Macron prêt à des «décisions difficiles» pour sortir par le haut de la crise Covid

Le président français Emmanuel Macron lors d'une rencontre avec des habitants et des élus en visite à Martel, dans le sud de la France, le 3 juin 2021 (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron lors d'une rencontre avec des habitants et des élus en visite à Martel, dans le sud de la France, le 3 juin 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 juin 2021

Macron prêt à des «décisions difficiles» pour sortir par le haut de la crise Covid

Le président français Emmanuel Macron lors d'une rencontre avec des habitants et des élus en visite à Martel, dans le sud de la France, le 3 juin 2021 (Photo, AFP)
  • «Je vais devoir prendre des décisions, certaines sur la relance, d'autres difficiles» pour que la dernière année du quinquennat soit «une année utile», a déclaré le président
  • Au cours du débat, il s'est prononcé pour une «politique d'intégration (des migrants) plus ambitieuse»

MARTEL: Emmanuel Macron, jugeant prématurée la question de sa candidature pour 2022, a prévenu jeudi qu'il allait devoir prendre des « décisions difficiles » pour la sortie de la crise Covid, tout en appelant les Français à « ne pas avoir une vision catastrophiste » de la situation de leur pays.    

« Je ne peux pas gérer l'été en pente douce », a déclaré le chef de l'Etat à Martel, au second jour de son déplacement dans le Lot, première étape d'un « tour de France ». 

A la question: « Serez-vous candidat en 2022? », il a répondu: « c'est trop tôt pour le dire », affirmant sa détermination à « faire les choses jusqu'à la fin ».  

« Je vais devoir prendre des décisions, certaines sur la relance, d'autres difficiles » pour que la dernière année du quinquennat soit « une année utile », a ajouté sans plus de précisions le président. En décembre déjà, il avait dit au média en ligne Brut devoir peut-être « faire des choses dures » qui « rendront impossible » sa candidature. 

Tombant la veste, Emmanuel Macron a balayé l'ensemble des grands sujets d'actualité - de la jeunesse à l'écologie en passant par la vaccination - en répondant aux questions de 30 retraités réunis dans la salle des fêtes de Martel, village touristique de 1 700 habitants. Un exercice qui rappelait le « Grand débat » initié en 2019 pour sortir de la crise des « gilets jaunes ». 

« On doit prendre le pouls du pays même quand on est pas en campagne », a justifié le président, répondant aux critiques de certains opposants qui lui reprochent d'être entré « en mode élection » à l'approche des régionales et à moins d'un an de la présidentielle. 

« Il est en campagne. La seule différence entre lui et moi c'est que moi je suis en campagne en respectant les comptes de campagne, lui non », a dénoncé Marine Le Pen, candidate déclarée à l'Elysée, lors d'un déplacement à Saint-Chamond (Loire). 

Pour Emmanuel Macron, la période qui s'ouvre est charnière pour ne pas que la France fasse partie « des pays qui vont sortir de la crise en se repliant ». 

Adoptant un ton volontariste, il a appelé en particulier les jeunes à être « collectivement vigilants à ne pas avoir une vision catastrophiste ». Car « le moral d'un pays joue aussi sur la façon de voir les choses ». 

« Content d'avoir Mbappé »  

Emmanuel Macron n'a pas dévoilé les mesures qu'il compte prendre à l'issue de ce « tour de France ». Ainsi, sur une relance de la réforme des retraites, suspendue depuis mars 2020, « je veux voir ce qu'on est prêt à faire collectivement ». Mais, comme la France « est déjà un des pays où on travaille le moins par rapport à ses voisins », « à un moment donné la question » du financement des retraites « sera posée à la nation », a-t-il averti. 

Il a également défendu son choix de ne pas augmenter les impôts des plus riches. « Est-ce qu'on peut massivement taper les gros (contribuables), idée qu'on adore chez nous? On peut le faire, mais les gros s'en vont! », a-t-il affirmé. « On m'a dit ‘le Président des riches’, je m'en fous ». 

