Le ministre israélien de la Défense promet un ton plus calme avec les États-Unis

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin salue le ministre israélien de la Défense Benny Gantz, lors de la haie d’honneur pour Gantz au Pentagone, à Arlington, Virginie, le 3 juin 2021. (Reuters/Carlos Barria)
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin salue le ministre israélien de la Défense Benny Gantz, lors de la haie d’honneur pour Gantz au Pentagone, à Arlington, Virginie, le 3 juin 2021. (Reuters/Carlos Barria)
Short Url
Publié le Vendredi 04 juin 2021

Le ministre israélien de la Défense promet un ton plus calme avec les États-Unis

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin salue le ministre israélien de la Défense Benny Gantz, lors de la haie d’honneur pour Gantz au Pentagone, à Arlington, Virginie, le 3 juin 2021. (Reuters/Carlos Barria)
  • Gantz exhorte les États-Unis à garantir «que tout accord réponde efficacement à son objectif de maintenir l’Iran à l’écart des armes nucléaires.»
  • «Nous nous engageons à maintenir l’avantage militaire qualitatif d’Israël et à veiller à ce qu’il puisse se défendre», a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin

ARLINGTON, ÉTATS-UNIS: Le ministre israélien de la Défense en déplacement a déclaré jeudi qu’il resterait engagé auprès des États-Unis alors que ces derniers tentent de revenir à un accord nucléaire avec l’Iran, évitant ce qui a longtemps été un point de désaccord entre les États-Unis et le gouvernement du Premier ministre désormais en sursis Benjamin Netanyahou.

Benny Gantz a déclaré aux journalistes, avant une réunion avec le secrétaire à la Défense Lloyd Austin, que le programme nucléaire iranien et d’autres opérations constituaient une «menace existentielle» pour Israël. «Freiner l’Iran est certainement un besoin stratégique partagé par les États-Unis, Israël et d’autres pays», selon Gantz.

Mais lors de cette visite qui a lieu alors qu’en Israël une coalition d’opposition tente de mettre fin aux douze années de pouvoir de Netanyahou, Gantz contrairement à Netanyahou ne s’est pas ouvertement opposé aux efforts de l’administration Biden pour ramener les États-Unis au sein d’un accord limitant le programme nucléaire iranien en échange d’un allègement des sanctions.

Au Pentagone, face à son homologue américain, Gantz a déclaré: «Notre dialogue est très important pour garantir que tout accord réponde efficacement à son objectif de maintenir l’Iran à l’écart des armes nucléaires.»

«Bien sûr, étant donné l’ampleur de la menace, Israël doit toujours s’assurer qu’il a la capacité de se protéger», a ajouté Gantz.

Le responsable israélien a clairement indiqué que le changement de ton était intentionnel. «Nous poursuivrons cet important dialogue stratégique dans le cadre d’une discussion uniquement privée (...), pas dans les médias de manière provocante», a-t-il déclaré, appelant à «un dialogue ouvert à huis clos». Cela faisait écho à la propre adhésion de Biden à la «diplomatie discrète» ainsi que la nomme l’administration lorsqu’elle traite avec Israël.

Le combat de Netanyahou durant des années pour torpiller l’accord sur le nucléaire iranien – conclu sous l’administration Obama en 2015, mais rejeté par le président Donald Trump après son élection – a conduit le Premier ministre israélien à le dénoncer lors d’une session conjointe du Congrès américain en 2015 comme un «très mauvais accord».

Netanyahou a poursuivi cette opposition ouverte ces derniers jours, affirmant qu’un accord «ouvre la voie à l’Iran pour disposer d’un arsenal d’armes nucléaires avec une légitimité internationale», et que lutter contre valait bien «toute friction avec notre grand ami les États-Unis».

Biden a fait pression pour un retour à l’accord nucléaire comme étant le meilleur moyen d’empêcher l’Iran de mettre sur pied ce qu’il dit être un programme nucléaire civil et de traiter cette source de litige au Moyen-Orient. Les négociateurs européens ont exprimé un certain optimisme cette semaine alors qu’ils clôturaient le dernier cycle de pourparlers à Vienne sur le retour des États-Unis et de l’Iran dans l’accord.

Un "plan complet"

Gantz a également rencontré le conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan et le secrétaire d’État Antony Blinken. Gantz faisant partie de la coalition qui fait pression pour renverser Netanyahou, il devrait garder son poste de ministre de la Défense si le gouvernement change.

Ces réunions de jeudi ont souligné l’engagement des États-Unis pour la sécurité d’Israël, alors que ce pays traverse son plus grand bouleversement politique intérieur depuis des années et fait face aux conséquences de la guerre du mois dernier avec le Hamas à Gaza.

Gantz a déclaré qu’il présenterait aux responsables de l’administration un «plan complet» visant une fin diplomatique des hostilités avec les Palestiniens, mais sans en révéler aucun détail.

La visite de Gantz à Washington avait pour objectif principal d’obtenir un financement américain afin d’aider à réapprovisionner le «dôme de fer» israélien, un système de défense antimissile sophistiqué qui a abattu de nombreuses roquettes que les combattants du Hamas ont tiré sur Israël le mois dernier. Durant cette guerre de 11 jours qui a vu Israël lancer des centaines de frappes aériennes sur des cibles dans la bande de Gaza tenue par le Hamas, tandis que celui-ci a tiré plus de 4 000 roquettes sur Israël, plus de 260 personnes ont été tuées, des Palestiniens en grande majorité.

Le sénateur républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham, faisant le tour d’Israël cette semaine pour manifester son soutien à la suite de la dernière guerre de Gaza, a déclaré qu’il s’attendait à ce que les Israéliens demandent aux États-Unis un financement d’un milliard de dollars afin de réapprovisionner le dôme de fer, notamment pour reconstituer son stock de missiles intercepteurs pour le système de défense antimissile.

Les responsables américains n’ont fait aucune annonce immédiate concernant le financement. Austin a noté que Biden «a exprimé son soutien entier au réapprovisionnement du système de défense antimissile du dôme de fer d’Israël, qui a sauvé tant de vies».

«Nous nous engageons à maintenir l’avantage militaire qualitatif d’Israël et à veiller à ce qu’il puisse se défendre», a ajouté Austin.

L’aide américaine procurée pour le dôme de fer israélien bénéficie d’un large soutien bipartite au Congrès, de même pour l’aide américaine à la défense d’Israël, un principe de la politique étrangère américaine depuis des décennies. Toutefois, la guerre du mois dernier – les combats israélo-palestiniens les plus féroces depuis 2014 – a révélé une fracture au sein du Parti démocrate de Biden. Les progressistes et quelques autres ont exigé un cessez-le-feu de la part d’Israël ainsi que du Hamas alors que le nombre de morts palestiniens augmentait dans la bande de Gaza surpeuplée.

Blinken a déclaré aux journalistes, avant de rencontrer Gantz, que les Américains proposeront d’évoquer également l’aide à Gaza afin de reconstruire les logements et les services endommagés et détruits lors des combats, et de discuter de la sécurité israélienne.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com

 

 


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
Short Url
  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Short Url
  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Short Url
  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.