Au Canada, dernier hommage à la famille musulmane tuée à la voiture-bélier

Manifestation de soutien à la famille musulmane fauchée par la voiture-bêlier, le 11 juin à London, Canada (Photo, AFP).
Manifestation de soutien à la famille musulmane fauchée par la voiture-bêlier, le 11 juin à London, Canada (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 13 juin 2021

Au Canada, dernier hommage à la famille musulmane tuée à la voiture-bélier

  • Une famille musulmane a été fauchée délibérément par un pick-up, un acte qui a choqué le Canada et a été qualifié de terroriste par le Premier ministre Justin Trudeau
  • L'enterrement se fera en privé, mais la population est appelée à se rassembler le long du parcours emprunté par le cortège funéraire, en signe de solidarité

LONDON: Un dernier hommage solennel a été rendu samedi à London en Ontario à une famille musulmane fauchée délibérément par un pick-up, un acte qui a choqué le Canada et a été qualifié de "terroriste" par le Premier ministre Justin Trudeau.

Quatre membres de la famille Afzaal, originaire du Pakistan - un couple, leur fille et sa grand-mère - se promenaient près de chez eux à London quand ils ont été tués dimanche dernier par un jeune homme de 20 ans qui a précipité son véhicule sur eux. 

Le fils de neuf ans du couple, Fayez, grièvement blessé, a survécu.

Plusieurs centaines de personnes, rassemblées sur une vaste aire de stationnement et un terrain de football avoisinant un centre islamique ont assisté samedi à une cérémonie publique en plein air devant les quatre cercueils, recouverts symboliquement du drapeau canadien.

"Que leurs cercueils soient drapés dans la belle bannière canadienne témoigne du fait que la nation canadienne entière les accompagne", a salué Raza Bashir Tarar, l'ambassadeur du Pakistan, dans une brève intervention.

La cérémonie a été diffusée en direct par les principales chaînes d'information canadiennes. Après quelques prises de parole et les prières, le convoi a pris le chemin du cimetière musulman pour l'inhumation en privé de Salman Afzaal, 46 ans, de sa femme Madiha, 44 ans, de leur fille Yumna, 15 ans, et de sa grand-mère Talat, 74 ans. Leur  mort brutale a secoué la communauté musulmane du Canada.

"Nous ne sommes pas seuls dans notre douleur" a déclaré Ali Islam, un oncle de Madiha Salman, soulignant que l'émotion provoquée par l'attaque et les messages de réconfort venus de toutes parts "ont constitué un premier pas pour trouver un chemin vers la guérison". "Nous nous sommes rendus compte que notre famille élargie était bien plus grande que nous n'aurions pu imaginer", a-t-il lancé.

Un participant à la cérémonie, Sajid Ali Mohamed, a noté que cette fois-ci, l'acte avait été qualifié de "terroriste" alors qu'il y a peu, l'accent aurait été sans doute mis sur la maladie mentale de l'auteur de l'attaque. 

"Finalement, une attaque contre des musulmans est caractérisée d'attaque terroriste", a-t-il déclaré à l'AFP, estimant que c'était "un pas dans la bonne direction".

Le Premier ministre Justin Trudeau avait rapidement dénoncé "une attaque terroriste motivée par la haine", promettant notamment de renforcer la lutte contre les groupes extrémistes.

Pour Sajid Ali Mohamed, qui avait fait plusieurs heures de route pour assister à la cérémonie, il était important d'être là, avec les autres, "car nous devons guérir ensemble". "J'ai été sous le choc" en apprenant la nouvelle, car les Afzaal étaient une "famille comme la mienne", a-t-il dit, en soulignant qu'il a lui aussi une femme, deux enfants et des parents avec qui il va se promener. "Nous sommes très nombreux à avoir exactement le même sentiment", a-t-il ajouté.

De nombreuses veillées ou manifestations de soutien ont eu lieu à travers le Canada. Plusieurs milliers de personnes avaient participé vendredi soir à une marche œcuménique dans les rues de London, qui compte une communauté musulmane de quelque 30.000 personnes. Un hommage avait aussi eu lieu à Québec, où une fusillade avait fait six morts dans une mosquée en janvier 2017.

