La participation électorale en Iran constitue un test sur les frustrations et les espoirs des jeunes

Les sept candidats ont cherché à convaincre les jeunes électeurs, et ont utilisé les réseaux sociaux pour toucher les 60 % de personnes âgées de moins de 30 ans, sur une population globale de 85 millions d’habitants (Photo, AFP)
Les sept candidats ont cherché à convaincre les jeunes électeurs, et ont utilisé les réseaux sociaux pour toucher les 60 % de personnes âgées de moins de 30 ans, sur une population globale de 85 millions d’habitants (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 14 juin 2021

La participation électorale en Iran constitue un test sur les frustrations et les espoirs des jeunes

  • Les jeunes citadins iraniens semblent unanimes dans leur lassitude face aux sombres perspectives de leur situation actuelle
  • Les sept candidats ont cherché à convaincre les jeunes électeurs et ont utilisé les réseaux sociaux pour toucher les 60% des 85 millions d'Iraniens

DUBAÏ: Comme de nombreux jeunes Iraniens aspirant à la démocratie, Shirin ne pense pas que les élus veuillent offrir de plus grandes libertés politiques et sociales, et doute que la théocratie au pouvoir en Iran les y autorise, s'ils tentaient d’agir en ce sens.

Le nombre de ceux qui partagent sa frustration transparaîtra lors du vote du 18 juin, jour de l’élection présidentielle iranienne, considérée comme un référendum sur la gestion par la République islamique d'une série de crises politiques et économiques.

Les sondages officiels laissent présager une faible participation, perspective que les critiques du gouvernement attribuent aux difficultés économiques et au manque de choix lors du scrutin, pour une population composée en grande partie de jeunes profondément irrités par les restrictions des libertés politiques.

La partie de la population dévote et moins aisée devrait se rendre aux urnes, et voter pour le favori, appartenant à la ligne dure, l’antioccidental affirmé, Ebrahim Raïssi, alors que les jeunes électeurs instruits, dans les villes et certains villages, pourraient bien ne pas se déplacer.

Après que l’organe électoral à la ligne dure a interdit aux candidats modérés et conservateurs représentant un poids électoral de participer à la course à la présidence, les jeunes Iraniens citadins semblent unanimes dans leur lassitude face aux perspectives sombres de leur situation actuelle.

«Je veux la liberté, je veux la démocratie. Les présidents iraniens n'ont aucune autorité et veulent changer nos vies… Pourquoi devrais-je voter?», confie Shirin, 22 ans, de Téhéran, étudiante en littérature française.

Comme la plupart des autres jeunes interviewés pour cet article, Shirin a refusé de décliner son identité complète, en raison de la situation sensible en Iran, dans le contexte de ce scrutin.

Dans le système religieux iranien, les pouvoirs du président élu sont limités par ceux du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, en poste depuis 1989.

Le président pragmatique, Hassan Rohani, a remporté la présidence en 2013, grâce au soutien de nombreuses femmes et de jeunes encouragés par sa campagne, où il disait aux Iraniens qu’ils méritaient de vivre dans un pays libre, et d'avoir les droits dont jouissent les autres peuples dans le monde.

Mais les critiques affirment que Rohani, qui n'est pas autorisé à briguer un troisième mandat consécutif, n'a pas respecté ses engagements.

«Je suis indécis. J'ai toujours cru au vote, et j'ai voté pour le président sortant lors des deux dernières élections, affirme Sudabeh, directeur commercial de 28 ans.
«Mais il n'a pas pu tenir ses promesses.»

Des centaines d'Iraniens dans le pays et à l'étranger – dont des proches de dissidents tués depuis la révolution iranienne de 1979 – ont appelé au boycott des élections. Le hashtag #NoToIslamicRepublic a été largement tweeté par les Iraniens au cours des dernières semaines.

Il existe également une rancœur persistante face à la répression sanglante d'une série de manifestations de rue ces dernières années, et à la destruction par l'armée d'un avion de ligne ukrainien en 2020, qualifiée d’erreur par les autorités iraniennes.

Les sept candidats – cinq partisans de la ligne dure et deux modérés – ont cherché à convaincre les jeunes électeurs dans leurs discours et leurs messages de campagne électorale. Ils ont utilisé les réseaux sociaux pour toucher les 60 % de personnes âgées de moins de 30 ans, sur une population globale de 85 millions d’habitants.

Khamenei, comme de nombreux autres responsables, compte des centaines de milliers de followers sur Twitter et Instagram, bien que l'accès aux réseaux sociaux soit officiellement bloqué en Iran.

L'interdiction irrite de nombreux jeunes Iraniens. Beaucoup la contournent en utilisant des réseaux privés virtuels, tout en insistant sur le fait que les réseaux sociaux devraient être débloqués.

«Maintenant qu'ils ont besoin de mon vote pour poursuivre leur propre programme politique, ils promettent de débloquer l'interdiction des réseaux sociaux (...) Je ne voterai pas tant que mes libertés seront restreintes», affirme Saharnaz, 21 ans, qui suit des études universitaires dans la ville de Sari, au nord de l’Iran.

Alors que la colère croît face aux difficultés économiques, les candidats ont promis de contrôler l'inflation galopante, de créer des emplois, et de mettre fin à la chute rapide de la valeur de la monnaie iranienne, sans fournir de détails sur leurs plans.

Jamshid, 27 ans, de la ville méridionale d'Ahvaz, reste sceptique.

«Non, non et non. Je ne voterai pas. Je suis sans emploi et sans espoir. Ils s'enrichissent. Pourquoi devrais-je voter dans un système qui est la source de ma misérable vie?», précise-t-il.

L'économie, le plus grand défi des autorités, est en proie à une mauvaise gestion et aux sanctions américaines imposées à nouveau après le retrait des États-Unis de l'accord nucléaire iranien de 2015, il y a trois ans.

Les prix des produits de base comme le pain et le riz augmentent quotidiennement. La viande est trop chère pour un grand nombre d’Iraniens, et coûte l'équivalent de 40 dollars (un dollar = 0,88 euros) le kilo. Le salaire mensuel minimum équivaut à environ 215 dollars. Les médias iraniens font régulièrement état de licenciements, et de grèves de travailleurs non payés depuis des mois.

De nombreux électeurs, inquiets par des préoccupations économiques de base, ont affirmé qu'ils voteraient pour Raïssi, un religieux chiite qui a été un ardent défenseur de «l'économie de résistance» de Khamenei, un projet visant à accroître l'autosuffisance dans la production et les services iraniens.

Le chauffeur de taxi Alireza Dadvar soutient quant à lui un modéré, l'ancien gouverneur de la Banque centrale, Abdelnaser Hemmati.

«Je me fiche de la politique. Je me soucie du combat quotidien de ma famille... Hemmati est le seul candidat susceptible de remettre sur pieds l'économie», soutient Dadvar, 41 ans, père de trois enfants et vivant à Ispahan.

Nommé par Khamenei à la tête du pouvoir judiciaire en 2019, Raïssi, qui fait figure de favori, a perdu face à Rohani lors des élections de 2017. Il compte sur les Iraniens les plus démunis pour le mener à la victoire.

«Bien sûr que je voterai. C'est mon devoir religieux de voter, et de choisir un président fidèle à la révolution. Mon vote sera une gifle à la face à nos ennemis», lance Sajjad Akhbari, originaire de Tabriz, une ville du nord de l’Iran, et qui vote pour la première fois.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.