Panne Orange: des dysfonctionnements «graves et inacceptables» pour Darmanin, Macron « préoccupé »

Une panne massive chez Orange a été traitée dans la nuit de mercredi à jeudi après avoir fortement perturbé les numéros d'urgence. Photo d'illustration ERIC PIERMONT / AFP
Une panne massive chez Orange a été traitée dans la nuit de mercredi à jeudi après avoir fortement perturbé les numéros d'urgence. Photo d'illustration ERIC PIERMONT / AFP
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Publié le Jeudi 03 juin 2021

Panne Orange: des dysfonctionnements «graves et inacceptables» pour Darmanin, Macron « préoccupé »

  • Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fustigé des «dysfonctionnements graves et inacceptables» après la panne chez l'opérateur Orange qui a perturbé les numéros de secours mercredi soir et pourrait avoir causé la mort de trois personnes
  • Le PDG d'Orange Stéphane Richard est convoqué à 9H00 au ministère de l'Intérieur pour donner des éclaircissements au gouvernement sur la panne

PARIS: La panne des numéros d'urgence a suscité un tollé en FRance et jusqu'au sommet de l'Etat puisque le président de la République Emmanuel Macron a réagi tôt le matin depuis le Lot ou il se trouve. 

Il "est trop tôt pour faire un bilan" de la panne survenue chez l'opérateur Orange qui a perturbé les numéros de secours mercredi soir mais "on est très préoccupés", a ainsi déclaré Emmanuel Macron.

"On est en train de faire le bilan. Il y a eu très vite des numéros à 10 chiffres qui ont été mis à disposition et on a rebasculé les numéros sur les départements. C'est trop tôt pour faire un bilan mais évidemment on est très préoccupés", a répondu le chef de l'Etat à une question d'un habitant lui demandant s'il y avait des décès liés à cette panne, au second jour de son déplacement dans le Lot.

Il "est trop tôt pour faire un bilan" de la panne survenue chez l'opérateur Orange qui a perturbé les numéros de secours mercredi soir mais "on est très préoccupés", a déclaré Emmanuel Macron jeudi dans le Lot.

"On est en train de faire le bilan. Il y a eu très vite des numéros à 10 chiffres qui ont été mis à disposition et on a rebasculé les numéros sur les départements. C'est trop tôt pour faire un bilan mais évidemment on est très préoccupés", a répondu le chef de l'Etat à une question d'un habitant lui demandant s'il y avait des décès liés à cette panne, au second jour de son déplacement dans le Lot.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a de son côté fustigé des "dysfonctionnements graves et inacceptables" après la panne chez l'opérateur Orange qui a perturbé les numéros de secours mercredi soir et pourrait avoir causé la mort de trois personnes, dans le Morbihan et à La Réunion.

Le PDG d'Orange Stéphane Richard est convoqué à 9H00 au ministère de l'Intérieur pour donner des éclaircissements au gouvernement sur la panne, a ajouté le ministre, lors d'un point presse.

Une personne souffrant d'une "maladie cardiovasculaire" "serait décédée" dans le Morbihan, faute d'avoir "pu joindre les services de secours à temps" à cause de cette panne, a précisé le ministre.

"Deux autres accidents cardiovasculaires" ont eu lieu à la Réunion", a ajouté M. Darmanin, "mais je ne peux pas dire si le temps (avant l'arrivée des secours, ndlr) a été particulièrement long et s'il est imputable à ce numéro d'urgence".

Interrogé par l'AFP, l'entourage du ministre a précisé que ces deux "accidents" s'étaient soldés par la mort des patients.

"Ce qui est sûr, c'est que les personnes ont témoigné qu'elles ont essayé d'appeler plusieurs fois et qu'elles n'ont pas réussi tout de suite à avoir des opérateurs", a expliqué M. Darmanin.

Une panne d'un équipement chargé d'acheminer les appels a entravé massivement l'accès aux numéros d'urgence (15/17/18/112) et aux lignes fixes mercredi entre 18H et minuit, et de nombreux services de secours étaient difficiles à joindre à travers la France. 

