Biden à Genève pour un sommet sous haute tension avec Poutine

Le président américain Joe Biden arrive à bord d'Air Force One à Genève, à la veille d'un sommet avec son homologue russe Vladimir Poutine qui s'annonce particulièrement difficile (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden arrive à bord d'Air Force One à Genève, à la veille d'un sommet avec son homologue russe Vladimir Poutine qui s'annonce particulièrement difficile (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 15 juin 2021

Biden à Genève pour un sommet sous haute tension avec Poutine

Le président américain Joe Biden arrive à bord d'Air Force One à Genève, à la veille d'un sommet avec son homologue russe Vladimir Poutine qui s'annonce particulièrement difficile (Photo, AFP)
  • «Nous ne cherchons pas le conflit avec la Russie, mais nous répondrons si la Russie continue ses activités», a prévenu Joe Biden
  • Les deux dirigeants s'exprimeront chacun de leur côté mercredi à l'issue de leur rencontre, aucune conférence de presse commune n'est prévue

GENÈVE: Après les messages d'unité avec les alliés, le tête-à-tête avec Vladimir Poutine: Joe Biden est arrivé mardi en Suisse à la veille d'une rencontre qui s'annonce particulièrement délicate avec son homologue russe. 

Air Force One s'est posé à 16H23 (14H23 GMT) sur le tarmac de l'aéroport de Genève, en provenance de Bruxelles où le président américain a réaffirmé sa volonté de redonner force aux relations transatlantiques et d'adresser un message clair à Moscou. 

« Notre alliance est solide. L'Otan est unie et les Etats-Unis sont de retour », a-t-il lancé. Et les relations sont apaisées. L'Union européenne et Washington ont annoncé mardi une trêve pour régler le conflit Airbus/Boeing, vieux de 17 ans, qui empoisonnait les relations entre les deux grands blocs économiques. 

A l'égard de l'homme fort du Kremlin, le locataire de la Maison Blanche a adopté un ton résolument ferme ces derniers jours, promettant de dire sans détour quelles sont ses « lignes rouges ». 

« Nous ne cherchons pas le conflit avec la Russie, mais nous répondrons si la Russie continue ses activités », a-t-il prévenu. 

Point d'orgue de son premier déplacement à l'étranger, ce sommet est lourd d'enjeux pour Joe Biden. Il est le cinquième président américain que Vladimir Poutine va côtoyer depuis son arrivée au pouvoir fin 1999. 

Dans un entretien à la chaîne américaine NBC, ce dernier a dit espérer que le président démocrate se montre moins impulsif que son prédécesseur républicain. Mais il a aussi saisi l'occasion pour souligner combien Donald Trump était, selon lui, un homme « talentueux ». 

Ukraine, Bélarus, sort de l'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny, cyberattaques: les sujets de discorde sont nombreux et les discussions s'annoncent âpres et difficiles. 

La Maison Blanche a volontairement fixé la barre assez bas: pas de grandes annonces à attendre mais un objectif dans la durée: rendre les relations entre les deux pays plus « stables et prévisibles ». 

Lors du sommet du G7, en Cornouailles, Joe Biden a même laissé poindre une forme de fatalisme aussi. « Parce qu'il est Poutine », a-t-il répondu à une question sur l'inefficacité des avertissements et des sanctions contre Moscou. 

Pour Vladimir Poutine, les experts s'accordent à dire qu'il a déjà eu ce qu'il voulait: la tenue du sommet comme illustration de l'importance de la Russie. 

Or la reconnaissance de la puissance de la Russie est le leitmotiv de M. Poutine depuis deux décennies au pouvoir.  

5 heures de discussions 

Les deux dirigeants s'exprimeront chacun de leur côté mercredi à l'issue de leur rencontre, aucune conférence de presse commune n'est prévue. 

Celle qui avait suivi la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki en juillet 2018 est encore dans tous les esprits à Washington. 

Dans un étrange exercice, qui avait suscité un tollé jusque dans son camp, le président républicain avait semblé accorder plus de valeur aux propos de l'ancien homme fort du KGB qu'aux conclusions unanimes des agences de renseignement américaines sur l'ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016. 

Durant les six premiers jours de son voyage, Joe Biden s'est employé, dans une série de sommets (G7, Otan, UE/USA), à rassurer les alliés des Etats-Unis.  

Marquant, sur le fond comme sur la forme, le contraste avec les secousses et les invectives des années Trump, il a martelé que les Etats-Unis étaient de retour à la table du multilatéralisme, déterminés à jouer un rôle-clé, de la lutte contre la pandémie de Covid-19 à celle contre le changement climatique. 

Joe Biden et Vladimir Poutine se retrouveront à la Villa La Grange, une magnifique bâtisse du XVIIIème siècle, posée au coeur de la ville et de son plus grand parc avec une vue imprenable sur le lac Léman. 

Selon le Kremlin, les discussions, qui débuteront à 13H00 (11H00 GMT) devraient durer entre 4 et 5 heures. 

Au programme: une rencontre en format réduit (les présidents américain et russe ainsi que les chefs de la diplomatie américaine et russe, Antony Blinken et Sergueï Lavrov), avant une séance de travail élargie. 

Quelque 4 000 policiers, militaires et autres gardes de sécurité ont été déployés à Genève. 

La ville avait déjà accueilli un sommet encore plus historique: le premier tête-à-tête entre Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1985. La Russie restera encore l'Union soviétique pendant 6 ans, mais les trois jours de rencontre à Genève avaient marqué le début du dégel de la Guerre froide. 


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.