Sortie de confinement et soleil: certains Français renouent avec l'optimisme

Les clients retrouvent les terrasses à Paris (Photo, AFP).
Les clients retrouvent les terrasses à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 09 juin 2021

Sortie de confinement et soleil: certains Français renouent avec l'optimisme

  • Avec un net allègement des restrictions sanitaires et du couvre-feu à compter de mercredi, une partie des Français retrouvent nombre de leurs petits plaisirs
  • Dans la capitale française, les terrasses de café - autorisées à rouvrir depuis le 19 mai - ne désemplissent pas en soirée de clients en mal de retrouver amis et vie sociale

PARIS: Avec un net allègement des restrictions sanitaires et du couvre-feu à compter de mercredi, une partie des Français retrouvent nombre de leurs petits plaisirs sous un soleil radieux, dans un état d'esprit plus léger qui pourrait, au moins temporairement, avoir raison de leur célèbre pessimisme.

Dans la capitale française, les terrasses de café - autorisées à rouvrir depuis le 19 mai - ne désemplissent pas en soirée de clients en mal de retrouver amis et vie sociale. Et le stéréotype du serveur parisien désagréable a laissé la place à des employés souriants ravis de vous accorder une table. 

Les clients, eux aussi, sont d'une humeur joyeuse, trois semaines après que leurs lieux culturels, musées et cinémas aient pu rouvrir après sept mois de fermeture. 

La France a entamé mercredi sa deuxième étape du déconfinement, avec en prime un couvre-feu qui passe de 21H00 à 23H00. Les cafés et restaurants peuvent à nouveau accueillir du public en intérieur, à 50% de leur capacité. La jauge des cinémas, musées, théâtres monte mercredi à deux tiers.

Quant aux sportifs, ils peuvent retrouver mercredi l'intérieur des salles, gymnases ou piscines.

Cette nouvelle étape est prévue pour durer trois semaines et il faudra attendre le 30 juin pour la fin du couvre-feu et des jauges.

« Depuis le 19 mai on constate qu'ils (clients, NDLR) sont tellement contents d'aller au restaurant qu'ils ne sont plus de mauvaise humeur ! », commente Bernard Boutboul, ancien gérant de restaurant et directeur du cabinet de conseil Gira qui accompagnent les restaurateurs. Il note que certains clients s'autorisent aussi à dépenser plus pour les desserts, vins ou fromages.

« Covida »

« Depuis quelques jours, l'expression fait florès : la France connaîtrait sa ‘covida’, un néologisme jouant sur la fusion des mots ‘covid’ et ‘movida’, en référence au mouvement qui s'est emparé de l'Espagne au début des années 1980, lors de la transition démocratique, après la mort de Franco, et qui fut synonyme d'euphorie créative et de divertissement débridé », relève le journal Le Monde dans son éditorial du 31 mai. 

« De fait, depuis la levée partielle des mesures de restriction sanitaires le 19 mai, le pays est passé en un temps éclair de la neurasthénie à une forme de légèreté qu’on avait fini par oublier », affirme le quotidien. 

Pour Emmanuel Macron, la « réouverture de nos restaurants, de notre art de vivre à la française, c'est une formidable nouvelle pour 68 millions de Français », a-t-il estimé mardi.

Après des débuts très laborieux - la France était encore il y a 6 mois très à la traîne en Europe -, la campagne vaccinale semble porter ses fruits pour contenir une épidémie qui a fait 110 166 morts. 

Le nombre de malades de la Covid-19 hospitalisés a reculé sous les 14 000, moitié moins qu'à mi-avril, et les nouveaux cas quotidiens à environ 6 500 contre six fois plus au pic le 1er avril.

Le Premier ministre Jean Castex a assuré que l'objectif de 30 millions de primo-vaccinés serait atteint au 15 juin, soit 57% de la population adulte.

Pour la médecin Hélène Rossinot, le fait que les ruptures de stock de doses de vaccins - ce qui a conduit à ce que seuls les plus de 75 ans aient droit à être vaccinés pendant les trois premiers mois de la campagne - soient terminées a créé un appel d'air. 

« Quand on vous dit que vous n'avez pas le droit d'avoir quelque chose, ça vous donne envie de l'avoir », note-t-elle. 

Confiance des ménages

La confiance des ménages et des entreprises a nettement rebondi en mai, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). 

L'économie française n'est finalement pas repartie de l'avant au premier trimestre, mais le gouvernement comme les économistes restent optimistes pour la reprise de l'activité dans les prochains mois, grâce à l'avancée de la vaccination. 

Le sociologue Jean Viard constate de son côté un « nouveau discours positif autour du travail qu'en France on n'a jamais eu ».

La crise sanitaire a « révélé des inégalités massives pré-existantes » et permis aux classes aisées d'épargner encore davantage, mais la politique du « quoi qu'il en coûte » a contribué à éviter une « explosion » des disparités entre riches et pauvres, souligne une étude récente de l'Observatoire des inégalités.

Ce vent d'optimisme bénéficiera-t-il à Emmanuel Macron, dont la politique est très critiquée dans le pays et qui ne s'est pas encore prononcé sur sa candidature à un second mandat en 2022 ? La confiance dans le président a ainsi progressé de trois points en juin, selon un sondage Elabe pour Les Echos et Radio Classique publié la semaine dernière.

Mais signe que le climat est tendu à l'approche de cette présidentielle, le président a été giflé mardi par un homme lors d'un déplacement dans le sud-est, un geste de violence inédit.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.