Premier bilan encourageant pour la nouvelle plateforme anti-discriminations

Selon Mme Hédon, «pour l'instant, 5% des appels concernent la déontologie des forces de sécurité». (Photo, AFP)
Selon Mme Hédon, «pour l'instant, 5% des appels concernent la déontologie des forces de sécurité». (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 16 juin 2021

Premier bilan encourageant pour la nouvelle plateforme anti-discriminations

  • La question numéro 1 reste l'emploi, qu'il s'agisse de discriminations à l'embauche, de harcèlement ou de pressions sur le lieu de travail
  • «La question des contrôles d'identité discriminatoires est compliquée car les victimes savent qu'elles n'ont souvent aucune preuve»

PARIS: Quatre mois après sa création, la plateforme anti-discriminations lancée par le gouvernement dans la foulée du tabassage d'un producteur de musique noir par des policiers a enregistré plus de 5 000 appels, surtout consacrés à l'emploi et au logement.

Depuis février, cette nouvelle structure, joignable au 39 28 et gérée par le Défenseur des droits, reçoit entre 50 et 140 appels par jour.

Comme celui de Dolorès (prénom modifié), une habitante de Seine-Saint-Denis qui soupçonne le maire de sa commune de "préempter les terrains à chaque fois que des gens du voyage veulent acheter" pour qu'ils ne tombent pas entre les mains de "gens sales".

Membre de cette communauté, elle a vu le terrain qu'elle convoitait lui échapper malgré un compromis signé devant notaire. Une "catastrophe" pour cette mère de famille qui s'est retrouvée sans logement après avoir revendu sa caravane et contracté un crédit pour financer son acquisition.

Au bout du fil, l'écoutante Caroline Blond cherche à en savoir plus. A-t-elle conservé les papiers retraçant ses démarches? Peut-elle demander aux anciens propriétaires de témoigner des propos discriminatoires qu'aurait tenus une secrétaire de la mairie?

"Il faut qu'on établisse s'il y a un traitement défavorable basé sur un critère prohibé par la loi", explique la juriste. Il en existe plus d'une vingtaine: origine, âge, religion, orientation sexuelle, apparence physique, handicap, opinions politiques...

Après quinze minutes de conversation, elle conseille à son interlocutrice de saisir le Défenseur des droits en constituant un dossier en ligne. Cette autorité indépendante peut ensuite examiner la situation en détail et contacter la mairie pour tenter de résoudre le litige, en privilégiant un règlement à l'amiable.

Comme pour cette requérante, de nombreux appels concernent l'accès au logement.

Mais sur les "5 000 appels" et 1 500 conversations en ligne enregistrés depuis la création de la plateforme, la question numéro 1 reste l'emploi, qu'il s'agisse de discriminations à l'embauche, de harcèlement ou de pressions sur le lieu de travail, rappelle la Défenseure des droits Claire Hédon.

La police, peu incriminée

Selon Mme Hédon, "pour l'instant, 5% des appels concernent la déontologie des forces de sécurité".

Une proportion faible, alors que la plateforme a été pensée par Emmanuel Macron comme une réponse à l'affaire Michel Zecler, un producteur de musique noir agressé par trois policiers en décembre.

Dans la foulée, le président avait reconnu le caractère "insoutenable" des contrôles au faciès et annoncé la création de cet outil "pour que les gens puissent dénoncer de manière très simple, unique et nationale" les discriminations.

Les premiers résultats n'étonnent pas la Défenseure des droits.

"La question des contrôles d'identité discriminatoires est compliquée car les victimes savent qu'elles n'ont souvent aucune preuve" et n'appellent pas, estime Mme Hédon.

Cela souligne selon elle la nécessité d'une "traçabilité des contrôles", réclamée de longue date par son institution, "pour que les personnes puissent porter réclamation".

"Pas encore assez connue" à son goût, la plateforme n'en touche pas moins un nouveau public qui n'aurait pas pensé à s'adresser au Défenseur des droits. Environ "70% des appels" débouchent sur l'ouverture d'un dossier. Si ce rythme se confirme, les saisines de l'institution en matière de discriminations pourraient doubler pour atteindre 10.000 par an.

Cette hausse montre que la mise en place d'un numéro et du site dédié antidiscriminations.fr "est une très bonne idée", juge le professeur de gestion Jean-François Amadieu.

Selon cet universitaire, directeur de l'Observatoire des discriminations, "cela permet de rééquilibrer la perte de visibilité de la Halde", l'ancienne Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, regroupée en 2011 avec plusieurs autres institutions sous l'ombrelle du Défenseur des droits.

Le spécialiste regrette toutefois que le nouveau site "occulte certains pans de la réalité" en mettant en avant seulement six motifs de discriminations sur la vingtaine existante.

"Ça flèche les choses. En allant sur ce site, des tas de gens discriminés peuvent ne pas savoir qu'ils le sont", estime-t-il. "L'apparence physique n'apparaît pas par exemple, alors que c'est le facteur numéro un de moqueries, notamment pour les personnes obèses victimes de grossophobie."


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.