Le PDG d'Orange Stéphane Richard, convoqué à Beauvau, a présenté sur Twitter « ses plus vives excuses ». Par ailleurs, Stéphane Richard, a affirmé jeudi que « la situation » à la mi-journée « est sous contrôle » et qu'il n'y a « aucun signe » d'« attaque externe ».

De son côté, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué jeudi à la mi-journée qu'une dizaine de régions étaient toujours affectées par la panne qui a gravement perturbé mercredi le fonctionnement des numéros d'appel téléphonique des secours dans toute la France.

"C'est instable. J'ai des remontées à l'instant de onze régions, ou dix régions, de France dans lesquelles il y a encore des appels parfois aléatoires. Pas du tout dans la même ampleur de ce qui a été perçu hier mais avec encore des difficultés", a déclaré le ministre lors d'une visite auprès des équipes du Samu de l'hôpital parisien de Necker, appelant à "absolument solutionner (ce problème) au plus vite".

 

Des interrogations après deux décès dans le Morbihan et en Vendée

Un homme de 63 ans est décédé mercredi soir à l'hôpital de Vannes et un enfant de deux ans et demi jeudi au domicile familial en Vendée lors de la vaste panne des numéros d'urgence qui a touché la France.

Le parquet de Vannes va ouvrir une enquête après le décès de cet homme "en recherche des causes de la mort", a déclaré jeudi François Touron, procureur de la République de Vannes. 

Dans le même contexte, un enfant de 28 mois est décédé jeudi matin au domicile familial, à Chavagnes-en-Paillers, en Vendée. 

"Il apparaît qu'il y a un doute quant aux conséquences que ce dysfonctionnement aurait pu avoir dans le délai d'appel (...). C'est ce doute légitime qui nous conduit à demander une enquête administrative", a déclaré, lors d'un point presse jeudi soir, le préfet de Vendée, Benoît Brocard.

Selon le directeur de l'ARS des Pays de la Loire, Jean-Jacques Coiplet, "un signalement a été transmis au procureur de la République par le centre hospitalier l'hôpital de la Roche-sur-Yon".

Avant de joindre les secours à 8h21 avec le numéro à 10 chiffres, la mère du jeune enfant, victime d'un arrêt cardio-respiratoire, avait tenté "pendant une heure de joindre sans succès le 18 puis le 15". Le décès de l'enfant a été constaté à 9h25 par le smur pédiatrique de Nantes au domicile familial. 

Il y a "encore des perturbations sur le numéro 15, ce soir" dans le département, a observé le préfet de Vendée.

Dans le Morbihan, un homme de 63 ans, originaire du pays d'Auray, est décédé mercredi soir d'un arrêt cardio-vasculaire aux urgences de l'hôpital de Vannes, malgré les tentatives de réanimation.  Il avait été "conduit en voiture par sa conjointe (...) au vu des difficultés constatées pour joindre les services de secours", a expliqué lors d'une conférence de presse le secrétaire général de la préfecture du Morbihan, Guillaume Quenet.

Présent lors de cette conférence, le directeur du Centre hospitalier Bretagne Atlantique Philippe Couturier a demandé une enquête administrative et une enquête judiciaire "de manière à ce qu’on puisse pleinement répondre à la famille". 

Selon M. Couturier "les éléments ne permettent pas de conclure de manière tranchée" à la question du lien entre le décès et la panne des numéros de secours.

L'enquête administrative avait en fait déjà été ouverte dans la nuit de mercredi à jeudi, selon Stéphane Mulliez, directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) de Bretagne.

Dans un communiqué, le procureur de Vannes François Touron a expliqué jeudi soir que le décès de ce patient a été constaté à l'hôpital à 21H05. Il était arrivé "aux urgences à 20 heures 26" et son épouse a indiqué "avoir tenté en vain d’appeler entre 19 heures 54 et 19 heures 59 depuis son domicile le 15 à 4 reprises, puis le 112, avant de décider de le transporter elle-même aux urgences de Vannes", a-t-il précisé.

Incident identifié

Samu, pompiers, police...: cette panne sur un équipement chargé d'acheminer les appels a perturbé massivement l'accès aux numéros d'urgence et aux lignes fixes mercredi entre 18H et minuit. De nombreux services de secours étaient difficiles à joindre à travers la France.

