Emmanuel Macron annonce la fin de l'opération Barkhane au Sahel

Des soldats des forces françaises Barkhane quittent leur base à Gao, au Mali, après avoir terminé une mission de quatre mois au Sahel, le 9 juin 2021. (Photo, AP)
Des soldats des forces françaises Barkhane quittent leur base à Gao, au Mali, après avoir terminé une mission de quatre mois au Sahel, le 9 juin 2021. (Photo, AP)
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Publié le Jeudi 10 juin 2021

Emmanuel Macron annonce la fin de l'opération Barkhane au Sahel

  • Le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi une « transformation profonde » de la présence militaire française au Sahel
  • Le Nord du Burkina Faso a été le théâtre début juin d'un des massacres de civils les plus meurtriers que le Sahel ait connus depuis le début des violences multiformes en 2012

BAMAKO: Dans un contexte sécuritaire très dégradé malgré le déploiement de milliers de militaires des armées nationales et étrangères, les massacres de civils se poursuivent au Mali, au Niger et au Burkina Faso.

Le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi une « transformation profonde » de la présence militaire française au Sahel, annonçant la « fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure » et la mise en place d'une alliance internationale antidjihadiste dans la région.

Les civils, premières cibles

Le Nord du Burkina Faso a été le théâtre début juin d'un des massacres de civils les plus meurtriers que le Sahel ait connus depuis le début des violences multiformes en 2012. Entre 132 (selon les autorités) et 160 personnes (selon des sources locales) ont été tuées en une nuit dans le village de Solhan.

Ce massacre s'ajoute à des dizaines d'autres. En janvier, 105 civils ont été tués dans deux villages de l'Ouest du Niger par des djihadistes affiliés à l'organisation Etat islamique. En mars 2019, 160 civils étaient tués par de présumés membres d'une milice communautaire à Ogossagou, au Mali.

Sur les cinq premiers mois de 2021, plus de 1 000 civils ont été tués dans cette partie du Sahel, selon l'ONG Acled. 2 248 l'avaient été en 2020.

Certains civils s'abandonnent aux nouveaux maîtres des immenses espaces ruraux sahéliens où les Etats, jeunes et pauvres, n'ont jamais eu la moindre emprise. D'autres fuient avec un maigre bagage et vont s'entasser dans les faubourgs des villes. Le seuil des deux millions de déplacés a été dépassé en 2021.

Les attaques sont le fait de groupes djihadistes - affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation l'Etat islamique -, mais également des armées nationales et autres acteurs armés, milices d'autodéfense ou bandes de malfaiteurs. « Davantage de civils ont été tués par des soldats censés les protéger que par des groupes armés non étatiques », disait en avril une coalition d'ONG sahéliennes et internationales.

Extension du djihadisme

D'abord implantés dans le Nord du Mali en 2012, puis dans les zones frontalières avec le Burkina Faso et le Niger, les groupes djihadistes ont étendu leur champ d'action depuis: vers le centre et le Sud du Mali, sur une majorité du territoire burkinabè...

Les pays du Golfe de Guinée craignent une expansion dont on voit les prémices. Des attaques ont endeuillé depuis un an le Nord de la Côte d’Ivoire : la plus meurtrière en juin 2020, quand 14 soldats ont été tués dans l'attaque d'un poste de contrôle, similaire aux actions djihadistes sahéliennes.

Les pays côtiers, pour beaucoup présents au sein de la mission de l'ONU au Mali, tentent de prévenir une expansion djihadiste vers la côte.

Militarisation des sociétés

Jean-Hervé Jézéquel, chef de projet Sahel à l'International Crisis Group (ICG), observe une « militarisation des sociétés dans l'espace sahélien » qui sera « très dure » à freiner.

Au Burkina Faso ont été créés en novembre 2019 les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), supplétifs civils des forces armées.

Dans le centre du Mali, la milice Dan Nan Ambassagou, bien qu'officiellement dissoute, contrôle un territoire d'où l'Etat est absent.