L'attaque a suscité des interrogations sur l'islamophobie au Canada et, au sein de la communauté musulmane, la crainte que manifester son appartenance religieuse puisse faire d'elle une cible.

Plusieurs organisations musulmanes canadiennes ont réclamé la tenue d'un sommet sur l'islamophobie. Elles  pourraient obtenir satisfaction car les députés canadiens ont adopté en fin de semaine une motion non contraignante, présentée par le Nouveau Parti Démocratique (NPD - gauche), pour la tenue d'un tel sommet cet été.

Le jeune homme qui a fauché la famille Afzaal, Nathaniel Veltman, a été inculpé de quatre meurtres avec préméditation et d'une tentative de meurtre. 

La police, qui a parlé d'un acte "prémédité et planifié, motivé par la haine", n'a pas exclu de porter contre lui d'autres accusations de nature "terroriste".


Russie: le cycliste français Sofiane Sehili libéré

Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti. (AFP)
Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti. (AFP)
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  • Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe
  • Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu'ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté

MOSCOU: Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti.

Un tribunal de la localité de Pogranitchny, dans la région de Primorié (Extrême-Orient russe), a "reconnu Sofiane Sehili coupable" et l'a condamné "à une amende de 50.000 roubles" (environ 530 euros), a annoncé la juge Irina Billé, citée par l'agence.

Compte tenu du temps passé en détention provisoire, le cycliste de 44 ans a été exempté du paiement de l'amende et libéré dans la salle du tribunal, selon la même source.

Contactée par l'AFP, l'avocate de Sofiane Sehili, Alla Kouchnir, n'était pas joignable dans l'immédiat.

Accusé de "franchissement illégal de la frontière" russe, M. Sehili risquait jusqu'à deux ans de prison.

Il a été arrêté début septembre en Extrême-Orient russe, censé être l'étape finale de son record du monde de la traversée eurasienne à vélo, et était depuis en détention provisoire dans l'attente de son procès.

Le cycliste d'endurance français avait voulu pédaler en Russie depuis la Chine via un poste-frontière qui n'était franchissable qu'en train ou en autocar, selon un responsable d'une commission publique de contrôle des prisons, Vladimir Naïdine.

Or, utiliser ces modes de transport aurait invalidé son record après plus de 60 jours et des milliers de kilomètres d'effort.

Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe.

Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu'ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté.

"Il ne pensait qu'à son exploit sportif", avait-elle expliqué.

Ancien documentaliste au magazine culturel Télérama, Sofiane Sehili s'est spécialisé dans l'ultracyclisme, fait d'épreuves longues de plusieurs centaines ou milliers de kilomètres.

Plusieurs ressortissants occidentaux ont été arrêtés en Russie depuis le début de l'offensive à grande échelle en Ukraine en 2022, et les relations diplomatiques entre Paris et Moscou sont glaciales.


Washington menace Bogota, 5 morts dans des frappes américaines dans le Pacifique

Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro. (AFP)
Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro. (AFP)
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  • Dans le même temps, les Etats-Unis ont frappé un deuxième bateau dans l'océan Pacifique mercredi, après une première attaque mardi, selon le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, faisant cinq morts au total
  • Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, n'avaient jusqu'à présent eu lieu que dans les Caraïbes

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro.

Le président américain Donald Trump a qualifié M. Petro de "baron de la drogue" et de "pire président que la Colombie ait jamais eu". L'élu de gauche a répondu en annonçant porter plainte pour diffamation devant la justice américaine.

M. Trump, qui a déjà proféré des menaces similaires à l'encontre du dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro, a également invité M. Petro à "faire attention". Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a de son côté qualifié le dirigeant colombien de "fou".

Dans le même temps, les Etats-Unis ont frappé un deuxième bateau dans l'océan Pacifique mercredi, après une première attaque mardi, selon le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, faisant cinq morts au total.

Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, n'avaient jusqu'à présent eu lieu que dans les Caraïbes.

Une source militaire colombienne a affirmé à l'AFP que la frappe de mardi s'était produite "près" mais non à l'intérieur des eaux coombiennes.

Au total, les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques de ce type ces dernières semaines, pour 37 morts.