Dès 18H00 mercredi, des dysfonctionnements massifs ont été signalés aux quatre coins du pays, entraînant de grosses difficultés pour les services de secours. Des numéros d'urgence alternatifs, fixes ou mobiles, ont été mis en place, et diffusés sur les réseaux sociaux par les pouvoirs publics.

"Il devait être autour de 18H00 et tous les Samu ont commencé à alerter de problèmes dans les centres d'appels. Les gens ne parvenaient pas à accéder au service, des appels n'arrivaient pas, d'autres se coupaient en pleine conversation…", a expliqué à l'AFP François Braun, président du syndicat Samu-Urgences de France et médecin urgentiste.

"Très vite, on a fait un petit tour de France et on a constaté que presque tous les départements étaient touchés", ajoute-t-il. François Braun explique que traditionnellement "il y a un pic d'appels le soir vers 19H".  

"L'incident qui impacte le réseau fixe notamment les numéros d'urgence est identifié" a tweeté Orange vers 21H. L'opérateur invitait les utilisateurs à renouveler leurs appels, éventuellement via un mobile, pour joindre les services d'urgence, ou d'utiliser leurs numéros temporaires.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé la mise en place d'une liste de numéros provisoires dans chaque département. La Sécurité civile a exhorté les usagers à ne pas surcharger les lignes et à n'appeler qu'en cas d'urgence.

"Il faut qu'on puisse répondre le plus vite possible. Il y a un véritable problème de mise en danger d'autrui", a lancé sur BFMTV Patrick Pelloux, le président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf). 

« Ensemble du territoire »

L'incident a affecté de manière "partielle mais significative la réception des appels d'urgence 15/17/18/112 sur l'ensemble du territoire national", a confirmé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

Bouygues Telecom et Altice, la maison-mère de SFR, ont également fait état de perturbations. De source proche du dossier, on a exclu tout "piratage" informatique. 

Une panne informatique avait touché l'opérateur belge Proximus début janvier, perturbant les numéros d'urgence en Belgique pendant toute une nuit.

En Nouvelle-Aquitaine, comme dans de nombreuses autres régions, tous les départements ont été touchés par la panne mercredi soir. Certaines préfectures, comme celles de Dordogne et Creuse, ont conseillé de se rendre dans des permanences: casernes, gendarmerie, commissariat, centres hospitaliers.

"Une panne affecte les numéros d’urgence", a prévenu sur Twitter l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France. "Si votre appel au 15 n'aboutit pas, renouvelez-le sans discontinuer (...). Ne saturez pas les lignes et n'appelez que pour des urgences établies".

"C'est inacceptable", a lancé Patrick Goldstein, chef du Samu du Nord, sur BFMTV. "C'est une source d'ennui maximum, surtout quand ça touche l'ensemble des services. Tous le monde en même temps et à l'échelle nationale, c'est quand même une première".

La panne souligne le besoin de réformer «notre système d'alerte», selon les pompiers

La panne qui a gravement perturbé les numéros d'urgence mercredi soir montre le besoin de rénover « notre système d'alerte » et de créer un numéro unique dédié aux appels d'urgence, le 112, estime jeudi la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF).

« Au final, notre résilience passe par une rénovation majeure de notre système d’alerte et de communication que demandent les sapeurs-pompiers de France depuis longtemps, exprimée par le président de la République en 2017, et qui pourrait enfin voir le jour si le Parlement comprend qu’il faut dorénavant éviter de mettre l'urgent comme le non-urgent dans le même tuyau », souligne la FNSPF dans un communiqué. « Oui au 112 pour l’urgence ».

Cette panne « montre une nouvelle fois le besoin de modernisation sur le plan infrastructurel comme organisationnel, en prenant en compte les nouveaux usages et outils informatiques : applications pour smartphones, réseaux sociaux, mais aussi objets connectés et mails doivent être pris en compte pour communiquer l’alerte », ajoute-t-elle.

« Avec plus de 18 millions d’appels reçus par les sapeurs-pompiers en France chaque année, et 1 intervention toutes les 6,5 secondes, cette panne a éprouvé le système d’alerte français », poursuit la FNSPF.