Etats défaillants

Les armées de la région n'ont plus subi d'attaque de l'envergure de celles qui avaient fait des centaines de morts en quelques semaines dans une dizaine de camps militaires fin 2019. Mais chaque jour ou presque, des positions sont attaquées: lundi soir dans le Nord-Est de la Côte d'Ivoire (un soldat tué), dans la nuit de mercredi à jeudi dans le Nord-Ouest du Niger (trois policiers et un gendarme tués).

Les partenaires, dont Paris, ont longtemps affirmé que ces armées « montent en puissance », mais les résultats sur le terrain peinent à convaincre.

Politiquement, deux des cinq Etats de l'organisation régionale G5 Sahel ont connu un changement de pouvoir ces derniers mois: le Tchad, avec la mort subite du maréchal Idriss Déby Itno, et le Mali qui a connu en mai son second coup d'Etat en neuf mois.

La majorité des territoires échappe à l'autorité centrale. Seuls 9% des administrateurs civils sont actuellement déployés dans le Nord et le centre du Mali, « le chiffre le plus bas depuis au moins septembre 2015 », selon l'ONU. 

« La crise sécuritaire n'est que l'expression d'une crise plus profonde de la gouvernance des Etats », argue M. Jézéquel.

 

Serval, Barkhane: huit ans d'engagement militaire français au Sahel

Rappel des dates-clés depuis le lancement en 2013 au Mali, à l'initiative de la France, de l'opération Serval, relayée en 2014 par l'opération Barkhane, jusqu'à l'annonce jeudi d'une »transformation profonde » de la présence militaire française au Sahel.  

Au total, 50 soldats français ont trouvé la mort dans le cadre de ces deux opérations, les plus importantes missions extérieures des troupes françaises avec actuellement 5 100 soldats impliqués dans Barkhane.  

2013: Serval   

Fin mars 2012, des rebelles indépendantistes, vite évincés par leurs alliés islamistes associés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont Ansar Dine dirigé par le chef touareg Iyad Ag Ghaly, prennent le contrôle des trois régions du Nord du Mai: Kidal, Gao puis Tombouctou.  

Le 11 janvier 2013, la France lance l'opération Serval au Mali pour enrayer la progression des jihadistes.   

Fin janvier, les soldats français reprennent Gao, entrent sans combat dans Tombouctou et s'emparent de l'aéroport de Kidal. Peu après, le président François Hollande est accueilli en libérateur.   

Le 1er juillet, la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) prend le relais d'une force panafricaine.  

2014: Barkhane remplace Serval  

En mai 2014, cuisante défaite pour l'armée malienne à Kidal: des groupes rebelles touareg et arabes reprennent le contrôle de la ville.   

Le 1er août, Serval est remplacée par Barkhane, une opération à vocation régionale forte de 3 000 soldats français au Sahel. Ils sont aujourd'hui 5 100.  

En mai-juin 2015, l'accord de paix dit d'Alger est signé entre gouvernement et ex-rébellion touareg. Jamais appliqué, il reste la référence pour une sortie de crise.   

Les violences se propagent vers le sud, puis le Burkina Faso et le Niger voisins.   

Attentats en série  

A partir de 2015 se multiplient les attaques contre les forces sahéliennes ou étrangères, ainsi que des lieux fréquentés par des étrangers.  

Le 20 novembre, un attentat contre l'hôtel Radisson Blu fait 20 morts, dont 14 étrangers.  

En mars 2017, les djihadistes liés à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont les groupes de l'Algérien Mohktar Belmokhtar et du prédicateur radical peul Amadou Koufa, se fédèrent en un « Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans » (GSIM), dirigé par Iyad Ag Ghaly.  

2019: collision mortelle  

En novembre 2019, la collision accidentelle de deux hélicoptères militaires français au Mali fait 13 morts parmi les soldats, le plus lourd bilan humain pour l'armée française depuis le début de Serval en 2013.  

La région est aux prises avec le groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS), auteur d'une série d'attaques d'ampleur fin 2019 contre des bases militaires au Mali et au Niger.   