Interrogé sur la garantie jeunes universelle, il a déclaré ne pas croire « à l'idée qu'on donne de l'argent sans condition » car « on a des devoirs et des droits ». 

Revenant sur sa formule « premiers de cordée », qui avait fait polémique fin 2017, Emmanuel Macron l'a jugée toujours « pertinente » car si « on doit tous être au même niveau, personne ne montera jamais la falaise ». « Il faut bien des gens qui soient au meilleur niveau mondial » et « je suis content d'avoir (le joueur de foot Kilian) Mbappé ». 

Au cours du débat, il s'est également prononcé pour une « politique d'intégration (des migrants) plus ambitieuse », contre la vaccination obligatoire contre la Covid et pour assouplir le non-cumul des mandats des élus. Il a terminé en s'enflammant contre « la cancel culture », qui « est un drame » et à laquelle il prône « une politique de la reconnaissance ».  

Après 14 mois en partie confiné à l'Elysée, Emmanuel Macron a pu être rassuré par l'accueil bon enfant qu'il a reçu dans le Lot, même si certains habitants regrettaient l'omniprésence des forces de l'ordre. A sa sortie, il a été interpellé vivement par un homme reprenant un chant des « gilets jaunes » et lui lançant: « tu n'en as plus pour longtemps ».  

Ce déplacement doit se terminer à Cahors par une rencontre avec les élus locaux. 


Paris : deuxième édition du Prix international UNESCO-Al-Fozan pour la recherche scientifique

L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont dévoilé ce vendredi les lauréats de la deuxième édition du « Prix international UNESCO Al-Fozan », lors d’une cérémonie organisée au siège de l’organisation à Paris.
L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont dévoilé ce vendredi les lauréats de la deuxième édition du « Prix international UNESCO Al-Fozan », lors d’une cérémonie organisée au siège de l’organisation à Paris.
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  • L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont remis le Prix international UNESCO Al-Fozan à cinq jeunes chercheurs en STEM originaires des cinq régions du monde, lors d'une cérémonie à Paris
  • Ce prix biennal, doté de 250 000 dollars, vise à promouvoir l'excellence scientifique, l'enseignement des disciplines STEM, et l’innovation parmi les jeunes talents internationaux

PARIS: L’UNESCO et la Fondation Abdullah Al-Fozan ont dévoilé ce vendredi les lauréats de la deuxième édition du « Prix international UNESCO Al-Fozan », lors d’une cérémonie organisée au siège de l’organisation à Paris.

La remise des prix s’est tenue en présence du ministre saoudien de l’Investissement, Khalid Al-Faleh, de l’ambassadeur du Royaume en France, Fahd Al-Ruwaili, du délégué permanent de l’Arabie saoudite auprès de l’UNESCO, le Dr Abdullilah Al-Tokhais, ainsi que du fondateur du prix, Abdullah Al-Fozan.

Assistait également à la cérémonie, Simona-Mirela Miculescu, présidente de la Conférence générale de l’UNESCO, Vera Khoury Lacoeuilhe, présidente du Conseil exécutif de l’organisation, et Lidia Brito, directrice générale adjointe de l’UNESCO, ainsi qu’un florilège de personalités diplomatiques et scientifiques.

Le prix qui récompense cinq jeunes chercheurs en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM), des cinq régions du monde, à été attribué cette année à trois jeunes chercheuses et deux chercheurs.

Les lauréats sont: la chercheuse marocaine Mounia Laasiri (région arabe), pour son travail dans le domaine de la physique des particules, la chercheuse chypriote Kyriaki Michaelidou (région Europe et Amérique du Nord) pour ses travaux sur l’épidémiologie génétique du cancer, la chercheuse péruvienne Rosa Vásquez (région Amérique Latine et Caraïbes) pour la science et la protection de l’environnement en Amazonie.

Récompensé également, le chercheur chinois Lijing Cheng (région Asie-Pacifique), pour ses travaux dans le domaine des sciences du climat, ainsi que le chercheur namibien Ndawdika Mulundilini (région Afrique), pour ses recherches dans le domaine des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM).