La panne chez l'opérateur Orange, qui a gravement perturbé les numéros d'urgence mercredi soir, intervient une semaine après l'adoption par l'Assemblée nationale en première lecture d'une proposition de loi qui vise notamment à instaurer un numéro unique dédié aux appels d'urgence, le 112, sur le modèle du « 911 » américain.

Trois modalités seront testées : un rapprochement de « l'ensemble des services » (numéro 15, 17 et 18), un rassemblement sans « police-secours » (15 et 18), ou un simple « regroupement » du Samu et des médecins de garde en lien avec les autres services d'urgence (15 et permanence des soins).

Ce texte consensuel, qui entend consolider le modèle de sécurité civile français reposant largement sur les sapeurs-pompiers volontaires (soit 80% des 250.000 pompiers), est désormais attendu au Sénat.


Municipales: à Paris, Renaissance tourne le dos à Dati et soutient Bournazel

Le secrétaire général du parti Horizons et conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel prononce un discours lors du lancement de sa campagne électorale pour la mairie de Paris, lors d'un rassemblement à la salle de concert du Trianon à Paris, le 3 juin 2025. (AFP)
Le secrétaire général du parti Horizons et conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel prononce un discours lors du lancement de sa campagne électorale pour la mairie de Paris, lors d'un rassemblement à la salle de concert du Trianon à Paris, le 3 juin 2025. (AFP)
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  • Renaissance soutient Pierre-Yves Bournazel (Horizons) pour les municipales à Paris, un choix validé à une large majorité mais qui divise le camp macroniste, dont certains préféraient Rachida Dati
  • Cette décision révèle des tensions entre Renaissance, Horizons et les partisans de Dati, sur fond de calculs nationaux et d’équilibres internes, alors que la succession d’Anne Hidalgo reste ouverte

PARIS: Renaissance a entériné mardi son soutien à Pierre-Yves Bournazel, du parti Horizons d’Édouard Philippe, pour les élections municipales à Paris, un choix qui divise au sein du parti macroniste dont une partie œuvrait pour un soutien à Rachida Dati.

La commission d'investiture du parti dirigé depuis un an par Gabriel Attal a "validé à l'unanimité moins deux voix le soutien à Pierre-Yves Bournazel", a indiqué le parti.

Lors de cette réunion, la direction de Renaissance a plaidé pour ce "candidat de rassemblement", "plus clair sur la gouvernance, le projet et la répartition" sur les futures listes électorales à composer, "contrairement à Dati, plutôt muette sur nos attentes", selon un des participants.

Mais cette décision ne fait pas l'unanimité: le député Sylvain Maillard, artisan d'un soutien à Mme Dati, a annoncé mardi qu'il se mettait "en retrait" de la présidence de la fédération Renaissance de la capitale, ajoutant au Parisien qu'il entendait "jouer un rôle, être au cœur de la campagne" de la ministre de la Culture.

Quarante-et-un cadres et élus parisiens de Renaissance, dont David Amiel, Olivia Grégoire et Astrid Panosyan-Bouvet, justifient au contraire, dans une tribune à L'Opinion, leur soutien à M. Bournazel, dénonçant notamment la "foire d'empoigne" des Conseils de Paris, où Rachida Dati mène l'opposition à Anne Hidalgo.

M. Maillard, qui fut le premier député du parti macroniste élu en 2017, reste néanmoins membre de Renaissance, a-t-il précisé à l'AFP.

- Le cas Édouard Philippe -

Ancien du parti de droite Les Républicains, soutien d’Édouard Philippe depuis 2017, secrétaire général d'Horizons, Pierre-Yves Bournazel, 48 ans, fait un pas vers l'Hôtel de ville, son ambition de longue date, après une candidature à la primaire des LR en 2014 et un ralliement à Renaissance en 2020.

M. Bournazel et Gabriel Attal devraient s'afficher prochainement lors d'un déplacement commun dans la capitale.

"Renaissance aura 55% de place dans ma liste, ainsi que dix têtes de liste pour les mairies d'arrondissement", a précisé M. Bournazel dans un entretien au Parisien.