Il est désigné ennemi numéro un lors du sommet de Pau (Sud-Ouest de la France) de janvier 2020 entre Paris et ses partenaires du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad).  

2020: des chefs tombent  

Le 4 juin 2020, le chef d'Aqmi, l'Algérien Abdelmalek Droukdel, est tué par Barkhane au Mali. Un succès symbolique majeur. En novembre, c'est au tour de Bah Ag Moussa, »chef militaire » du GSIM, d'être abattu par la France.   

Mais les jihadistes ne lâchent pas leur emprise. L'EIGS tue six humanitaires français en août 2020 au Niger. Al-Qaïda poursuit ses attaques.  

2021: réduction des effectifs repoussée  

En février 2021, lors d'un sommet à N'Djamena avec le G5 Sahel, Emmanuel Macron repousse la décision attendue d'entamer un retrait et annonce qu'il ne compte pas réduire »dans l'immédiat » les effectifs de Barkhane.  

Le 30 mars 2021, une enquête de l'ONU conclut qu'une frappe aérienne de Barkhane en janvier près de Bounti (centre du Mali) a tué 19 civils réunis pour célébrer un mariage, et pas seulement des jihadistes. Le ministère français des Armées réfute avec force ces conclusions.  

Juin 2021: opérations conjointes suspendues et fin de Barkhane  

Le 3 juin, à la suite d'un second coup d'Etat militaire en neuf mois au Mali, Paris suspend ses opérations militaires conjointes avec Bamako.   

Le 10 juin, Emmanuel Macron annonce « la fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure » avec la fermeture de bases de l'armée française et la priorité donnée à la lutte contre les jihadistes par les forces spéciales.  

Le président français conditionne la reprise d'une coopération militaire avec le Mali à des engagements « clairs » de non-dialogue avec les djihadistes. 


Pedro Sánchez pense à démissionner après l'ouverture d'une enquête contre son épouse

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son épouse Begona Gomez assistent au rassemblement de clôture de la campagne à Getafe, dans la banlieue de Madrid, le 21 juillet 2023. (Photo, AFP)
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son épouse Begona Gomez assistent au rassemblement de clôture de la campagne à Getafe, dans la banlieue de Madrid, le 21 juillet 2023. (Photo, AFP)
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  • Selon le média en ligne El Confidencial, qui a révélé l'information, cette enquête porte en particulier sur les liens de Begoña Gómez avec avec le groupe espagnol de tourisme Globalia
  • Plusieurs des proches du Premier ministre sont montés au créneau mercredi, accusant la droite de manipuler la justice à des fins politiques

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a annoncé mercredi, dans une lettre publiée sur X, "réfléchir" à une éventuelle démission après l'annonce de l'ouverture d'une enquête contre son épouse pour trafic d'influence et corruption.

"J'ai besoin de m'arrêter et de réfléchir" afin de décider "si je dois continuer à être à la tête du gouvernement ou si je dois renoncer à cet honneur", a-t-il écrit, indiquant qu'il annoncerait sa décision lundi devant la presse et suspendait ses activités d'ici là.

Cette enquête préliminaire contre Begoña Gómez a été ouverte le 16 avril après une plainte de l'association "Manos limpias" (Mains propres), un collectif considéré comme proche de l'extrême droite, a annoncé dans un court communiqué le tribunal supérieur de justice de Madrid.

Elle est placée sous le sceau du "secret de l'instruction", a ajouté le tribunal.

Dans sa lettre, Pedro Sánchez, au pouvoir depuis 2018, dénonce une plainte basée sur des faits "inexistants" et une campagne de "harcèlement" menée par des médias "ultraconservateurs" et soutenue, selon lui, par l'opposition de droite et d'extrême droite contre son épouse.

"Je ne suis pas naïf", dit-il, "je suis conscient du fait qu'ils portent plainte contre Begoña, non pas parce qu'elle a fait quelque chose d'illégal, car ils savent bien que cela n'est pas vrai, mais parce qu'elle est mon épouse".

