Le Tribunal spécial pour le Liban à court de fonds

Le Premier Ministre libanais désigné Saad Hariri et sa tante Bahia Hariri prient sur la tombe de Rafiq Hariri à l’occasion du seizième anniversaire de son assassinat. (Photo, Reuters)
Le Premier Ministre libanais désigné Saad Hariri et sa tante Bahia Hariri prient sur la tombe de Rafiq Hariri à l’occasion du seizième anniversaire de son assassinat. (Photo, Reuters)
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Publié le Mercredi 26 mai 2021

Le Tribunal spécial pour le Liban à court de fonds

  • Abolir le Tribunal spécial pour le Liban anéantirait l’espoir des proches des victimes dans l’affaire du meurtre de Hariri et des attentats reliés
  • Cesser les activités du Tribunal serait «un cadeau à l’intention des coupables et de ceux qui ne veulent pas que justice soit rendue», a déclaré un avocat des victimes

LA HAYE: Un tribunal des Nations Unies, mis en place avec l’objectif de poursuivre les auteurs de l’assassinat du Premier ministre libanais Rafiq Hariri en 2005, se retrouve à court de financement en plein milieu de la crise économique et politique au Liban.

La crise menace d’éventuels procès, expliquent des personnes proches du dossier.

Abolir le Tribunal spécial pour le Liban anéantirait l’espoir des proches des victimes dans l’affaire du meurtre de Hariri et des attentats reliés. Mais une telle affecterait aussi ceux qui réclament qu'une cour de l'ONU traduise en justice les responsables de l'explosion du port de Beyrouth en août dernier, et qui a fait 200 morts et 6 500 blessés.

Le Tribunal, situé dans la périphérie de La Haye, a condamné l’année dernière un ancien membre du Hezbollah, Salim Jamil Ayache, pour l'attentat qui a tué Hariri et 21 autres personnes.

Ayache a été condamné par contumace à cinq peines de prison à perpétuité. Trois de ses complices présumés ont été acquittés faute de preuves.

Les deux camps ont interjeté appel.

Le Tribunal avait prévu de débuter un deuxième procès contre Ayache à compter du 16 juin. L’individu est accusé d'un autre assassinat ainsi que d’attentats contre des politiciens libanais en 2004 et 2005, à la veille de l’explosion qui a coûté la vie à l’ancien chef de cabinet.

Un porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s’est dit conscient des problèmes financiers du Tribunal.

«Le secrétaire général de l’ONU continue d'exhorter les États membres et la communauté internationale à verser des contributions volontaires afin de réunir les fonds nécessaires pour soutenir les procédures judiciaires indépendantes qui restent devant le Tribunal», a déclaré le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq.

Les problèmes de financement surviennent alors que le Liban fait face à ses pires problèmes économiques depuis l’assassinat de Rafiq Hariri. Le pays est entièrement divisé entre les partisans du Premier ministre désigné Saad Al-Hariri, fils de ce dernier, et les partisans du parti soutenu par l’Iran, le Hezbollah et ses alliés.

Saad Hariri a refusé de commenter la situation.

Cesser les activités du Tribunal serait «un cadeau à l’intention des coupables et de ceux qui ne veulent pas que justice soit rendue», a déclaré à Reuters Nidal Jurdi, avocat des victimes dans le deuxième dossier.

L’annulation du nouveau procès nuirait non seulement aux victimes qui ont attendu 17 ans pour que l'affaire soit portée devant les tribunaux, mais saperait la culpabilité des crimes au Liban en général, a souligné Jurdi, ajoutant qu'une lettre avait été envoyée à l'ONU exprimant toutes ces inquiétudes.

Cela serait certainement «une déception pour les victimes des affaires connexes et aux victimes du Liban en général», a-t-il expliqué, lançant un appel à un financement international.

«Le Liban doit assumer l'entière responsabilité du résultat de cette affaire», poursuit-il.

Créé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU en 2007 et lancé en 2009, le Tribunal bénéficiait jusqu’à l’année dernière d’un budget qui s’élevait à € 55 millions d’euros ($67 millions). Le Liban paie 49% de la facture, alors que les donateurs étrangers et les membres de l’ONU s’acquittent du reste.

«Le Tribunal spécial pour le Liban est dans une situation financière très préoccupante», confie à Reuters la porte-parole du Tribunal, Wajed Ramadan. «Aucune décision n'a encore été prise sur les procédures judiciaires, et des efforts intensifs de collecte de fonds sont en cours afin de trouver une solution», a-t-elle ajouté.

L'ONU a prolongé le mandat du Tribunal, à compter du 1er mars 2021, pour deux ans, ou moins si les affaires en suspens sont clôturées ou si le financement vient à manquer.

Guterres a averti en février qu'en raison de la crise financière au Liban, la contribution du gouvernement devenait incertaine. Il a averti que la Cour pourrait ne pas être en mesure de poursuivre ses travaux après le premier trimestre de 2021.

Le budget du Tribunal pour l’année 2021 avait été réduit de près de 40%, forçant des suppressions d'emplois au sein du Tribunal. Mais le gouvernement libanais n'a toujours pas été en mesure de payer sa part, selon des documents de l'ONU.

Guterres a de plus demandé une dotation d'environ $25 millions à l'Assemblée générale des Nations Unies pour 2021. Mais l'Assemblée générale n’en a approuvé que $15,5 millions en mars.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.