En plus de la reconnaissance internationale, les cinq lauréats reçoivent une dotation financière dont la valeur totale s’élève à 250 000 dollars, à partager

Dans son allocution, l’ambassadeur Al-Tokhais a souligné que « ce prix incarne la vision du Royaume d’Arabie saoudite en matière de soutien à l’innovation, à l’éducation et à l’autonomisation des jeunes, grâce à un partenariat stratégique avec l’UNESCO et à l’initiative de la Fondation Abdullah Al-Fozan ».

Le fondateur du prix, Abdullah Al-Fozan, a pour sa part exprimé sa gratitude envers les autorités saoudiennes et l’UNESCO, saluant un partenariat « exemplaire » qui permet de célébrer les chercheurs de demain et d’attirer les talents émergents.

Il a également félicité les lauréats, louant « leur créativité et leur leadership dans l’exploration des horizons du futur », et leur a souhaité « une carrière jalonnée de succès et d’innovations ».

Créé en octobre 2021, le Prix international UNESCO Al-Fozan est la première récompense mondiale attribuée par l’UNESCO à l’initiative du Royaume d’Arabie saoudite, avec pour objectif d’encourager l’excellence scientifique des jeunes chercheurs issus des cinq régions de l’organisation.

Au-delà de la reconnaissance académique, le prix entend promouvoir l’enseignement des disciplines STEM, développer les compétences nécessaires aux métiers de demain, renforcer la coopération scientifique internationale et contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.

Le prix, attribué tous les deux ans par un jury international composé de cinq experts de renom, met en lumière la contribution des jeunes scientifiques au progrès de leurs sociétés et à l’enrichissement du savoir mondial.


Avions russes dans le ciel estonien: Macron dénonce une "incursion dangereuse et irresponsable"

Cette image diffusée par l'armée de l'air suédoise le 19 septembre 2025 montre un chasseur russe MIG-31 survolant la mer Baltique après avoir violé l'espace aérien estonien. (AFP)
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  • Trois avions militaires russes ont violé l’espace aérien estonien, provoquant une condamnation ferme de la France qui y voit une escalade dans les provocations de Moscou
  • Macron promet une posture de sécurité renforcée, tandis que Paris rappelle que l’incident constitue une violation du droit international et une atteinte à un allié de l’UE et de l’Otan

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a condamné "avec la plus grande vigueur" vendredi l'entrée de trois avions militaires russes dans l'espace aérien de l'Estonie, dénonçant "une nouvelle étape" dans l'"accumulation de provocations et de gestes irresponsables de la Russie".

"Je condamne avec la plus grande vigueur les incursions d’avions russes en Estonie. Elles constituent une nouvelle étape dans cette accumulation de provocations et de gestes irresponsables de la Russie. J‘adresse mon plein soutien aux autorités estoniennes. Une posture de sécurité sera adoptée face à ces violations répétées", a-t-il affirmé sur X.

Le ministère français des Affaires étrangères avait déjà dénoncé dans un communiqué "une incursion dangereuse et irresponsable dans l'espace aérien d'un Etat membre de l'Union européenne et d'un allié de l'Otan (...) en violation flagrante du droit international".

Les trois avions russes ont été interceptés par des avions de chasse de l'Otan.


La reconnaissance de la Palestine, révélateur des fractures politiques françaises

Vue du siège des Nations unies à New York le 17 septembre 2025. (AFP)
Vue du siège des Nations unies à New York le 17 septembre 2025. (AFP)
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  • La décision de Macron de reconnaître l’État palestinien ravive le clivage gauche-droite en France
  • Le camp présidentiel reste divisé et silencieux, redoutant les réactions de l’électorat juif

PARIS: La reconnaissance de la Palestine voulue par Emmanuel Macron est un révélateur des fractures et recompositions politiques en France, avec un RN et des LR alignés sur Israël, un camp présidentiel embarrassé et une gauche qui soutient cette décision après s'être déchirée depuis les attentats du 7-Octobre.

Lorsque le chef de l'Etat a annoncé sa décision fin juillet, les réactions furent vives à droite et à gauche.

