Algérie: Vers une situation de stress hydrique?

Station de dessalement de l'eau de mer del Hamma. (Photo fournie)
Station de dessalement de l'eau de mer del Hamma. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 16 juin 2021

Algérie: Vers une situation de stress hydrique?

  • Le pays fait face à des difficultés en approvisionnement en eau potable. Les réserves d’eau s’amenuisent. Les nappes phréatiques et les barrages s’assèchent
  • Pour répondre au manque d’or bleu, le gouvernement algérien a décidé de lancer de nouveaux projets de dessalement d’eau de mer

PARIS: Faible pluviométrie, taux de remplissage des barrages qui se réduit depuis des mois, infrastructures de stockage insuffisantes, l’Algérie est-elle en situation de stress hydrique?  

Depuis quelques semaines, le pays fait face à des difficultés en approvisionnement en eau potable. Les réserves d’eau s’amenuisent. Les nappes phréatiques et les barrages, alimentés essentiellement par la pluviométrie, s’assèchent. Selon le ministère des Ressources en eau, le taux national moyen de remplissage des barrages est d’environ 44%. 

Le barrage Koudiat Acerdoune, principale source d’approvisionnement en eau des wilayas de Bouira, Médéa, Tizi Ouzou et M’sila – qui comptent 4 millions d’habitants – est situé sur l’oued de l’Isser, dans la wilaya de Bouira. Son taux de remplissage a atteint 23,3%. Construit entre 2002 et 2008, par l’entreprise française Razel-Bec, ce barrage dispose d’une capacité de stockage de 640 millions de m3 par an.  

Interrogé par Arab News en français, Ahmed Kettab, consultant et expert international dans le domaine des ressources en eau et de l’environnement, directeur de recherche de l’École polytechnique d’Alger, affirme que l’Algérie dispose d’un potentiel hydrique global mobilisable ne dépassant pas 12,3 milliards de m3 (eaux superficielles), soit un volume annuel de 280 m3 par habitant par an. «Avec la mobilisation pluriannuelle de cette eau (barrages), des ressources en eaux souterraines du Nord et du Sud, du dessalement des eaux de mer, nous arrivons actuellement aux alentours de 18,2 milliards de m3 par an, soit 450 m3 par habitant par an. En 1962, nous en avions 1500 m3. L’Algérie est par conséquent largement touchée par le stress hydrique, et se situe en dessous du seuil théorique de rareté fixé par la Banque mondiale à 1000 m3 par habitant par an», explique-t-il. 

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Ahmed Kettab, consultant et expert international dans le domaine des ressources en eau et de l’environnement, directeur de recherche de l’École polytechnique d’Alger, affirme que l’Algérie dispose d’un potentiel hydrique global mobilisable ne dépassant pas 12,3 milliards de m3. (Photo fournie)

Une situation préoccupante, qui incite les autorités publiques à rationnaliser la distribution d’eau potable dans les foyers. Depuis quelques semaines, des coupures cycliques ont en effet été appliquées dans le pays. La Société des eaux et de l’assainissement d’Alger (SEAAL), a mis en œuvre, le 18 mai dernier, une stratégie de rationnement de l’alimentation en eau potable dans toutes les communes de la capitale, recommandant aux usagers «de consommer de manière rationnelle, et d’être solidaire pour assurer la disponibilité de l’eau». Depuis, dans l’Algérois, l’alimentation en eau potable est assurée quotidiennement de 12h à 20h. 

Malgré les investissements consentis dans le secteur, les besoins ne cessent de croître, en raison de la croissance de la population, de l’urbanisation, des aléas du changement climatique, de l’industrialisation et du développement du secteur agricole. 

Investissements importants

Pour répondre à la problématique de la raréfaction des ressources en eau en surface, des investissements importants ont été réalisés dans la filière ces deux dernières décennies. À ce jour, l’Algérie compte plus de 90 barrages, et 11 grandes stations de dessalement d’eau de mer. «La politique du secteur de l’eau adoptée par l’Algérie depuis une vingtaine d’années, via un investissement colossal en infrastructures hydrauliques, nous a permis de nous doter d’une bonne maîtrise des ressources en eau, avec une satisfaction des besoins en eau potable, agricole et industrielle. Cependant, nous devons encore faire face à un certain nombre de contraintes et défis, en raison des changements climatiques, de la croissance démographique», confirme Ahmed Kettab. 