Selon le média en ligne El Confidencial, qui a révélé l'information, cette enquête porte en particulier sur les liens de Begoña Gómez avec avec le groupe espagnol de tourisme Globalia, propriétaire de la compagnie aérienne Air Europa, à un moment où cette dernière était en pourparlers avec le gouvernement pour obtenir des aides face à la lourde chute du trafic aérien provoquée par la pandémie de Covid.

À l'époque, Begoña Gomez dirigeait IE Africa Center, une fondation liée à l’école de commerce madrilène IE University, poste qu'elle a quitté en 2022.

Plan de sauvetage d'Air Europa

Selon El Confidencial, IE Africa Center avait "signé un accord de parrainage avec Globalia en 2020" et Begoña Gomez aurait participé à "une réunion privée avec son PDG Javier Hidalgo à l'époque où Globalia négociait son plan de sauvetage de plusieurs millions d'euros avec le gouvernement" de Pedro Sánchez.

Ce plan a permis à Air Europa de toucher 475 millions d'euros en novembre 2020, issus d'un fonds de 10 milliards destiné à soutenir les entreprises stratégiques en difficulté à cause de la crise sanitaire.

La compagnie espagnole a été la première entreprise à bénéficier de ce fonds. Des dizaines d'autres ont suivi, dont plusieurs de ses concurrents (Iberia, Vueling, Volotea...).

L'opposition de droite a appelé mercredi le Premier ministre à "donner des explications aux Espagnols", par la voix d'Ester Muñoz, membre de la direction du Parti Populaire (PP, droite). "Tout finira par se savoir", a prévenu un porte-parole du parti, Borja Semper.

Pratiques trumpistes

Plusieurs des proches du Premier ministre sont montés au créneau mercredi, accusant la droite de manipuler la justice à des fins politiques.

Il y a "une stratégie qui consiste à lancer des accusations sans aucun fondement, sans aucune information véridique, sans aucune preuve, juste pour blesser, juste pour salir" et "diffamer", a dénoncé le président du groupe socialiste à la Chambre des députés, Patxi Lopez.

Le PP "utilise une fausse accusation d'une organisation d'extrême droite pour diffamer et lancer des calomnies" envers le Premier ministre, a insisté la numéro deux du gouvernement, Maria Jesus Montero. "Nous ne permettrons pas à ces pratiques trumpistes de miner la démocratie espagnole", a-t-elle ajouté.

Manos limpias, collectif fondé en 1995, a été à l'origine ces dernières années de plusieurs poursuites judiciaires et s'est portée partie civile dans de nombreux procès pour des affaires de corruption.

Le collectif est considéré comme proche de l'extrême droite, en raison notamment de la personnalité de son fondateur Miguel Bernad, ancien responsable du parti Frente Nacional, dissous en 1993.

Accusé d'être impliqué dans un réseau d'extorsion de fonds, ce dernier avait été condamné à quatre ans de prison en juillet 2021, mais a été finalement relaxé en appel le mois dernier, faute de preuve selon le tribunal.

 


Australie : sept adolescents arrêtés dans une opération antiterroriste

Des gens tiennent des bougies lors de la veillée communautaire aux chandelles, reconnaissant les victimes d'une attaque mortelle à l'arme blanche au centre commercial Bondi Junction Westfield, à Sydney (Photo, Reuters).
Des gens tiennent des bougies lors de la veillée communautaire aux chandelles, reconnaissant les victimes d'une attaque mortelle à l'arme blanche au centre commercial Bondi Junction Westfield, à Sydney (Photo, Reuters).
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  • Ces descentes de police dans 13 lieux différents de Sydney ont mobilisé plus de 400 membres des forces de l'ordre
  • Les sept personnes arrêtées sont des mineurs âgés de 15 à 17 ans, a précisé la police

SYDNEY: La police australienne a annoncé avoir arrêté mercredi sept adolescents membres d'un réseau, posant "un risque et une menace inacceptables" pour la population, lors d'une série de perquisitions antiterroristes.

