A la frontière du Texas, une église mexicaine hip-hop abrite 200 migrants

Le pasteur Abraham Barberi pose pour un portrait à l'intérieur de son église à Matamoros, Mexique. (Photo, AFP)
Le pasteur Abraham Barberi pose pour un portrait à l'intérieur de son église à Matamoros, Mexique. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 juin 2021

A la frontière du Texas, une église mexicaine hip-hop abrite 200 migrants

  • Le pasteur baptiste de Matamoros, une ville mexicaine qui n'est séparée des Etats-Unis que par le fleuve Rio Bravo, a lui-même vécu un parcours chaotique « avant que le Seigneur ne change (sa) vie »
  • Aujourd’hui encore, l'Institut biblique reçoit chaque jour de nouvelles demandes d'hébergement

MATAMOROS, MEXIQUE: Jusqu'à ces derniers mois, Abraham Barberi n'avait qu'une idée en tête: sortir de jeunes narcotrafiquants de la délinquance grâce à des offices religieux en rap.

Le pasteur baptiste de Matamoros, une ville mexicaine qui n'est séparée des Etats-Unis que par le fleuve Rio Bravo, a lui-même vécu un parcours chaotique « avant que le Seigneur ne change (sa) vie » : alcoolisme dès 12 ans, immigration clandestine aux Etats-Unis, trafic de drogue, crime, prison...

Le père de quatre enfants continue d'animer son « église hip-hop », comme il l'appelle.

Mais il s'est aussi résolu à des lectures plus calmes de l'évangile pour satisfaire de nouveaux hôtes : plus de 200 personnes d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale qui rêvent de rejoindre l’autre rive du fleuve frontalier et qu'il accueille dans des dortoirs improvisés à l’Institut biblique Bautista Sola Scriptura.

En attendant que les Etats-Unis examinent ou réexaminent leur demande d'asile, les migrants essaient d’oublier la chaleur de cette fin mai, leur sort et leur ennui. 

Certains regardent leur téléphone et d'autres admirent l'énergie de leurs enfants encore aptes à savourer l’instant présent.

Autour du refuge improvisé, de longues rues aux trottoirs brûlants et aux maisons décrépites.

Le bâtiment à la façade jaune a brusquement vu sa vocation changer en février après que fut décidée la fermeture du camp de réfugiés situé près d’un des ponts de la ville. Grâce au nouveau président américain Joe Biden, ses occupants furent autorisés à franchir la frontière en attendant que leur demande d’asile soit traitée.

Flot de demandeurs d'asile

Le temps de terminer les dernières formalités, les autorités mexicaines, américaines et le HCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) sollicitent Abraham Barberi pour héberger les 56 derniers occupants du camp. Le centre de formation de futurs pasteurs étant vide pour cause de Covid-19, il accepte.

« Nous étions supposés ouvrir pour seulement deux semaines », explique le prêtre de 53 ans. « Mais entre-temps, il y a eu de nouvelles arrivées à Matamoros. Les personnes avaient entendu parler de notre abri. On ne pouvait pas dire non. Vous savez, les gens viennent à nos portes. Des mères avec de petits enfants... »

Aujourd’hui encore, l'Institut biblique reçoit chaque jour de nouvelles demandes d'hébergement.

Ce flot a été encouragé par une des mesures symboles de la rupture de l'administration Biden avec l'ère Trump: la possibilité d’attendre sur le sol américain la réponse à sa demande d’asile lorsque celle-ci a été réalisée dans le cadre des MPP (Migrant Protection Protocols).

« Beaucoup ont interprété cela comme une ouverture des frontières à tous », regrette le pasteur au crâne chauve et au bouc grisonnant, et « c’est pour cela que les villes-frontières du Mexique ont été submergées de personnes, si nombreuses aujourd’hui ».

Or les MPP n’acceptent plus de nouveaux inscrits depuis le 21 janvier dernier. Autre obstacle pour les migrants, l’utilisation sous prétexte de Covid-19 d’une loi, le Title 42, pour empêcher l’entrée sur le territoire américain des demandeurs d’asile.

Ex-tueur à gages au volant

Ce matin pourtant, un employé de l'école biblique parcourt ses deux étages à la recherche de la vingtaine de personnes dont il vient de recevoir le nom sur sa messagerie. Rassemblées en quelques minutes à l’extérieur, elles pourront dans les jours qui viennent entrer légalement aux Etats-Unis pour être entendues par les autorités.

Leur secret ? Elles bénéficient de l’assistance juridique de certaines associations américaines. Leur attente à Matamoros aura duré plus d’un an. Par respect pour les autres migrants, par pudeur ou par peur, déjà, des prochaines étapes, elles ne manifestent aucune joie ostentatoire.

Felipe Atanasio Sánchez, 21 ans, a du mal à trouver ses mots. « Ils ont tué mon père et je ne pouvais plus rester au Mexique à cause de cette délinquance, je me sentais vulnérable », nous explique-t-il. « Là, je me sens heureux, motivé. Je ne sais pas quoi dire, je suis ému », lâche-t-il avant de s'engouffrer dans le van qui lui permettra de passer un test Covid-19 PCR, dernier sésame qui lui manque pour accéder au sol américain.

« Je suis très heureuse de voir la possibilité que soit écoutée notre voix là-bas » confie Margarita De Jesús, 29 ans, le sourire au visage. Originaire de l'Etat de Guerrero, dans le sud-ouest du Mexique, elle a voyagé jusqu'ici avec toute sa famille : son fils, mais aussi son frère, sa belle-sœur et leur enfant.

Le véhicule qui les éloigne du refuge est conduit par un tueur à gages de cartel repenti. Sa réinsertion et son nouveau dévouement au service des autres sont une des fiertés d’Abraham Barberi.

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.