Les partisans d'un soutien à Mme Dati ont notamment dénoncé les déclarations d’Édouard Philippe suggérant à Emmanuel Macron une démission pour une élection présidentielle anticipée.

Favorable au soutien à M. Bournazel, le ministre David Amiel l'a lui aussi invité à ne "participer à strictement aucune des attaques insupportables d'Horizons contre le président de la République".

Favorable à un appui à Mme Dati, la ministre Aurore Bergé a par ailleurs demandé un "engagement public" de M. Bournazel qu'il ne rallierait pas le candidat socialiste Emmanuel Grégoire s'il n'était pas en tête au premier tour.

- "Tractations nationales" -

Rachida Dati, soutenue par Emmanuel Macron selon plusieurs sources, faisait figure de candidate évidente pour une partie des macronistes depuis son entrée au gouvernement en 2024.

Mais ce scénario avait également ses détracteurs qui pointaient par ailleurs les ennuis judiciaires de Mme Dati, qui sera jugée après l'élection, en septembre 2026, pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire Renault-Ghosn. Des faits qu'elle conteste.

La maire du 7e arrondissement a entre-temps reçu l'investiture des LR. Mais les relations restent compliquées avec le parti de droite, dirigé par Bruno Retailleau, qui a suspendu les ministres de son parti membres du gouvernement Lecornu 2.

La porte-parole de LR et présidente de la fédération parisienne Agnès Evren a dit à l'AFP "regretter cette candidature concurrente qui n'a pas de sens" alors que "contrairement à la gauche, nous sommes d'accord sur l'essentiel".

Proche de la ministre de la Culture, la conseillère de Paris Nelly Garnier a pointé une décision de Renaissance "faite selon des tractations nationales" avec Horizons. "Nous, notre objectif est d'accueillir tous les gens de Renaissance qui veulent s'inscrire dans une dynamique gagnante."

S'il n'y a "pas d'accord national" entre les deux partis, Horizons va soutenir les têtes de liste Renaissance à Annecy, Bordeaux, Dijon, Lille et Nîmes, a précisé Renaissance.

L'élection à Paris (15 et 22 mars) est incertaine, Anne Hidalgo ne se représentant pas après 24 ans de gestion PS depuis l'élection de Bertrand Delanoë.

A gauche, le candidat socialiste Emmanuel Grégoire, ancien premier adjoint de Mme Hidalgo, et l'écologiste David Belliard sont engagés dans de difficiles discussions sur une union dès le premier tour, chacun revendiquant la tête de liste.


Budgets: PS et gouvernement progressent dans leurs accords, la discussion sur les retraites démarre

Vue générale de l'hémicycle lors de l'examen d'un projet de loi de finances dans le cadre du débat et de l'examen du budget de l'État 2026 à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 27 octobre 2025. (AFP)
Vue générale de l'hémicycle lors de l'examen d'un projet de loi de finances dans le cadre du débat et de l'examen du budget de l'État 2026 à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le PS et le gouvernement ont trouvé un accord provisoire à l’Assemblée sur la surtaxe des bénéfices des grandes entreprises, dans le cadre de l’examen du budget, mais des divergences persistent
  • Les députés ont voté la baisse de la CVAE et d’autres mesures de soutien aux entreprises, tandis que la suspension de la réforme des retraites jusqu’en 2028 reste au cœur des débats et suscite des tensions avec le Sénat

PARIS: Le PS et le gouvernement ont trouvé lundi à l'Assemblée un terrain d'entente sur la surtaxe sur les bénéfices des entreprises, semblant progresser dans la quête d'un accord budgétaire global, même si des haies restent à franchir sur la taxation des patrimoines ou la suspension de la réforme des retraites.

Saisis du projet de budget de l'Etat, les députés ont longuement débattu dans l'hémicycle de la surtaxe sur les bénéfices des entreprises.

Au fil des discussions, le gouvernement a dégainé un amendement augmentant le rendement de la taxe de 4 à 6 milliards d'euros, en faisant peser le poids de la hausse sur les plus grandes entreprises.