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Unité de dessalement de l'eau de mer El Mactâa,  Mers El Hadjadj (Oran). (Photo fournie)

Considéré comme l’un des pays pionniers en matière de dessalement de l’eau de mer sur le continent africain, le pays dispose de 11 grandes stations implantées dans neuf wilayas: Chlef, Tlemcen, Alger, Skikda, Mostaganem, Oran, Boumerdès, Tipaza et Aïn Témouchent. Des usines qui affichent une capacité de production de 2,11 millions de m3/jour, soit 770 millions de m3/an, et alimentent 17% de l’eau potable distribuée dans le pays.  

Projets de dessalement de l’eau de mer 

Pour répondre au manque d’or bleu, le gouvernement algérien a décidé de lancer de nouveaux projets de dessalement d’eau de mer. Une réunion entre Mohamed Arkab et Mustapha Kamel Mihoubi, respectivement ministre de l’Énergie et ministre des Ressources en eau, était consacrée, le 21 mars dernier, à l’examen de l’état des stations de dessalement d’eau de mer, ainsi qu’aux modalités de lancement de nouveaux projets. Ainsi, une Agence nationale chargée de la supervision de la gestion des stations de dessalement de l’eau de mer sera créée sous l’égide du ministère de tutelle. 

Considérant l’option de dessalement d’eau de mer comme une solution durable et pérenne, le gouvernement algérien compte compenser le déficit des ressources de surface et souterraine, en doublant les capacités nationales de dessalement d’eau de mer, qui pourraient atteindre 2 milliards de m3/ an à l’horizon 2024. 

«L’eau de mer, illimitée et pérenne, est facilement disponible avec les 1 600 kilomètres de côtes dont dispose l’Algérie», explique Ahmed Kettab, rappelant que 80% de la population algérienne vit à 300 kilomètres de la côte. «Vu le prix correct du dessalement et le manque de précipitations, le dessalement devient une solution obligatoire et incontournable. C’est grâce à lui que l’on assurera, pour le nord du pays, la suffisance en alimentation en eau, et la sécurité alimentaire. D’ici à 2030-2050, l’eau dessalée constituera environ 30% de la consommation», ajoute-t-il. 

Pour rappel, cette option privilégiée par les spécialistes est aussi facilitée par la baisse des coûts de réalisation, grâce à l’évolution de la technologie d’osmose inverse (une technologie qui permet le filtrage de l’eau à travers de très fines membranes qui retiennent le sel, beaucoup moins consommatrice en énergie). 

Programme d’urgence 

De son côté, la SEAAL a annoncé la mise en œuvre d’un programme d’urgence permettant de renforcer les ressources souterraines, avec la réalisation de 100 forages, et la réhabilitation et l’extension de trois stations monobloc de dessalement d’eau de mer dans la capitale et les villes limitrophes: Aïn Benian, Zéralda et Staoueli. «L’Algérie est un pays semi- aride, voire aride, et par conséquent le manque de précipitations est le principal problème, accentué par les changements climatiques de ces vingt dernières années. La stratégie, la vision, la politique, est d’attaquer toutes ces questions en même temps, afin d’aboutir à des résultats rapidement», assure Ahmed Kettab.

Interrogé sur les pistes à suivre pour optimiser la gestion des ressources disponibles, l’expert affirme que «les solutions existent, et sont nombreuses». Pour lui, l’Algérie dispose de réelles capacités pour surmonter cette crise de l’eau et mener une politique efficace à l’horizon 2030-2050. «Nos moyens humains, nos ressources en eau dans le Nord et le Sud, nous permettent aisément d’offrir de l’eau à tous les Algériens en quantité et en qualité, si nous optons pour une gestion rationnelle, en suivant quelques pistes non exhaustives: minimiser les pertes dans les réseaux, appliquer une tarification juste et équitable, traiter les eaux industrielles et domestiques et les réutiliser, lutter contre l’envasement des barrages, et dessaler les eaux de mer.»

Ahmed Kettab recommande la création d’un Observatoire de l’eau et d’un Conseil national de stratégie de l’eau, composés d’experts indépendants, pour définir la stratégie de l’eau et créer des structures de réflexions et d’analyses et de prospectives (think tank). 

 

Ahmed Kettab est membre du comité du Comité international de l’eau, de l’Académie française de l’eau, du Partenariat français de l’eau (PFE) et fondateur du Conseil arabe de l’eau.  Il est nominé pour le prix IWA Global Water Award (International Water Association IWA) 2021. 

 


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.