L'origine des navires visés – huit bateaux et un semi-submersible – n'a pas été précisée, mais certains ont été détruits au large du Venezuela.

"Inacceptable" 

Washington a déployé des avions de chasse et des navires dans ce qu'il revendique comme une lutte contre le narcotrafic.

La Maison Blanche et le Pentagone ont toutefois produit peu de preuves pour étayer leurs affirmations selon lesquelles les personnes ciblées étaient impliquées dans le trafic de drogue.

Le Pentagone a déclaré au Congrès que les Etats-Unis étaient en "conflit armé" avec les cartels sud-américains, les qualifiant de groupes terroristes.

"Tout comme Al-Qaïda a mené une guerre contre notre patrie, ces cartels mènent une guerre contre notre frontière et notre peuple. Il n'y aura ni refuge ni pardon, seulement la justice ", a déclaré M. Hegset.

Mais selon les experts, les exécutions extrajudiciaires restent illégales, même si elles visent des narcotrafiquants présumés.

La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, mais elle travaille depuis des décennies avec les Etats-Unis pour en réduire la production, contrôlée par divers groupes paramilitaires, cartels et guérillas.

"Ce qui est en jeu, c'est une relation historique vieille de plus de 200 ans, qui profite aux Etats-Unis comme à la Colombie", s'est alarmé mercredi l'ambassadeur colombien à Washington Daniel García-Peña, dans un entretien à l'AFP, après avoir été rappelé à Bogota pour consultation

"Nous sommes face à un gouvernement américain qui cherche à changer le paradigme (...) de ses relations internationales, dans lequel l'incertitude joue malheureusement un rôle très important", a-t-il ajouté, jugeant les menaces de Donald Trump "inacceptables".

Le Venezuela a de son côté accusé les Etats-Unis de prétexter de la lutte contre le trafic de drogue pour tenter de renverser son président, Nicolas Maduro. Celui-ci a affirmé mercredi que son pays disposait de 5.000 missiles antiaériens portables pour contrer les forces américaines.


Rubio affirme que les projets d'annexion d'Israël en Cisjordanie «menacent» la trêve à Gaza

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio. (AFP)
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  • Marco Rubio a averti que les projets de loi israéliens visant à étendre la souveraineté en Cisjordanie risquent de compromettre la trêve à Gaza, soulignant que les États-Unis, sous Donald Trump, ne peuvent pas les soutenir pour le moment
  • Malgré le soutien de l’extrême droite israélienne à l’annexion, Washington redoute que ces initiatives ravivent les tensions en Cisjordanie et fragilisent les efforts de paix en cours

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a mis en garde mercredi sur le fait que le vote au parlement israélien de projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie risquait de "menacer" la trêve à Gaza.

"Je pense que le président (Donald Trump) s'est assuré que ce n'est pas quelque chose que nous pouvons soutenir pour le moment", a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il partait pour Israël, où il est attendu jeudi, affirmant que cela "menacerait" le cessez-le-feu et serait "contre-productif".

La Knesset, le Parlement israélien, s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est opposé à toute annexion de la Cisjordanie par Israël, un projet soutenu par l'extrême droite israélienne.

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser leur examen en première lecture.

Israël a approuvé en août un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers.

"C'est une démocratie, ils vont voter", a déclaré M. Rubio.

"Mais pour l'instant, c'est quelque chose qui, selon nous, pourrait être contre-productif", a-t-il ajouté.

Interrogé sur la recrudescence des violences commises par des colons israéliens extrémistes contre les Palestiniens en Cisjordanie, M. Rubio a déclaré: "Nous sommes préoccupés par tout ce qui menace de déstabiliser le fruit de nos efforts".

Marco Rubio se rend en Israël dans la foulée du vice-président JD Vance, qui s'est montré globalement optimiste quant au maintien de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Entré en vigueur le 10 octobre et basé sur un plan de M. Trump, cet accord avait paru vaciller dimanche après des violences meurtrières à Gaza et des échanges d'accusations de violations de la trêve.

"Il y aura chaque jour des menaces, mais je pense en réalité que nous sommes en avance sur le calendrier en termes de mise en place, et le fait que nous ayons traversé ce week-end est un bon signe", a dit M. Rubio.