Panne des numéros d'urgence: ce que l'on sait, comment fonctionne le système

Une panne massive chez Orange a été traitée dans la nuit de mercredi à jeudi après avoir fortement perturbé les numéros d'urgence (Photo, AFP)
Une panne massive chez Orange a été traitée dans la nuit de mercredi à jeudi après avoir fortement perturbé les numéros d'urgence (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 juin 2021

Panne des numéros d'urgence: ce que l'on sait, comment fonctionne le système

Une panne massive chez Orange a été traitée dans la nuit de mercredi à jeudi après avoir fortement perturbé les numéros d'urgence (Photo, AFP)
  • L'opérateur Orange a été sommé de s'expliquer par le gouvernement français après une panne nationale de plusieurs heures mercredi soir
  • «Nous n'avons aucun signe qui nous permette de penser qu'il pourrait s'agir d'une attaque externe», a assuré le PDG d'Orange

PARIS: Comment fonctionnent les numéros d'urgence 15/17/18, et comment une panne « logicielle » peut-elle affecter l'ensemble du territoire? L'opérateur Orange a été sommé de s'expliquer par le gouvernement français après une panne nationale de plusieurs heures mercredi soir.  

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Fabienne Dulac, présidente d'Orange France (Photo, AFP)

Comment fonctionne un numéro d'urgence en France ?  

Un numéro d'appel d'urgence permet de joindre gratuitement les secours publics en permanence. Plus de 150 000 appels par jour en France sont déclenchés sur ces numéros: le 15 (Samu), le 17 (Police), le 18 (Pompiers) et le 112 (numéro unique d'urgence européen).  

« Ce sont des lignes dédiées, circulant sur les mêmes câbles et mêmes réseaux que tout un chacun, avec un acheminement prioritaire vers les centres d'appels », explique le Colonel Grégory Alione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF).  

A condition que les routeurs des opérateurs téléphoniques --les équipements chargés de détecter l'origine de l'appel, de « déterminer sa priorité » et de l'acheminer en urgence vers le centre le plus proche-- soient opérationnels.  

« Il y a une obligation légale, permanente, d'acheminer les appels d'urgence, qui s'imposent à tous les opérateurs. En revanche, il existe une ‘surcouche’ par rapport à ces obligations qui concernent uniquement Orange puisque nous hébergeons les numéros d'urgence et assurons l'interconnexion avec les autres opérateurs », a expliqué Fabienne Dulac, présidente d'Orange France, jeudi lors d'une conférence téléphonique.  

A quoi est due la panne?  

La situation « était complexe à comprendre » car elle était « hétérogène », selon la dirigeante. Certains départements ont été « plus impactés que d'autres ».  

« Vers 16 heures 30, hier, nous avons constaté un début de dysfonctionnement sur un équipement critique du réseau, qui en gros est une plateforme qui achemine tous les appels qui proviennent d'un téléphone fixe ou d'un téléphone mobile vers un certain nombre de numéros dont les numéros d'urgence », a détaillé Stéphane Richard, PDG d'Orange, au JT de 13H de TF1.  

« Il faut comprendre qu'en fait, cette plateforme, ce n'est pas un ordinateur quelque part, c'est 6 sites répartis sur 6 endroits différents, qui sont tous entièrement ‘redondants’, c'est-à-dire qu'en fait l'un peut prendre la place de l'autre s'il y a une défaillance. Ce système est donc, par architecture, extrêmement robuste, extrêmement sécurisé », a-t-il ajouté.   

Que s'est-il donc passé ?   

« Nous n'avons aucun signe qui nous permette de penser qu'il pourrait s'agir d'une attaque externe », a assuré le PDG d'Orange, expliquant que « la cause racine » de la panne était « plus probablement une défaillance logicielle dans (les) équipements critiques de réseaux ».   

Ces défaillances « ont touché l'intégralité des six sites en même temps. Cela n'est jamais arrivé, c'est un incident effectivement grave, rarissime. Cela a pu arriver dans le monde des télécoms de temps en temps, mais c'est très rare », a-t-il encore souligné.  

L'équipementier européen concerné par cette « défaillance logicielle » n'est ni Ericsson ni Nokia, a précisé Orange, sans révéler toutefois son nom. « Nous allons travailler avec lui pour comprendre ce dysfonctionnement, à la fois pour nous et les autres opérateurs », a prévenu Fabienne Dulac.  

Le numéro unique, la solution ?  

Véritable serpent de mer de l'organisation des services publics de secours, le recours à un numéro unique d'urgences a ressurgi dans le débat après l'adoption à l'unanimité fin mai par l'Assemblée nationale d'un dispositif d'expérimentation.   

L'Assemblée propose de tester trois modalités: un rapprochement des trois numéros 15, 17 et 18; un rassemblement sans « police-secours » (15 et 18); ou un simple « regroupement » du Samu et des médecins de garde en lien avec les autres services d'urgence (15 et permanence des soins).  

Son principe est défendu par les pompiers, car « l'unicité fait l'efficacité », selon Grégory Alione de la FNSPF, mais vivement combattu par certains médecins, comme le syndicat Samu-Urgences de France qui estime que son instauration peut provoquer la « désorganisation de toute la chaîne hospitalière ».  

« Si vous avez un seul numéro, de l'arrêt cardiaque au plombier, ça devient très compliqué », a estimé sur Radio Classique le Professeur Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou à Paris, et maire de la Garenne-Colombes.  

Un système unique n'aide pas à prévenir les pannes, mais permet de mieux les surmonter, rétorque Gary Machado, directeur de l'association européenne du numéro d'urgence unique.  

« Il y a eu le même problème technique aux Pays-Bas il y a deux ans. Dans le système intégré et national des Pays-Bas, on peut communiquer sur un seul numéro de remplacement, c'est beaucoup plus lisible qu'en France. Hier les pompiers et les SAMUS ont communiqué sur les réseaux sociaux des numéros à 10 chiffres, différents selon les départements », explique-t-il. 


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.