Au grand dam de députés du groupe ciottiste UDR, et même de certains élus LR et macronistes de Renaissance qui demandaient la suppression pure et simple de la mesure.

Manuel Bompard (LFI) a dénoncé un marché passé "dans des salles parallèles" entre le gouvernement et le PS, son groupe votant toutefois la mesure.

"On s'est engagé à ce que le gouvernement écoute les débats au sein de l'Assemblée", a rétorqué le ministre de l'Economie et des Finances Roland Lescure.

Devant la presse, le patron des députés socialistes Boris Vallaud s'est lui montré circonspect face à la désunion du camp gouvernemental. "Il n'y a pas de bloc central ni de socle commun. Ce n'est pas rassurant pour la suite", a-t-il pointé.

La "suite" passera notamment cette semaine par l'examen de la taxe Zucman pour une imposition minimum du patrimoine, ou d'une version allégée de celle-ci mise sur la table par les socialistes, qui attendent du camp gouvernemental qu'il concoure à la faire adopter.

Olivier Faure, patron du PS, a agité dimanche le spectre d'une nouvelle dissolution si le gouvernement ne cède pas dans les prochains jours en faveur d'une taxe sur les hauts patrimoines.

En attendant, les députés ont voté lundi en fin d'après-midi la baisse et la suppression accélérée de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt de production décrié par le camp gouvernemental comme par l'extrême droite. Le coût est de 1,3 milliard.

- A l'horizon, les retraites -

En fin de matinée, le député PS Jérôme Guedj avait salué prudemment des "signaux faibles" en vue d'un accord global, après l'adoption en commission des Affaires sociales de son amendement rehaussant la CSG sur les revenus du patrimoine et des capitaux, au premier jour de l'examen du budget de la Sécurité sociale.

Une adoption avec l'abstention de macronistes, qui attendent toutefois des garde-fous pour soutenir la mesure dans l'hémicycle à partir du 4 novembre, où les parlementaires repartiront de la copie initiale du gouvernement.

La commission a aussi voté contre le gel, proposé par le gouvernement, du barème utilisé pour calculer des taux de CSG, insistant pour l'indexer sur l'inflation.

Autre mesure du gouvernement rejetée par la commission: la création d'une cotisation patronale sur les tickets-restaurants et les chèques-vacances.

La mesure-phare du budget de la Sécu restera la suspension de la réforme des retraites, condition de la non-censure du PS.

Elle ne sera formellement examinée qu'en fin de débats, mais les députés ont pris de l'avance rejetant largement en commission la piste d'une surtaxe sur les mutuelles pour la financer.

Les groupes de gauche, le Rassemblement national et même Les Républicains, membres de la coalition gouvernementale, ont supprimé l'article, arguant tous que les malades paieraient au bout du compte la facture.

Le projet de loi suspend jusqu'à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres pour partir à taux plein.

La droite s'y oppose, et proposera d'effacer cette suspension. Si l'Assemblée la suspend, le Sénat (contrôlé par la droite et les centristes) rétablira la réforme, a prévenu son président Gérard Larcher.

Sébastien Lecornu a reçu lundi les chefs des groupes de droite et du centre du Sénat, irrités par les concessions faites aux socialistes. "Je n'ai pas de deal avec les socialistes", leur a-t-il assuré selon plusieurs participants, leur indiquant qu'il "comprenait" que le Sénat ait lui aussi "ses propres lignes" sur le budget.

Le coût de la suspension de la réforme des retraites est estimé à 100 millions d'euros en 2026 et 1,4 milliard d'euros en 2027. Les pistes pour la financer font controverse, alors que le projet de budget de la Sécu est d'une exceptionnelle rigueur financière, avec des économies massives pour réduire le déficit à 17,5 milliards en 2026 (23 milliards en 2025).


