saint-Pétersbourg. (Fournie)
Rigoletto de Verdi mis en scène par Yuri Alexandrov, présenté par l’Opéra d’État de Saint-Pétersbourg. (Fournie)
Direction artistique signée par Yuri Alexandrov, nommé Artiste du Peuple de Russie et lauréat du Golden Mask. (Fournie)
Direction artistique signée par Yuri Alexandrov, nommé Artiste du Peuple de Russie et lauréat du Golden Mask. (Fournie)
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  • L’Opéra de Saint-Pétersbourg, dirigé par Yuri Alexandrov, présente Rigoletto de Verdi à Dubaï et Abou Dhabi du 19 au 23 novembre
  • La mise en scène d’Alexandrov revisite le mythe du bouffon tragique, dans une production somptueuse portée par une troupe d’excellence

Dubaï: Le public des Émirats arabes unis s’apprête à vivre une expérience lyrique exceptionnelle : le chef-d’œuvre de Giuseppe Verdi, Rigoletto, sera présenté par le Théâtre d’État de l’Opéra de Saint-Pétersbourg, sous la direction du célèbre metteur en scène russe Yuri Alexandrov, les 19 et 20 novembre au Zabeel Theatre de Dubaï, puis les 22 et 23 novembre au Cultural Foundation Theatre d’Abou Dhabi.

Organisé par Art For All, cet événement marque le grand retour de la troupe russe aux Émirats, après son succès lors du programme culturel russe de l’Expo 2020. Fondée en 1987, l’Opéra de Saint-Pétersbourg s’est imposée comme l’une des compagnies lyriques les plus respectées d’Europe.

Un metteur en scène au génie reconnu

Figure majeure du monde lyrique, Yuri Alexandrov, nommé Artiste du Peuple de Russie et lauréat des prestigieux prix Golden Mask et Golden Sofit, a signé plus de 300 productions dans des maisons d’opéra de renommée mondiale, parmi lesquelles La Scala, le Metropolitan Opera de New York, l’Arena di Verona et le Théâtre Mariinsky.

Sa mise en scène de Rigoletto se distingue par une approche audacieuse, psychologique et profondément humaine. Alexandrov y réinvente les clichés traditionnels : ici, le bouffon n’est plus un vieillard difforme, mais un homme rusé, sarcastique, habité par la douleur et les contradictions morales d’un monde corrompu.

“Notre version de Rigoletto a triomphé dans de nombreux pays. Nos chanteurs, formés à cette exigence musicale, offrent une interprétation puissante et sincère,” explique Yuri Alexandrov.

Un spectacle grandiose

Mêlant costumes somptueux, décors fastueux et orchestre d’exception, Rigoletto incarne la quintessence de l’opéra italien. Le spectacle, chanté en italien avec surtitres en anglais, dure 3h15 (avec deux entractes).

Avec cette nouvelle tournée, Yuri Alexandrov confirme son rôle de passeur culturel entre la tradition russe et les scènes internationales, offrant au public émirien une immersion dans la puissance émotionnelle du théâtre lyrique.

En savoir plus : rigoletto.platinumlist.net.