A Bagdad, le dernier chanteur-livreur de gaz rêve d'une carrière musicale

Le livreur Mountazar Abbas annonce l'arrivée de son pousse-pousse chargé de bonbonnes de gaz en chantant dans le quartier de Karrada à Bagdad, la capitale irakienne, le 24 mai 2021.
Le livreur Mountazar Abbas annonce l'arrivée de son pousse-pousse chargé de bonbonnes de gaz en chantant dans le quartier de Karrada à Bagdad, la capitale irakienne, le 24 mai 2021.
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Publié le Jeudi 03 juin 2021

A Bagdad, le dernier chanteur-livreur de gaz rêve d'une carrière musicale

  • Chaque matin, Mountazar Abbas réveille les habitants du quartier de Kerrada à Bagdad avec une romance du célèbre chanteur irakien Yass Khodr
  • A 22 ans, il est le dernier livreur de bonbonnes de gaz de la capitale irakienne à entonner la chansonnette sur son rickshaw, appelé "satouté" par les Irakiens, pour signaler sa présence à ses clients

"Mon coeur retrouve l'amour comme si les souffrances du passé ne lui avaient rien appris." Chaque matin, Mountazar Abbas réveille les habitants du quartier de Kerrada à Bagdad avec une romance du célèbre chanteur irakien Yass Khodr.

A 22 ans, il est le dernier livreur de bonbonnes de gaz de la capitale irakienne à entonner la chansonnette sur son rickshaw, appelé "satouté" par les Irakiens, pour signaler sa présence à ses clients qui, le sourire aux lèvres, l'encouragent à poursuivre sa mélodie pendant qu'ils le paient.

C'est son père, lui-même chanteur-livreur, qui lui a mis le pied à l'étrier. Et depuis 2007, Mountazar sillonne les rues et ruelles de ce quartier commerçant du centre de Bagdad.

"Quand les gens reconnaissent ma voix, ils ouvrent la porte de leur maison et m'interpellent. D'autres me joignent par téléphone mais me demandent quand même de chanter pour joindre l'utile à l'agréable", raconte-t-il, vêtu d'un justaucorps orange et coiffé d'une casquette pour se protéger du soleil.

Ahmad Ali, un épicier de 30 ans, trouve le concept "très sympa". "Cela nous manquera à l'avenir. Il y en avait plusieurs avant mais c'est fini", regrette-t-il.

"Aujourd'hui, ils (les autres livreurs, NDLR) utilisent de la musique enregistrée mais franchement c'est ennuyeux. Mountazar au moins a une jolie voix et c'est pour cela que je m'approvisionne chez lui", explique ce trentenaire barbu avec un large sourire.

"Comité d'examen des voix"

Le choix de mélopées par les livreurs fait parfois l'objet de raillerie. Sur un clip, un internaute, Mukhtar Taleb, entonne "J'ai perdu la personne la plus chère à mon coeur, j'ai perdu l'amour", avant d'ajouter: "qu'ont-ils donc à vouloir nous interpréter des airs tristes quand ils nous livrent du gaz?".

Ils étaient nombreux auparavant à chanter, se souvient Kamal, 55 ans, qui habite le quartier de Bagdad al-Jadida. "Je leur disais qu'ils avaient une belle voix et j'en ai même encouragé plusieurs à se présenter aux concours de la radio publique. Certains n'osaient pas car ils étaient trop pauvrement vêtus", se souvient-il.

A l'époque de Saddam Hussein, il existait à la radio et à la télévision irakienne un "comité d'examen des voix" de potentiels chanteurs. Le jury était composé de musiciens, de critiques d'art et de poètes. Les heureux élus pouvaient enregistrer leur premier disque. Beaucoup d'artistes ont commencé ainsi.

Après l'invasion américaine de 2003, l'arrivée au pouvoir des partis islamistes et la violence qui a ravagé le pays, ce comité a disparu mais il y a régulièrement des articles réclamant qu'il soit reconstitué.

Les livreurs de gaz ont renoncé à chanter. Ils ont opté pour une musique enregistrée, ou frappent leurs bonbonnes avec un morceau de fer, à l'instar d'Abou Tiba. "Ils reconnaissent mon tempo", assure ce livreur de 50 ans.

Tradition disparue

Cette tradition du livreur-chanteur a disparu dans toute la région. A Amman, pour éviter la cacophonie dans les rues, la municipalité oblige depuis 2012 les vendeurs à ne diffuser que "La lettre à Elise" de Beethoven.

Au Liban et en Syrie, les livreurs qui actionnaient un klaxon poire sur leur charrette tirée par un cheval ou un âne font partie du passé. Aujourd'hui, les clients se déplacent chez les fournisseurs.

Quand on l'interroge sur les autres livreurs, Mountazar esquive la question. "Chacun fait comme il l'entend. J'ai opté pour la manière traditionnelle et la majorité des clients préfèrent me voir chanter", dit-il.

Peu de chance toutefois que quelqu'un prenne sa place quand il s'arrêtera. "C'est un métier trop dur et mal payé", affirme-t-il, soulignant qu'il ne souhaite pas voir ses enfants suivre le même chemin. 

Lui qui chante tout le temps, que ce soit au travail, à la maison, avec des amis ou lors de réunions familiales, rêve de devenir un second Hatem al-Iraqi, un célèbre chanteur irakien installé à Dubaï.

"Tous les livreurs de gaz rêvent de devenir comme lui. Hatem est originaire comme moi de Sadr City (un quartier pauvre de la capitale) et avant de connaître le succès, il exerçait le même métier que moi. Il livrait du gaz", raconte Mountazar: "Bien sûr, j'aimerais suivre sa voie. C'est un grand bonhomme."


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.