"Reconnaître aujourd'hui un État palestinien, c'est reconnaître un État Hamas et donc un État terroriste", avait martelé Marine Le Pen (RN). "Le président de la République se retrouve félicité par le Hamas", avait renchéri Laurent Wauquiez (LR). A gauche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) s'était réjoui d'une "victoire morale" tout comme Olivier Faure (PS) qui avait salué "une avancée fondamentale".

"Sur cette question, le clivage gauche/droite est réactivé", constate le sondeur Frédéric Dabi (Ifop).

A gauche, le politologue Vincent Martigny constate que la reconnaissance de la Palestine "masque au moins temporairement les mois d'oppositions virulentes" consécutives au refus de LFI de qualifier de terroristes les massacres du 7-Octobre.

"Il y a eu un véritable divorce à gauche, une fracture sur les valeurs, notamment sur les accusations d'antisémitisme à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon", rappelle-t-il.

Effaçant le Parti communiste, historiquement en pointe dans la défense des droits des Palestiniens, les Insoumis ont repris le flambeau de cette "gauche tiers-mondiste, en solidarité instinctive avec la cause palestinienne qui représente son paradigme de l'injustice", selon M. Martigny.

"LFI en a fait une stratégie lors de la campagne des Européennes où c'était +tout Gaza+ avec la Franco-palestienne Rima Hassan comme égérie", rappelle M. Dabi. "C'est un moyen de mobilisation de sa base, des jeunes qui sont les plus acquis à la cause palestinienne, des Français de confession musulmane, des habitants des quartiers populaires", souligne-t-il.

Ces clivages à gauche se sont atténués ces derniers mois du fait de la tournure de la guerre à Gaza qui a conduit fin mai le Premier secrétaire du PS Olivier Faure à reprendre pour la première fois le mot "génocide" utilisé très tôt par les Insoumis.

Mais le PS, qui historiquement recueillait une large part des voix de la communauté juive avant que celle-ci ne commence à se droitiser sous Nicolas Sarkozy, marche toujours sur des oeufs en interne quand il s'agit d'Israël. Comme l'a encore montré la dernière polémique autour de la proposition d'Olivier Faure de pavoiser les mairies de drapeaux palestiniens le 22 septembre.

- "Basculement" de la droite -

Pour M. Martigny, "l'évolution la plus frappante" de ces dernières années reste cependant le "basculement de la droite", plutôt pro-arabe de De Gaulle à Chirac et aujourd'hui "alignée" sur Israël. Un positionnement partagé avec le RN, devenu premier défenseur du gouvernement Netanyahu et désireux de faire oublier le passé antisémite de l'extrême droite française.

"C'est le courant +occidentaliste+ qui fait d'Israël l'avant-pont des démocraties engagées contre l'islamisme politique incarné par le Hamas. La lutte du gouvernement israélien répond à leur propre obsession contre les islamistes", résume M. Martigny.

De fait, après bientôt deux ans de guerre, les responsables LR et RN continuent de justifier toutes les actions d'Israël, même les plus meurtrières, au nom de son "droit à la sécurité".

Officiellement, LR et RN restent favorables à la création un jour d'un Etat palestinien - après notamment la libération des otages et la reddition du Hamas. Mais ils ne critiquent pas M. Netanyahu quand il répète "qu'il n'y aura pas d'Etat palestinien" ou fait en sorte que cela devienne sur le terrain impossible.

Ce rejet d'une reconnaissance aujourd'hui de l'Etat palestinien est partagé plus discrètement par une partie du camp présidentiel (chez Renaissance ou Horizons) resté "dubitatif" depuis l'annonce du chef de l'Etat, selon un cadre macroniste.

"La reconnaissance de l'Etat palestinien est perçue par une grande partie de la communauté juive comme une provocation. Et Renaissance est très structuré par la solidarité sans faille avec les Juifs de France", souligne M. Martigny.

"Il y a un grand silence. Vous avez entendu Gabriel Attal ou Edouard Philippe ?", remarque M. Dabi selon qui cet embarras est renforcé par "la godille" d'Emmanuel Macron qui "pose des conditions à la reconnaissance au printemps puis les lève à l'été".