Cyberharcèlement de Brigitte Macron: dix personnes jugées à Paris

Le président français Emmanuel Macron (G) et son épouse Brigitte Macron posent avant une réunion avec le prince héritier de Jordanie au palais de l'Élysée à Paris, le 8 octobre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) et son épouse Brigitte Macron posent avant une réunion avec le prince héritier de Jordanie au palais de l'Élysée à Paris, le 8 octobre 2025. (AFP)
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  • Dix personnes, dont l’influenceur “Zoé Sagan” et la médium Amandine Roy, sont jugées à Paris pour cyberharcèlement contre Brigitte Macron
  • Cette audience intervient alors que le couple présidentiel a aussi déposé plainte aux États-Unis contre la diffusion internationale de cette infox, notamment relayée par la militante d’extrême droite américaine Candace Owens

PARIS: Dix personnes sont jugées à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Paris pour cyberharcèlement à l'encontre de Brigitte Macron, cible d'une infox virale selon laquelle elle serait une femme transgenre.

Élu, galeriste, enseignant, médium, ou encore informaticien: huit hommes et deux femmes doivent comparaître à partir de 13H30. Leur procès doit se poursuivre mardi après-midi.

Cette audience intervient après que le couple présidentiel a engagé, fin juillet, des poursuites aux États-Unis pour diffamation, en lien avec cette infox ayant dépassé les frontières françaises sur la transidentité imputée à l'épouse du chef de l'État.

Âgés de 41 à 60 ans, les prévenus sont soupçonnés d'avoir tenu à l'égard de Brigitte Macron de nombreux propos malveillants sur son "genre", sa "sexualité", assimilant sa différence d'âge avec son mari à de la "pédophilie", selon le parquet de Paris.

L'enquête pour cyberharcèlement a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) après une plainte déposée par Brigitte Macron le 27 août 2024, conduisant à plusieurs vagues d'interpellations, notamment en décembre 2024 et en février 2025.

Sollicité par l'AFP, l'avocat de Brigitte Macron, Me Jean Ennochi, n'a pas donné suite, ni voulu dire si la première dame serait présente ou non à l'audience.

Parmi les prévenus, le publicitaire Aurélien Poirson-Atlan, 41 ans, connu et suivi sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de "Zoé Sagan". Son compte X, suspendu depuis, a fait l'objet de plusieurs plaintes et est souvent présenté comme lié aux sphères complotistes.

Outre ses propos visant Brigitte Macron, "Zoé Sagan" est connu pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux les vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux, macroniste qui avait renoncé en février 2020 à briguer la mairie de Paris pour le parti présidentiel à la suite du scandale.

- "Rebondir sur l'actualité" -

La "médium", "journaliste" et "lanceuse d'alerte" de 51 ans, Delphine J., connue sous le pseudo d'Amandine Roy, sera également jugée. Elle a largement contribué à relayer la rumeur selon laquelle Brigitte Macron, née Trogneux, n'aurait jamais existé et que son frère Jean-Michel aurait pris cette identité après avoir transitionné.

Delphine J. n'a fait que "rebondir sur l'actualité", selon son avocate, Maud Marian, ajoutant "qu'aucun message n'a directement été adressé à Mme Macron."

Condamnée pour diffamation en première instance en septembre 2024 par la justice française, aux côtés de Natacha Rey, à payer plusieurs milliers d'euros de dommages et intérêts à Brigitte Macron et 5.000 à son frère Jean-Michel Trogneux, elle a été relaxée en appel le 10 juillet dernier.

Brigitte Macron et son frère se sont pourvus en cassation contre cette décision.

L'écart d'âge de 24 ans entre les époux Macron explique en partie la propagation de cette rumeur qui s'est exportée bien au-delà du pays.

Née dès l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, l'infox transphobe est devenue virale aux États-Unis où le couple présidentiel a engagé cet été des poursuites contre la podcasteuse d'extrême droite Candace Owens, auteure d'une série de vidéos intitulée "Becoming Brigitte" ("Devenir Brigitte").

Plusieurs des personnes qui seront jugées à Paris pour cyberharcèlement ont relayé des publications de l'influenceuse MAGA. Sur une Une détournée du magazine Time, où Brigitte Macron apparaît en "homme de l'année", on peut lire le mot "Excellent".

Dans une autre publication, un prévenu relaie la présence de "2.000 personnes" prêtes à aller faire du "porte-à-porte à Amiens pour y voir clair dans l'affaire Brigitte", promettant l'implication de blogueurs américains.

Les prévenus encourent deux ans d'emprisonnement.