Ces descentes de police dans 13 lieux différents de Sydney ont mobilisé plus de 400 membres des forces de l'ordre et découlent d'une enquête déclenchée par l'attaque au couteau contre un religieux menée par un adolescent de 16 ans, la semaine dernière dans une église de la même ville.

Les jeunes arrêtés mercredi adhéraient à une "idéologie extrémiste motivée par des considérations religieuses" et faisaient partie d'un "réseau plus large", selon la police, qui n'a pas spécifié de quelle idéologie il était question.

Dave Hudson, haut responsable de la police de Nouvelle-Galles du Sud, a déclaré "probable" que le groupe préparait un attentat, bien qu'aucune cible précise n'ait été identifiée.

"Leur comportement, pendant leur placement sous surveillance, nous a amenés à penser que, s'ils devaient commettre un acte, nous ne serions pas en mesure de l'empêcher", a-t-il déclaré à la presse.

"Pendant l'enquête, nous avons pensé qu'il était probable qu'une attaque se produise."

Les sept personnes arrêtées sont des mineurs âgés de 15 à 17 ans, a précisé la police.

«Idéologie extrémiste»

"Le terrorisme et la radicalisation des jeunes en ligne constituent un problème permanent pour nous", a déclaré M. Hudson.

Les membres du réseau "partageaient une idéologie extrémiste violente commune", a simplement indiqué Krissy Barrett, un spécialiste de la lutte contre le terrorisme de la police fédérale australienne.

La semaine dernière, Mar Mari Emmanuel, évêque d'une église chrétienne assyrienne de Sydney, a été frappé de plusieurs coups de couteau à la tête et à la poitrine par un jeune homme de 16 ans au cours d'un sermon diffusé en direct. Il a été hospitalisé mais ses jours ne sont pas en danger.

Son agresseur a été arrêté et inculpé d'"acte terroriste". La liberté sous caution lui a été refusée et il encourt la prison à vie s'il est déclaré coupable.

A la suite de cette attaque, la police a déclenché l'ouverture d'une enquête par une équipe associant les forces de police fédérales, celles de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud et les services de renseignement.

Cette attaque a aussi déclenché une émeute parmi les fidèles de l'église de l'ouest de Sydney.

Des centaines de fidèles et de membres de la communauté se sont précipités près de l'église la nuit de l'attaque. Certains ont lancé des pierres et d'autres projectiles qui ont blessé une cinquantaine de policiers.

La situation est restée tendue dans ce quartier qui abrite la petite communauté chrétienne assyrienne de Sydney, dont beaucoup ont fui les persécutions et la guerre en Irak et en Syrie.

Le religieux qui disposait d'une large audience sur internet, de près de 200.000 personnes, s'est fait connaître en critiquant l'islam et les vaccins contre le Covid-19.


Blinken en Chine pour faire pression sur Pékin tout en préservant la stabilité

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (à gauche) et l'ambassadeur américain en Chine Nicholas Burns se promènent dans les jardins Yu à Shanghai, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (à gauche) et l'ambassadeur américain en Chine Nicholas Burns se promènent dans les jardins Yu à Shanghai, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Le chef de la diplomatie américaine a commencé son déplacement par Shanghai
  • Cette étape, destinée à faire état des liens chaleureux entre Américains et Chinois, est la première à Shanghai d'un secrétaire d'Etat américain depuis 2010

SHANGHAI: Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé en Chine mercredi pour sa deuxième visite en moins d'un an, avec pour mission d'augmenter la pression sur Pékin concernant différents dossiers, comme son soutien à la Russie, tout en cherchant une plus grande stabilité.

Le chef de la diplomatie américaine a commencé son déplacement par Shanghai, a constaté l'AFP. Il doit y assister à un match de basket entre deux équipes comptant des joueurs américains dans leurs rangs.

Cette étape, destinée à faire état des liens chaleureux entre Américains et Chinois, est la première à Shanghai d'un secrétaire d'Etat américain depuis 2010.

M. Blinken aura vendredi à Pékin des entretiens avec les dirigeants chinois au cours desquels il devrait plaider pour la retenue au moment où un nouveau président s'apprête à être investi à Taïwan.

Préoccupations 

Il devrait aussi faire part des préoccupations américaines sur les pratiques commerciales de la Chine, que Washington juge anticoncurrentielles, une question essentielle pour le président Joe Biden en cette année électorale.

Antony Blinken est aussi en Chine pour apaiser les tensions entre les deux plus grandes économies du monde, qui se sont nettement atténuées depuis sa visite de juin.

Elle avait été suivie d'une rencontre entre Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping à San Francisco en novembre qui avait débouché sur une reprise des contacts entre les deux armées et une coopération dans la lutte contre la fabrication du fentanyl, une drogue de synthèse faisant des ravages aux Etats-Unis.

Les relations sino-américaines se trouvent à un "stade différent de celui où nous étions il y a un an, lorsque les relations bilatérales étaient à un niveau historiquement bas", a souligné un haut responsable américain avant la visite d'Antony Blinken.

"Nous pensons également (...) qu'une gestion responsable de la concurrence ne signifie pas que nous devions renoncer à prendre des mesures pour protéger les intérêts nationaux des Etats-Unis", a-t-il déclaré.

 

- Pressions contre le soutien à Moscou -

 

La volonté du gouvernement de Joe Biden de collaborer avec la Chine contraste fortement avec les efforts déployés pour isoler la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Si les Chinois ne fournissent pas directement d'armes à la Russie, Washington les a accusés ces dernières semaines de livrer du matériel et des technologies à double usage à ce pays qui facilitent son effort de réarmement, le plus important depuis l'époque soviétique.

"Si la Chine veut avoir d'un côté des relations amicales avec l'Europe et d'autres pays, elle ne peut pas alimenter d'un autre côté ce qui est la plus grande menace contre la sécurité européenne depuis la fin de la Guerre froide", a déclaré M. Blinken vendredi à l'issue d'une réunion du G7 en Italie.

Le gouvernement américain avait qualifié de succès l'accord conclu avec Xi Jinping sur le fentanyl. Selon un haut responsable du département d'Etat, la Chine semble avoir pris de premières mesures, que M. Blinken lui demandera d'approfondir.

"Des mesures répressives plus régulières (...) enverraient un signal fort" de son engagement, a-t-il noté.

Taïwan figure parmi les questions délicates susceptibles d'être soulevées.

Le Congrès américain a donné son feu vert mardi à une enveloppe d'assistance militaire de 95 milliards de dollars à destination d'alliés de Washington tels que Taipei.

La Chine a averti en réponse que le soutien militaire américain apporté à cette île ne faisait qu'accroître le "risque de conflit", agitant la menace de "mesures résolues et efficaces pour protéger sa souveraineté, sa sécurité et son intégrité territoriale".

 

- TikTok -

 

Une autre source de friction est la loi votée par le Congrès américain mardi exigeant que l'application TikTok soit cédée par sa société mère chinoise ByteDance, sous peine d'être exclue du marché américain.

Interrogé, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, s'est contenté mercredi de renvoyer à "la position de principe de la Chine" dans ce dossier.

En mars, la Chine avait invité Washington à "respecter les règles de l'économie de marché" et fait savoir qu'elle prendrait "toutes les mesures nécessaires pour préserver ses droits et intérêts légitimes".

Joe Biden affrontera dans quelques mois pour l'élection présidentielle Donald Trump, qui s'était fait le champion d'une ligne dure à l'égard de Pékin.

Yun Sun, une chercheuse du Stimson Center dans la capitale américaine, observe que les dirigeants chinois sont dans l'attente avant ce scrutin.

"Les Chinois comprennent qu'il est peu probable que l'administration Biden apporte de bonnes nouvelles sur le plan commercial, car cela ne correspond pas au programme électoral", a-t-elle dit.

Pour les dirigeants chinois, cette année, "la priorité est de maintenir la stabilité des relations", a poursuivi Yun Sun.

"Tant qu'il n'y aura pas de clarté sur la prochaine administration, je ne pense pas qu'ils voient de meilleure stratégie", a-t-elle ajouté.